mardi 14 octobre 2025

CARAVAN : Waterloo Lily (1972) - par Pat Slade



Dans la Canterbury Scene, Caravan sera un des groupes les plus connus avec Camel.



CARAVAN Au Pays du Gris et du Rose




 Parler du groupe Caravan n’est pas une chose simple. Dans l'univers du rock progressif figure le style de l’école de Canterbury. Le Rock de Canterbury trouve son origine dans un ensemble obscur dénommé The Wilde Flowers dont certains membres étaient originaires de la région. Constitué en 1963, le groupe n'a sorti aucun disque pendant son existence (un album de démos inédites a quand même vu le jour en 1994) et s'il est devenu aussi célèbre, c'est que les musiciens qui ont participé (Brian Hopper, Hugh Hopper, Robert Wyatt, Richard Sinclair, Kevin Ayers, Richard Coughlan et Pye Hastings entre autres) ont par la suite fondé deux groupes majeurs : Soft Machine et Caravan. 

Un rock prog plus inaccessible au non initié de ce style très particulier, le concept d'une école dite de Canterbury s'est progressivement imposé dans le monde du Rock sans que celle-ci ne recouvre un genre musical bien défini. Disons que les ensembles inclus dans cette école comprennent généralement des musiciens ayant des affinités et des généalogies communes et/ou ayant joué à un moment ou à un autre dans les groupes fondateurs comme Soft Machine, Caravan, Camel, Hatfield & the North ou Gong… Je l’avais déjà évoqué avec Camel et l’album ”Mirage“. Même si ils n’atteindront jamais le succès commercial, leur mélange de rock progressif, de rock psychédélique, de jazz et d’influences classiques leur donnera une image distinctive.

Caravan intègre des musiciens de haute voltige, le guitariste et chanteur Pye Hastings, le bassiste Richard Sinclair, le batteur Richard Coughlan (Aucun lien de parenté avec John Coughlan le batteur de Status Quo de l'époque) et Steve Miller au clavier (Un homonyme de Steve Miller du Steve Miller Band). Mais toujours une même question se pose, quel album prendre ? En premier lieu je voulais parler de leur cinquième albums ”For Girls Who Grow Plump in the Night“ et puis enfin de compte je joue la sécurité en prenant surement le plus connu ”Waterloo Lily“.

 Avec  sa pochette qui représente un détail d’une gravure libertine du XVIIIe siècle, Caravan est à des millénaires des chansons commerciales qui passaient à l’époque à la radio, nous somme dans un rock prog mélangé à du jazz rock très psychédélique avec une basse toujours très présente comme dans le titre éponyme ”Waterloo Lily“. Les claviers et la guitare toujours en parfaite harmonies. ”Nothing at All / It's Coming Soon / Nothing at All“ : Beaucoup plus rock avec son solo de guitare et son effet wah-wah, un son très "zappien". ”Songs and Signs“ : Très agréable Petite ballade psychédélique. Un titre comme ”The Love in Your Eye / To Catch Me a Brother / Subsultus / Debouchement / Tilbury Kecks“ Magnifique morceau par sa construction harmonique et son solo de flûte de haute volée.

 

Certains ensembles ont développé certains aspects du style plus que d'autres. Le côté pop mélodique pour Caravan et Camel ou encore les dérives psyché/space pour Steve Hillage et les premiers disques de Gong mais toutes ces tendances sont bien souvent présentes en même temps. Il n'est par ailleurs pas rare qu'un groupe évolue au cours du temps montrant ainsi différentes facettes de son art en fonction des époques et des changements de personnel. Et Caravan ne dérogera pas à la règle, entre le son de ”Waterloo Lily“ et celui de l’album suivant For Girls Who Grow Plump in the Night“ leur son évoluera très vite.

Le chien aboie, la caravane passe

 


lundi 13 octobre 2025

UN TESSON D’ETERNITE de Valérie Tong Cuong (2021) - par Nema M.


