MAMA BÉA ROCKEUSE OU POÈTE ?
On parle surtout des chanteurs rockers-poètes ou à texte mais plus
rarement ceux de la gente féminine, pourtant elles aussi ont réussi à
se faire une place au soleil même si elles sont un peu plus éclipsées
par le succès des hommes. Et pourtant comment oublier des Colette Magny, des Anne Sylvestre, des Catherine Ribeiro, des Brigitte Fontaine, des Juliette, des Sapho ou même des Annabel Buffet
que beaucoup de gens connaissent plus comme écrivaine et femme du
peintre Bernard Buffet. Puis il y a celles qui se feront un nom mais qui resteront dans
l’ombre des autres. Mama Béa, Les quadras s’en souviennent, elle était la pasionaria des années 70.
Elle est un peu comme Thiéfaine,
le succès par le bouche à oreille, elle
n'est jamais parvenue à se hisser au panthéon de la chanson
française. Pire encore, pour de sombres raisons mercantiles, une
grande majorité de sa discographie n'a jamais été rééditée au format
numérique. Tekielski…un nom qui ne sonne pas tellement vieux terroir auvergnat, elle
est née à Avignon d’une mère fleuriste italienne et d’un père
violoniste polonais qui abandonnera sa famille deux ans après la
naissance de Mama. Très jeune elle va découvrir la chanson française en écoutant la
radio. Mais ce n’est pas «♫♪ S.L.C salut les copains ♪♫» qu’elle écoute même si nous sommes en pleine période yé-yé, la
jeune fille qui chante tout le temps trouve ses références auprès d’Anne Sylvestre, Brel,
Brassens,
Barbara,
Colette Magny, sa préférence pour la
chanson à texte est déjà clairement définie.
Mais c’est en découvrant l’œuvre de
Léo Ferre qu’elle va se
reconnaître. Tous les coups de gueule du chanteur lui serviront de
repères, elle deviendra une inconditionnelle, elle aura l’occasion de le
rencontrer à plusieurs reprises et de lui rendre hommage à deux
occasions, en 1987 grâce à
Jean-Louis Foulquier pour «La fête à Léo» au Francofolies et elle enregistrera une interprétation toute
personnelle de douze titres de cet artiste dans l'album «Du côté de chez Léo» en 1995 avec une interprétation du titre «Les Anarchistes» où les guitares électriques donnent une autre dimension au
morceau .
Elle apparait la première fois à une époque où la télévision
émettait en noir et blanc, elle a 19 ans et a abandonné la boutique
de fleuriste de sa mère pour monter sur Paris et présenter une
chanson qu’elle a écrite. Passons sur le titre «L’idiot du village» et sa prestation mais son interprétation sera un signe que
la jeune Avignonnaise a du potentiel.
Mama béa, c'est une voix, hors toutes références connues, une voix qui va
du rock au blues.
Après un premier album en 1971 «Je cherche un pays…» qui passera inaperçu, la chanteuse arbore un look à la Julie Driscoll
avec des cheveux longs. Elle va disparaitre des écrans radar
pendant cinq ans pour réapparaitre avec l’album «La Folle», l’année suivante c’est «Faudrait rallumer la lumière dans ce foutu compartiment» deux albums mi-live qui créeront la surprise. Elle chante
différemment, elle devient une bête de scène moitié rock, moitié
blues. La grande révélation publique se fera en 1978 quand sort son quatrième album «Pour un Bébé Robot» Prix du meilleur disque étranger en Italie, prix de l’association
des disquaires de France et surtout le prix de l’académie Charles
Cros.
Léo et Mama Béa |
Le temps de changer de producteur et en 1986 sort «La Différence» avec un titre hallucinant «By’n’By» chanté en duo avec Roberto Piazza
plus connu sous le sobriquet de Little Bob. Son dernier enregistrement date de 1998 «Indienne».
A la date d’aujourd’hui,
Mama Béa
a 74 ans et, je pense, coule une retraite paisible. Dans le journal
«Parole et Musique» d’octobre 1984 le journaliste
Jean-Pierre Lentin écrira : «Mama Béa c’est Piaf et Janis Joplin dans le même gosier…».
Mama Béa est et reste un auteur à part entière, dont l'univers particulier et inclassable entoure et soutient son propre public.
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