Aujourd'hui, peu de personnes se souviennent de ce groupe et les plus jeunes n'en ont probablement jamais entendu parlé, même s'il est fort possible qu'il leur ait été donné d'entendre une de leurs chansons au détour d'un film ou d'un documentaire.
Pourtant, il fut un temps où ce quintet remplissait les stades. Il avait réussi à créer une image, et parfois intriguait. Il fut même un temps où on les soupçonna d'être une secte, ou des sympathisants nazis. Un comble pour un groupe majoritairement constitué de juifs jusqu'à leur mentor, écrivain et producteur. Souvent incompris en raison de disques changeant, peu ou prou, sans cesse de climats, accentuant ainsi la difficulté des médias à classer ce groupe hors normes. Le qualifiant parfois de groupe pour intellectuels (?). Hard-rock ? Boogie-rock ? Heavy-Metal ? Heavy-psychédélique ? Rock progressif ? Rock FM ? Aucun en particulier, mais tout ça. Au gré de leur long et tumultueux périple, ce singulier collectif a abordé tous ces genres, les mélangeant naturellement, au gré de leur humeur, de leur fantaisie, de leur exploration. Mais jamais il ne renia son âme Heavy-rock. Leur parcours est une épopée tumultueuse, jonchée d'obstacles.
C'est sous l'impulsion du guitariste Donald Roeser que se forme un premier embryon de groupe. Roeser est un enfant du prolétariat New-Yorkais, de Long Island, pour qui la musique est un moyen de sortir de cette grisaille permanente et omniprésente. Il s'allie à Albert Bouchard, un batteur haut en couleurs, qui a pour habitude de se trimbaler les gambettes à l'air. Albert est alors un élément clef du groupe et son compositeur le plus prolifique. Paradoxalement, alors qu'il fut certainement au début le plus attaché au psychédélisme, il est vite devenu un maître en matière de titres saignants et mordants.
Vint ensuite Allen Lanier, le filiforme claviériste presque tout aussi à l'aise avec une gratte. Autre figure marquante, par ses claviers il peut à loisir grossir la touche Rock'n'Roll, ou tisser un rideau de sons étranges et ténébreux, entre Science-fiction et doux films angoissants d'antan. Comme une bande-son Rock'n'roll de films de la Hammer à la saveur gothique. Et lorsqu'il empoigne une guitare, il métamorphose le Cult en Guitar Army. Une machine de pyromanes armés de six-cordes cinglantes – Cities on flames, with Rock'n'Roll ! -.
Lecteur insatiable, ses centres d'intérêts englobent la Science-fiction (il deviendra un ami de Philip K. Dick), le Fantastique (parfois morbide avec H.P. Lovecraft), l'occultisme et l'histoire. Une passion qui crée un lien immédiat avec Albert Bouchard, lui-même dévoreur de livres, et en particulier de S-F. Ainsi, Pearlman va avoir une grosse influence sur les chansons du BÖC, composant parfois seul l'intégralité des paroles.
Sous le patronyme Soft White Underbelly, le groupe végète dans un psychédélisme acide et bancal, pénalisé par un chanteur fier mais médiocre.
C'est là, en 1968, qu'arrive un nouvel acteur au rôle déterminant dans l'évolution du groupe. Pourtant Eric Bloom rentre par la petite porte, débutant comme ingénieur du son, puis assistant pour les tournées extra-muros, ne prenant la place vacante de chanteur qu'en avril 1969. Eric est également un solide guitariste sur lequel peut s'appuyer Roeser lors de ses soli nerveux. En aparté, il est parfois considéré comme l'instigateur du look cuir et clous sur scène (des années avant Judas Priest)
Enfin, quand le bassiste d'origine, lassé, quitte le vaisseau, Albert appelle son jeune frère qui a déjà jammé à de multiples reprises avec la troupe. En été 1970, Joe Bouchard met sa guitare au placard pour récupérer le poste de bassiste. La troupe a trouvé, pour quelques années, sa mouture définitive. Les nombreux changements qui interviendront à partir de 1985, n'arriveront jamais à retrouver l'éclat de cet animal fabuleux. Son attrait littéraire pour la Fantasy (il va correspondre avec Michael Moorcock qui collaborera sur deux chansons) et la Science-fiction, se marie avec les centres d'intérêts de Bouchard et de Pearlman.