Sonia rentre de mauvaise humeur, marmonnant "JDM". Nema la regarde, très surprise car il était prévu que Sonia passe la journée avec une de ses meilleures copines :

- Qu’est-ce qui t’arrive ? demande Nema

- Pire qu’une porte de prison. Fermée à tout. Rigide. Maussade. Inquisitrice…

- Ta copine Flavie ??? interroge Nema,

- Non. On est tombé sur sa mère. L’horreur. Elle critique absolument tout ce que fait sa fille. Une porte de prison.

- Une prison et une mère, mais qui au contraire de celle de Flavie, fera tout pour son enfant... Cela me fait penser à un roman au titre un peu bizarre : "Un tesson d’éternité". Roman très fort.

Sonia n’écoute déjà plus, Patouillou, le chat blanc de Madame Portillon, est venu sur ses genoux la consoler.


 

Derrière une femme parfaite se dévoile une mère qui n’a peut-être pas toujours été suffisamment à l’écoute de son enfant. Une mère qui va se trouver confrontée au souvenir de sa jeunesse et à la transformation d’un enfant en homme à la suite d’un épisode de vie dramatique passant par la case prison. Voici en gros ce qui se cache derrière le titre intrigant de ce roman.

 

Anna est pharmacienne au Village. Imaginez une petite bourgade hyper-bourgeoise dans l’arrière-pays au-dessus de la Méditerranée. Hugues, son époux, est responsable culturel à la mairie. Quand ils se sont connus, il était journaliste pour la presse locale. Léo, leur fils, est en terminale. Il a dix-huit ans. Jeune, beau, sportif, ayant de bons résultats scolaires, on imagine une sorte de stéréotype parfait du lycéen tel que tout parent rêve d’en avoir.  

Ils habitent dans une somptueuse villa avec piscine que les parents de Hugues, membres de la "upper class" du midi, leur ont laissé. Hugues et Anna sont, de fait, attentifs à satisfaire les membres de cette haute société en participant notamment aux dîners du très élitiste Club de tennis (et en forçant leur fils à jouer au tennis pour côtoyer les enfants de la Haute bourgeoisie). C’est ainsi qu’ils se sont liés d’amitié avec Alix et Géraud, le patron du palace local, et que leur fils Tim est le copain de Léo. Anna roule dans un luxueux 4X4, est toujours parfaitement coiffée et maquillée. Son sourire est impeccable et son amabilité avec les clients de la pharmacie sans faille. Elle sait recevoir et être agréable dans les réunions mondaines. Le paraître est pour elle la clé de voute de sa vie. 


Une notoriété de bon aloi, sauf que...

Un grain de sable dans cette petite vie tranquille, dans ce cocon de bien-être et de douceur friquée : l’arrestation de Léo par les gendarmes un petit matin de printemps. Crac ! tout s’effondre en deux temps trois mouvements. Léo aurait agressé violemment un gendarme lors d’une manifestation ! Mais qui est donc ce Léo ? Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas pensable. Léo lui-même raconte les faits : c’est un mauvais concours de circonstances qui lui a fait croiser la route d’une manifestation, et pour défendre sa copine prise à partie, il a malheureusement utilisé son sac à dos dans lequel il y avait une chaîne d’antivol à vélo…  Bref, case prison.

Anna ne lâchera rien pour son fils, même si ce terrible évènement lui montre la fragilité de sa situation dans ce monde qui n’est pas le sien. Bien entendu, il n’y a plus d’amis dans ces cas-là. Fini les relations avec Alix. Même le mari, le père de Léo doute de son fils et pense que c’est de la faute d’Anna. Car Anna vient d’un milieu très modeste. Et on découvre petit à petit ce qu’elle a vécu dans son enfance et dans son adolescence. Humiliations, blessure profonde d’une enfant harcelée et maltraitée, peu protégée par des parents trop préoccupés à survivre avec leur petite épicerie. En effet, il y a dans l’école primaire une bande de sales mômes dirigée par le Serpent, le type même du petit meneur, grande gueule mais lâche dès qu’une plus grande gueule l’affronte. Anna est une fillette un peu gauche, un peu niaise et peureuse. Tant pis pour elle. Elle sera la victime de tous leurs caprices. Et puis au collège, ça continue et ça empire. Alors oui, la seule solution passera par le travail, l’ambition d’une jeune fille intelligente et studieuse et finalement la réussite. Une pharmacie. Une notoriété de bon aloi.   


