- Waouh, t'es sûr que c'est de la musique classique Claude, pas du Hard, le pianiste va casser le piano et ses doigts avec… c'est qui et quoi ?
- Le second concerto pour piano de Bela Bartók Sonia. Oui, le compositeur hongrois considérait souvent le piano comme un instrument percussif… On raconte des histoires de sang sur le clavier à la fin de certaines exécutions !!!
- Je vois la liste impressionnante de virtuoses qui ont tenté l'expérience de ces concertos redoutablement difficiles et physiques… Ce n'est pas un concerto plutôt pour homme pour parodier Lino Ventura ?
- Bof, il est vrai que même la grande Martha Argerich n'a enregistré que le 3ème… Quand on voit Yuja Wang jouer le 1er concerto en live, on comprend que l'on frise le sport de haut niveau… Elle a récidivé dans le 2ème avec la Philharmonie de Berlin… Elle a été ajoutée pour cette prouesse dans la liste de Wikipédia… Et la vidéo du concert en compagnie de Simon Rattle peut être vue en fin de billet…
- Pollini – Abbado – Chicago, tu choisis des valeurs sûres…
- La discographie est pléthorique Sonia… L'orchestre de Chicago réputé pour sa vaillance tient bien son rôle… J'aime beaucoup le pianiste italien, un humaniste déjà octogénaire et un ami du regretté Abbado… Après Chopin et Brahms, une chronique pour Pollini, virtuose amateur de musique moderne, y compris Stockhausen, permet de découvrir une autre facette de son talent…
Bartók et son épouse Ditta Pásztory en 1938 |
C'est bizarre cette histoire de masculinité dans la discographie de
Bartók
en général et les concertos "sportifs" en particulier. J'ai un peu fouillé
dans les archives pour affranchir Wikipédia d'un éventuel sexisme dans
l'établissement de sa discographie. Ben, je confirme, hormis la pianiste
hongroise
Edith Farnadi
(1911-1973), élève du compositeur, qui l'a gravé en 1954 avec
Hermann Scherchen pour Westminster, il faut attendre 2017 et ma virtuose
chinoise adorée
Yuja Wang pour entendre un disque/DVD
d'une version non masculine… J'avoue qu'en tant que pianiste raté et à la
vue de la partition, il faut un certain sens du défi ultime, pour ne pas
dire d'orgueil, pour affronter une chose pareille !!!! Nos amies
pianistes n'osent peut-être pas toujours…
Revenons au
second concerto
de
Bartók
pour piano… Je m'interroge sur ces conversations avec Sonia avant de
préparer la publication. Sonia, de plus en plus impliquée, un échange qui
finira par prendre la place de la chronique 😊…
Comme la sonate de Liszt, le 3ème concerto de Rachmaninov, le 2ème et le 3ème concertos de Prokofiev, un quasi contemporain de Bartók, et les concertos de ce dernier sont réputés comme les "Everest" de la difficulté technique pianistique du genre concerto. Se conjuguent : une densité de notes inouïe, une écriture sophistiquée, une durée d'exécution parfois épuisante (chez Brahms entre autres). Est-ce donc de la musique pour le simple plaisir hédoniste de la prouesse ? Non pas du tout car tous sont d'une richesse expressive qui les classent dans les chefs-d'œuvre émotionnels de la littérature concertante.
Cela, dit,
Mozart
et ses modestes piano forte ne pouvait pas surcharger autant les portées de
ses partitions. Et obtenir une interprétation émouvante par l'intelligence
du jeu est aussi une bien difficile épreuve, voire plus, même avec les
pianos modernes !
Dernière anecdote : la pianiste Yvonne Loriod (Mme Messiaen à la ville) a assuré la 1ère exécution en France en 1945. Elle avait appris la partition en… 8 jours. Alors là les amis, ça dépasse l'entendement ; car je vais donner quelques témoignages plus loin qui…
~~~~~~~~~~~~~~
Claudio Abbado et Maurizio Pollini vers 1979 |
À la lecture du préambule, vous comprendrez ma difficulté pour illustrer ce
billet du choix d'une interprétation qui respecte les règles de scansion
percussive, mais aussi poétiques, de
Bartók, et une complicité entre un orchestre aux couleurs brillantes et sèches et
un chef qui doit équilibrer les interventions de chacun. La qualité tant de
l'interprétation volcanique mais claire de cette gravure de 1979 m'a
séduite, d'autant que le report par YouTube est excellent.
