- Ah, un petit nouveau Claude… Un contemporain. Quel pays ? Dis donc,
pour le nom pas trop dur cette fois, mais les tirets sur e et a, pas
cool !!!
- Pēteris Vasks est letton Sonia, pas vraiment un petit nouveau ! Il a
75 ans. Après une période expérimentale, il est revenu à une musique
"pour tous"…
- Ouais, pas des suites de sons bizarroïdes, des œuvres de quatre
minutes… On ne cite personne, le genre franco-français…
- Ha ha, c'est celaaaa Sonia. Non ! Ce concerto est accessible,
quoique très virtuose, mais avouons-le d'un climat assez glauque !
- Oui, mais si ça prend aux tripes comme dirait Nema qui ne doit pas
raffoler de la chose, hi hi, je la charrie… Qui sont Alina Pogostkina et Juha Kangas?
- Une violoniste russe rompue aux musiques nouvelles et un chef
finlandais… Et pour les tirets, tu vois dans les caractères
spéciaux…
Partie I : quel avenir pour la musique contemporaine ?
Pēteris Vasks (1946) |
L'expression "musique contemporaine" fiche la trouille. Concrètement, fait-elle fuir nombre de mélomanes ? Je peux comprendre facilement une telle réaction à partir d'une anecdote personnelle. J'ai eu l'insigne honneur de recevoir une invitation pour le premier concert de l'IRCAM* au théâtre de la Ville dans les années 70 (aucune trace précise dans le web 😊). J'étais assis entre un pote et Henri Dutilleux (qui n'était pas un pote mais que j'admire). Hélas, aucune œuvre ne lui avait été commandée pour cet événement musical, mondain et… politique ; on se serait moins fait c**r pendant son exécution. On voyait défiler pendant deux heures des gars connus, comme Xenakis, et une kyrielle de gitons de la classe de composition du CNSMD de Boulez, à tous les coups, chacun ayant commis sa petite (5 à 10 minutes) copie de musique moderne (pas certain que le mot œuvre soit pleinement appropriée). Une dizaine de morceaux sous la baguette convaincue de Michel Tabachnik. Soyons indulgents, il faut bien débuter !
Je me rappelle, amusé, la création d'une pièce étonnante : 3 groupes de quatre chaises, chaque groupe occupant les pointes d'un triangle sur scène. Sur chaque chaise, un instrumentiste avec qui un bois, qui un cuivre, qui un instrument à cordes, etc. Go ! quelques notes en vrac (a priori) puis toutes les minutes, debout et vite, course poursuite façon chaise musicale entre les musiciens pour s'asseoir et jouer la "miniature" suivante. Il n'y a pas eu de chute, de clarinette en miettes, d'incident de personne comme on dit à la RATP… Avec le recul, l'idée devait être une réorganisation permanente de l'effet concertant… Mais on était loin de l'allegro de la 5ème de Beethoven, avec ou sans chaises.
Une soirée poilante, et de conclure qu'à ma connaissance, nous n'avons
jamais réentendu l'une des pièces de cette dizaine de créations, en salle ou
au disque. Que sont devenus leurs jeunes auteurs ? Mystère. Donc oui, là je
m'étais bien amusé, je n'avais rien déboursé, pas mémorisé un seul thème, et
plus de quarante après, j'écris ce pamphlet rigolard mais sans aucun mépris
bien entendu ! Pour trouver du nouveau il faut chercher…
Alina Pogostkina |
En sortant, j'ai pensé "Mozart, Ravel, revenez ! Ils sont devenus zazous". Cela dit, le public viennois semblait dans le même état d'esprit lors
des premières des derniers concertos pour piano de
Wolfgang Amadeus, trop géniaux pour les paresseux du tympan de cette fin du siècle des
lumières. Blague à part, la France est-elle devenue, musicalement parlant,
une secte peu créative ou règne en maître absolu M.
Pascal Dusapin
? J'avoue avoir du mal à pénétrer son univers musical qui semble lorgner
vers la 2ème Ecole de Vienne (sérialisme), d'autant que sa discographie est
très minimaliste… Quoique son
double concerto… en live… il faut écouter… À suivre…
(*)
Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique, fondé en 1974 par
Pierre Boulez
à partir d'un projet de Georges Pompidou.