Côté Hugues, très déstabilisé par cette rencontre avec la police et la justice, il restera quand même (après quelques hésitations) aux côtés de sa femme et de son fils. Mais de loin. Pas trop de visites à la maison d’arrêt. Léo comprend vite l’ambiance de la prison. Il se battra, se disciplinera, trouvera de quoi tenir… C’est en allant à ces visites qu’Anna reprendra contact avec le monde pauvre, le monde de la vraie vie qui ne se cantonne pas à l’univers feutré du Village. Ce monde gris et terne, à l’odeur de sueur, de violence, de drogue et de peur, qu’elle pensait avoir définitivement gommé de son esprit. Dur, très dur. Même si Léo s’en sortira convenablement.

 

Avec Valérie Tong Cuong, nous entrons petit à petit dans Anna, oui, nous quittons l’image parfaite de la très jolie femme au visage de poupée, pour retrouver une femme blessée, meurtrie, qui se rend compte de la fausseté de sa vie et de tous les silences et mensonges accumulés. Elle aura la force de tenir et d’agir pour Léo mais ensuite, quel effondrement. L’autrice a un style incisif, un sens de la description des choses simples du quotidien, ainsi que des émotions, qui nous font entrer dans le roman mieux que dans un film. Pas étonnant qu’elle ait reçu, de nombreux prix et que ses œuvres soient traduites dans 19 langues.

Bonne lecture !

270 Pages – Libra difusio 



dimanche 12 octobre 2025

BEST-OF BWV 618


MARDI : après The Shaggs, Pat a encore raclé ses fonds de poubelles pour ressortir « Glitter » le premier disque de Gary Glitter, le Liberace du glam-rock, qui recyclait riffs et postures, a eu son petit succès avant la descente aux enfers. Il devient quoi ? Il croupit en taule.

MERCREDI : il n’y a pas que l’écolier en short et Gibson SG à faire du rock en Australie, il y avait aussi The Angels dont le « Two minutes warning » n’a pas toujours bonne presse, une production trop américaine. Bruno s'insurge, c’est une de leurs meilleures galettes !


J
EUDI : Sonia pensait que Bach était un pilote allemand collectionneur de BMW, Claude lui a expliqué gentiment que non, le signe BWV signifie Bach-Werke-Verzeichnis, le catalogue indexant les oeuvres du compositeur (qui n’avait même pas son permis) comme les « Cantates BWV 8, 125, 138 », grandes prières qui s'appuient sur la spiritualité ardente et lumineuse du compositeur. Chœurs légers et instrumentation colorée... 

VENDREDI : du dessin animé, et du meilleur, avec la seconde réalisation de Hayao Miyazaki, mais distribuée sur le tard en Europe, « Nausicaä de la vallée du vent » est un formidable récit d’aventures SF riche en action, batailles aériennes, qui rassemble les thèmes qui forgeront l’œuvre du maître japonais.

👉 La semaine prochaine, dès lundi, on aura plaisir à retrouver Nema pour un roman de Valérie Tong Cuong, en musique on écoutera les groupes Caravan avec Pat, Grand Funk Railroad avec Bruno et Tangerine Dream avec Benjamin. Au cinéma on découvrira les coulisses de "A bout de souffle" grâce à Richard Linklater


La triste nouvelle est tombée un peu tard pour lui rendre l'hommage qu'elle mérite. Elle était de ces actrices qui ont marqué leur époque, une figure, une icône. 

Un dernier salut à la merveilleuse Diane Keaton, compagne, muse et actrice de Woody Allen, qui avait reçu un oscar pour ANNIE HALL (1977) avec son falzar trop haut, son gilet cintré, comme Chaplin, une silhouette androgyne, trop cool et sexy, elle avait crée un personnage mythique. 

