mardi 20 juin 2023

WALLACE WOOD : ”Malice In Wonderland“ (1976) par Pat Slade


En France, Wallace Wood n’est pas le plus connu des dessinateurs américains, et pourtant sa contribution est majeure dans le domaine de la BD.


 


Wallace Wood et le comics underground



Wallace Wood fait partie de ces dessinateurs dont on connait les dessins : leurs noms nous restant inconnus, comme Jack Kirby l’homme qui créa les quatre Fantastiques, Hulk, Thor, les X-Men, Steve Ditko (Spiderman) ou, dans un autre genre, Don Martin avec son univers délirant. Entre le monde des Marvel et celui de Mad Extra, très peu dessineront pour les deux écoles, Wallace Wood lui ne restera pas englué dans un style unique il va le diversifier.

Wallace Wood a connu un parcours très singulier : marin dans la marine marchande, militaire dans la troupe d’occupation au Japon, aide-serveur, et cela tout en préparant son avenir en suivant des cours à la Cartoonists and illustrators school.

Avant W Wood         Avec W Wood
Il débute sa carrière comme lettreur et encreur. Il commence à travailler comme assistant de George Wunder qui avait repris la série de ”Terry et les pirates“ de Milton Caniff. Ses premier pas se feront au sein des EC Comics qui connut son heure de gloire durant la première partie des années 1950 avec la publication de comics books d’horreur, d’aventures, d’humour et de science-fiction. Wood travaille pour à peu près tous les grands éditeurs, de Marvel (Atlas Comics) à Warren (Creepy, Eerie, Vampirella) ou DC (House of Mystery). C’est avec Marvel qu’il va se faire connaitre, il dessine et encre ”Daredevil“, c’est grâce à lui que le super héros aveugle arborera une combinaison rouge.   


Mais son personnage le plus célèbre restera ”Sally Forth“, un personnage créé pour les forces américaines en 1968. Sally Forth est une bimbo à la plastique avantageuse, aux fesses et aux seins rebondis. Engagée dans l’armée, toute une flopée de personnages tous plus ou moins loufoques gravitent autour d’elle, dont un bébé chauve très en avance pour son âge et lieutenant au sein d’une unité de commandos de surcroit. Sally ne reste que brièvement habillée au début de chaque histoire. Très vite dénudée, sous un prétexte ou un autre, elle continue ensuite ses aventures avec le plus grand naturel et dans le plus simple appareil. Malgré sa naïveté dont beaucoup profite, Sally à beaucoup d’humour et garde toujours beaucoup de sensualité.

Il est aussi connu pour la création de poster satirique ; à la mort de Walt Disney un magasine satirique The Realist répondra de manière irrespectueuse en demandant a Wood de dessiner un hommage grotesque : ”The Disney Memorial Orgy“. Comme le titre l’indique l’illustration montre divers personnages emblématique de Disney se livrant à des comportements obscènes. L’affiche sera très populaire et sera même souvent piratée. Wood s’abstiendra de le signer par crainte des répercussions juridiques. Disney n'entreprit aucune poursuite contre la publication mais attaqua en justice l'éditeur d'une version piratée.

Wallace Wood à beaucoup donné dans la bande dessinée érotique et certaines histoires tomberont dans le grivois voire le libidineux. Sa version d’”Alice in Wonderland“ n’est pas à mettre entre toutes les mains, tous les personnages y sont représentés mais dans une version ou tous sont atteint d’hyper sexualité, en résumé toutes les femmes sont des nymphomanes et les gars des satyres. Un lapin atteint de priapisme, de toute façon tous les autres personnages sont atteints d’érection persistante et permanente devant une Alice qui se promènera nue tout au long de l’histoire. Dans le même genre Wood dessinera Une série appelé ”Cons de Fée“ ou y apparaissent ”Hansel et Gratte-Selle“, ”La Belle au Bois Gonflant“, ”Flasher Gordon rencontre le MLF“, ”Le Prince Désenchanté“, ”Dragonella“. Il dessinera aussi d’autres petites histoires que l’on peut retrouver dan un album qui regroupe toutes celles citées ci-dessus, ainsi ”Fées en Folie“. Evidemment la traduction des dialogues ont été librement adaptée.   

