mercredi 13 janvier 2021

Leslie WEST (22.10.1945 - 23.12.2020) R.I.P.



     Leslie WEST, né Leslie Wenstein le 22 octobre 1945 à New-York, l'ogre du Hard-blues qui a marqué au fer rouge le Hard-rock des 70's et au-delà, a succombé à une crise cardiaque le 23 décembre 2020 dernier, à Palm Coast (Floride), à l'âge 75 ans.


   Si l'on dégaine aisément, à brûle-pourpoint, le nom de quelques guitaristes anglais, apprentis sorciers ou alchimistes ayant transformé le Blues en Hard-blues et en Heavy-rock, il est plus ardu de mentionner des Américains. D'autant qu'ils sont souvent remisés au rang de simples continuateurs. Voire d'opportunistes. Cela à l'exception du phénoménal Jimi Hendrix. Il y a certes une certaine réalité, mais ce n'est pas une généralité absolue. C'est oublier un peu vite qu'à la fin des années soixante, quelques têtes brûlées s'appliquaient aussi à malaxer le Blues (celui du Delta et de Chicago) avec force fuzz et amplificateurs molestés. Leslie West était de ceux-là. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter les rares bandes live de The Vagrants. Visiblement à l'étroit dans ce premier groupe où officiait également son frère Larry, il devenait tout autre sur scène. Tant dans sa voix rageuse et éraillée, que dans la sonorité tapageuse de sa six-cordes ; il donnait l'impression de se muer en un sombre personnage de contes et légendes. Quelque part entre l'ogre, le géant (Gargantua ?) et un représentant des Sidhes (un Cat sidhe pour le chant). Et cela dès 1966 (!). Une surprenante métamorphose que ne laissait pas présager le sympathique Rock-garage de The Vagrants. Rien d'étonnant donc à ce que le groupe éclate pour dissensions musicales, bien qu'il ait été sur le point de rentrer en studio enregistrer un premier 33 tours. West pestait que l'on ne retranscrive pas leur sonorité live sur disque.


     Heureusement, un certain Felix Papparladi, (celui qui a obtenu ses titres de noblesse en produisant les trois derniers disques de Cream), avait dû observer et déceler le talent latent chez ce jeune New-yorkais ; notamment lorsqu'il produisit 
deux chansons, dont une bonne reprise du "Respect" d'Otis Redding (1967), pour The Vagrants. Dès le split du groupe, il s'empresse de produire Leslie West.  Sérieusement enflammé par son style et ses compétences, il s'implique totalement dans ce premier album solo, intitulé "Mountain". Nom bien approprié pour décrire la musique et le physique de West. Outre la production, Pappalardi joue aussi de la basse et des claviers (principalement pour sauver les séances de l'échec, à cause de musiciens annexes incompétents ou inadéquats) ; il participe également à la composition, et, avec sa compagne, Gail Collins, à l'écriture. Le couple offrant même à West deux chansons complètes. Cet album sorti en juillet 1969, est une marée boueuse de Hard-blues . L'influence de Cream et de Clapton sont certes prégnantes, cependant West écarte le psychédélisme pour se recentrer sur l'essentiel, sur la matière brute, rendant ainsi le sujet nettement plus rugueux et animal. L'album est plutôt bien accueilli par la presse Nord-américaine (probablement grâce à la présence de Pappalardi) et se hisse à la soixante-douzième place des charts US. A vingt-quatre ans et en dépit d'un physique contraire aux impératifs commerciaux, West passe des petites salles et des clubs aux festivals (dont Woodstock, le 16 août 1969, deuxième journée), aux établissements prestigieux (dont les Fillmore de Bill Graham), et aux stades. Pour répondre à la demande, West et Pappalardi doivent monter dans l'urgence un groupe (d'où l'absence du fidèle Corky Laing à Woodstock).  

   Les anciens collègues de The Vagrants, dont le frangin, ont dû se poser des questions. Finalement, n'auraient-ils pas dû écouter et laisser le champ libre à ce timide et enrobé compagnon ? Ce camarade que l'on reléguait souvent en arrière-plan lors des séances photos.

