lundi 28 novembre 2022

Frederick DELIUS - Miniatures - Bournemouth Sinfonietta - Norman DEL MAR (1977) - par Claude Toon

- Sympa cette musique douce Claude, mais… c'est un vinyle… il doit être introuvable ce vieux truc… Le son est très pur, pas un bruit d'aiguille comme on disait…

- Delius n'a écrit que des œuvres cool Sonia… Le LP a été réédité un peu secrètement en CD… Quant à l'absence de bruit parasite : entretien aux petits oignons, pressage DMM et diamant de compétition…

- On a déjà parlé de Delius en 2019 d'après l'index, presque de la musique de genre, bien pour commencer la semaine tranquillos… Qui est Norman Del Mar, un nouveau venu dans le blog ?

- Un maestro anglais peu connu de nos jours et disparu jeune à la fin du vingtième siècle… un grand serviteur de la musique postromantique anglaise…


Delius par Jelka Rosen (1912)

Nous allons bientôt entrer en période festive de l'Avent pour préparer Noël. Du moins tenter le coup entre les guerres, les prix de l'électricité (mon PC est sur batterie au cas où), et le déluge d'informations hilarantes que nous déversent jusqu'à la nausée les médias. Il y a ceux qui se consolent     avec le mondial… malgré les polémiques que je laisse de côté…

En ce matin frisquet, je vous propose d'écouter une série de pièces du compositeur anglais Frederik Delius, un pot-pourri à la limite de la musique de genre. J'ai déniché le disque en vinyle chez un bouquiniste du quartier pour la somme faramineuse de 3€. C'est rigolo, il y avait une étiquette de prix modèle boîte de sardine {3.00 €} collée sur une précédente marquée {8.00 €} ce qui est déjà cadeau pour un disque rarissime CHANDOS (réédité un temps en CD). Il faut dire que les vendeurs ne sont guères des spécialistes et que de toute façon la clientèle pour un programme Delius-Norman del Mar ne se bouscule gère 😊.  Bonus pour ma pomme : la prise de son est d'un raffinement digne de la porcelaine anglaise et le disque ne présente aucun scratch, tic… tic… tic… ou autres bruits agaçants lors des passages pianissimo. En plus je me suis fait récemment un beau cadeau de Noël anticipé avec une nouvelle platine ; la précédente m'ayant abandonné au bout de 48 ans de bons et loyaux services (Une Thorens TD 160 datant de 1972, l'époque ou l'obsolescence programmée n'avait pas été inventée pour doper les ventes). Coup double : Une Rega P6 et un nouveau diamant qui supprime tout bruit de surface ; silence complet entre deux plages ou lors d'une pause sur la partition !!! Je vous épargne un cours d'audiophile sur le sujet, les passionnés du "micro solitaire du sillon" pourront lire cet article exhaustif (Clic).

Attention, un vinyle, ça se bichonne, on fait la chasse aux poussières, on le range dans la pochette sans le rayer, et sans laisser Médor jouer au frisbee avec la précieuse galette 😊. Sinon inutile d'investir…

- Sonia, attention à tes jolis ongles bien longs, bizarre la couleur, une incursion dans le death metal, le mediator intégré ? haha… 

- Pardon Sonia ? Ah oui le DMM comme Direct Metal Mastering : un mode mixte d'enregistrement numérisé sur bande magnétique DAT et une étape de moins lors du pressage. Le son était un peu plus transparent sur un vinyle. Une technique sans lendemain fin des années 70 avant l'arrivée du CD…

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Norman del Mar

Blablabla… Après la rédaction de la chronique concernant l'imposante 9ème symphonie de Schubert la semaine passée, ma plume badine, blague, se détend. Mais revenons à Frederik Delius qui n'est pas un nouveau venu dans le blog.

Delius appartient à la génération des compositeurs anglais postromantiques. J'avais déjà évoqué cette particularité qu'outre-manche aucun compositeur de premier plan hormis Purcell se soit imposé dans l'histoire de la musique occidentale, comme un Bach en Allemagne, Debussy en France, Verdi en Italie et quelques autres au fil des siècles. Je vous renvoie au paragraphe écrit sur cette bizarrerie dans l'article dédié au concerto pour violoncelle d'Edward Elgar (Clic).

