jeudi 14 avril 2022

Pēteris VASKS – Concerto pour violon et cordes "Tāla Gaisma" (1996/7) - Alina Pogostkina (2013) – par Claude Toon


- Ah, un petit nouveau Claude… Un contemporain. Quel pays ? Dis donc, pour le nom pas trop dur cette fois, mais les tirets sur e et a, pas cool !!!
- Pēteris Vasks est letton Sonia, pas vraiment un petit nouveau ! Il a 75 ans. Après une période expérimentale, il est revenu à une musique "pour tous"…
- Ouais, pas des suites de sons bizarroïdes, des œuvres de quatre minutes… On ne cite personne, le genre franco-français
- Ha ha, c'est celaaaa Sonia. Non ! Ce concerto est accessible, quoique très virtuose, mais avouons-le d'un climat assez glauque !
- Oui, mais si ça prend aux tripes comme dirait Nema qui ne doit pas raffoler de la chose, hi hi, je la charrie… Qui sont Alina Pogostkina et Juha Kangas?
- Une violoniste russe rompue aux musiques nouvelles et un chef finlandais… Et pour les tirets, tu vois dans les caractères spéciaux

Partie I : quel avenir pour la musique contemporaine ?

Pēteris Vasks (1946)

L'expression "musique contemporaine" fiche la trouille. Concrètement, fait-elle fuir nombre de mélomanes ? Je peux comprendre facilement une telle réaction à partir d'une anecdote personnelle. J'ai eu l'insigne honneur de recevoir une invitation pour le premier concert de l'IRCAM* au théâtre de la Ville dans les années 70 (aucune trace précise dans le web 😊). J'étais assis entre un pote et Henri Dutilleux (qui n'était pas un pote mais que j'admire). Hélas, aucune œuvre ne lui avait été commandée pour cet événement musical, mondain et… politique ; on se serait moins fait c**r pendant son exécution. On voyait défiler pendant deux heures des gars connus, comme Xenakis, et une kyrielle de gitons de la classe de composition du CNSMD de Boulez, à tous les coups, chacun ayant commis sa petite (5 à 10 minutes) copie de musique moderne (pas certain que le mot œuvre soit pleinement appropriée). Une dizaine de morceaux sous la baguette convaincue de Michel Tabachnik. Soyons indulgents, il faut bien débuter !

Je me rappelle, amusé, la création d'une pièce étonnante : 3 groupes de quatre chaises, chaque groupe occupant les pointes d'un triangle sur scène. Sur chaque chaise, un instrumentiste avec qui un bois, qui un cuivre, qui un instrument à cordes, etc. Go ! quelques notes en vrac (a priori) puis toutes les minutes, debout et vite, course poursuite façon chaise musicale entre les musiciens pour s'asseoir et jouer la "miniature" suivante. Il n'y a pas eu de chute, de clarinette en miettes, d'incident de personne comme on dit à la RATP… Avec le recul, l'idée devait être une réorganisation permanente de l'effet concertant… Mais on était loin de l'allegro de la 5ème de Beethoven, avec ou sans chaises.

Une soirée poilante, et de conclure qu'à ma connaissance, nous n'avons jamais réentendu l'une des pièces de cette dizaine de créations, en salle ou au disque. Que sont devenus leurs jeunes auteurs ? Mystère. Donc oui, là je m'étais bien amusé, je n'avais rien déboursé, pas mémorisé un seul thème, et plus de quarante après, j'écris ce pamphlet rigolard mais sans aucun mépris bien entendu ! Pour trouver du nouveau il faut chercher…

Alina Pogostkina

En sortant, j'ai pensé "Mozart, Ravel, revenez ! Ils sont devenus zazous". Cela dit, le public viennois semblait dans le même état d'esprit lors des premières des derniers concertos pour piano de Wolfgang Amadeus, trop géniaux pour les paresseux du tympan de cette fin du siècle des lumières. Blague à part, la France est-elle devenue, musicalement parlant, une secte peu créative ou règne en maître absolu M. Pascal Dusapin ? J'avoue avoir du mal à pénétrer son univers musical qui semble lorgner vers la 2ème Ecole de Vienne (sérialisme), d'autant que sa discographie est très minimaliste… Quoique son double concerto… en live… il faut écouter… À suivre…

(*) Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique, fondé en 1974 par Pierre Boulez à partir d'un projet de Georges Pompidou.