     "Mountain" l'album, comme le groupe, officiellement créé en 1969, font désormais partie de l'histoire de la musique populaire américaine et du Hard-blues et du Heavy-rock en général. Leslie West et le groupe Mountain sont considérés comme des pionniers du Hard-rock. Et comme une solide base d'influence sur laquelle allait s'appuyer le Heavy-metal. Pour mémoire, les Cro-Magnons de Manowar clamaient haut et fort raviver la flamme du vrai Hard-rock, du "true metal".. Soit celui, entre autres, de Mountain (avec Deep Purple, Grand Funk, Humble Pie, Black Sabbath). Même Ritchie Blackmore avance qu'il a contribué à entraîner Deep Purple vers la tonalité brutale de "In Rock". Plus étonnant, Martin Barre raconte que sa rencontre avec Leslie a été primordiale pour "Aqualung", et l'a incité à dénicher une Les Paul Junior 58. A l'aube des années 80, l'arachnide Rudolf Schenker n'hésitait pas non plus à énumérer un des disques du groupe dans son Top 10. D'ailleurs lui-même ainsi que son frère Michael ont bien choisi comme arme de prédilection la Gibson Flying V que Leslie utilisait fréquemment dès 1969 (1). Une tonalité bien identifiable que l'on reconnait immédiatement sur certains morceaux de Mountain. C'est probablement aussi le premier guitariste à utiliser et s'afficher avec (sans honte ou sentiment de culpabilité) une guitare mutilée par ses soins. En l'occurrence, sa première Flying V est amputée de son micro manche, dont la cavité sert alors... de cendrier. 😱 Tandis que le micro chevalet, à l'origine un humbucker (bien sûr), est remplacé par un P90. Bourrin un jour, bourrin toujours. C'est que West est un fervent adepte des guitares dépouillées, misant tout sur le micro chevalet pour aller à l'essentiel (ce qui ne l'empêchera de s'essayer au Floyd-Rose, à la Stratocaster (2), à la Steinberger,  ), mais aussi pour qu'aucun autre micro n'entrave ses mouvements amples et percutants. Ainsi, pendant des années, son arsenal comprend des Gibson Melody Maker et Les Paul Junior. Et lorsqu'il tourne en compagnie de groupes anglais, le guitariste, épaté, lui demande où l'on peut s'en procurer. C'est alors que Mick Ralphs - alors avec Mott the Hoople - s'empresse d'aller les débusquer chez les prêteurs-sur-gage.


 En trois ans, Mountain sort trois disques : "Climbing !", "Nantucket Sleighride" et "Flowers of Evil". Auxquels on peut rajouter le live pour le moins brutal, "Mountain Live : The Road Goes Ever On". Tous remarquables. Des écrins précieux recelant divers joyaux, certains parmi les plus admirables, mirifiques, de la décennie et du Hard-blues en général. "Travellin' in the Dark", "You Can't Get Away", "Flowers of Evil", "Never in my Life", "Silver Paper", "To my Friend", "My Lady", "For Yasgur's Farm", "The Great Train Robbery", "One Last Cold Kiss", "Nantucket Sleighride", et le basique "Mississippi Queen". 

     Pour l'époque, le travail de Leslie West est assez novateur, suscitant l'admiration de nombre de ses pairs. Dont Jimi Hendrix, avec qui il joue à quelques occasions (dont la veille de son départ pour Londres ; dernier séjour dans la City où il rencontre la faucheuse). Lorsque les Who enregistrent à New-York les premières pistes de leur prochain disque, le magistral "Who's Next", il est convié pour jammer et jouer quelques soli. Deux morceaux seront exhumés avec la réédition de 2003. Pete Townshend, touché par le présent de West, une Les Paul Junior, entretiendra une sincère amitié avec lui. 

