Mais
qui est donc ce jeune homme taciturne qu’un conducteur altruiste
prit en stop au détour d’une route New Yorkaise. Lorsque le
conducteur tenta d’engager avec lui une conversation, où il ne
répondit qu’avec une brièveté vexante, le jeune homme ne tenta
même pas de cacher son manque d’intérêt pour son bienfaiteur.
Ceux qui aiment parler n’ont il est vrai pas grand-chose à dire,
leurs propos ne sont que l’exutoire de leurs angoisses.
La politesse
eut pourtant voulu qu’une certaine sympathie s’instaure entre le
voyageur et son bienfaiteur, qu’il paie en quelque sorte en chaleur
humaine le service qu’il ne pouvait rémunérer. Au lieu de cela,
il traitait le conducteur avec une froideur donnant l’impression
qu’il voyait sa présence ici comme une faveur qu’il lui faisait.
Le visage juvénile et concentré sur de mystérieuses écritures, le
jeune homme ressemblait à un ado ayant fugué pour rejoindre sa
petite amie. Arrivé à New York, le jeune snob partit sans dire un
mot, accentuant ainsi l’admiration instinctive que son conducteur
ressentait pour lui.
Les gens sont ainsi fait que, si une bonté trop
généreuse leur donne du mépris pour leur bienfaiteur, le culot
d’un profiteur méprisant est souvent pour eux le signe d’une
certaine noblesse. Comme le disait si bien Louis Ferdinand Céline,
un bon culot suffit à presque tout, et notre voyageur fut loin d’en
manquer. Malgré son visage d’adolescent, il marchait avec
l’assurance d’un homme mûr et la tranquillité de celui qui sait
où aller. Le jeune homme se nommait Bob Dylan et, lorsque quelqu’un
lui demandait où habitait sa famille, il répondait ne pas en avoir,
avec une absence d’émotion troublante. Dylan se dirigeait vers le
Gaslight, café aux airs de cave ancienne où la poésie de la folk
avait remplacé le swing revigorant des dieux du jazz.
Là-bas, une
horde conservatrice ressassait les classiques d’un répertoire
qu’elle voulut immuable. Dylan, lui, avait dans la tête un monde
fait de récits kerouacquiens et de poésie beat et Rimbaldienne,
toute cette culture formant la source lumineuse de ses propres récits
mélodieux. Pour le folk, les première chansons dylanniennes furent
aussi importantes que les premières compositions des Beatles le
furent pour le rock. Passons rapidement sur la naissance de son
amitié avec Johnny Cash et l’influence de Suze Rotolo, là n’est
pas notre préoccupation actuelle. D’ailleurs, notre récit
commence sur la triste sortie de Suze Rotolo du mythe dylanien, drame
comme il s’en écrivit des dizaines depuis la parution des
tragédies Shakespeariennes.
Placée au milieu du public de Newport,
Suze vit la naissance d’un nouvel amour tuer le sien. Le grand Bob
bénéficia toujours de la bonté des femmes, ce sont elles qui
l’hébergèrent lorsqu’il arriva à New York dans ses guenilles
de clochard céleste. Joan Baez était la reine d’une musique dont
il fut sacré roi, leur union était aussi inévitable que gravée
dans le marbre de l’histoire. La chanteuse avait également les
moyens d’ouvrir à Dylan les portes de l’Angleterre, la seconde
terre du rock. Dylan aima toujours le rock et le blues, les riffs de
Chuck Berry et Muddy Waters firent autant partie de sa culture que
les mélodies de Woody Guthrie. A une époque où internet et la
télévision n’avaient pas encore fait de la culture une soupe fade
et cosmopolite, le barde ne sut à quoi s’attendre en arrivant sur
les terres de la perfide Albion.
Moins traditionaliste que la musique
de son pays, la pop anglaise taillait au rock des costumes aussi
gracieux que flamboyants. Avec « You really got me » les
Kinks prédirent l’invasion des hordes zeppeliniennes. Partant de
la même base rhythm’n’blues, les Who instaurèrent un culte de
la sauvagerie sonore préparant les premiers pavés punks.