Pourquoi cette introduction ? Très simple : aujourd'hui, au menu de mon papier : une œuvre contemporaine, une vraie, les émotions primant sur la forme si énigmatique soit-elle, un concerto pour violon signé Pēteris Vasks et créé en 1997 par un prince de l'archet moderne, Gidon Kremer. Depuis cette année-là, ce concerto bénéficie d'une nouvelle gravure pratiquement chaque année. Je n'en dis pas plus, nous allons écouter un chef-d'œuvre, et pourtant mes lecteurs le savent, Dieu sait que j'ai horreur de ces superlatifs…
~~~~~~~~~~~~~~
Un mélomane fan de nouveautés musicales comme votre serviteur souffre
forcément du sentiment (faux) qu'une nouvelle génération de compositeurs
français marquants n'émerge pas, (comprendre par marquants "de niveau
international"). Qui sont les successeurs de
Messiaen
(+1992),
Dutilleux
(+2013),
Boulez, (+2016), trois personnalités qui ont œuvré dans des styles différents et
qui resteront, je l'espère, dans les annales de l'histoire de la musique
française. Chroniquer un ouvrage des deux derniers cités n'est pas chose
facile, mais je songe à présenter la symphonie "le double" ou "métaboles" de
Dutilleux
et "Répons", œuvre essentielle de
Boulez, quoique on en dise… Messiaen
a déjà pris trois fois sa place dans le blog, et ce n'est pas fini…
Pēteris Vasks et Juha Kangas |
Certes, on pourrait me rétorquer que j'oublie quelques noms, dont
Tristan Murail
et
Pascal Dusapin. Mais ces compositeurs me font songer plutôt à des chercheurs et des
pédagogues même, si aimés des institutions officielles, leurs œuvres restent
très confidentielles… Je l'avoue, elles ne me remuent pas vraiment les
tripes… Très intellos et guère émouvantes à mes sens ? Suis-je devenu
ringard ?
J'ai eu ainsi l'idée de consulter le palmarès des
Victoires de la Musique depuis 2000… Il y aurait à réfléchir à deux
fois avant de parler de désertification créative. Je suis en train d'écouter
le ballet
Lucifer
de
Guillaume Connesson
né en 1970 et lauréat en 2015 et 2019, un ouvrage de
près de 40 minutes, à la fois moderniste et délicieusement postromantique,
et "marquant" puisqu'interprété par de très grands artistes et même les
orchestres
de
Philadelphie, de
Cincinnati, de
Houston, etc. Cette année, le jury des "Victoires" a récompensé la compositrice
Kaija Saariaho, certes d'origine finlandaise, mais vivant à Paris depuis quarante ans et
dont j'avais encensé un album de nouveautés en 2012
(Clic).
Conclusion évidente, médias et labels de disques se concentrent sur des
pointures internationales nordiques ou yankees.
Pärt
et
Pēteris Vasks, en font partie, de nobles vieillards. Les pays baltes ont été
musicalement très actifs dans la seconde partie du XXème siècle. Quant aux
USA, la liste très longue :
Steve Reich,
Philips Glass,
John Crumb
(Rip récent),
John Adams, et je limite l'énumération à ceux apparaissant dans une ou plusieurs
chroniques.
Donc la musique contemporaine ne meurt pas, les compositeurs existent,
l'histoire fera son tri comme cela a toujours été. Mais il est évidement que
pour les organisateurs de concerts ou les labels qu'il est plus tentant de
vendre la 253ème version de la
Truite
de
Schubert
que prendre le risque commercial de donner sa chance à ceux qui ne se sont
pas encore fait un nom… CQFD. Nous parlerons de musique française récente,
promis, reste à collecter des exemples…
~~~~~~~~~~~~~~
Partie II : Concerto pour violon et cordes "Tāla Gaisma" de Pēteris
Vasks
Tous les tableaux illustrant la suite de ce billet sont de la peintre
lettone Ieva Iltnere (née en 1957), une compatriote de
Pēteris Vasks. Je ne n'ai pas cherché à établir un lien expressionniste entre peinture
et musique, disons… juste créer une ambiance mystérieuse…
Comme évoquée dans la 1ère partie, la création musicale des pays
nordiques depuis la fin de la guerre mondiale est intense (Pologne, pays
baltes, Scandinavie, Finlande…). Il y a pléthore de composteurs plus ou
moins connus au niveau international et même en France.
Pēteris Vasks
est né en Lettonie en 1947. Il apprend le violon et la contrebasse,
joue dans plusieurs orchestres avant de rejoindre la capitale, Vilnius, pour
étudier la composition. Ses premières partitions sont très influencées par
les styles modernistes assez radicaux - mais pas systématiquement
imprégné de sérialisme - de
Witold Lutosławski, de
Krzysztof Penderecki
et
George Crumb. (Les deux derniers cités ont donné lieu à plusieurs chroniques -
Index). Je chroniquerai le célèbre concerto pour orchestre de
Lutosławski
dans les temps à venir. Vasks
ne sera pas insensible aux recherches mystiques et vocales de son voisin
Arvo Pärt
(compositeur estonien, de dix ans l'aîné de
Vasks
et l'un des musiciens les plus joués au monde -
Clic). Ainsi verront le jour nombre d'ouvrages pour chœur (féminin notamment)
(Clic). Comme dans la production de son confrère, la spiritualité est très
présente, sans doute la conséquence d'être fils de pasteur.