Une fois n'est pas coutume, mais l'influence de leur manager est primordiale. Pour commencer, c'est lui qui encourage Donald Roeser à fonder un groupe avec Bouchard. Sandy Pearlman est un lettré, un boulimique de lecture qui a tenté de se lancer dans la musique avec son pote Richard Meltzer. Tous deux se retrouvent employés par la première revue musicale rock américaine Crawdaddy !. C'est Pearlman qui va donner les patronymes successifs à la troupe, jusqu'au Blue Öyster Cult, imposant le tréma sur le "O". Tréma qui va faire date et sera repris par nombre de combos de Hard et de Heavy-Metal. Bien avant Alice Cooper, il avait cru bon baptiser les musiciens de noms fantasques pour la scène, pour auréoler la bande de mystère. Seul, Roeser gardera "Buck Dharma", patronyme plus célèbre que son nom de naissance.
Enfin, quand le bassiste d'origine, lassé, quitte le vaisseau, Albert appelle son jeune frère qui a déjà jammé à de multiples reprises avec la troupe. En été 1970, Joe Bouchard met sa guitare au placard pour récupérer le poste de bassiste. La troupe a trouvé, pour quelques années, sa mouture définitive. Les nombreux changements qui interviendront à partir de 1985, n'arriveront jamais à retrouver l'éclat de cet animal fabuleux. Son attrait littéraire pour la Fantasy (il va correspondre avec Michael Moorcock qui collaborera sur deux chansons) et la Science-fiction, se marie avec les centres d'intérêts de Bouchard et de Pearlman.
Une fois n'est pas coutume, mais l'influence de leur manager est primordiale. Pour commencer, c'est lui qui encourage Donald Roeser à fonder un groupe avec Bouchard. Sandy Pearlman est un lettré, un boulimique de lecture qui a tenté de se lancer dans la musique avec son pote Richard Meltzer. Tous deux se retrouvent employés par la première revue musicale rock américaine Crawdaddy !. C'est Pearlman qui va donner les patronymes successifs à la troupe, jusqu'au Blue Öyster Cult, imposant le tréma sur le "O". Tréma qui va faire date et sera repris par nombre de combos de Hard et de Heavy-Metal. Bien avant Alice Cooper, il avait cru bon baptiser les musiciens de noms fantasques pour la scène, pour auréoler la bande de mystère. Seul, Roeser gardera "Buck Dharma", patronyme plus célèbre que son nom de naissance.
Lecteur insatiable, ses centres d'intérêts englobent la Science-fiction (il deviendra un ami de Philip K. Dick), le Fantastique (parfois morbide avec H.P. Lovecraft), l'occultisme et l'histoire. Une passion qui crée un lien immédiat avec Albert Bouchard, lui-même dévoreur de livres, et en particulier de S-F. Ainsi, Pearlman va avoir une grosse influence sur les chansons du BÖC, composant parfois seul l'intégralité des paroles.
D'entrée, avec "Transmaniacon MC", Blue Öyster Cult redéfinit les contours du Heavy-rock, en prenant comme base celui de Steppenwolf avec une pointe de MC5. Il élargit son spectre et lui donne des allures plus racées. On ne sait si l'on est saisi par la froideur métallique des guitares ou la chaleur volubile de la section rythmique. Ode aux bikers à la sauce Métal-Hurlant autant qu'au Ghost Rider de Marvel (de Roy Thomas et Mike Ploog), ou bien chant accusatoire envers le dramatique débordement d'Altamont.