Puis il y
avait les Stones, qui n’étaient pas encore revenus de leurs
errements psychédéliques, qui ne leur fit toutefois pas perdre ce
swing évoquant les grands espaces américains. Si le grand Bob
côtoya également les Beatles, ceux-ci n’eurent sur sa musique
qu’une influence minime. Emballer ses vers inspirés par Rimbaud et
Dylan Thomas dans des mélodies aussi modernes que les leurs aurait
été comme demander à Kubrick de produire un film de Charlie
Chaplin. La prose dylanienne visait la postérité, nulle belle
plante ne survit si longtemps si elle n’est pas profondément
enracinée dans sa terre natale. La terre de Dylan fut la musique
américaine dans sa fascinante diversité de traditions.
Voyant Mick
Jagger et Roger Daltrey soulever les foules et mettre en transe des
hordes de gourgandines, il envia secrètement leur charisme sauvage.
Lui ne sut jamais que claudiquer sur scène avec une raideur de
pantin désarticulé, ses mots seuls fascinaient une foule le
gratifiant de la charge austère de guide d’une génération. Ce
rôle, le barde l’avait toujours refusé, il ne voulait pas plus
guider sa génération que la laisser l’aliéner. « Celui qui
n’est pas occupé à naître est occupé à mourir » chanta t-il
avant d’incarner son précepte de la façon la plus
révolutionnaire.
Enregistré dans l’urgence « Bringing it
all back home » fut le plus cruel coup porté à l’immobilisme
folk. Nul n’ignorait que, si le grand public prenait goût à
l’union du folk et du rock, le folk acoustique croupirait à jamais
dans les caves de l’underground. Alors, au lieu des cris
d’admiration, Dylan eut droit aux cris de haine. Les lettres
d’admirateurs devinrent des lettres de menaces, les louanges se
transformèrent en injures. Ce que Dylan préparait n’était
pourtant pas une révolte avant-gardiste, mais une prolongation de la
tradition par des moyens nouveaux.
C’est dans ce cadre qu’il
convoqua Mike Bloomfield à l’enregistrement de « Highway 61
revisited », l’homme s’étant imposé comme le plus
légitime fils des chanteurs de Delta blues. Ainsi sortirent les
fabuleux « Bringing it all back home », « Highway
61 revisited » et « Blonde on blonde ». Sur ce
dernier, le swing terreux du Band prédisait discrètement un virage
country qui fit autant scandale que la fièvre électrique qui le
précéda. A l’écoute de ces enregistrements, la direction du
festival de Newport avait prévenu Dylan, sa folie électrique ne
sera pas tolérée dans cette Mecque de la poésie acoustique.
Qu’importe la mort du folk se dit alors le barde, sa muse exigeait
qu’il l’étreignit avec l’énergie des rockers les plus
dévergondés.
Propulsé par cette puissance binaire honnie des
ayatollahs de la tradition folk, le poète se sentit un peu plus
proche du charisme d’Elvis qu’il admirait tant. Il tournait
pourtant également la page des rockers acéphales, greffait un
cerveau au corps glorieux du rock’n’roll, incitait les rockers à
penser. Aussi grandiose que fut cet épisode du mythe dylanien, il
serait caricatural d’en faire le seul père de la révolution folk
rock.
Dans le même temps, fuyant la chaleur californienne pour la
fraîcheur obscure des salles de cinéma, une bande de jeunes
musiciens s’apprêtait à vivre la plus grande révélation de sa
vie. Les films des Beatles furent la version anglaise des nanars
d’Elvis, de sympathiques navets plus proches du grand plan de
publicité que de la véritable œuvre cinématographique. Qu’importe
pourvu que, propulsé par la puissance d’une sonorisation moderne,
les chœurs de « Love me do » et « A hard day’s
night » donnent l’impression de vivre un événement
historique.
A suivre… avec les Byrds.
Cet article, et bien d'autres, est à relire dans le bouquin de Benjamin, en vente ici : Le Roman du Rock
Extraits du festival Newport 65' avec un titre folk, l'autre rock (un inédit, seuls quelques initiés connaissent) et plus tard avec The Band.