Pourquoi cette introduction ? Très simple : aujourd'hui, au menu de mon papier : une œuvre contemporaine, une vraie, les émotions primant sur la forme si énigmatique soit-elle, un concerto pour violon signé Pēteris Vasks et créé en 1997 par un prince de l'archet moderne, Gidon Kremer. Depuis cette année-là, ce concerto bénéficie d'une nouvelle gravure pratiquement chaque année. Je n'en dis pas plus, nous allons écouter un chef-d'œuvre, et pourtant mes lecteurs le savent, Dieu sait que j'ai horreur de ces superlatifs…

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Un mélomane fan de nouveautés musicales comme votre serviteur souffre forcément du sentiment (faux) qu'une nouvelle génération de compositeurs français marquants n'émerge pas, (comprendre par marquants "de niveau international"). Qui sont les successeurs de Messiaen (+1992), Dutilleux (+2013), Boulez, (+2016), trois personnalités qui ont œuvré dans des styles différents et qui resteront, je l'espère, dans les annales de l'histoire de la musique française. Chroniquer un ouvrage des deux derniers cités n'est pas chose facile, mais je songe à présenter la symphonie "le double" ou "métaboles" de Dutilleux et "Répons", œuvre essentielle de Boulez, quoique on en dise… Messiaen a déjà pris trois fois sa place dans le blog, et ce n'est pas fini…

Pēteris Vasks et Juha Kangas

Certes, on pourrait me rétorquer que j'oublie quelques noms, dont Tristan Murail et Pascal Dusapin. Mais ces compositeurs me font songer plutôt à des chercheurs et des pédagogues même, si aimés des institutions officielles, leurs œuvres restent très confidentielles… Je l'avoue, elles ne me remuent pas vraiment les tripes… Très intellos et guère émouvantes à mes sens ? Suis-je devenu ringard ?

J'ai eu ainsi l'idée de consulter le palmarès des Victoires de la Musique depuis 2000… Il y aurait à réfléchir à deux fois avant de parler de désertification créative. Je suis en train d'écouter le ballet Lucifer de Guillaume Connesson né en 1970 et lauréat en 2015 et 2019, un ouvrage de près de 40 minutes, à la fois moderniste et délicieusement postromantique, et "marquant" puisqu'interprété par de très grands artistes et même les orchestres de Philadelphie, de Cincinnati, de Houston, etc. Cette année, le jury des "Victoires" a récompensé la compositrice Kaija Saariaho, certes d'origine finlandaise, mais vivant à Paris depuis quarante ans et dont j'avais encensé un album de nouveautés en 2012 (Clic).

Conclusion évidente, médias et labels de disques se concentrent sur des pointures internationales nordiques ou yankees. Pärt et Pēteris Vasks, en font partie, de nobles vieillards. Les pays baltes ont été musicalement très actifs dans la seconde partie du XXème siècle. Quant aux USA, la liste très longue : Steve Reich, Philips Glass, John Crumb (Rip récent), John Adams, et je limite l'énumération à ceux apparaissant dans une ou plusieurs chroniques.

Donc la musique contemporaine ne meurt pas, les compositeurs existent, l'histoire fera son tri comme cela a toujours été. Mais il est évidement que pour les organisateurs de concerts ou les labels qu'il est plus tentant de vendre la 253ème version de la Truite de Schubert que prendre le risque commercial de donner sa chance à ceux qui ne se sont pas encore fait un nom… CQFD. Nous parlerons de musique française récente, promis, reste à collecter des exemples…

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Partie II : Concerto pour violon et cordes "Tāla Gaisma" de Pēteris Vasks

Tous les tableaux illustrant la suite de ce billet sont de la peintre lettone Ieva Iltnere (née en 1957), une compatriote de Pēteris Vasks. Je ne n'ai pas cherché à établir un lien expressionniste entre peinture et musique, disons… juste créer une ambiance mystérieuse…


Comme évoquée dans la 1ère partie, la création musicale des pays nordiques depuis la fin de la guerre mondiale est intense (Pologne, pays baltes, Scandinavie, Finlande…). Il y a pléthore de composteurs plus ou moins connus au niveau international et même en France.