Pour ne pas allonger inutilement mon propos, je vous suggère de relire les
biographies des deux artistes dans des chroniques qui leur ont été déjà
consacrées : les
quatre Scherzos
de
Chopin
(encore des pièces redoutablement exigeantes) pour le pianiste
Maurizio Pollini
(Clic), et pour le maestro
Claudio
Abbado
: Le concerto pour violon de
Berg
(Clic)
et aussi son RIP et diverses chroniques référencées dans l'Index.
Les deux artistes étaient amis pour la vie et, tous les deux hommes de
gauche sincères et humanistes avaient travaillé pour, et avec le compositeur
italien
Luigi Nono, notamment lors d'un concert de protestations contre les atrocités
commises au Vietnam au début des années 70. L'affaire avait fait grand
bruit, un documentaire sur cette collaboration militante existe à ma grande
surprise en DVD édité chez TDK.
Pour l'essentiel du parcours tourmenté de
Bela
Bartók, la première chronique consacrée au
Concerto pour orchestre
(Clic)
dresse une biographie succincte. Nous allons préciser le contexte de
création du concerto.
~~~~~~~~~~~~~~
Bela Bartók et Hans Rosbaud lors de la création en 1933 |
XXX |
La vie tourmentée de
Bela
Bartók
est liée à l'histoire tout autant tourmentée de son pays. Le compositeur
aime sa patrie, à savoir laquelle ? Entre 1867 et 1918,
l'empire austro-hongrois est un patchwork multiculturel dont les règles
politiques me donnent la migraine. Une seule certitude, Buda-Pest est au
centre d'un territoire dans lequel se mêlent pas moins d'une huitaine
d'ethnies et de langue diverses. Les Habsbourg règnent d'une main de fer sur
l'Empire, même si la "Hongrie" bénéficie d'une certaine autonomie… depuis
1873, Buda, Pest et Óbuda ont
été réunies en une seule capitale de langue magyar :
Budapest. (Que les historiens me
pardonnent ces approximations.)
Bartók, né en 1881 grandit dans un pays riche de ses différences et, après
sa formation, deviendra célèbre par son travail ethnologique consistant à
parcourir provinces et villages pour graver sur des rouleaux de cire le
patrimoine de chants et danses populaires, source inépuisable d'inspiration
musicale et de recherches harmoniques…
La défaite de 1918 et le démantèlement de l'Empire à l'initiative des USA du président Wilson réduit la Hongrie à une peau de chagrin limitée par ses frontières actuelles. Une période fort troublée suit avec proclamation d'une république et même une courte révolution communiste de trois mois dans laquelle Bartók est impliquée comme Directeur de la musique…
Bela Bartók et Ditta Pásztory en duo à deux pianos |
Cette "terreur rouge" du bolchévique Béla Kun sera écrasée par la
"terreur blanche" de l'amiral Miklós Horthy […ben oui Sonia, il n'y a aucune mer ni flotte en Hongrie, mais il y
avait un amiral, qu'est-ce que tu veux que je te dise…] élu régent d'un royaume sans roi. Un fasciste tendance dure qui jettera
son pays dans les bras du Führer Adolf Hitler.
Bartók
n'a que mépris pour ce "royaume de Hongrie" et sera même gagné par la haine lors du rapprochement avec l'Axe, au
point de fuir aux USA en 1940… Un seul aspect pas trop négatif du
personnage Horthy : il refusera de livrer le million de juifs de la
diaspora hongroise. Eichmann aidé du soudard pronazi
Ferenc Szálasi viendra faire le boulot en 1944 en déportant
vers Auschwitz environ 5000 personnes par jour, victimes réparties
dans trois trains (l'usine à exterminer assure les trois huit) pour qu'elles
soient "traitées" à Birkenau pour reprendre la rhétorique SS…
Pourquoi ce complément historico-politique ? Toute cette période de montée des nationalismes et de la prise de pouvoir des dictateurs sera un crève-cœur pour Bartók qui en deviendra irascible diront certains… Il compose moins, enseigne pour subvenir à ses besoins et ceux de sa seconde épouse Ditta Pásztory, une jeune pianiste de santé fragile, une ancienne élève qu'il a épousée en secondes noces en 1923. Le couple pratiquera intensément le jeu en duo à deux pianos… Pianiste virtuose, Bartók essaye de s'évader de cette Hongrie étouffante en sillonnant la planète pour donner de nombreux concerts. À Paris, il s'était déjà lié d'amitié avec Ravel et Stravinski, deux génies qui auront une influence considérable sur son style de composition, tout comme Debussy.