Y'en a marre... Y'en marre de "bosser huit heures, mon salaire, c'est le salaire de la sueur". Je repense "ils m'ont bien eu ces enf.....". "J'ai vu mon vieux, il l'ont roulé". "Cinq heures du mat', j'ai des frissons"... C'est de plus en plus dur de se lever... enfin, j'me lève... mais j'me recouche... puis j'me relève... j'fais des trucs mais prendre la voiture pour bouffer du kilomètre pour arriver au boulot pour toute la journée, sans savoir quand j'pourrais rentrer... ça plombe considérablement l'moral. J'ai encore de l'énergie, mais de moins en moins pour bosser... il faut alors se charger en café. Hélas, the doctor dit de le réduire, voire même de l'arrêter. Pas bon pour les nerveux... Que faire ? J'l'ai pourtant dit à la médecine du travail (même s'ils semblent ne rien en avoir à carrer) : "j'en peux plus. Y'en a marre. J'y arrive plus". Alors, comment faire ? Il faut bien non seulement payer les factures, mais aussi les impôts et, accessoirement, s'il reste des tunes, manger.
Alors ? ... Une solution ? ... - "Un disque de Chantal Goya ! En live ! Pour l'ambiance explosive ! ".
Non merci, Luc. Non, vraiment. C'est gentil mais sans façon. Tu peux le ranger dans ta discothèque climatisée aux vitres blindées. Celle réservée à tes disques de chevet. De toutes façons, j'y toucherai pas. (je jetterai plutôt mon dévolu sur ton F. King à Antibes de 73). Oui, sinon, la solution est un disque de Donnas...
- " Donna Summer !! C'est Donna Summer, le double album de 79, "Bad Girl" !!"
Merci Pat. Ce n'est pas mon truc. Non, il s'agit d'une des galettes des Donnas.
The Donnas et leur album de 2002, "Spend The Night". Oui, celui-ci et pas un autre. Pourquoi ? Parce que là, les donzelles ont réussi à modérer leurs ardeurs, canaliser leur énergie pour la libérer dans un flux presque ininterrompu de punk-rock bubble gum copieusement assaisonné de hard-rock. En deux mots : du rock costaud, pas intellectuel pour un sou, direct et efficace. Un peu comme si Kiss avait intégré les Ramones pour faire un max de raffut. Comme si Joan Jett avait été embauchée par Theodore Nugent, pour donner un peu de féminisme à son rock de macho caricatural, sans perdre une once de son mordant. Voire Poison (qu'elles adorent) boosté par les Runaway. Avec en sus quelques petits soli concis qui se dégustent comme des chocolats fourrés. Quatorze pièces sur cet opus, et pas un seul temps mort. Le tout envoyé en multiples rafales en seulement quarante-trois minutes. On ne tergiverse pas, on va à l'essentiel. Et si le précédent, "The Donnas Turn 21", tape pas mal dans le Glam, là, ça fricote chaudement avec un hard-rock sans prise de tête. À mi-chemin entre le "Cold Metal" de l'Iguane et le "Tattoed Beat Messiah" de Zodiac Mindwarp. Que du bon qui envoie, du savoureux qui secoue les esgourdes, du rock pugnace qui booste le palpitant.
" Spend The Night " confirme le tournant opéré l'année précédente ; soit un retrait du punk rock pour aborder des rivages marqués par un Hard-rock plutôt basique
La grosse progression du quatuor se situe surtout dans la tonalité de la guitare d'Allison Robertson qui a pris du poids, du gras. Son duo mythique et éprouvé, Gibson - Marshall, fonctionne à merveille (1). Il a trouvé les clefs lui permettant d'accéder aux laboratoires du riff, section "énervé et autres bourre-pif" (sous haute protection, avec un sas hermétique et des murs en béton armé d'un mètre onze d'épaisseur - un collectif a déposé un recours en justice : il paraîtrait que depuis son édification, un temps secrète, il y aurait dans le proche voisinage des secousses sismiques de plus en plus fréquentes). Mais, derrière, la section rythmique assure sans coup férir comme une locomotive lancée, manquant de dérailler à chaque courbe un peu prononcée. C'est basique, sans fioriture, no jazz, mais c'est du solide. A cet effet, Torry Castellano, bien que d'apparence menue, martèle ses fûts comme la mère Denis son linge (ouille *) - ou, pour ceux pour qui la mère Denis n'évoque rien, disons comme Obélix, les romains-. Tapant plus fort encore en concert, où elle se lâche un peu plus sur les cymbales. Au point où elle va finir pas contracter une tendinite chronique et de sévères maux sur une épaule. Ce qui va la contraindre à arrêter la musique, reprendre ses études et prendre la robe... d'avocate. "C'est ben vrai, ça".