On l'avait vue avant dans TOMBE LES FILLES ET TAIS TOI (1972), elle était évidemment dans MANHATTAN, INTERIEURS, ou RADIO DAYS, jusqu'à l'étincelant MEURTRE MYSTERIEUR A MANHATTAN

On se souvient aussi du tragique MISTER GOODBAR (1977) de Richard Brooks, de la fresque grandiose REDS (1981) de Warren Beatty, du sympathique TOUT PEUT ARRIVER de Nancy Meyer, où elle cabotinait avec le divin Jack Nicholson. Même genre de numéro facile avec un Harrison Ford ronchon dans MORNING GLORY, benêt mais addictif. 

Et bien sûr, Diane Keaton était madame Michael Corleone dans les trois volets du PARRAIN. Parmi toutes les scènes mémorables, je retiens celle où elle avoue à son mari, Al Pacino, qu'elle a avorté plutôt que de donner naissance à un potentiel monstre. Et le plan final du premier épisode, congédiée du bureau, désormais sanctuaire des hommes de la famille.  

vendredi 10 octobre 2025

NAUSICAÄ DE LA VALLÉE DU VENT de Hayao Miyazaki (1984) par Luc B.



NAUSICAÄ est le second long métrage réalisé par Hayao Miyazaki. A l’origine, ce devait être le fruit d’une collaboration avec le dessinateur américain Richard Corben, pour une adaptation de sa bédé HISTOIRE DE ROWLF, distribuée par le studio américain New World Pictures. La princesse Maryara de la bédé est rebaptisée Nausicaä par Miyazaki, qui en étoffe le rôle, et devient le personnage principal de son propre projet.

Miyazaki veut s’atteler à la réalisation, mais les producteurs, un peu frileux, préfèrent d’abord éditer l’histoire en manga, s’appuyer sur un éventuel succès de librairie pour ensuite lancer la production du film. Miyazaki s’exécute, publie deux volumes (il y en aura sept en tout, de 1982 à 1994) avec cet ajout au contrat : il pourra laisser de côté la publication du manga pour réaliser son film, dont le scénario ne sera pas une simple déclinaison de la version papier. 

Le film NAUSICAÄ sort en 1984 au Japon (gros succès) mais distribué aux Etats Unis dans une version tronquée de près de 30 minutes privilégiant la baston, c'est encore Walt Disney qui fait la loi en matière d'animés à cette époque. Miyazaki ne décolère pas. Il faudra des années pour voir la version imaginée par son auteur. C’est à la suite de cette mésaventure qu’il fonde les studios Ghibli et s’assure une indépendance totale sur son œuvre (le logo Ghibli est apparu après coup sur les bandes annonces). Le public français ne découvre le film qu’en 2006, donc bien après TOTORO, PORCO ROSSO, PRINCESSE MONONOKE ou LE VOYAGE DE CHIRIRO.

Raison pour laquelle NAUSICAÄ est moins connu, parfois moins apprécié. Parce qu'entre temps les techniques d’animations ont évolué, et parce que les thèmes qu'il aborde seront repris dans de futures réalisations. Donc y'a comme une redite. Ce n'est pas NAUSICAÄ qui ressemble à MONONOKE, chronologiquement, c'est l'inverse. Il y a aussi la frustration des spectateurs qui avaient lu le manga 10 ans plus tôt et qui ne retrouvent pas la complexité de l'intrigue, et pour cause, cinq volumes ont été dessinés après la sortie du film. 

On retrouve les deux thèmes qui traversent l’œuvre du maitre japonais : la guerre et l’écologie. Pour rappel, Miyazaki avait 4 ans au moment d’Hiroshima. Le titre exact est NAUSICAÄ DE LA VALLEE DU VENT, du nom de cette enclave bucolique proche de la mer, qui n’a pas été encore envahie par la forêt toxique. Car mille ans plus tôt une guerre avait ravagé la planète Terre, contaminant la biosphère. Le parallèle avec Hiroshima ne fait guère de doute… Cette forêt, à l’air irrespirable, polluée par des spores qui s’attaquent aux arbres, est sanctuarisée par les Omus, des coléoptères géants.