Budapest en 1933 |
Entre 1923 date de la modeste mais virevoltante suite de danses
et la géniale
Musique pour cordes, percussions et célesta
de 1936 commandée par Paul Sacher
(Clic),
Bartók
ne compose quasiment plus rien pour l'orchestre. Treize années pendant
lesquelles naîtront les deux
premiers concertos pour piano. Pendant cette période,
Bartók
explore un nouveau monde musical mariant harmonie et mathématique, mais cela
est fort complexe et donc une autre histoire…
Bartók
admettait avec sincérité que son
1er concerto
de 1927 était "difficile" tant
pour le pianiste que pour l'orchestre. Doux euphémisme quand on parcourt la
partition : ruptures brutales de ligne mélodique, polyrythmie de mesure en
mesure, écarts diaboliques, syncopes… et de même pour l'orchestre dans
lequel les percussions y compris les timbales sont placées près du piano
(note du compositeur) ;
Bartók
expérimentant déjà les possibilités percussives du noble instrument… Créé
par
Bartók
et, rien de moins pour l'accompagner que
Wilhelm Furtwängler
en Europe et
Fritz Reiner
aux USA, l'œuvre avait du mal à s'imposer…
En 1930-31,
Bartók
s'attelle à l'écriture d'un
2ème
concerto
plus "facile" en revenant, à ses dires au contrepoint plus classique voire
baroque, et compose "l'une des pièces les plus difficiles du répertoire" 😊Chasser le naturel, il revient au galop. Le premier mouvement est une
cavalcade effrénée ne laissant que 26 mesures disséminées de
pause au pianiste.
Bartók
galvanise une joute fracassante entre la petite harmonie, les cuivres et une
percussion déchaînée. Original, il impose le chômage technique aux cordes !
De la facilité ? Je donne la parole à quelques virtuoses contemporains
confrontés à la soi-disant facilité.
András Schiff
: "Pour le pianiste, c'est une pièce qui brise les doigts. [C'est]
probablement la pièce la plus difficile que j'aie jamais jouée, et je me
retrouve généralement avec un clavier couvert de sang. 😝"
Stephen Kovacevich
a également déclaré en substance : "je me suis presque paralysé les mains en préparant la pièce".
Orchestration : piano solo, 2 flûtes + piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes
(si bémol), 2 bassons + contrebasson, 4 cors (en fa), 3 trompettes (en ut),
3 trombones + tuba, timbales, caisse claire, grosse caisse, triangle,
cymbales et cordes (sauf 1er mvt).
La création a lieu à Francfort en 1933. Bartók est au piano accompagné par Hans Rosbaud, un maestro très impliqué dans l'essor de la musique moderne. En 1934, les nazis prennent le pouvoir. Bartók ne jouera plus en Allemagne, interdisant que l'on y interprète ses œuvres !
Bartók et Fritz Reiner en 1940 aux USA |
XXX |
En général, j'aime partager une analyse formelle succincte et mes
impressions plus subjectives à l'écoute d'une œuvre ; un peu de pédagogie
destinée aux néophytes tentés par le "classique", mais surtout le partage
d'une passion… Avec ce concerto à l'écriture fort complexe sur le fond et la
forme, difficile de saisir les intentions émotionnelles de
Bartók… Quelques indications concernant la partition et la bacchanale orgiaque de
timbres de l'allegro seront au menu. Complexe et virtuose mais étrangement
accessible à tout mélomane…
Dans ses recherches sur l'ordonnancement du temps musical dans une œuvre
Bartók
favorisait la disposition en arche nourrie de symétries ; il aura
même recours au nombre d'or pour déterminer les durées de certains passages…
Ainsi au simpliste
rapide-lent-rapide d'un concerto
classique, le 2ème conserve les trois mouvements habituels mais
voit son mouvement central scindé en trois séquences soit :
Rapide – lent | rapide | lent – rapide.