     Certes, son jeu en solo accuse parfois l'influence d'Eric Clapton, cependant, avant Tony Iommi, il pose les bases du riff lourd, pesant, enlisé dans une fuzz dense et charnue. Tel un béhémoth du riff. (en fait, l'overdrive était surtout générée par l'ampli poussé dans ses retranchements avec son Master à fond tout comme le volume de la guitare). Ses soli hululent comme un "loup romantique" à la pleine lune. Assez expressifs, ils sont peu ou prou la synthèse du jeu de Bluesmen tels que BB King et Albert King - notamment dans le traitement du vibrato et des bends - couplé à la verve d'un Clapton et à la tension dramatique d'un Kossof. Il fait partie des premiers Américains à s'équiper de Marshall (d'abord avec une tête 50 watts, seule disponible et manquant à son goût de puissance, avant de passer en 100 watts), puis se retourne en 1970 sur les ampli Sunn. Le son et la tonalité sont fondamentaux pour lui sur la scène. Il faut qu'il sente la poussée d'air générée par les haut-parleurs, qu'il en ressente la vibration. Parallèlement, avec une guitare acoustique, il peut se montrer délicat, limpide et raffiné, démontrant une belle maitrise du fingerpicking. 

     Le train-train quotidien des musiciens de Rock de ces années-là, - concerts incessants, alcool, substances prohibées, enregistrements calés dans les temps libres, groupies, vie nocturne, déplacements -, ont raison de la santé du groupe qui se sépare en 1972. En particulier de celle de Pappalardi qui annonce qu'il doit être hospitalisé pour des problèmes de surdité ; une excuse pour cacher aux médias qu'il va plutôt essayer de se sevrer de son addiction aux médicaments et autres. Mais West a de la ressource et monte prestement avec son collègue et ami, le batteur Corky Laing, un power trio en recrutant l'ancien bassiste et chanteur de CreamJack Bruce. Un super groupe simplement - mais crânement - nommé West, Bruce & Laing. Avant la fin de l'année, "Why Dontcha" surgit comme une méga bombe, une arme de destruction massive. Nouveau manifeste de Blues plombé avec un furibard "The Doctor" d'anthologie. CBS décrétant que le disque,  - trop lourd, trop dur, trop débridé, trop rugueux -, n'a pas de réel potentiel musical, ne lui octroie en conséquence qu'une promotion a minima. Ce qui n'empêche pas le disque de pratiquer tranquillement son ascension des charts US, et de s'y installer pendant vingt semaines (dont quelques unes dans le Top 30). Hélas, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre ; tous les trois se complaisant dans des abus de toutes sortes. Un état d'éreintement des trois loustics, entache l'enregistrement du second chapitre, "Whatever Turns You On", qui se fait dans la douleur. S'il y a encore de grands moments, quelques flottements trahissent une perte de cohésion. Le trio n'y survit pas et aucun concert ne suivra la sortie de l'album. Un live, "Live 'n' Kickin' " (avec juste quatre morceaux - deux sur chaque face - étirés et perclus d'improvisations), est édité en 1974, peu après l'officialisation de la dissolution du trio.


     Tel un hyperactif, West ne reste guère longtemps les bras croisés. Fâché avec Laing, c'est avec un Pappalardi ragaillardi, qu'il relance Mountain, et s'engage illico dans une longue tournée qui va le mener jusqu'au Japon d'où est extrait un double et excellent live, "Twin Peaks". Témoignage sans fard de la prestation effectuée le 30 août 1973 à Osaka, avec un phénoménal et animal "Nantucket Sleighride" de plus de trente minutes (qui occupait deux faces pleines à l'époque, vinyle oblige). West et Laing se rabibochent, et ce dernier réintègre la bande qui rentre en studio en janvier 1974, avec un second guitariste à la place du claviériste. "Avalanche", sorti en juillet 1974, est un autre magnifique album de Hard-blues brut. Néanmoins, sa prestance ne suffit pas à réitérer le succès d'antan. [avec le riff de "Thumbsucker" quasi identique à celui de "Feel Like Makin' Love" de Bad Co enregistré en septembre 74, et un "Back Where I Belong" qui n'a rien à envier à la fureur rock'n'rollienne d'un Rose Tattoo]. Peut-être parce que moins diversifié, plus franchement Heavy-rock, il déçoit les inconsolables de la diversité des précédents albums. Le groupe tire sa révérence le 31 décembre 1974, à New-York. Abbattu par son épouse Gail en 1983, Papparladi n'aura plus jamais l'occasion de jouer avec West.