Pēteris Vasks est né en Lettonie en 1947. Il apprend le violon et la contrebasse, joue dans plusieurs orchestres avant de rejoindre la capitale, Vilnius, pour étudier la composition. Ses premières partitions sont très influencées par les styles modernistes assez radicaux - mais pas systématiquement imprégné de sérialisme - de Witold Lutosławski, de Krzysztof Penderecki et George Crumb. (Les deux derniers cités ont donné lieu à plusieurs chroniques - Index). Je chroniquerai le célèbre concerto pour orchestre de Lutosławski dans les temps à venir. Vasks ne sera pas insensible aux recherches mystiques et vocales de son voisin Arvo Pärt (compositeur estonien, de dix ans l'aîné de Vasks et l'un des musiciens les plus joués au monde - Clic). Ainsi verront le jour nombre d'ouvrages pour chœur (féminin notamment) (Clic). Comme dans la production de son confrère, la spiritualité est très présente, sans doute la conséquence d'être fils de pasteur.

Son art évoluera entre 1980 et 1990 vers une musique moins ésotérique, plus tonale, presque néoclassique, aux accents pastoraux et épurés, et impliquant une thématique populaire lettone. Son concerto pour cor anglais de 1989 est caractéristique de ce virage. Encore une idée pour un papier… "Sonia, écoute quelques versions…".


En 1990, Pēteris Vasks fait la connaissance de Gidon Kremer. Rencontre inévitable avec Le violoniste virtuose né également en Lettonie et en 1947, à Riga (Clic). Porte-parole mondial de la musique contemporaine pour violon en général et de la musique de la sphère balte en particulier, Gidon Kremer apportera la notoriété internationale à Vasks comme il l'avait déjà fait entre autres pour Tabula Rasa de Arvo Pärt pour deux violons solos, un piano préparé et un ensemble de chambre pour cordes, et pour le concerto de Philip Glass. Deux œuvres concertantes sublimes chroniquées dans le blog. (Clic) & (Clic). Comment ? Avec la création en 1996 et la gravure du Concerto pour violon et orchestre à cordes écouté ce jour et sous-titré "Täla Gaisma" (Lumière distante).

Pēteris Vasks est un créateur préoccupé d'écologie au sens noble, admiratif de la beauté de la Création mais aussi hanté par les ravages de l'humain sur son propre environnement. L'enchantement diaphane et la rage féroce de certains passages s'opposant dans le concerto nous donneront-ils un aperçu de l'admiration en conflit avec le tourment dans la pensée de Vasks ?

Le catalogue très divers comporte pas moins de 83 ouvrages à ce jour et la discographie est très abondante.

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Insolation

France musique a diffusé une tribune des critiques de disques en 2021 qui m'a amené à choisir la version de Alina Pogostkina accompagnée par Juha Kangas, des commentaires sur l'ouvrage pendant l'émission ont inspiré mon propos, merci aux animateurs… (Clic) Choix difficile d'interprétations émouvantes, car il existe à ce jour une vingtaine de gravures – une exception en musique contemporaine-, six ayant été retenues pour l'émission. La version écoutée est arrivée brillamment seconde du palmarès (seconde place méritée pour Alina Pogostkina, il faut bien le reconnaître, après un duel serré avec la française Fanny Clamagirand).

Alina Pogostkina est une violoniste russe née en 1983 à Saint-Pétersbourg (ex Leningrad). En 1992, la famille fuit l'effondrement du bloc soviétique pour Heidelberg où la petite Alina joue dans la rue avec ses parents pour assurer le viatique ! Les temps meilleurs ne sont heureusement pas loin et après sa formation, Alina remportera en 2005 le prestigieux concours international d'Helsinki en signant la meilleure interprétation du si difficile concerto de Sibelius. La jeune virtuose a fait son chemin et joue actuellement sur des stradivarius prêtés par des fondations. Son interprétation du concerto de Vasks est l'une des gravures essentielles de sa discographie.

Juha Kangas est un maestro finlandais né en 1947 (décidément un grand cru cette année-là). Cet artiste est autodidacte. Il jouait du violon dans divers genres populaires avant de se diriger vers la pédagogie et la direction d'orchestre, ici le Sinfonietta Riga, ensemble habitué à l'art de Vasks.

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Clair de Lune

Ce concerto n'obéit pas à l'architecture tripartite classique d'un concerto, structure encore utilisée de nos jours (exemple : Philip Glass). Il comporte cinq mouvements et trois cadences, soit huit sections. Pēteris Vasks s'est longuement exprimé à propos de son ouvrage, non pour l'expliquer de manière didactique, mais pour partager l'état d'esprit qui a orienté ses choix de techniques de composition lors de son travail : nature des motifs, des atmosphères, des timbres… Son œuvre n'est en rien descriptive ou expressionniste. À chacun d'assumer son propre décryptage émotionnel.