"Sur la bécane de Satan ... Nous prendrons au Sud, sur Altamont... Nous sommes douleur, nous sommes acier, une conspiration de couteau... et nous offrîmes derrière la scène à l'aube, bières et motos barracuda, barbituriques et monocaïnes, pur nectar d'antipathie... à ceux qui céderaient leur âme au Transmaniacon MC"
Le titre sera repris par John Shirley - futur parolier pour le Cult - pour son premier roman.
"I'm On The Lamb But I Ain't No Sheep" est une pièce ancienne remontant à Stalk-Forrest Group, entité pré-BÖC, et que l'on retrouve aussi sur le prochain effort, sous une forme plus nerveuse et mordante.
La musique du Cult pourrait parfois s'apparenter à l'oeuvre d'une confrérie de rockers alchimistes, se consacrant corps et âme à créer une formule permettant de fusionner un boogie brûlant et huileux à un Heavy-metal tranchant et implacable. A l'image de "Stairway to the Stars" (aucun rapport avec la chanson d'Ella Fitzgerald) qui pourrait être la bande-son d'une chevauchée infernale de motards échappés des enfers. Une horde de ghostriders déboulant la nuit dans un tonnerre de métal lourd, leur crâne embrasé perçant la noirceur d'une nuit sans étoiles. "Before The Kiss, a Redcap" est de la même lignée, emboîtant le pas à la cohorte démoniaque ... jusqu'à ce qu'elle pile subitement, pour changer de direction et entamer un foxtrot mâtiné de blues espiègle et de Metal-manouche. Puis on reprend la route initiale, en montant dans les tours dans un concert de crissement de pneus, de gaz d'échappement et de bruyantes accélérations.
Et puis, il y a "Cities on Flame With Rock'n'Roll" - premier 45 tours du groupe - qui fait son entrée dans le Rock lourd à l'Américaine (1), terrain de jeu encadré par deux maîtres en la matière : Donald Roeser et Albert Bouchard. Ce dernier d'ailleurs déploie pour ce morceau un jeu à la fois puissant et aérien - entre Cozy Powell et John Bonham -, dont le groove tempère la lourdeur pachydermique de la guitare et de la basse. Albert est ici un élément d'autant plus essentiel que c'est lui qui se colle au micro (un peu anémié, il prend plus de hargne en concert).
Si Blue Öyster Cult deviendra un des adeptes américains en "lourdeur" (toute relative), pour y accéder il n'abusera pas de pédales dispensatrices de grosses saturations, se contentant de Gibson saturant naturellement un mur de Marshall, parfois boosté par un overdrive tempéré (une Colorsound ? [2]), de temps à autre couplé à un phaser. Et cela, malgré le fait que le riff s'est inspiré de "The Wizard" de Black Sabbath.
"Citées enflammées par le Rock'n'Roll !! Trois mille guitares semblent pleurer ! Mes oreilles vont fondre, ensuite mes yeux ... Délice interdit"
"Then Came The Last Days of May", sous des airs de ballade automnale, un chouia acide, est une oeuvre sombre, contant la mortelle aventure de jeunes garçons en quête de plaisirs artificiels, finissant dans un piège crapuleux, criblés de plomb, baignant dans leur sang. Une chanson de Roeser, qu'il interprète lui-même, dont le chant paraît saisi par le sujet, entre tristesse et regret. Et pour cause, il connaissait personnellement deux des victimes.
"Screams" alterne entre un blues sous acide (évoquant vaguement le Ten Years After de "Shhhh...") et des résurgences psychédéliques à la Stalk-Forrest Group.
"Fumier engendré par Satan ... La folie des grandes cités réconforte mon âme, m'offre un trou où je peux m'épanouir ... Le son des guitares emplit la nuit..."
"She's As Beautiful As a Foot" s'enfonce un peu plus dans le psychédélisme ; c'est une caravane de freaks mutants, sur laquelle veillent Ganesh et Shiva, qui se prélassent affalés et flottant sur des nuages d'encens ; les freaks leur jouent une envoûtante mélopée pour se prémunir contre leurs humeurs changeantes. Mais pour l'occasion, ils ont troqué leurs sitars contre des Gibson. 😉 Mais les paroles semblent se référer au vampirisme.