Le public ante-Brexit et post-Brexit du continent n'a fait par ailleurs aucun effort pour aller à la découverte assidue d'un groupe de compositeurs de grand talent, et je nomme : Arnold, Bax, Elgar, Walton, Vaughan-Williams, Britten au XXème siècle et bien entendu Delius. Que ce soit en France ou en Germanie, le constat est le même : leurs œuvres sont boudées tant au concert que par les labels de disques ! Il existe plusieurs intégrales des 8 symphonies de Vaughan-Williams, des symphonies haut de gamme pour au moins quatre d'entre elles (3 à 6), toutes ont été gravées au Royaume-Unis, dont deux par un chef hollandais, Bernard Haitink, l'une des plus passionnantes, et une gravure outsider par le chef Yankee Leonard Slatkin.

Le style musical dominant reste poétique, mi impressionniste mi expressionniste, on imagine les forêts brumeuses et les fameux "petits moutons" du Kent, une musique bucolique et festive… Aucun de ces musiciens n'adoptera les courants sériels de l'école de Vienne ou d'autres formes d'écritures réellement d'avant-garde. Est-ce là leur péché principal et la cause de leur mise à l'écart ? À voir dans d'autres chroniques… (Index)

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Grez-sur-Loing par Jelka Rosen

Nous avions écouté en 2019 quelques œuvres de Delius extraites de l'anthologie réalisée par John Barbirolli dans les années 60 :  A Song of Summer & In a summer garden ; une fantaisie pour orchestre et un poème symphonique. Sa biographie est toujours d'actualité (1862-1934) (Clic). J'avais souligné les influences de Debussy et de Richard Strauss dans sa musique : l'inspiration expressioniste et la brièveté relative des ouvrages symphoniques du premier (voir Images, autre billet récent) et la luxuriance de l'orchestration du second.

L'album du jour réunit dix petites pièces orchestrées par des maestros ou amis compositeurs de Delius. Leurs durées, de deux à sept minutes, et les titres très explicites rappellent ceux des préludes, estampes et images de Debussy ou pièces pour piano de Ravel qui elles aussi furent parfois orchestrées. Citons Eric Fenby, et le chef pittoresque Sir Thomas Beecham. Eric Fenby (1906-1997) compositeur lui-même apportera son soutien de copiste et d'orchestrateur à Delius devenu aveugle du fait de la syphilis qui l'emportera en 1934. Ce travail dans un climat parfois conflictuel entre les deux hommes aura lieu en France, dans une maison à Grez-sur-Loing pendant les six années précédant la disparition de Delius ; le compositeur y est inhumé.

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À propos des deux portraits et du paysage de Grez-sur-Loing. Jelka Rosen était peintre, native de Belgrade (1868). Elle rencontre Frederik Delius passionné de peinture (et de nombre d'arts en général) en 1896 au Salons des indépendants où elle expose ; elle avait suivi ses études à Paris depuis 1892. Ils achètent la maison de Grez-sur-Loing et se marient en 1903. Son œuvre très originale et colorée mêle pointillisme et fauvisme ; on le décrit comme aérien, lumineux, délicat, harmonieux et un brin mystérieux… Elle ne survivra qu'une année à son époux. Elle nous quitte en 1935 à Kensington.

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Petit complément avant l'écoute, ces œuvres ne nécessitent aucun commentaire technique, elles coulent de source. Irmelin et Fennimore And Gerda sont des opéras écrits successivement en 1890 et 1920 et Hassan une musique de scène. L'orchestration est légère, presque chambriste : des bois et des cordes, que des cordes pour les modestes Aquarelles de 1938

Norman del Mar (1919-1994) était un chef d'orchestre britannique mais également corniste. Sa carrière se déroulera principalement en Angleterre. On lui doit plusieurs biographies et des essais donnant des conseils avisés sur l'interprétation de compositeurs comme Elgar, Ralph Vaughan Williams, Frederick Delius et Benjamin Britten mais aussi Richard Strauss.

Delius par Jelka Rosen

Dans la playlist

 

1

On Hearing The First Cuckoo In Spring

(En entendant le premier coucou du printemps)

6:33

2

Summer Night On The River

(Nuit d'été sur la rivière)

7:13

3

A Song Before Sunrise

(Une chanson avant le lever du soleil)

5:47

4

Aquarelle N°1 *

2:08

5

Aquarelle N°2 *

2:20

6

Intermezzo *

(Intermède)

2:04

7

Serenade *

(Sérénade "Hassan")

2:13

8

Prelude From '"Irmelin" *

(Prélude de "Irmelin")

5:18

9

Late Swallows *

(Hirondelles tardives)

9:25

10

Intermezzo From "Fennimore And Gerda" **

(Intermède de "Fennimore And Gerda")

5:28

 

* Arrangements de Eric Fenby

** Arrangement de Sir Thomas Beecham

À droite : Delius dans le jardin de Grez-sur-Loing par Jelka Rosen 

 



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