Le réalisateur.
Harry Keller (1913-1987) n'a pas laissé une trace impérissable à Hollywood, il signe néanmoins une vingtaine de films, en majorité des westerns dans les années 50 et 60 de serie B. outre celui ci trois autres peuvent retenir l'attention des amateurs : "Quantez , leur dernier repaire" (1957) avec Dorothy Malone et Fred MacMurray, "la journée des violents" (1958) avec Fred MacMurray , "Six chevaux dans la plaine" (1962) avec encore Audie Murphy.
Les acteurs
cette chronique va être principalement pour moi l'occasion de parler d'Audie Murphy (que Luc avait brièvement évoqué dans "Le vent de la plaine" de John Huston) mais la vie de ce gars sort tellement de l'ordinaire que je voulais développer un peu . En effet à coté de lui Scharwy, Stallone ou Bruce Willis sont des enfants de coeur...En effet avant d’être acteur il s'illustra durant les combats de la seconde guerre mondiale, jusqu'à en être le soldat le plus décoré.
La liste de ses exploits et de ses récompenses remplirait un livre, d'ailleurs c’est la cas puisque il écrivit ses mémoires "L'enfer des hommes" qui fut adapté au cinéma en 1955, dans lequel il tient son propre rôle. Il est l'auteur de faits d'armes légendaires lors des campagnes d'Italie et de France. Parmi les plus marquants , lors du débarquement en Provence en 44 il prend d'assaut à lui seul une maison tenue par les allemands faisant 6 morts et une douzaine de prisonniers, ou en Janvier 45 à Colmar il repousse seul l'attaque d'une compagnie allemande (il n'a que 19 ans alors), dézinguant à la mitrailleuse 240 ennemis, alors qu'il était exposé aux tirs, il recevra d'ailleurs une praline dans la jambe. Il obtiendra toutes les décorations existantes de l'armée US dont la plus haute (Medal of Honor) plus un paquet en France aussi (chevalier de la légion d'honneur, Croix de guerre, Médaille de la France libérée..). Quand on le voit tenir un fusil dans ses films on se dit que ce n'est pas du flan, pas comme Johnny dont je vous parlais il y a 15 jours ("le spécialiste")...
Aprés la guerre, il devient une célébrité chez l'Oncle sam mais connaît des troubles de comportement, dormant par exemple avec un flingue sous son oreiller, et se battra pour faire reconnaître le stress post-traumatique affectant les soldats de retour du front. C'est l'acteur James Cagney qui le remarqua aprés un article dans Life relatant ses exploits, et lui proposa de rejoindre Hollywood et après quelques petits rôles il est engagé en vedette par Universal Studios. Suivront 42 films entre 1949 et 1969, parfois avec de sacrés réalisateurs (John Huston, Budd Boetticher, Don Siegel, Joseh Mankiewicz... ), quasi que des westerns sauf 2 ou 3 films de guerre et polars. Je ne les ai pas tous visionnés mais les suivants sont à voir : "Duel sans merci", "l'homme de San Carlos", "le diable dans la peau", "le survivant des monts lointains" (avec James Stewart), "6 chevaux dans la plaine", "le tueur du Montana", "Chevauchée avec le diable", "Le fort de la dernière chance", "le collier de fer".
Il meurt le 29 Mai 1971 à 45 ans dans un crash d'avion.
B Sullivan |
Autre nom connu au générique , celui de John McIntire (1907-1991), lui aussi a une filmographie longue comme le bras ("Winchester73", "Quand la ville dort"," Psychose"...). Malheureusement cet excellent acteur se fait ici descendre après 20 minutes de films, dommage...sans doute avait il d'autres engagements.
Le film
Comme je le disais en intro, c'est un film mineur, mais qui se laisse voir sans lassitude et présente des cotés intéressants.
l'histoire est assez basique : Seven Jones (Audie Murphy), un jeune ranger nouvellement affecté dans un bled est envoyé sur les races du redoutable bandit Jim Flood (Barry Sullivan), accompagné de l'expérimenté sergent Henessey (McIntire). Ce dernier est descendu par Flood et Seven poursuit seul la traque. Contre toute attente le jeunot un peu naïf mais tenace va réussir à capturer le bandit et le plus gros du film raconte le voyage de retour du policier et de son prisonnier, qui connaîtra moult péripéties. Là où le film devient intéressant c'est dans le rapport entre les deux personnages et son évolution. L'étonnant est que le bandit, promis à la potence, attire la sympathie de tout le monde, sauf de la justice, il est notamment adulé des femmes (comme Luc B chez nous..), faut dire qu'il est plutôt avenant et séduisant, formidable composition de Bary Sullivan . Les deux hommes vont osciller entre amitié, respect et défiance, affronter des périls en commun: des indiens (trop) vite mis en fuite, des chasseurs de prime qui veulent la tète de Flood, une bande menée par l'ennemi juré de Flood, bref, le voyage ne va pas être de tout repos. Flood respecte la probité du jeune ranger et son sang froid, faut dire qu'il lui a sauvé la mise plusieurs fois ; quant à Jones il est attiré par la vie libre et insouciante que semble mener le bandit mais il ne cédera pas quand celui ci lui propose une association. S'ajoutent à l'intrigue une petite romance entre Jones et la fille de la cantinière de la garnison (jouée par la belle Venetia Stevenson, fille du metteur en scène Robert Stevenson) et on apprendra aussi qu'un des frères de Jones lui aussi ranger a été flingué dans des circonstances pas très claires. Je n'en dis pas plus sur le dénouement final, à part que comme dans tout bon western ricain les bons gagnent à la fin et qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...Reste un petit film sympa, bien filmé dans de superbes paysages, et le duo des 2 acteurs qui sont très bon, Sullivan qui cabotine en bandit équivoque et Murphy droit dans ses bottes malgré ses maladresses. Pour avoir vu pas mal de ses films ce n'est pas un mauvais acteur comme certains le prétendaient -lui même avait des doutes et pensait qu'il avait été engagé dans le cinéma pour son statut de héros de guerre - mais il a souvent été enfermé dans des rôles comme celui ci de redresseur de torts vertueux. Son jeu assez sobre associé à sa bouille de gamin innocent -on le surnommait "Baby-face killer"- contrastait avec son passé de guerrier intrépide et bravache, et il faut lui reconnaître une certaine présence à l'écran, un jeu assez spontané aussi, lui qui n'a pas fréquenté l'Actor's studio; un acteur à (re)découvrir.
ROCKIN-JL
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