Parmi les plus beaux films de faces des années 80, y'en a un qui mérite son poids en or : "Blanche-Fesse et les Sept mains". Gland film d'auteur qui faillit rafler la mise au festival de Cannes. Il s'en est fallu de peu. Il aurait suffit au réalisateur de graisser la patte au jury. Hélas, il n'était pas au fait des vieilles traditions du grand écran.
- "Non, mais... tu ne peux pas faire un papier sur ça"
- "Pourquoi ?"
- "Parce qu'on va se faire prendre par la patrouille !"
- "C'est quoi ça ? Un autre titre de film de boules ??"
- "Naannn !!! On va se faire censurer !!! Les censeurs de gougue vont nous boycotter. On va nous faire disparaître, nous effacer de leurs données de recherche !! Pffftt.... Disparu le blog, le boulot ! Ils ont ce pouvoir et n'ont aucun état d'âme"
Bon... okay... alors sinon ...
Après le dantesque "On Your Feet or on Your Knees", sortir un album live du BÖC en format simple, d'une ridicule durée de trente-six minutes et des poussières, a tout de l'hérésie. Ou simplement du foutage de gueule. C'est vrai que le double album live de 1975 déchire sa race, tandis que celui de 1982, "Extraterrestrial Live" a encore de beaux restes. Et au milieu, perdu, esseulé, un petit "Some Enchanted Evening" compilant des extraits live captés lors du printemps 1978. Un disque qui semble avoir quelques odeurs nauséabondes de chant du cygne. D'ailleurs, le bruit court que cette galette aurait été éditée un peu dans la précipitation, poussée par un label quelque peu inquiet du recul des ventes de l'album précédent, "Spectres". Ce dernier effectivement, est moins présent dans les charts américains et européens (il se distingue néanmoins au pays des fromages-qui-puent où il opère une formidable percée). Pourtant, deux mois après sa sortie, l'album est tout de même "disque d'or". Allez savoir (il en faut toujours plus).
La pochette elle-même paraît bâclée, échappée du contrôle qu'opérait auparavant le groupe et son gourou, Sandy "The Brain" Pearlman. Prémices du mauvais goût tel que cultivé lors de la décennie suivante et inondant le marché "rock" par un amateurisme indigeste. Elle a néanmoins le mérite d'être identifiable, de rester à l'esprit. Certainement que la faucheuse hilare est une référence, un rappel au "Reaper", celui du hit du quintet, "(Don't Fear) The Reaper". Véritable carton d'il y a deux ans, encore dans les mémoires et encore occasionnellement diffusé par les radios.
Initialement, il était prévu de réaliser un double album, et dans cette optique il y avait suffisamment de matos sélectionné et enregistré pour concrétiser le projet. Mais la major Columbia n'en a cure. Elle fait sa propre sélection, tranche dans le vif et ne sort qu'un simple album grevé par des choix douteux. En effet, deux reprises sur un disque de sept morceaux, pour un groupe du gabarit de Blue Öyster Cult, ça sent le faisandé. Et quand en plus la seconde est une version sans piquant du "We Gotta Get Out of This Place" des Animals, clôturant maladroitement le disque, ça sent carrément la pré-retraite. Et pourtant, l'album rencontre un succès inattendu, et devient la plus grande réussite commerciale du BÖC (double platine). Succès que n'atteindront jamais d'autres galettes du groupe, pourtant communément considérées comme meilleures.
Si les raisons sont multiples, on subodore que la principale est l'opportunité au public, celui forgé au fil des innombrables et incessants concerts, de retrouver sur disque, un Blue Öyster Cult de nouveau habité par un Rock'n'roll mordant, impétueux et heavy. Car même si la grande majorité des morceaux sont tirés des deux précédents disques, la scène les a fortifiés, habillés d'attributs plus en phase avec la première période du groupe.