Les premières séquences nous montrent Nausicaä voltigeant sur son planeur, en parfaite harmonie avec la nature. Elle parle aux plantes, aux animaux, elle collecte des mues d’Omus, un matériau précieux. L’univers décrit est assez proche du futur AVATAR de Cameron, avec ces pollens phosphorescents. Puis Nausicaä va à la rencontre de Yupa, héros local, valeureux guerrier qui revient d’expédition avec des nouvelles inquiétantes : le peuple Tolmèques s’organise pour repartir en guerre. Lorsqu’un de leur vaisseau s’écrase dans la vallée du vent, les Tolmèques prennent les armes et envahissent le royaume pour récupérer une mystérieuse cargaison…

Si le départ donne dans le bucolique, la suite sera guerrière. NAUSICAÄ s’apparente clairement à de la SF, du film d’action, les massacres s’y enchainent, ce n’est pas le film de Miyazaki qui s’adresse aux plus jeunes. L’inspiration est clairement à chercher du côté de chez Moebius, Druillet (pour les engins) René Laloux, voire parfois chez STAR WARS, avec ces scènes de poursuites, d'abordages de vaisseaux, et Yupa en Obiwan. L’Etoile Noire des Tolmèques, c’est le Guerrier Géant (la cargaison à récupérer). Le suspense est habilement entretenu au sujet de cette arme de destruction massive, humanoïde proche de la putréfaction, les dernières scènes où il entre en action sont superbes et très spectaculaires.

Hayao Miyazaki nous décrit un monde gangréné par la violence, la corruption, la stupidité des puissants (le général Kurotawa). Il y a dans les tenues, les épées, des références médiévales. La Terre semble être revenue à une organisation féodale de petits seigneurs de la guerre. Il y est aussi question de résistance, de sacrifice, perte d’idéal. Nausicaä, frêle jeune fille en apparence naïve, comprend qu’il faudra faire couler le sang. 

Elle va aussi comprendre le secret de la forêt toxique, dans une séquence comme Miyazaki les affectionne. Après s’être libérée de ses geôliers (je vous passe beaucoup de rebondissements…), Nausicaä va tomber dans un monde souterrain où l’air y est pur. Le décorum me rappelle les scènes de VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de Henri Lewin (1959), à l’esthétique presque psychédélique par ses formes et couleurs, renforcé par une musique qui valse entre envolées symphoniques (on y entend même la Sarabande de Haendel !) et boites à rythmes / synthés de new wave (du coup un peu vieillotte).

On va comprendre que la forêt devenue toxique, mortelle, par la faute des Hommes, a la capacité de se regénérer, de purifier l’air. C’est l’aspect fable écologique, toujours d’une brulante (sic) actualité. Détruire la forêt toxique par le feu (le plan des Tolmèques) serait donc contreproductif. 

La jeune et intrépide Nausicaä aura forte à faire pour libérer les siens du joug de l’envahisseur, protéger la forêt, pactiser avec les Omus. La scène où des millions de coléoptères ne décolèrent pas est aussi impressionnante, bestioles abominables et finalement presque émouvantes (le bébé Omus martyrisé comme appât) comme celle avec une scolopendre géante et peu amicale. C’est bien simple, notre jeune princesse manque de se faire bruler, empoisonner, bouffer, occire à chaque plan !

On retrouvera beaucoup de scènes aériennes dans les autres Miyazaki, contemplatives, poétiques. Le vol est évidemment synonyme de liberté, d’émancipation, Nausicaä sur son planeur prend de la hauteur sur les événements, adopte un autre point de vue. Mais ici les scènes aériennes sont surtout des scènes de combats, le danger peut surgir à tous moments, les vaisseaux sont des cercueils volants, sans cesse pris pour cible. Si la technique du calque sera améliorée, plus précise, on est déjà bluffé par la fluidité des mouvements, des angles de prises de vue.

NAUSICAÄ DE LA VALLEE DU VENT est un formidable film d’aventures, riche en réflexions et en actions - sans doute trop rempli, pas toujours explicite - d’un pessimisme noir, qui pose la première pierre (précieuse) d’une œuvre future… 


couleur – 1h57  - format 1.1 :85