"Je ne le croyais pas quand il mordit son visage ... Ne mets pas ta langue sur la marque sanglante !!"
"Workshop Of The Telescopes" est froid et angoissant, comme un satellite en déroute dans le froid et le vide de l'espace, dans une interminable nuit sans étoiles. Le morceau préfigure autant la Cold Wave qu'un Rock cabossé à la Television, voire d'un Punk-rock taillé pour Patti Smith (future compagne d'Allen Lanier)
"Redeemed" est une réminiscence des années 60 ; de la pure Pop 60's un brin acide, ornée de quelques attributs du Jefferson Airplane.
Premier disque et déjà quelques classiques qui ne vont plus les quitter ; à savoir "Cities on Flame With Rock'n'Roll" qui va s'étirer sur scène, "Before The Kiss, a Redcap", "Stairway to the Stars" et "Then Came The Last Days of May".
(1) On avait conseillé au BÖC de se durcir en prenant exemple sur Black Sabbath et Deep-Purple.
(2) La Colorsound (1970 ou 71) doit être la première pédale pouvant être considérée comme une Overdrive. La fameuse TS808 d'Ibanez ne sort qu'en 1979, et Boss commercialise son OD1 en 1977. Auparavant, on tapait dans différents modèles de Fuzz.
(2) La Colorsound (1970 ou 71) doit être la première pédale pouvant être considérée comme une Overdrive. La fameuse TS808 d'Ibanez ne sort qu'en 1979, et Boss commercialise son OD1 en 1977. Auparavant, on tapait dans différents modèles de Fuzz.
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Autres articles sur BÖC : ⇰ "Agents of Fortune" (1976) ⇰ "Spectres" (1977) ⇰ "Fire of Unknow Origin" (1981) ⇰ "The Revölution by Night" (1983)
Oooh YES!! Racheté tout récemment en vinyle, galette toute bleue, un remaster excellent, et cette pochette !... j'aimerais insister sur la qualité de frappe et le feeling d'Albert Bouchard, pour souligner l'importance du batteur dans un groupe. Grand grand album!!
RépondreSupprimerOui ! La pochette de Bill Gawlick. Froide, austère, inquiétante, mnémonique, sombre.
SupprimerJ'avais commencé à écrire quelques mots dessus, mais c'est un article entier qu'il faudrait consacré à ce bonhomme auteur de trois premiers pochettes du Cult et surtout inventeur du logo du groupe (dessiné sur le mur du salon où le groupe répétait et vivait plus ou moins en communauté, un temps avec Gawlick). Egalement auteur du titre "Tyranny and Mutation", après avoir écouté en boucle les bandes du disque.
D'après Pearlman, le lieu où étudiait Gawlick, et où il se terrait pour réaliser ses œuvres picturales, aurait eu une influence sur l'homme. Tout comme sur lui même. Ce lieu particulier se trouverait être l'endroit où était la demeure de Lovecraft. Depuis, Gawlick a disparu dans la nature. Personne ne sait ce qu'il est devenu.
après cette très bonne chro, je vous propose de ne pas vous arrêter en si bon chemin et de continuer avec le suivant "Tyranny and mutation" qui, pour moi, est leur chef d'oeuvre, un album incandescent de rock en fusion qui brûle encore presque 50 ans après sa sortie. De plus, ils devaient venir faire une date à Paris en Juin, mais à cause de ce satané virus, c'est annulé ou reporté....
RépondreSupprimerC'est prévu, mais pour un peu plus tard.
Supprimer"Tyranny and Mutation ... un album incandescent de rock en fusion qui brûle encore presque 50 ans après sa sortie". C'est juste ; le plaisir d'écoute ne s'est pas estompé. Un classique.