"La plupart des gens aujourd'hui ne possèdent plus de croyances, d'amour et d'idéaux. La dimension spirituelle a été perdue. Mon intention est de fournir de la nourriture à l'âme et c'est ce que je prêche dans mes œuvres."

Les huit séquences sont enchaînées et écrites sans la logique formelle, la forme sonate, ou passacaille, par exemples, ce qui sous-entendrait s'imposer des thèmes, des reprises, en un mot : une organisation du solfège déterministe facile à suivre. Le violon solo aura un rôle prépondérant, un rôle de guide pour l'orchestre à cordes qui, timide au début, affirmera sa présence au fur et à mesure du développement, jusqu'à un climax quasi barbare des cordes lors de la valse… Même si Vasks parle de "Chaos aléatoire" à propos de certaines de ses créations, il faut comprendre par cette expression que si le discours parait décousu, a contrario de la musique dite "classique" au sens historique, l'aspect (pseudo) aléatoire a un but précis : nous surprendre ! Nous voyageons dans le monde mystérieux de Vasks où prédominent le furtif, une forme de dislocation enfiévrée du récit mélodique, une harmonie fantasque, de la lumière et de la noirceur. Malgré quelques sections rageuses, Tāla Gaisma (lumière distante / Distant light) conserve globalement un climat poétique et pastoral d'où émergent des citations de chants populaires.


Ieva Iltnere dans sa galerie

1 - Andante : Un frémissement du violon rompt le silence (il ne surgit pas du néant) en un arpège en trémolos dans l'extrême aigu et accompagné "au lointain" de quelques instrumentistes. Une aurore ? Une cantilène se déploie empreinte de sonorités énigmatiques et mélancoliques… [0'28] Est-ce le gazouillis fantasmé d'un oisillon ? Fantasmé, car Vasks invite un oiseau imaginaire, il ne tente en rien de créer une transcription chromatique du chant du volatil, technique tant travaillé par Messiaen. L'auditeur chemine sereinement dans un univers spectral mais jamais angoissant, plutôt onirique. La mélodie se développe dans plusieurs directions expressives. Quand je parlais précédemment de climat poétique et pastoral…

Le jeu de Alina Pogostkina enchante par la beauté des couleurs acidulées, l'absence de vibrato romantique. Aucune froideur, au contraire, des sonorités mordorées (ne parle-t-on pas de lumières ?) L'équilibre avec l'orchestre, au discours concertant plus paisible, est magnifique ; des graves bouleversants mais jamais gras… Sublime (Et tant pis pour cette platitude). Cadence 1 : [6'08] la première cadence tourbillonne, un jeu à la fois ludique et dramatique alternant pizzicati et thrènes.

 

2 - Cantabile [8'06] : Ce bref intermède réservé aux cordes graves et éclairé d'un solo mélancolique du violon renvoie à la passion de Vasks pour les chœurs. Le violon chante sa complainte, les cordes basses deviennent oppressantes, la tragédie enfle. Laquelle ? Une apocalypse à venir ?

 

3 - Mosso – Cadence 2 [11'34] : Ce mouvement commence par une danse rythmée et joyeuse, un élan populaire qui chasse les ombres proches du tragique du Cantabile. Curieusement le morceau évolue vers une bacchanale démoniaque. J'utilisais le mot rage à propos de la colère de Vasks confronté comme nous tous à un risque d'extinction de nos forêts, de notre petit oiseau guilleret entendu dans l'andante. [13'25] Cette seconde cadence un peu folle alterne les notes dans la tessiture des extrêmes, les tensions s'expriment par un staccato empreint de sauvagerie. L'orchestre fait son retour avec furie.


Jour et nuit

4 - Cantabile Agitato – Cadence 3 – Tempo di Valse [16'11] : Un nouveau chant dramatique et poignant, très proche expressivement du premier cantabile (2) précède la troisième cadence. Un passage d'une rare violence, des traits terrifiants. L'orchestre tente de chasser le violon qui lui répond avec la même bestialité. Techniquement, la virtuosité exigée frise la démence. Impossible de rester de marbre, on songe à une fuite éperdue. [20'40] La troisième cadence oppose une mélopée chagrine et, bizarrement, une humoresque cocasse et sautillante. Un espoir ? très relative cette impression… Le ton diabolique du flot musical aboutit à une chute effrayante en arpèges et surtout, [24'01] à un chaos qui se métamorphose en une valse infernale, satanique… Un premier exemple comparable de musique aussi désespérée et sarcastique me vient à l'esprit, chez Chostakovitch. La valse Jazz ? Ahah, non, pas vraiment ! Plutôt le scherzo frénétique et obsessionnel du 8ème quatuor que le compositeur russe composa en 1960 à son retour d'une visite de Dresde encore fracassée et calcinée depuis les raids de la RAF.