C'est que les quatre damoiselles, fraîchement signées par la major Atlantic, ont mis les bouchées doubles. Après des années à jouer sans autre prétention que faire du boucan (dans leurs premières années, pré-Donnas, elles tapaient même dans le speed métôl) et s'éclater, se libérer de la pression des études, qu'elles suivent toutes avec sérieux (en dépit de l'image qu'elles donnent sur leurs clips, ce sont de bons éléments), le succès croissant et la récente incursion dans les charts du précédent album, elles ont bien envie de goûter à un succès plus franc et vaste. Qui sait ? Conquérir les foules et devenir des vedettes. Puisque leur engagement dans la musique a pris une grande part dans leur vie, les obligeant à quitter des études prometteuses, autant aller jusqu'au bout. Et ne pas laisser passer leur chance quand elle se présente. Et effectivement, ce cinquième opus sous le patronyme de The Donnas, sonne bien plus professionnel que tout ce qu'elles ont pu faire auparavant. Un fait qui fâche les fans de la première heure qui considèrent cela comme une pure trahison. Qu'elles ont vendu leur âme au diable. En atténuant leur aspect "punk" pour mieux exposer leur facette "hard" ? Pourtant, ces jeunes filles - dans les 23 balais à la sortie de cet album -, n'ont jamais caché leur attrait pour le Hard-rock, ni même pour le heavy-metal, puisqu'elles reprennent déjà "Living After Midnight" de Judas Priest. Et depuis longtemps, "Too Fast for Love" de Mötley Crüe. Sans oublier qu'en 1999, elles sortent un clip où elles jouent le "Strutter" de Kiss.
Les filles pourraient être considérées comme de fières féministes, en détournant des clichés chers au cœur de rockers se la jouant macho. Des coups d'un soir, à l'arrière d'une voiture, de gamins qui se pâment en leur présence, de garçons faciles, de faire la fête sans se soucier du lendemain, de séductions. Toutefois, si elles peuvent chanter sans ambages de leur sexualité, jamais elles ne chercheront à se vendre avec une image hyper sensualisée, pour ne pas dire carrément sexualisée. D'ailleurs, à des années lumières de leurs consœurs de la pop et surtout du rap/bi and bi, elles sont vêtues sur scène comme à la ville. Une hérésie pour les poupées du néo-r'n'b qui concourent pour la tenue la moins couvrante, ou la plus moulante. Pourtant, c'est ce qui rend également sympathique et accessible ces jeunes femmes - comme dans un autre temps, pour les Gallagher, Status Quo et 80% d'AC/DC. Et puis, là, il s'agit bien d'un groupe soudé, d'amies, de potes d'enfance, d'authentiques musiciennes qui jouent réellement en live, et non pas en play-back, devant cacher la pâleur de leur répertoire par un spectacle haut en couleurs, plus proche des comédies musicales de Broadway ou du Barnum.