Son art évoluera entre 1980 et 1990 vers une musique moins
ésotérique, plus tonale, presque néoclassique, aux accents pastoraux et
épurés, et impliquant une thématique populaire lettone. Son
concerto pour cor anglais
de 1989 est caractéristique de ce virage. Encore une idée pour un
papier… "Sonia, écoute quelques versions…".
En 1990,
Pēteris Vasks
fait la connaissance de
Gidon Kremer. Rencontre inévitable avec Le violoniste virtuose né également en Lettonie
et en 1947, à Riga
(Clic). Porte-parole mondial de la musique contemporaine pour violon en général
et de la musique de la sphère balte en particulier,
Gidon Kremer
apportera la notoriété internationale à
Vasks
comme il l'avait déjà fait entre autres pour
Tabula Rasa
de
Arvo Pärt
pour deux violons solos, un piano préparé et un ensemble de chambre pour
cordes, et pour le
concerto
de
Philip Glass. Deux œuvres concertantes sublimes chroniquées dans le blog.
(Clic)
&
(Clic). Comment ? Avec la création en 1996 et la gravure du
Concerto pour violon et orchestre à cordes
écouté ce jour et sous-titré "Täla Gaisma" (Lumière distante).
Pēteris Vasks
est un créateur préoccupé d'écologie au sens noble, admiratif de la beauté
de la Création mais aussi hanté par les ravages de l'humain sur son propre
environnement. L'enchantement diaphane et la rage féroce de certains
passages s'opposant dans le concerto nous donneront-ils un aperçu de
l'admiration en conflit avec le tourment dans la pensée de
Vasks ?
Le catalogue très divers comporte pas moins de 83 ouvrages à ce jour et la
discographie est très abondante.
~~~~~~~~~~~~~~
Insolation |
France musique a diffusé une
tribune des critiques de disques en
2021 qui m'a amené à choisir la version de
Alina Pogostkina
accompagnée par Juha Kangas, des commentaires sur l'ouvrage pendant l'émission ont inspiré mon propos,
merci aux animateurs…
(Clic)
Choix difficile d'interprétations émouvantes, car il existe à ce jour une
vingtaine de gravures – une exception en musique contemporaine-, six ayant
été retenues pour l'émission. La version écoutée est arrivée brillamment
seconde du palmarès (seconde place méritée pour
Alina Pogostkina, il faut bien le reconnaître, après un duel serré avec la française
Fanny Clamagirand).
Alina Pogostkina
est une violoniste russe née en 1983 à Saint-Pétersbourg (ex
Leningrad). En 1992, la famille fuit l'effondrement du bloc
soviétique pour Heidelberg où la petite
Alina
joue dans la rue avec ses parents pour assurer le viatique ! Les temps
meilleurs ne sont heureusement pas loin et après sa formation,
Alina
remportera en 2005 le prestigieux concours international d'Helsinki
en signant la meilleure interprétation du si difficile
concerto
de
Sibelius. La jeune virtuose a fait son chemin et joue actuellement sur des
stradivarius prêtés par des fondations. Son interprétation du
concerto
de
Vasks
est l'une des gravures essentielles de sa discographie.
Juha Kangas
est un maestro finlandais né en 1947 (décidément un grand cru cette
année-là). Cet artiste est autodidacte. Il jouait du violon dans divers
genres populaires avant de se diriger vers la pédagogie et la direction
d'orchestre, ici le
Sinfonietta Riga, ensemble habitué à l'art de
Vasks.
~~~~~~~~~~~~~~
Clair de Lune |
Ce concerto n'obéit pas à l'architecture tripartite classique d'un
concerto, structure encore utilisée de nos jours (exemple :
Philip Glass). Il comporte cinq mouvements et trois cadences, soit huit sections.
Pēteris Vasks
s'est longuement exprimé à propos de son ouvrage, non pour l'expliquer de
manière didactique, mais pour partager l'état d'esprit qui a orienté ses
choix de techniques de composition lors de son travail : nature des
motifs, des atmosphères, des timbres… Son œuvre n'est en rien descriptive
ou expressionniste. À chacun d'assumer son propre décryptage émotionnel.