 

5 - Andante [24'40] : Le final inspire plus de sérénité. On respire de nouveau. Le discours rappelle l'introduction par ses tenues dans l'extrême aigu, son ton pastoral. La violoniste nous restitue le rêve après la valse cauchemardesque. La cantilène que nous offre Vasks en conclusion devient un point d'interrogation humaniste à la place d'une banale coda se terminant par l'inévitable point d'orgue. On ne peut nier une volonté de dramaturgie de la part du compositeur. Il nous laisse interrogatif. Doucement, comme dans les premières mesures, la musique retourne vers un silence primordial, donc une lumière lointaine qui s'éteint dans des sonorités suraiguës et des tendres pizzicati.


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Jérémie Rousseau, animateur de la confrontation sur France musique évoquait la vingtaine de gravures pour ce concerto en un quart de siècle, une kyrielle de captations témoignant de l'enthousiasme suscité par cet ouvrage dominé par des préoccupations d'ordre métaphysique, humaniste et écologique, trois thématiques très actuelles. L'écriture n'exploite en rien des concepts de théoriciens du son, mais distille une sincérité accessible à tous et traduisant avec justesse les sources d'inspiration du compositeur. L'abord sera moins immédiat que pour une symphonie "Sturm und Drang" de Haydn, mais un peu de motivation, quelques écoutes, et quelle récompense…

La version de 2011 écoutée aujourd'hui est parfaite ; la prise de son du label Wergo n'est pas miraculeuse dans le sens où le groupe des cordes apparait un peu diffus, mais le jeu de la soliste apporte son lot de contrastes entre vitalité et sortilège qui nous prennent au trippes.

Impossible de faire l'impasse sur la gravure de Gidon Kremer, le dédicataire. Un disque de 1998 avec le Kremerata Baltica, un orchestre de chambre créé par Gidon Kremer en 1997 et réunissant des musiciens des trois nations baltes. L'ensemble réserve une grande place dans la programmation à la musique de notre temps (Clic). Une interprétation à connaître, d'une grande authenticité par le respect de la partition et de l'écriture rigoureuse de Vasks, une qualité qui a pour rançon une légère froideur, de la musique d'une grande pureté cela dit… (Teldec – 5/6). J'ajoute cette version en playlist à celle de Alina Pogostkina (En cas de suppression de l'une par You Tube, on pourra écouter la "survivante" 😊).

On retrouve l'investissement, l'alacrité et la profondeur mystique admirés chez Alina Pogostkina dans le superbe disque de Fanny Clamagirand accompagnée par les belles cordes de l'English Chamber Orchestra. Au pupitre, Ken-David Masur, jeune chef américain et fils du grand maestro allemand Kurt Masur. Waouh, quel peps ! Juste un regret, le disque de Alina est complété d'œuvres passionnantes et récentes de Vasks dont Vox Amoris (Clic) et Lonely Angel (Clic) également pour violon et cordes… Le disque de Fanny propose une énième interprétation du rabâché concerto de Beethoven… C'est complètement hors sujet quelque soit la qualité de ladite interprétation qui aurait dû être publiée dans un autre album. Enfin si Ludwig incite à la découverte de Pēteris, c'est cool cool ! (Mirare – 2016 – 6/6 pour Vasks).

Et pour compléter cette discographie, encore un disque appelé à devenir culte : celui du violoniste Daniel Rowland. La finesse du phrasé du soliste et la clarté de l'orchestre sont bluffantes, par contre, retrouve-t-on la fougue de ses deux consœurs, notamment dans la valse maléfique ? Pas forcément. Évidemment, il y a la beauté de la prise de son. Le Stift Festival Orchestra est dirigé du violon et les compléments sont un florilège de pièce de Vasks (Challenge Classics – 2019 – 5/6). Un live filmé avec l'orchestre de la radio de Francfort montre que ce concerto, par l'exploit physique et la concentration la plus extrême qu'il demande, n'est pas une œuvre pour débutant 😊). (Clic)




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