Avec des paroles comme celle de "Take It Off", elles auraient pu, dix ans plus tôt, s'attirer les foudres de la patrouille PMRC - "J'en suis à mon deuxième verre, mais j'en ai déjà bu quelques uns... J'essaie de réfléchir. J'crois que je te veux par terre. Yeah ! Pas terre ! Vas-y, enlève-le ! Tu dois te déhancher, bébé, pour moi. Allez ! Fais-moi [ censuré (*)] ... Arrête de fixer ma poitrine. Ne perds pas ton temps. Donne-le moi. Allez bébé, caresse-moi". Dans l'ensemble, des paroles qui ne volent guère haut, - c'est plutôt au ras des pâquerettes -, qui paraissent avoir été écrites dans l'instant, qui feraient passer celles d'AC/DC ou de Scorpions pour du Prévert ou du Baudelaire. "T'étais canon jusqu'à ce que tu enlèves ton tee-shirt. Tellement maigre que ça fait blesse les yeux. T'es un produit avarié" (extrait de " Not the One") ces filles ont du tact. "Je veux jouer sur ton gros camion, uh-uh. Alors poursuivons ! Je veux jouer sur ton gros camion (**), uh-uh... Alors remet un billet" (extrait de "Big Rig") intéressant... 😲 Que d'émotions 😂
Une pleine marmite de morceaux qui dépotent, encore porteurs d'une énergie post-adolescente, qui se dégustent d'une seule traître. Et en remettant maintes tournées sans éprouver de lassitude - ni de maux de tête. Le quasi enchaînement des morceaux - il est vrai aidé par un tempo souvent assez similaire, et devant énormément à Bun E. Carlos, l'ancien cogneur de Cheap Trick - fait qu'on est carrément emporté par ce torrent de robustes hard-rock / Power Pop des plus efficaces.
À la même époque, c'est Avril Lavigne qui explose en tant que nouvelle icône punk (??). Cherchez l'erreur.
N°.
Titre
durée
1.
"It's on the Rocks"
2:54
2.
"Take It Off"
2:40
3.
"Who Invited You"
3:30
4.
"All Messed Up"
3:11
5.
"Dirty Denim"
3:26
6.
"You Wanna Get Me High"
2:55
7.
"I Don't Care (So There)"
2:47
8.
"Pass It Around"
3:27
9.
"Too Bad About Your Girl"
2:50
10.
"Not the One"
2:46
11.
"Please Don't Tease"
2:51
12.
"Take Me to the Backseat"
2:22
13. 14.
"5 O'Clock in the Morning" "Big Rig"
4:13
Total :
42:58
(1) Allison Robertson se contente d'un minimum de matos. Juste ses Gibson. Une vieille SG Classic avec des P90, deux Les Paul et (après "Spend the Night"), deux Explorer (dont une noire, comme de Lita Ford du temps des Runaway). La Equalizer de Boss, la GE-7 avec les boutons poussoirs, et la Metal Zone de Boss. Celle là même qui a été le sujet de tant de polémiques, parfois considérée comme l'une des rares mauvaises créations de Boss - personnellement, jamais réussi à la faire sonner, de même que des potes (il s'agit aussi de la première version). À savoir qu'elle a longtemps été aussi le petit secret du son de Walter Trout.
(*) "Gripper au rideau" - pas la traduction exacte, mais moins crue
(**) "Big Rig" - remorque ou gros camion... gros engin ?
Creedence Clearwater Revival, un nom, un son, une époque. Une carrière
relativement courte mais qui suffira à les faire entrer dans la légende du
rock.
CCR Groupe Légendaire et Live Mythique
Creedence est un mélange de blues rock, de country rock et de rock sudiste.
Ca sent les grandes étendues sauvages de la côte ouest des États-Unis.
Dans l’histoire du rock, il sera l’un des rares groupes à n’avoir jamais
changé de personnel. Tout commencera avec les frères
Tom et
John Fogerty qui formeront en
1959 le groupe Blue Velvets pour
prendre ensuite le nom de Gollwogs pour
finir en 1967 par
Creedence Clearwater Revival. Il restera
le groupe qui aura une discographie plus riche en compilations (15)
qu’en albums studio (7) et en albums live (5).
”Live in Europe“ sera leur premier album en live. Il sera publié en
1973 contre l'avis de
John Fogerty, ce dernier choisira de
ne plus jouer les morceaux de
CCR pendant plus de 20 ans.
Beaucoup de gens ont toujours trouvé
CCR ennuyeux voire... chiant 😕 !
Enregistré en septembre1971, ”Live In Europe“ capte des prestations variées d'un groupe en cours d'implosion.
Tom Fogerty, guitariste et frère de
John a foutu le camp, ne supportant plus
la mégalomanie croissante de son frère, et condamne le groupe à évoluer en
formation trio pour ses shows européens.