"La plupart des gens aujourd'hui ne possèdent plus de croyances,
d'amour et d'idéaux. La dimension spirituelle a été perdue. Mon
intention est de fournir de la nourriture à l'âme et c'est ce que je
prêche dans mes œuvres."
Les huit séquences sont enchaînées et écrites sans la logique formelle,
la forme sonate, ou passacaille, par exemples, ce qui sous-entendrait
s'imposer des thèmes, des reprises, en un mot : une organisation du
solfège déterministe facile à suivre. Le violon solo aura un rôle
prépondérant, un rôle de guide pour l'orchestre à cordes qui, timide au
début, affirmera sa présence au fur et à mesure du développement, jusqu'à
un climax quasi barbare des cordes lors de la
valse… Même si
Vasks
parle de "Chaos aléatoire" à propos de certaines de ses créations, il faut comprendre par cette
expression que si le discours parait décousu, a contrario de la musique
dite "classique" au sens historique, l'aspect (pseudo) aléatoire a un but
précis : nous surprendre ! Nous voyageons dans le monde mystérieux de
Vasks
où prédominent le furtif, une forme de dislocation enfiévrée du récit
mélodique, une harmonie fantasque, de la lumière et de la noirceur. Malgré
quelques sections rageuses,
Tāla Gaisma
(lumière distante /
Distant light) conserve globalement
un climat poétique et pastoral d'où émergent des citations de chants
populaires.
Ieva Iltnere dans sa galerie |
1 - Andante : Un frémissement
du violon rompt le silence (il ne surgit pas du néant) en un arpège en
trémolos dans l'extrême aigu et accompagné "au lointain" de quelques
instrumentistes. Une aurore ? Une cantilène se déploie empreinte de
sonorités énigmatiques et mélancoliques… [0'28] Est-ce le gazouillis
fantasmé d'un oisillon ? Fantasmé, car
Vasks
invite un oiseau imaginaire, il ne tente en rien de créer une transcription
chromatique du chant du volatil, technique tant travaillé par
Messiaen. L'auditeur chemine sereinement dans un univers spectral mais jamais
angoissant, plutôt onirique. La mélodie se développe dans plusieurs
directions expressives. Quand je parlais précédemment de climat poétique et
pastoral…
Le jeu de
Alina Pogostkina
enchante par la beauté des couleurs acidulées, l'absence de vibrato
romantique. Aucune froideur, au contraire, des sonorités mordorées (ne
parle-t-on pas de lumières ?) L'équilibre avec l'orchestre, au discours
concertant plus paisible, est magnifique ; des graves bouleversants mais
jamais gras… Sublime (Et tant pis pour cette platitude).
Cadence 1 : [6'08] la première
cadence tourbillonne, un jeu à la fois ludique et dramatique alternant
pizzicati et thrènes.
2 - Cantabile [8'06] : Ce bref
intermède réservé aux cordes graves et éclairé d'un solo mélancolique du
violon renvoie à la passion de
Vasks
pour les chœurs. Le violon chante sa complainte, les cordes basses
deviennent oppressantes, la tragédie enfle. Laquelle ? Une apocalypse à
venir ?
3 - Mosso – Cadence 2 [11'34] :
Ce mouvement commence par une danse rythmée et joyeuse, un élan populaire
qui chasse les ombres proches du tragique du
Cantabile. Curieusement le morceau
évolue vers une bacchanale démoniaque. J'utilisais le mot rage à propos de
la colère de
Vasks
confronté comme nous tous à un risque d'extinction de nos forêts, de notre
petit oiseau guilleret entendu dans l'andante. [13'25] Cette seconde cadence
un peu folle alterne les notes dans la tessiture des extrêmes, les tensions
s'expriment par un staccato empreint de sauvagerie. L'orchestre fait son
retour avec furie.
Jour et nuit |
4 - Cantabile Agitato – Cadence 3 – Tempo di Valse
[16'11] : Un nouveau chant dramatique et poignant, très proche
expressivement du premier cantabile (2)
précède la troisième cadence. Un
passage d'une rare violence, des traits terrifiants. L'orchestre tente de
chasser le violon qui lui répond avec la même bestialité. Techniquement, la
virtuosité exigée frise la démence. Impossible de rester de marbre, on songe
à une fuite éperdue. [20'40] La troisième
cadence oppose une mélopée chagrine et,
bizarrement, une humoresque cocasse et sautillante. Un espoir ? très
relative cette impression… Le ton diabolique du flot musical aboutit à une
chute effrayante en arpèges et surtout, [24'01] à un chaos qui se
métamorphose en une valse infernale, satanique… Un premier exemple
comparable de musique aussi désespérée et sarcastique me vient à l'esprit,
chez
Chostakovitch.