Wallace Wood était un bourreau de travail, il travaillait souvent des journées entières sans presque dormir. Alcoolique, il luttait contre la dépression, ce qui se ressentira dans son travail, ses livraisons arriveront en retard et le journal Mad de détachera de lui. Un peu lassé du dessin, passionné de folk et de country, il désire devenir un interprète musical en finançant et en autoproduisant un album ”Wally Wood Sings“ en 1978. La même année suite à une attaque cardiaque, il perd la vision d’un œil. Depuis les années 70, il souffrait d’insuffisance rénale et quand ses reins ont commencés à se détériorer, la perspective d’une dialyse voire d’une greffe le pousse à bout. Le soir d’Halloween 1981 il se suicide par balle, il avait 54 ans. De son vivant Wallace Wood était considéré comme l’un des artistes les plus talentueux dans son domaine, il a influencé les nombreux artistes qui ont travaillé avec lui mais également la nouvelle génération de dessinateurs. S'il fut connu en France, ce sera grâce à ”L’Écho des Savanes“ et ”Les Éditions du Fromage“.


              

8 commentaires:

  1. Merci pour ce papier sur Wallace Wood. Un grand dessinateur qui en inspira beaucoup.
    Un gars de l'équipe de Métal Hurlant (Dionnet ?) avait vanté maintes fois ses talents. Parfois même de façon dithyrambique.
    (Tandis que Wood avait une planche où il mentionnait Uderzo en tant qu'un des plus grands de la planète)

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  2. Jack Kirby, inconnu ? J'espère que non.
    Il y a même 2 ou 3 bouquins (en français) sur sa personne. Dont une BD très sympathique (et guère tendre avec Stan Lee ... )

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    1. Le commun des mortels connait le nom de Stan Lee mais moins Kirby et Ditko

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    2. Le vieux filou a œuvré pour... pas vraiment pour occulter dessinateurs et scénaristes, mais surtout pour se mettre en avant.
      Pour cela, il a su profiter des premières conventions et des mondanités.
      D'après certains écrits, il y a une rancœur qui a rongée bon nombre d' "employés" et qui en ont voulu à mister Stan Lee.

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  3. Pilote a profondement inspiré Mad Extra, il existe un dessin de Wallace Wood qui (soit disant) représente Uderzo sur sa planche a dessin avec Sally Forth sous la table !

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    1. ho ! ho ! ho ! Le coquin 😂 Je ne le connais pas celui-là.

      Par contre, je connaissais ce fameux "tableau - hommage" à Disney (ton article me l'a rappelé - ça avait fait du bruit). Cependant, je n'avais jamais fait le lien avec Wood (que pourtant j'adore) 👍

      Dans le genre irrévérencieux, il y avait sur une planche de W.W., quelques cases dédiées à JP Dionnet.
      On l'y voyait répondre tardivement, le soir, au téléphone, apparemment dans le plus simple appareil. Il disait qu'il était occupé... avec un jeune talent plein de promesses (ou un truc du genre). Le (très) "jeune talent" en question semblait assez excité... et à genoux... ou accroupi. 😲 Schoking !!
      (parution dans Métal Hurlant ou Special USA)
      Va incite à rouvrir les vieux cartons 😉

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    2. Oui je me souviens de ces dessins de W.W avec Dionnet sauf, si je me souviens bien, il n'était pas nue mais il portait un peignoir dans le genre d'Hugh Hefner. Mais peut etre que je me trompe de BD.

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    3. Non, non, ce doit bien être celle-ci ; tu dois avoir raison (faudrait que je retrouve cette irrévérencieuse bd du diablotin Wally)

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