- Décidément cette année, Claude, tu dois écrire beaucoup de RIP… Honnêtement, le nom de cet artiste ne me dit rien, une personnalité discrète sans doute…
- Oui c'est le mot Sonia, Antonio Meneses a été emporté bien trop tôt par la maladie. Et puis son origine brésilienne, comme Nelson Freire, un pianiste à qui j'ai dû rendre hommage en 2021, ne l'a peut-être pas aidé à se hisser sur le podium des stars "classique"…
- À un long texte, tu préfères nous faire écouter quatre grands enregistrements dont certains pour des œuvres jamais commentées encore… Tu y reviendras le temps venu ?
- Oui, c'est possible… Elles apparaitront dans l'index et j'en dirais deux mots…
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Antonio Janigro (1918-1989) |
Même les lecteurs peu mélomanes ou amateurs de "classique" associent le violoncelle à seulement quelques artistes talentueux et médiatisés car sympathiques. Je cite au hasard Pablo Casals ou Mstislav Rostropovitch pour les générations anciennes et de nos jours Ophélie Gaillard ou encore Gautier Capuçon pour les jeunes virtuoses français… Ophélie qui fit la une des infos avec le vol sous la menace d'un couteau de son Francesco Goffriller du XVIIIème (un avis national de recherche avait été émis). Les deux petites frappes sans d'envergure avaient remis de nuit le violoncelle à 1 M€ dans l'escalier d'Ophélie 😊. Gautier participe à de nombreuses initiatives pour aider tout un chacun, surtout les jeunes, à découvrir l'univers de la musique classique…
Et je ne pense pas hélas que la célébrité d'Antonio Meneses soit du même niveau…
Né à Récife en 1957, son père étant joueur professionnel de cor dans l'orchestre de l'opéra de Rio de Janeiro, Antonio maîtrise son instrument dès l'âge de 12 ans. Ses quatre frères jouent également d'un instrument à cordes. À l'âge de 25 ans (1982), il remporte un prix au concours international Tchaïkovski. Il faut dire que l'année de ses 16 ans, le virtuose Antonio Janigro (un nom connu des mélomanes de ma génération) avait repéré son talent quand l'adolescent jouait déjà dans l'orchestre symphonique brésilien et avait commencé à perfectionner son jeu… Il le prendra comme élève à Stuttgart…
En 1982, son chemin croise celui du chasseur de talent fort célèbre (trop ? 😊) Herbert von Karajan qui venait déjà de révéler au monde une violoniste géniale, Anne Sophie Mutter ! Le maître propose aux deux jeunes prodiges de graver en ce début de l'âge numérique le double concerto pour violon et violoncelle de Brahms avec la Philharmonie de Berlin. Le complément du disque étant le concerto pour violon du même Brahms interprété par la jeune femme (née en 1963). Peu de temps après le maestro autrichien propose à Meneses d'enregistrer Don Quichotte, somptueuse symphonie-variations de Richard Strauss. Le jeune homme succède ainsi à Rostropovitch et Pierre Fournier pour le répertoire de cette œuvre dirigée par Karajan au disque… trois fois avec la Philharmonie de Berlin pour les versions officielles et disponibles !!!!
Une carrière illustre mais sans flonflons médiatiques attend le violoncelliste. Des orchestres de premier plan : l'Orchestre philharmonique de Berlin et Karajan (je me répète), l'Orchestre symphonique de Londres, l'Orchestre philharmonique de New York sous la direction de Kurt Sanderling, l'Orchestre symphonique de Détroit…
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A. Meneses / H. von Karajan / A.S. Mutter |
Pour Meneses la musique de chambre n'est pas mise de côté : Quatuor Vermeer, le Quatuor à cordes Emerson et le Quatuor Amati. Il a été violoncelliste du légendaire Beaux-Arts Trio de 1998 jusqu'à sa fin en 2008 ; jouant avec le pianiste et fondateur Menahem Pressler. En récital, il a collaboré avec des pianistes tels que Pressler, Maria João Pires, Nelson Freire (RIP en 2021), et Gérard Wyss… Il jouait habituellement sur un violoncelle de Matteo Goffriller (comme Ophélie Gaillard) de 1710, ainsi que sur un violoncelle de Fabrice Girardin et sur un instrument de Luiz Amorim et Filippo Fasser. (Source Wikipédia en anglais, la France n'a pas dénié fournir une traduction… no comment.)
Bien entendu, Meneses était un pédagogue recherché. Il se montrait très pointilleux sur le respect des indications des compositeurs dans leurs partitions.
Début 2024, une des plus agressives formes de cancer lui est détectée ! La maladie l'emporte en quelques mois.
Comme le promettait Sonia, voici une sélection de sa discographie de grande qualité même si le répertoire de l'artiste demeurait traditionnel, hormis une rare intégrale des ouvrages pour violoncelle de Heitor Villa-Lobos. (Clic)
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle N°1 avec l'orchestre national du Brésil dirigé par Norton Morozowicz. Œuvre pleine de bonheur à commenter…
Richard Strauss : Don Quichotte avec la Philharmonie de Berlin et Herbert von Karajan (voir article dans la version Rostropovitch).
Jean-Sébastien Bach : les six suites pour violoncelle seul. (Voir article dans la version Bruno Cocset).
Heitor Villa-Lobos : Sonate pour violoncelle et piano No. 2, W103 - Antonio Meneses et Cristina Ortiz (à commenter).
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