Bien que Stu Cook à la basse et
Doug Clifford à la batterie assurent
leurs parties sans broncher. Le divorce entre les membres du
CCR est consommé. Et en dépit d'une
setlist ponctuée de hits majeurs du CCR "Born On The Bayou", "Travelin' Band", "Fortunate Son" et autre ”Proud Mary“, l'ambiance délétère entre les trois hommes est particulièrement
palpable. Ainsi les titres s'enchaînent sans grande conviction et la
guitare rythmique de Tom manque cruellement à l'ensemble au moment des
solos, expédiés manu militari par un
John Fogerty résigné.
Un album qui a donc mauvaise presse pour tout un tas de motifs. On est
en septembre 71, Tom Fogerty
a déjà plié les gaules et, un an plus tard, le groupe annoncera
officiellement sa séparation, après avoir enregistré le
désastreux ”Mardi Gras“ en 1972. Le visuel est moche, le son plutôt pourri. Les faces durent douze
minutes chacune, en vinyl, tu as à peine le temps de poser ton cul sur
le canapé qu'il faut quasiment te relever pour retourner le disque. En
plus, le truc a été enregistré en Europe... Bref, un album
qu'on préfère oublier. C'est pourtant un passage en revue de pas mal des
meilleurs titres du groupe, même si on peut déplorer certains oublis,
"Who'll Stop the Rain", au hasard. Mais Creedence a décidé
d'emballer l'affaire vite fait, on ne va pas s'éterniser, et l'accent
est donc mis sur ce bon vieux rock and roll du bayou expédié en morceaux
de trois minutes maxi.
C'est par ailleurs un festival John Fogerty. John Fogerty au chant,
John Fogerty à la gratte qui tue,
John Fogerty à l'harmonica. Les compos ?
Essentiellement du John Fogerty. Les deux
autres font le boulot sans broncher.
Pour finir, le dernier aspect et non des moindres ! Ce live serait un
faux. D'après de nombreux fans, cet album serait en fait des bandes de
répétitions en vue d'une tournée avec lesquelles le label Fantasy aurait
mixé du faux public plus tard. D'ailleurs dans la plupart des morceaux, on
entend le public au début et à la fin des morceaux, rarement pendant.
C'est peut-être pour cela que John était opposé à la sortie de ce
double-album. Mais le label a passé outre.
Le groupe réduit à un trio, on sent tout de même l'absence de guitare
rythmique dans des titres comme "Lodi", "Proud Mary" ou encore "Commotion" qui sonnent un peu maigrichons malgré toute l'énergie déployée par un John Fogerty
un peu fatigué ! Ça s'entend surtout dans "Fortunate Son" où il peine visiblement. Les 3 rescapés nous offrent une sorte de
"Best Of live" d'un large panorama de leur carrière avec en point d'orgue une
convaincante lecture de "Keep on Chooglin'", seul titre où John
fait briller son talent d'improvisateur à la guitare solo.
Le son est un peu pâteux sur les premiers pressages en particulier en
vinyle et lors des premières rééditions en CD dans les années 80.
Cependant la remasterisation de 1999
a tout de même amélioré les choses ce qui permet a posteriori d'assurer
une sortie honorable au Creedence
malgré la suspicion qui régnait autour de la sortie de cet album en 1973.
- Heuuuu Claude… Tu réponds à une commande amicale de Bruno… Les
frangins Marcello, époque baroque… Mais notre camarade rédacteur
n'avait pas précisé s'il avait apprécié Alessandro ou Benedetto…
hihi…. Du coup un double billet…
- Et oui Sonia… Bruno a dû écouter un morceau sur FM Hard-Barock ou
Heavy-Barock ou encore Hell-Barock… Je blague.