1 – Allegro : suivant un arpège
allègre au piano solo, les deux thèmes principaux sont énoncés sans attente
: un motif agreste aux trompettes (mesures 1 à 3) suivi du thème dominant,
en deux sections, staccato et joué au piano ; deux arpèges montant
descendant puis une série d'accords pointés mais sans nuance marquée. Cinq
mesures (3 à 7) notées f d'un florilège endiablé de simples et de
double croches, aucune ligne de legato… la seconde section donne lieu à un
dialogue virevoltant avec les bois. La première est rejouée en invitant les
cors à se joindre à cette euphorie… L'absence de participation des cordes
surprend par la tonalité acidulée que prendra de fait l'allegro.
À propos de tonalité,
Bartók
n'en indique aucune. Doit-on en déduire que le
concerto
est écrit en do majeur ? Non ! Entre
les dissonances et les indications chromatiques chargées, le compositeur ne
se réfère plus aux règles tonales fixées dans l'admirable
Clavier bien tempéré
de
Bach. Aux armures atonales de
Debussy, il préfère placer les altérations au cours du fil musical… Restons en là…
Juste une remarque, les portées ne supportent guère d'indications quant aux
variations de tempos pourtant très utilisées au XXème siècle (Ralentir, plus vite, avec souplesse, etc.). À l'interprète de les improviser si tant est que la rythmique
implacable du style le justifie réellement.
[0:51] Fantasque à la manière de Stravinski, Bartók inverse les rôles : le piano attaque le motif A et les cuivres répondent sur le thème B. Ce qui renvoie d'une certaine manière à la forme sonate et aux effets miroirs. [3:02] Le piano bataille avec la timbale et le tambour ! La succession totalement folle des accords (saturés de chromatisme) exigés du pianiste explique les terreurs des interprètes. (Pour me contredire, Bartók ajoute quelques notations sur les modifications de tempo ou de nuance (mosso – (agité, ondulé) – avec ♩ = 108 ou Tranquillo avec ♩ = 88, tempo initial, ♩ = 104). Cet allegro d'une dizaine de minutes ne s'apaise jamais malgré des mesures éparses poétiques qui tentent de casser de-ci de-là le rythme frénétique. [5:36] Mesures 176/177, le piano dispose de deux secondes pour refroidir pendant les éclats d'une fanfare de cuivres… qui entrera en conflit avec le piano… Il y aura aussi un tournoi clavier-tuba… Vous voyez le genre… impossible de rester de marbre en écoutant ce déferlement sonore cataclysmique. Jazzy ? Folk ? peu importe…
Pont Elisabeth (Sissi) entre Buda et Pest en 1903 |
2 – Adagio – Presto - Più adagio
: la première idée qui me vient à l'écoute de l'adagio est sa parenté
évidente avec
La musique pour cordes, percussions et célesta
composée 3 ans plus tard en 1936 à la demande du mécène et musicien
suisse
Paul Sacher
(Clic). Une complainte des cordes, une douce ballade nocturne (sourdines en place et sans vibrato
précise la partition), introduit l'adagio. Ce thrène s'interrompt pour
laisser le piano chanter seul, "doucement", juste accompagné par des notes éparses et des trilles de la timbale… une
ballade triste… [3:04] L'adagio initial gagne en dramatisme, le piano
martèle une marche funèbre.
[4:25] Une courte reprise decrescendo de la mélancolique litanie initiale
aux cordes précède le presto endiablé. Elle se révèle insolite dans un
adagio cette chevauchée impétueuse du piano, cavalcade agrémentée de petits
cris des bois… Ce presto à la fois ardent et bucolique nous laisse
interrogatifs, oscillant entre fête villageoise et expression d'une rage
intérieure, il nous confronte aussi à des bruits de la nature et autres
ululements surgissant dans une forêt onirique…
[7:44] Le retour du tempo
più adagio se révèle tout autant
énigmatique, mêlant de nouveaux motifs saccadés avant une douce coda en
forme de péroraison conclusive développée à partir de la complainte initiale
et de la marche funèbre précédant le presto. Magie de la construction
caractéristique des innovations formelles imaginées par
Bartók. Quelle pléthore d'ambiances mi tragiques mi lyriques qui insère une œuvre
dans l'œuvre ! Quant au velouté vs fracassant touché de
Maurizio Pollini
et la célèbre clarté des bois et brillance des cuivres du
symphonique de Chicago, que peut-on souhaiter de plus ?