"R.U. Ready 2 Rock" annonce la couleur. Servant d'intro, de mise en bouche, cette chanson se révèle bien plus consistante que sa version studio. Eric "Black Glasses" Bloom préside à la grande du Rock'n'roll (made in USA), prêchant sa bonne parole auprès d'une foule réceptive. Néanmoins, ça se traîne un peu, jusqu'à la moitié où, enfin, la bande passe la cinquième et appuie sur l'accélérateur pour s'engouffrer dans un vif heavy-rock'n'roll. Enchaîné à une harangue du prêtre noir, Eric "Frisettes" Bloom, sur fond du pur hard-rock. La section rythmique de "E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence)" gagne également un peu de gras et de poils. Le titre met en avant l'osmose vocale entre Donald "Blanc Costard" Roeser et Eric "Black Leather" Bloom. La douceur du premier temporisant la rugosité et le ton de prédicateur du second, sur cette chanson contant le socle de plomb imposé par les men in black. Le progressif et contemplatif "Astronomy" s'envole progressivement, propulsant leur prince blanc, Buck Dharma, qui tente d'effleurer quelques cieux de sa Gibson SG nue, véloce et inspirée. "L'horloge sonne minuit et les gouttes de lune éclatent. Hors de vous depuis leur cachette, comme de l'acide et de l'huile sur le visage d'un fou, sa raison tend à s'envoler. Comme de menus oiseaux aux quatre vents, comme des éraflures d'argent en mai".
Comme une réponse à l'engouement dont bénéficiait alors le punk, la seconde face débute sur un électrisant et intense "Kick Out the Jams" du MC5 (et de qui d'autre !?), histoire de remettre les pendules à l'heure. Bien que moins séminale que l'originale, elle ne manque pas de lui honneur. Plutôt que de se satisfaire d'une copie conforme, le Cult ajoute sa touche personnelle avec les claviers d'Allen Lanier. Bien que ce dernier soit également guitariste (sur les photos, c'est le grand dadais armé d'un Les Paul), sur ce morceau où de prime abord on aurait jamais imaginé un claviers s'y égarer, il s'accroche à ses claviers, jouant des notes convulsives, enflammées et possédées. Comme une fusion sous speed de Jon Lord et de Little Richard.
Après la furia précédente, le BÖC plonge dans le heavy-metal. Dans un style imagé, apte à créer un décor cinématographique. Ici en l'occurrence, celui d'un film de série Z. "Godzilla" s'est également étoffé, grâce aux guitares combinées avec de Buck Dharma et Bloom, exprimant la lourde et menaçante progression du kaijù (à l'origine fruit d'essais nucléaire, ou des bombardements atomiques de 1945 - faits écartés par la version écourtée américaine -). Ambiance un peu décalée de comics, proche de la parodie ; une des guitares joue même à parodier les rugissements bestiaux - plutôt plus proche d'un vagissement - du monstre. Néanmoins, la chanson trouve le truc pour marquer insidieusement les esprits. Ainsi, éditée en single, sans parvenir à devenir à hit, elle devient un classique du Cult largement diffusé par les radios, et régulièrement repris dès les années 90. Fu Manchu en fera une version - évidemment - bien lourde, dégoulinante de fuzz. Paroles et air hypnotiques, gravant les esprits qui, aléatoirement, dans la rue ou au boulot, font chanter les auditeurs. "Ooooh no ! They say he's got to go ! Go ! Go ! Godzilla !! Yeah ! Oooohh no ! There goes Tokyo. Go ! Go ! Godzilla ! Rinji news o moshiagemasu. Godzilla ga Ginza hoomen e mukatte imasu ! Daishkyu hinan shite kudasaï ! ... History shows again and again how nature points out the folly of men... Godzilla !!" -
Dans un même élan, s'enchaîne (bien que tiré d'un concert différent) " (Don't Fear) The Reaper ". Le véritable hit du groupe, traînant probablement la plus célèbre cowbell de l'histoire (le Saturday Night Live en a fait un sketch resté dans les annales - Jimmy Fallon l'a rejoué dans son émission), possède l'irrésistible accroche, le hook, qui font les grands morceaux rock et pop. Encore actuellement, elle s'immisce dans des long-métrages et des séries. Conformément aux précédents morceaux, sur scène la chanson exacerbe sa facette rock, supprimant la fameuse cowbell, et laissant plus d'espace aux guitares (qui ont ingurgité un Marshall ou deux au p'tit déj'). Toutefois, le chant fragile de Donald "Buck Dharma" Roeser garde cette douceur mélancolique, reflétant un état d'âme introspectif, un regard tourné vers l'éventualité d'une mort prochaine. Et de l'accueillir avec résignation et compréhension. Une chanson qui a soulevé chez certains, colère et indignation, parce qu'ils y voyaient là un appel au suicide. Ce qu'ont toujours formellement démenti l'auteur et le groupe. Le live est une excuse pour la ressortir en single, dans l'espoir de renouveler le succès de 1976. Cette fois-ci, il s'infiltre dans les charts britanniques.
