- Sympa cette musique douce Claude, mais… c'est un vinyle… il doit être introuvable ce vieux truc… Le son est très pur, pas un bruit d'aiguille comme on disait…
- Delius n'a écrit que des œuvres cool Sonia… Le LP a été réédité un
peu secrètement en CD… Quant à l'absence de bruit parasite : entretien
aux petits oignons, pressage DMM et diamant de compétition…
- On a déjà parlé de Delius en 2019 d'après l'index, presque de la musique de genre, bien pour commencer la semaine tranquillos… Qui est Norman Del Mar, un nouveau venu dans le blog ?
- Un maestro anglais peu connu de nos jours et disparu jeune à la fin du vingtième siècle… un grand serviteur de la musique postromantique anglaise…
Delius par Jelka Rosen (1912) |
Nous allons bientôt entrer en période festive de l'Avent pour préparer
Noël. Du moins tenter le coup entre les guerres, les prix de l'électricité
(mon PC est sur batterie au cas où), et le déluge d'informations hilarantes
que nous déversent jusqu'à la nausée les médias. Il y a ceux qui se
consolent avec le mondial… malgré les polémiques que je
laisse de côté…
En ce matin frisquet, je vous propose d'écouter une série de pièces du
compositeur anglais
Frederik Delius, un pot-pourri à la limite de la musique de genre. J'ai déniché le disque
en vinyle chez un bouquiniste du quartier pour la somme faramineuse de 3€.
C'est rigolo, il y avait une étiquette de prix modèle boîte de sardine {3.00
€} collée sur une précédente marquée {8.00 €} ce qui est déjà cadeau pour un
disque rarissime CHANDOS (réédité un temps en CD). Il faut dire que les
vendeurs ne sont guères des spécialistes et que de toute façon la clientèle
pour un programme
Delius-Norman del Mar
ne se bouscule gère 😊. Bonus pour ma pomme : la prise de son est d'un
raffinement digne de la porcelaine anglaise et le disque ne présente aucun
scratch, tic… tic… tic… ou autres bruits agaçants lors des passages
pianissimo. En plus je me suis fait récemment un beau cadeau de Noël
anticipé avec une nouvelle platine ; la précédente m'ayant abandonné au bout
de 48 ans de bons et loyaux services (Une
Thorens TD 160 datant de 1972,
l'époque ou l'obsolescence programmée n'avait pas été inventée pour doper
les ventes). Coup double : Une
Rega P6 et un nouveau diamant qui
supprime tout bruit de surface ; silence complet entre deux plages ou lors
d'une pause sur la partition !!! Je vous épargne un cours d'audiophile sur
le sujet, les passionnés du "micro solitaire du sillon" pourront lire cet
article exhaustif
(Clic).
Attention, un vinyle, ça se bichonne, on fait la chasse aux poussières, on
le range dans la pochette sans le rayer, et sans laisser Médor jouer au
frisbee avec la précieuse galette 😊. Sinon inutile d'investir…
- Sonia, attention à tes jolis ongles bien longs, bizarre la couleur, une incursion dans le death metal, le mediator intégré ? haha…
- Pardon Sonia ? Ah oui le DMM comme Direct Metal Mastering : un mode mixte d'enregistrement numérisé sur bande magnétique DAT et une étape de moins lors du pressage. Le son était un peu plus transparent sur un vinyle. Une technique sans lendemain fin des années 70 avant l'arrivée du CD…
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Norman del Mar |
Blablabla… Après la rédaction de la chronique concernant l'imposante
9ème symphonie
de
Schubert la semaine passée, ma plume badine, blague, se détend. Mais revenons
à
Frederik Delius
qui n'est pas un nouveau venu dans le blog.
Delius
appartient à la génération des compositeurs anglais postromantiques. J'avais
déjà évoqué cette particularité qu'outre-manche aucun compositeur de premier
plan hormis
Purcell
se soit imposé dans l'histoire de la musique occidentale, comme un
Bach
en Allemagne,
Debussy
en France,
Verdi
en Italie et quelques autres au fil des siècles. Je vous renvoie au
paragraphe écrit sur cette bizarrerie dans l'article dédié au
concerto pour violoncelle
d'Edward Elgar
(Clic).
Le public ante-Brexit et post-Brexit du continent n'a fait par ailleurs aucun effort pour aller à la découverte assidue d'un groupe de compositeurs de grand talent, et je nomme : Arnold, Bax, Elgar, Walton, Vaughan-Williams, Britten au XXème siècle et bien entendu Delius. Que ce soit en France ou en Germanie, le constat est le même : leurs œuvres sont boudées tant au concert que par les labels de disques ! Il existe plusieurs intégrales des 8 symphonies de Vaughan-Williams, des symphonies haut de gamme pour au moins quatre d'entre elles (3 à 6), toutes ont été gravées au Royaume-Unis, dont deux par un chef hollandais, Bernard Haitink, l'une des plus passionnantes, et une gravure outsider par le chef Yankee Leonard Slatkin.