La valse Jazz
? Ahah, non, pas vraiment ! Plutôt le scherzo frénétique et obsessionnel du
8ème quatuor que le compositeur russe composa en 1960 à son retour d'une visite
de Dresde encore fracassée et calcinée depuis les raids de la RAF.
5 - Andante [24'40] : Le final
inspire plus de sérénité. On respire de nouveau. Le discours rappelle
l'introduction par ses tenues dans l'extrême aigu, son ton pastoral. La
violoniste nous restitue le rêve après la valse cauchemardesque. La
cantilène que nous offre
Vasks
en conclusion devient un point d'interrogation humaniste à la place d'une
banale coda se terminant par l'inévitable point d'orgue. On ne peut nier une
volonté de dramaturgie de la part du compositeur. Il nous laisse
interrogatif. Doucement, comme dans les premières mesures, la musique
retourne vers un silence primordial, donc une
lumière lointaine qui s'éteint dans des
sonorités suraiguës et des tendres pizzicati.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Jérémie Rousseau, animateur de la confrontation sur France musique
évoquait la vingtaine de gravures pour ce concerto en un quart de siècle,
une kyrielle de captations témoignant de l'enthousiasme suscité par cet
ouvrage dominé par des préoccupations d'ordre métaphysique, humaniste et
écologique, trois thématiques très actuelles. L'écriture n'exploite en rien
des concepts de théoriciens du son, mais distille une sincérité accessible à
tous et traduisant avec justesse les sources d'inspiration du compositeur.
L'abord sera moins immédiat que pour une symphonie "Sturm und Drang" de
Haydn, mais un peu de motivation, quelques écoutes, et quelle récompense…
La version de 2011 écoutée aujourd'hui est parfaite ; la prise de son du label Wergo n'est pas miraculeuse dans le sens où le groupe des cordes apparait un peu diffus, mais le jeu de la soliste apporte son lot de contrastes entre vitalité et sortilège qui nous prennent au trippes.
Impossible de faire l'impasse sur la gravure de
Gidon Kremer, le dédicataire. Un disque de 1998 avec le
Kremerata Baltica, un orchestre de chambre créé par
Gidon Kremer
en 1997 et réunissant des musiciens des trois nations baltes.
L'ensemble réserve une grande place dans la programmation à la musique de
notre temps
(Clic). Une interprétation à connaître, d'une grande authenticité par le respect
de la partition et de l'écriture rigoureuse de
Vasks, une qualité qui a pour rançon une légère froideur, de la musique d'une
grande pureté cela dit… (Teldec – 5/6). J'ajoute cette version
en playlist à celle de
Alina Pogostkina
(En cas de suppression de l'une par You Tube, on pourra écouter la
"survivante" 😊).
On retrouve l'investissement, l'alacrité et la profondeur mystique admirés
chez
Alina Pogostkina
dans le superbe disque de
Fanny
Clamagirand
accompagnée par les belles cordes de l'English Chamber Orchestra. Au pupitre,
Ken-David Masur, jeune chef américain et fils du grand maestro allemand
Kurt Masur. Waouh, quel peps ! Juste un regret, le disque de
Alina est complété d'œuvres passionnantes et récentes de
Vasks
dont
Vox Amoris (Clic)
et
Lonely Angel (Clic)
également pour violon et cordes… Le disque de
Fanny
propose une énième interprétation du rabâché
concerto
de
Beethoven… C'est complètement hors sujet quelque soit la qualité de ladite
interprétation qui aurait dû être publiée dans un autre album. Enfin si
Ludwig incite à la découverte de
Pēteris, c'est cool cool ! (Mirare – 2016 – 6/6 pour
Vasks).
Et pour compléter cette discographie, encore un disque appelé à devenir
culte : celui du violoniste
Daniel Rowland. La finesse du phrasé du soliste et la clarté de l'orchestre sont
bluffantes, par contre, retrouve-t-on la fougue de ses deux consœurs,
notamment dans la valse maléfique ? Pas forcément. Évidemment, il y a la
beauté de la prise de son. Le
Stift Festival Orchestra
est dirigé du violon et les compléments sont un florilège de pièce
de Vasks (Challenge Classics – 2019 – 5/6). Un live filmé avec l'orchestre de la radio de Francfort
montre que ce concerto, par l'exploit physique et la concentration la plus
extrême qu'il demande, n'est pas une œuvre pour débutant 😊).
(Clic)
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