vendredi 12 juillet 2019

YESTERDAY de Danny Boyle (2019) par Luc B. comme Beatles


En préambule : la bande originale de ce film est tout juste hallucinante, je ne sais pas qui a écrit les chansons, mais… Waouh !! Rien que pour ça, allez-y !
Jack Malik est magasinier et musicien, qui traine sa guitare et ses compos dans les pubs et salles communales. Sa meilleure pote Ellie (la charmante Lily James mais avec ces tics agaçants de jeune actrice) lui sert de manager et lui trouve quelques contrats. C’est dur de percer dans le métier… Un soir, alors que Jack rentre chez lui à vélo, grosse panne électrique dans le quartier, nuit noire, et vlan, Jack est percuté par un bus. Et se réveille à l’hosto. Ce n’est pas simplement le quartier dont les plombs ont sauté. Un travelling arrière - mais vraiment arrière toute ! - nous montre que ce n’est le quartier,  ni la ville , ni le pays, mais la planète Terre qui a sauté les plombs ! Le monde a tourné 12 secondes sans électricité.
Dans l’accident Jack a paumé sa guitare. A sa sortie de l'hosto, deux dents en moins, ses amis lui en offrent une nouvelle, et lui demandent de jouer un truc. Il entame « Yesterday ». Les autres sont impressionnés. « T'as écrit ça quand ? ». Jack apprécie moyennement. « C’est les Beatles, bande de cons »« Qui ça ? ». Jack Malik est pris d’un sérieux doute, vérifie sur Google, et… Pas de Beatles référencés. Kézako ? Il tape aussitôt dans le moteur de recherche Rolling Stones, et tombe sur le groupe de Mick Jagger. Ouf. Puis il tape Oasis, et rien… « Ah bah oui, forcément… ».
Jack Malik s’est réveillé dans un monde où les Beatles n'existent pas. Pour un compositeur fauché, être le seul à connaitre cet héritage de la pop musique est une aubaine…  
Ce scénario vous rappelle des trucs ? Le film JEAN PHILIPPE (Laurent Tuel, 2006) avec une France sans Johnny, mais le développement n’est pas le même. Et une BD une David Blot (2011) qui porte le même titre, et à propos du même groupe. Suspicion de plagiat ? On pourrait aussi citer le roman de Ken Grinwood REPLAY dont le héros mourrait et renaissait sans cesse, devenait l’auteur d’une saga intergalactique à grand succès, juste avant qu’un certain George Lucas ne l’écrive… Bref, thème classique des histoires de temps parallèle, de retour en arrière, comme dans PEGGY SUE S’EST MARIÉE (Coppola, 1986). Peu importe qui a piqué l’idée à qui, le thème est vieux comme le monde… (LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS, HG Wells, 1895 !)
Le réalisateur Danny Boyle (TRAINSPOTTING, LA PLAGE, SLUMDOG MILIONAIRE…) s'empare du sujet avec son scénariste Richard Curtis. Et ça fonctionne à fond pendant 1h30. Problème, le film dure 2h00. On y reviendra. Avec un tel héritage musical à portée de guitare, Jack Malik devient rapidement une star, et suscite envies et convoitises. Notamment de Ed Sheeran dans son propre rôle, tout en autodérision (le mec de ColdPlay avait été approché mais n’a pas souhaité faire le film…). Les scènes avec Ed Sheeran sont excellentes, très drôles, comme celle du concours de compositions, où en 10 minutes Jack Malik trousse au piano « The long and winding road » !! Le rouquin est juste écœuré ! Qui lui recommande de chanter « Hey Dude » plus vendeur que « Hey Jude » !
La manager d’Ed Sheeran le prend sous contrat, exige plus de tubes. Grande réunion marketing avec 80 personnes autour d’une table qui s’extasient devant la dernière trouvaille. Le verso de la pochette de l’album (« Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band » a été recalé par les pros de la com' , trop long) avec la mention « all the songs written by Jack Malik » ça fait un tabac ! Quel concept révolutionnaire lorsque aujourd'hui on a 16 co-auteurs-producteurs-arrangeurs pour une seule chanson ! Et là, un mec seul, avec juste une guitare ? Waouh...  
La satire de l'industrie musicale aurait pu être plus frontale, creusée, Danny Boyle s'en amuse mais ça ne va pas plus loin. le film étant distribué par Universal, voyez c'que j'veux dire... De même une piste pas assez développée : et si dans le monde, d'autres gens avaient aussi échappé à la déflagration électrique, et se souvenaient des Beatles ? « Qu’importe qui les chante, ces chansons, du moment que le public en profite », lui dit une femme au courant du secret. Belle idée, mais qui ne va pas plus loin.
Mais j’aime bien les relations entre Jack et Ellie, l’incertitude sur leurs sentiments, les scènes entre Jack et ses parents à qui il essaie de faire découvrir sa nouvelle composition « Let it be », son pote Rocky qui lui sert d'assistant. On retrouve le style rythmé, inventif, graphique de Danny Boyle, ce gars sait faire de l'image, s'amuse avec. Le film est franchement malin, ludique, rigolo, malgré ses failles dans le scénario sur la dernière partie, épilogue malheureusement trop conventionnel, là où ils auraient dû pousser le curseur, les auteurs appuient des deux pieds sur la pédale de frein. Dommage.  Mais emmenez vos gamins, au moins ils entendront de la bonne musique, et demanderont "t'as les disques de ces mecs-là ?"



couleur  -  1h55  -  scope 1:2.35  

6 commentaires:

  1. Quoi donc, les Beatles ou le film ? Si on aime l'un, on aime l'autre ! Je conseille aux gens d'y aller avec leurs gamins, même s'ils ne connaissent pas tout, je pense qu'ils ont au moins entendu parler des Beatles. Vas-y avec ta fille !

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    1. Quand je dis "J'adore", bien évidemment les Beatles ! Et le concept du film par lui même ! Le trailer est sympa et te donnes vraiment envie d'aller voir le film !

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  2. Pas vu ... Mais un film dont tout le monde parle, avec pour une fois semble t-il consensus. Point de départ génial (même si ça peut aussi faire penser au gag avec Chuck Berry dans "retour vers le futur") mais film qui laisse sur sa fin ...

    Sinon, c'était qui les Beatles ?

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  3. Sur sa "faim"... "Retour vers le futur" adoptait le même principe sur une seule scène, mais tout ça n'est pas nouveau. Le faire avec les Beatles est une bonne idée. Preuve qu'ils sont passés à la postérité. C'est qui les Beatles ? Ché pas. On dit qu'ils étaient quatre de Liverpool, mais à la télé, je n'en vois que deux... On nous aurait trompé ?

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    1. Laisser sur sa faim, lasser sur la fin ... oops, j'ai fait un mix des deux ...

      La télé nous tromper ? quelle curieuse idée ...
      "I know it's true oh so true cause I saw it on T.V. (John Fogerty, "I saw it on TV" 1985)

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