3 - Molto allegro : Joyeux et
fougueux, le final fait feu de tout bois dans l'univers sonore hyper coloré
et friand de folklore de
Bartók. On entendra aussi les influences rythmiques un peu folles de son ami
Stravinski… L'introduction volcanique aux timbales laisse la voix au piano qui
attaque un discours chorégraphié (pas surprenant de la part d'un as du
ballet). La thématique de l'Oiseau de feu
n'est pas loin. Tous les instruments de l'orchestre sont sollicités dans
cette bacchanale disons… sportive 😊.
Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée. Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…
|
~~~~~~~~~~~~~~
Quelques belles interprétations alternatives. Elles sont nombreuses et le
choix peut se faire en fonction de l'affinité avec un pianiste ou par le
couplage sachant que la durée des trois concertos, environ 25 minutes
chacun, permet aux labels de proposer l'intégrale en un seul album la
plupart du temps. Les albums proposés lors du billet consacrés au 1er
concerto restent d'actualité pour le 2ème.
Le duo
Pollini
–
Abbado
peut être difficile à trouver. À l'intérêt de l'interprétation enflammée
et précise s'ajoute la qualité technique que semblait bien dominer la
firme hambourgeoise DG, notamment à
Chicago.
Yefim Bronfman |
András
Schiff, après cicatrisation de ses doigts et nettoyage du clavier (voir plus haut
😊) a gravé les concertos en 1996 avec son ami hongrois
Ivan Fischer, fondateur de l'orchestre du Festival de Budapest, la meilleure phalange de Hongrie. Difficile d'entendre plus chantant et
festif. Les deux artistes s'amusent à défier la partition. (Teldec-Warner
– 1996 – 6/6). L'antithèse de la puissance obtenue à Chicago, deux
conceptions quasi opposées par le style mais totalement complémentaires…
Depuis le début du XXIème siècle, les pianistes virtuoses
chinois ont fait taire les critiques ironiques. Eh oui la génération
Lang
Lang /
Yuja
Wang, l'un avec ses mimiques hédonistes, l'autre avec ses minirobes sexy, avait
déclenché des polémiques sarcastiques entre jaloux par leur facilité
déconcertante face à des œuvres bien ardues à maîtriser. Le couplage du
3ème concerto
de
Prokofiev
et du
2ème
de
Bartok
semble insolite mais une bonne idée pour confronter ces deux chefs-d'œuvre
de modernité.
Simon Rattle
a exprimé son étonnement en constatant que le jeune pianiste gardait de
l'énergie en réserve en fin d'épreuve… Moins féroces que
Pollini
–
Abbado, moins enchanteurs que
Schiff
–
Fischer, mais l'équilibre piano orchestre et les initiatives surprenantes dans les
variations de tempo suppriment définitivement les rares reliefs romantiques.
Lang
Lang n'est jamais pris en défaut sur son jeu des nuances… (SONY –
2013 – 5,5/6).
Le pianiste américain
Yefim Bronfman
est de ces artistes qui trompent leur monde par un physique plus adapté à
déplacer un Steinway qu'à l'utiliser pour peaufiner des sonates de
Scarlatti
😊.
Bronfman
a bâti sa réputation sur… sa force de frappe ! Du moins à en croire le
portrait que dresse l'écrivain Philip Roth du virtuose. "Sa force de frappe", une capacité plus que bienvenue dans
Prokofiev
et
Bartok… En 1993, le pianiste âgé de 35 ans grave les concertos en
complicité avec le maestro finlandais
Esa-Pekka Salonen
tout aussi jeune. Il en ressort une interprétation électrisée dans laquelle
Bronfman
détaille chaque note ; l'adagio tend vers une spiritualité qui rappelle que
Bartok
était un homme de foi depuis 1916, abandonnant l'athéisme pour
l'unitarisme originel reniant le dogme de la sainte trinité, courant
religieux fort en Hongrie. (Sony – 1993 – 6/6)
(Vidéo YouTube)
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