     Inépuisable, West ne baisse pas les bras et reste d'actualité. Il fonde une maison de disques, Phantom Records (en partenariat avec RCA), sur lequel il sort son second opus en solo, "The Great Fatsby(1975). En dépit de sa très bonne tenue et d'invités prestigieux en la personne de Gary Wright et de Mick Jagger (venu non pas chanter mais jouer de la guitare), plus le soutien quasi infaillible de Corky Laing, la galette - commercialement parlant - ne fait pas de vagues. Quand bien même on y trouve l'une des meilleures versions de "The House of the Rising Sun" et de "If I Were a Carpenter". Cet album plutôt étonnant de sa part, semble rechercher une certaine respectabilité avec son rock plus "grand public". Dans le but de renouer avec la scène, il fonde l'année suivante le Leslie West Band. Avec Mick Jones comme lieutenant - avant qu'il aille fonder Foreigner -, et le retour de Laing. L'album éponyme qui en découle est centré sur un Heavy-rock percutant, brut et efficace. Une bourrasque interrompue par l'une des meilleures versions du "Dear Prudence" des Beatles. Hélas, West est empêtré dans ses addictions aux drogues dures, et les concerts s'en ressentent. West est sur une pente glissante qui l'entraîne vers le fond avec un arrêt brutal de sa carrière. D'autant que le label n'a pas les moyens d'effectuer une promotion à grande échelle, et que la distribution laisse à désirer (peut-être trop d'albums réalisés en peu de temps pour un petit label indépendant). La boîte fait faillite et ces disques deviennent des œuvres cultes âprement recherchés par les fans.


     Conscient de sa santé déclinante, il rentre de lui-même en clinique de désintoxication. Il va alors disparaître de la scène pendant quelques années. Il faut attendre 1985 pour voir un nouvel album de Mountain. Le premier sans l'ami Papparladi, qui a passé l'arme à gauche, suite à blessure par balle au cou, deux années auparavant. Le disque lui est d'ailleurs en partie dédié avec notamment "Little Bit of Insanity" en sa mémoire. C'est la décennie des résurrections de quelques dinosaures des 70's, et si le retour de Mountain excite moins les foules que celui de Deep Purple, il n'empêche que l'album est attendu impatiemment. L'accueil de "Go For Your Life" est mitigé, principalement parce qu'il aborde un son assez moderne, actuel, osant même l'utilisation d'un séquenceur ("Hard Times") et d'un synthé ("Sparks"). L'épaisse fuzz baveuse d'antan est abandonnée, chassée par une puissante disto abrasive et Laing suit le mouvement des batteries boostées. [Il aurait gardé sa tonalité d'origine qu'on aurait reproché au groupe de ne pas se renouveler]. La même année, Mountain est sur l'affiche du festival de Knebworth, pour une édition sous le férule du Hard-rock (Deep-Purple, UFO, Scorpions, Mama's Boys, Meat Loaf, Alaska et Blackfoot).  

     Cependant, cette nouvelle mouture ne fait pas long feu. Probablement en raison de problèmes de santé de West. Alors qu'il semble avoir vaincu sa dépendance aux drogues, il est désormais confronté à un diabète qui l'oblige à réduire et surveiller drastiquement son poids. Conséquence de longues années d'excès, il doit désormais se ménager et prendre soin de sa personne. Ainsi, c'est en toute discrétion qu'il refait surface avec un nouvel album solo en 1988, avec l'ami Jack Bruce, "Theme". Une galette en demi-teinte et bancale, grevée par un abus de reprises éculées et financée par une petite boîte indépendante aux moyens restreints.