Le style musical dominant reste poétique, mi impressionniste mi expressionniste, on imagine les forêts brumeuses et les fameux "petits moutons" du Kent, une musique bucolique et festive… Aucun de ces musiciens n'adoptera les courants sériels de l'école de Vienne ou d'autres formes d'écritures réellement d'avant-garde. Est-ce là leur péché principal et la cause de leur mise à l'écart ? À voir dans d'autres chroniques… (Index)
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Grez-sur-Loing par Jelka Rosen |
Nous avions écouté en 2019 quelques œuvres de
Delius
extraites de l'anthologie réalisée par
John Barbirolli
dans les années 60 : A Song of Summer &
In a summer garden
; une fantaisie pour orchestre et un poème symphonique. Sa biographie est
toujours d'actualité (1862-1934)
(Clic). J'avais souligné les influences de
Debussy
et de
Richard Strauss
dans sa musique : l'inspiration expressioniste et la brièveté relative des
ouvrages symphoniques du premier (voir
Images, autre billet récent) et la luxuriance de l'orchestration du second.
L'album du jour réunit dix petites pièces orchestrées par des maestros ou
amis compositeurs de
Delius. Leurs durées, de deux à sept minutes, et les titres très explicites
rappellent ceux des préludes, estampes et images de
Debussy
ou pièces pour piano de
Ravel
qui elles aussi furent parfois orchestrées. Citons
Eric Fenby, et le chef pittoresque
Sir Thomas Beecham. Eric Fenby
(1906-1997) compositeur lui-même apportera son soutien de copiste et
d'orchestrateur à
Delius
devenu aveugle du fait de la syphilis qui l'emportera en 1934. Ce
travail dans un climat parfois conflictuel entre les deux hommes aura lieu
en France, dans une maison à Grez-sur-Loing pendant les six années précédant
la disparition de
Delius
; le compositeur y est inhumé.
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À propos des deux portraits et du paysage de Grez-sur-Loing.
Jelka Rosen
était peintre, native de Belgrade (1868). Elle rencontre
Frederik Delius
passionné de peinture (et de nombre d'arts en général) en 1896 au
Salons des indépendants où elle expose
; elle avait suivi ses études à Paris depuis 1892. Ils achètent la
maison de Grez-sur-Loing et se marient en 1903. Son œuvre très
originale et colorée mêle pointillisme et fauvisme ; on le décrit comme
aérien, lumineux, délicat, harmonieux et un brin mystérieux… Elle ne
survivra qu'une année à son époux. Elle nous quitte en 1935 à
Kensington.
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Petit complément avant l'écoute, ces œuvres ne nécessitent aucun
commentaire technique, elles coulent de source.
Irmelin
et
Fennimore And Gerda
sont des opéras écrits successivement en 1890 et 1920 et
Hassan
une musique de scène. L'orchestration est légère, presque chambriste : des
bois et des cordes, que des cordes pour les modestes
Aquarelles
de 1938…
Norman del Mar (1919-1994) était un chef d'orchestre britannique mais également corniste. Sa carrière se déroulera principalement en Angleterre. On lui doit plusieurs biographies et des essais donnant des conseils avisés sur l'interprétation de compositeurs comme Elgar, Ralph Vaughan Williams, Frederick Delius et Benjamin Britten mais aussi Richard Strauss.
Delius par Jelka Rosen |
N° |
Dans la playlist |
|
1 |
On Hearing The First Cuckoo In Spring
(En entendant le premier coucou du printemps) |
6:33 |
2 |
Summer Night On The River
(Nuit d'été sur la rivière)
|
7:13 |
3 |
A Song Before Sunrise
(Une chanson avant le lever du soleil) |
5:47 |
4 |
Aquarelle N°1 * |
2:08 |
5 |
Aquarelle N°2 * |
2:20 |
6 |
Intermezzo *
(Intermède) |
2:04 |
7 |
Serenade *
(Sérénade "Hassan") |
2:13 |
8 |
Prelude From '"Irmelin" *
(Prélude de "Irmelin")
|
5:18 |
9 |
Late Swallows *
(Hirondelles tardives) |
9:25 |
10 |
Intermezzo From "Fennimore And Gerda" **
(Intermède de "Fennimore And Gerda") |
5:28 |
|
* Arrangements de Eric Fenby ** Arrangement de Sir Thomas Beecham À droite : Delius dans le jardin de Grez-sur-Loing par Jelka Rosen. |
|
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