Reste ce "We Gotta Get Out of This Place" incongru ; malgré sa bonne tenue, il manque le mordant chargée de soul et de colère intériorisée d'Eric Burdon.
Un disque qu'on peut certes considérer comme en demi-teinte, inégal, mais qui résiste néanmoins aisément au temps et qui s'écoute toujours avec plaisir. Il confirmait alors que c'est bien sur la scène que Blue Öyster Cult s'épanouissait.
🎶♏
Fait partie de ceux que je n'ai pas. Je me décide à l'acheter de temps à autre, mais il est toujours/souvent indisponible en CD. J'ai écouté en boucle les deux premiers pendant des années après une première mention du groupe dans un article de Best au début des années 70. Il faut reconnaître qu'après Secret Treaties, ça baisse un peu.
RépondreSupprimerHélas oui. A mon sens, la première période qui va jusqu'au double live "On Your Feet or On Your Knees", est la meilleure.
SupprimerEnsuite, effectivement, ...
Mais j'ai une petite tendresse (nostalgique ?) pour "Cultosaurus Erectus" ; et le suivant, "Fire of Unknow Origin" n'est pas mal non plus.
Par contre, la dernière livraison de 2020, "The Symbol Remains", sur laquelle beaucoup se sont enthousiasmés, m'avait passablement déçue.
J'ai ma petite théorie: le batteur s'en va, le groupe est foutu! Albert Bouchard officie derrière les futs jusqu'en 81, Fire of Unknown Origin. Ce dernier avec d'excellents titres comme Burnin' for You ...Après c'est le néant. Donc j'étaye: Bonham kaput, plus de Led Zep. K. Moon kaput: plus de Who. Topper viré plus de Clash. Bun E. Carlos barré plus de Cheap Trick... Petite variante : Rolling Stones: Mick Taylor parti, plus de guitariste (Keith n'est pas un guitariste, il a fallu qu'il accorde sa gratte en open pour en sortir qq chose, c'est un riffeur ...), donc les Stones foutu depuis 74 (hors taxes)....
SupprimerMmmmm.... théorie intéressante... à cogiter. Pourtant, généralement, on dit que les batteurs ne participent pas à la composition. Et qu'en ce sens, ils seraient plus proches du statut d'employés 😁
SupprimerToutefois, les contre-exemples ne manquent pas. Il y a déjà le cas de Rush avec Neil Peart (un sacré bonhomme celui-là).
Sinon, pour certains, après le départ de Bill Ward, Black Sabbath a perdu une partie de son âme. De même que Dream Theater avec Mike Portnoy, Toto sans Jeff Porcaro, Motörhead sans Philty Taylor. Même Santana sans Michael Shrieve. Rainbow sans Cozy Powell ? Même chez AC/DC, où la batterie paraît assez basique, métronomique, les inconditionnels ne sont pas tendre avec les albums sans Phil Rudd.
Serait-ce à dire que le temps des boîtes à rythmes n'est pas encore d'actualité ?
Théorie qui tient la route. Valable aussi pour Lynyrd Skynyrd avec Bob Burns, que je préfère à Pyle, plus bourrin. La théorie est confirmée a contrario, toujours pour LS: lorsque l'ex-batteur (Rickey Medlocke/Médiocre) revient dans le groupe, mais en qualité de guitariste. Ça marche aussi pour le jazz. Quand Elvin Jones se barre, la musique de Coltrane, qui était déjà en sérieuse surchauffe depuis un moment, devient inécoutable.
RépondreSupprimerMais alors c'est pour ça que le E Street Band est toujours aussi bon ? Même batteur depuis 50 piges ?
SupprimerJ'en connais qui te répondraient que c'est pour ça qu'ils sont tjrs aussi mauvais....
Supprimer(je sais, c'est bien pour ça que j'ai jeté l'hameçon !)
RépondreSupprimerGrossière provocation à laquelle je me suis gardé de répondre.
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