   En 1988, Miles Copeland (3) constate l'honteux oubli d'anciennes gloires de la guitare des années 70, et souhaite les réhabiliter à l'aide d'une grande tournée qu'il organise. Alvin Lee, Pete Haycock, Randy California, Steve Hunter, Andy Powell et Ted Turner, Robby Krieger, Steve Howe et Leslie West répondent favorablement à l'appel. La tournée est un succès permettant de faire connaître ces vieux baroudeurs au long cours aux jeunes générations, ainsi que l'édition d'un double album live : "Night of the Guitar - Live !". West est trop heureux de se retrouver au milieu de ces guitaristes prestigieux, en particulier aux côtés d'Alvin Lee. Tous deux s'entendant comme larrons en foire. Il est probable que cet évènement ait joué dans la balance pour qu'il soit à nouveau signé par une major (Capitol). Dorénavant, West suit tranquillement son petit bonhomme de chemin, en sortant à l'envie des albums sous son nom ou sous la patente Mountain. Cette dernière toujours sous la condition sine qua non d'un partenariat avec Corky Laing (la moitié de Mountain, voire les deux-tiers car l'attribution du poste de claviériste ou de second guitariste a toujours été à court terme). Seulement trois disques de 1996 (le bourre-pif "Man's World") à 2007 ("Masters of War" composé de chansons de Bob Dylan réarrangées pour l'occasion). Tous intéressants, de très bonne facture, mais souffrant tout de même de la cruelle absence de Pappalardi. Ce dernier apportait souvent une fragilité et un relatif raffinement qui tranchaient avec la bestialité de West.


   Sa carrière solo est bien plus riche, avec onze galettes parues de 1988 à 2015. Il s'implique de plus en plus dans le Blues jusqu'à réaliser des disques axés sur les douze mesures, constitué uniquement de reprises, avec pour pinacle, "Blue Me" de 2006. Sans doute le plus équilibré (au contraire de "Got Blooze",  terni par une production pour axée sur la puissance et favorisant les aigues de la slide omniprésente et envahissante), l'album de la maturité dans la catégorie "Blues" de Mister West. A savoir qu'un Blues joué par Leslie West, ne serait-ce que par son timbre de voix rocailleux et sa guitare velue, prend généralement une dimension "Hard-blues". D'ailleurs, au milieu de "Blue Me" s'incèrent "Woman" de Free, "One Thing on my Mind" de Montrose et "I Woke Up This Morning" de Ten Years After, sans que cela ne dépareille l'ensemble le moins du monde. Le célèbre "Hit the Road Jack", avec ici pour seuls instruments un piano et une guitare électrique qui égrène quelques soli à la manière d'un BB King en 320 volts, a de quoi irriter les puristes. Cette voix, cette voix de troll, de vieux pirate au gosier brûlé par le rhum, d'Anug Un Rama, qui malgré les ans et les excès, a su garder toute sa virulence. 

     A partir de 2011, avec "Unusual Suspect", il se fait plaisir en invitant divers guitaristes. Trop heureux d'être reconnu ouvertement par des musiciens au succès présent plus retentissant, comme Zakk Wylde (qui devient son pote), Bonamassa, Billy Gibbons (une connaissance de longue date, West ayant même connu même ses parents), Lukather, Slash. On remarque que lors de toutes ces rencontres - passées, actuelles et à venir - , loin de jouer à la rock-star, il est simplement satisfait de pouvoir partager des séances ou la scène avec autrui. Il est à la fois enchanté et flatté de pouvoir communier dans la musique. Un authentique musicien dans l'âme. Simplement ravi de l'attention que peuvent lui porter de plus jeunes générations. Il n'a aussi aucun scrupule à avouer avoir des difficultés pour interpréter correctement certaines phrases. D'où, ici, l'intervention de Lukather. (il est relativement courant dans le milieu que l'on fasse intervenir d'autres musiciens pour surmonter quelques difficultés particulières, sans que jamais l'intervenant ne soit mentionné). En toute modestie, il avoue ne pas savoir vraiment utiliser son auriculaire, dit qu'il n'est pas techniquement un grand guitariste - il est autodidacte -. Modestie encore lorsqu'on lui signifie que sa guitare a posé les bases d'un solide Hard-rock à base de riffs puissants, de power-chords, terreau du Heavy-metal, il rétorque qu'il n'a fait que reprendre là où Clapton s'était arrêté (en 68). Qu'il a compensé son manque de vélocité par le vibrato emprunté au Blues, et par ses cris et grognements de sanglier. Parallèlement, il ne tarit pas d'éloges sur le style et les compétences de ses invités.

     Malheureusement, à partir du moment où il réussit à se sortir de ses addictions, il doit lutter contre des problèmes de santé récurrents. Il est tenu de surveiller son alimentation et, en surcharge pondérale, de perdre considérablement du poids. Il s'impose de marcher régulièrement et prend goût aux petites escapades en montagne, jusqu'à participer à un trek en Himalaya (une joie et une fierté intenses). Pendant des années il fait le yo-yo, et avec l'âge, le diabète le rattrape. Jusqu'à cette journée fatidique où, lors d'un atterrissage d'avion, un caillot de sang se forme dans sa jambe droite. L'intense douleur le plonge dans le coma. Les médecins ne parvenant pas à extraire rapidement le caillot, pour préserver sa vie, ils doivent l'amputer de sa jambe. Toute de même heureux d'avoir survécu, et bien entouré et soutenu, il ne raccroche pas sa guitare, continuant à se produire - dorénavant en chaise roulante - et à enregistrer. (C'est à croire que l'artwork de "Guitarded" était prémonitoire, ou alors qu'il a porté malheur). Deux disques sortent après cette infortune :  "Still Climbing" en 2013, album dont la première partie frôle la perfection (album dédié à l'ami Alvin Lee), et "Soundcheck" en 2015, l'album de ses 70 ans (!), où il fait encore preuve d'une bien belle vigueur.

     Depuis maintenant des années, des décennies, son emblématique et binaire "Mississippi Queen" s'est incrusté dans le paysage sonore Nord-américain, s'infiltrant discrètement dans quelques films et séries télé, ainsi que dans le jeu vidéo "Guitar Hero". Ce qui fait que bien des gens connaissent Mountain sans le savoir. D'autant plus que ce groupe emblématique a été maintes fois "samplé" (c'est-à-dire dévalisé) par des professionnels du hip-hop et du rap. (On parle de plusieurs centaines de fois)

     Divers musiciens et chanteurs tels que Dee Snider (ami du couple West), Michael Amott, Bonamassa, Joey Di Maio (grand fan), Slash, Michael Schenker (avec qui il a joué et tourné), Geezer Butler, Satriani, Coverdale, Jeff Scott Soto, Neal Schon (un vieux copain des 70's), Steve Stevens, Warren Haynes, Todd Kerns, Paul Stanley, ont tenu à faire part de leur émotion et de leur admiration.

(1) Les premiers utilisateurs notables de la Flying V seraient chronologiquement Lonnie Mack et Albert King (tous les deux la même année, 1958), Jimi Hendrix et Leslie West. Puis Andy Powell.

(2) Sa première guitare, achetée avec l'argent de sa bar-mitsva, est une Fender Stratocaster Sunburst de 58. Guitare qu'il a, à son grand regret, échangée contre une Kent rouge en pensant que c'était mieux pour The Vagrant. 

(2) Le frère du batteur Stewart Copeland. Ce dernier faisant aussi partie de l'aventure.



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Autres chroniques (liens) :
-   MOUNTAIN  👉  "Climbing !" (1970)  👉  "Masters of War" (2007)
-   WEST, BRUCE & LAING  👉  "Why Dontcha" (1972)
-   Leslie WEST  👉 "Unusual Suspect" (2011)  👉  "Still Climbing" (2013)

2 commentaires:

  1. Suite à ton com, j'ai acquis "Twin Peaks" que je n'avais pas, effectivement excellent live ! Nettement plus consistant que le premier live "The road goes...."

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    1. Je préfère également "Twin Peaks" à "The Road Goes Ever On". Toutefois, j'ai souvent lu l'inverse de la part de la presse.
      Mais bon, quatre chansons, ça fait un peu maigre. 😉

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