- Rigolo, le connaissant il devrait s'en amuser… Cela dit, tu ne vas
pas forcément proposer ce qu'il a entendu…
- Ô tu sais ma belle, pour Alessandro, le disque écouté est presque
une intégrale… Pour son frère, il y a peu de gravures, avec Maggy et
Nema, on a adoré ces sonates pour flûte et continuo dans une version
haut de gamme…
- Tu ne nous écris pas un roman Claude… D'ailleurs j'ai commencé les
recherches d'infos, elles sont maigres…
Je dédie ce billet à mon ami Bruno qui m'en a soufflé l'idée… 😉
Alessandro
Benedetto
Benedetto
à gauche et
Alessandro
à droite. Je ne sais pas si les deux frères avaient des relations
fusionnelles et fraternelles ou s'étripaient à propos d'héritages
potentiels… Je les ai isolés. Avec les perruques, on pensera à une gémellité
possible… Sur les portraits de l'époque, mes héros des billets baroque ont
tous la même tête poudrée. En fait, l'hygiène capillaire très négligée en
ces temps-là favorisait la prolifération des poux d'où une tonsure et le
port d'une perruque, et…
Pardon Sonia ? On s'en fiche complètement ! Tu as raison.
😊
Tu as des billes sinon ? Ah Cool…
Commençons par l'aîné :
AlessandroMarcello(Venise, février 1673 – Venise, juin 1747). Les deux frères sont contemporains de Vivaldi, Bach ou Haendel. Contrairement à Vivaldi, ils sont issus de la noblesse et la composition se révèlera plutôt une
passion qu'un métier à part entière. Comme son rang l'impose, doté d'une
riche instruction, il s'adonnera aussi à la peinture et à la poésie. Et
comme si cela ne suffisait pas : il pratique la philosophie, les
mathématiques, la mécanique et collectionne les instruments de
musique…
Ajoutons des fonctions auprès du gouvernement vénitien, le conseil des
quarante, ayant entre autres la responsabilité de la gestion des canaux. Son
train de vie fastueux lui permet d'organiser des concerts. Ses compositions
instrumentales devaient y être jouées. Mais on lui doit aussi quelques
cantates, ce qui montre une connaissance solide de l'écriture solfégique.
Giorgio Sasso
Le catalogue connu d'AlessandroMarcello comporte des concertos
pour cordes et un ou deux hautbois dont un cahier de six titré "la cetra" de bonne facture ; divers autres concertos et quinze sonates. En tout et pour tout une trentaine d'œuvres dans le style italien de Vivaldi, en moins inventif certes, ce qui n'a aucune importance quand on écoute
avec plaisir sa musique poétique et ensoleillée…
Nous écouterons son célèbre concerto pour hautbois (transcrit pour clavecin
par
Bach – BWV 974) et les six de la "Cetra"
L'orchestre baroque de Venise
a gravé en 1997 une anthologie sur un CD isolé de quatre
concertos
variés, un aria en duo contre-ténor vs soprano extrait de
La Lontananza
et la petite cantate
Irenesdegnata. J'ai réuni les deux dans une playlist…
~~~~~~~~~~~~~~~~~
Place au benjamin
BenedettoMarcello(juillet 1686
à Venise, et Brescia en juillet 1739). Une vie plus courte que celle de son grand frère mais non moins active.
Son curriculum vitae n'a rien à envier à celui d'Alessandro
: compositeur, poète, écrivain, juriste, magistrat et professeur d'italien.
Le Conservatoire de Venise porte son nom.
Enfant et adolescent, il travaille le violon sans grand succès semble-t-il…
Son intérêt pour la musique et sa formation commencent vers la vingtaine en
autodidacte. Pour l'anecdote, ce zèle tardif trouverait son origine dans une
humiliation. La princesse de Brunswick invitée chez
Alessandro
lors d'une soirée musicale et mondaine s'enquiert des talents de
Benedetto. Rouge pivoine, celui-ci aurait répondu "ben heuuu votre Altesse, j'ai juste apporté les partitions". Nous ignorons la réaction de son altesse… Vexé,
Benedetto
ce jette à corps perdu dans un travail acharné commencé sans passion chez
Les clercs réguliers de Somasca. Un
ordre à vocation éducative.
Son professeur fut un compositeur adulé à l'époque, insatiable de création
d'opéras,
Francesco Gasparini
avec qui il perfectionne sa maîtrise du violon et apprend le
clavecin.
René Clemencic
Il analyse les partitions des grands noms italiens du passé comme
Palestrina,
Gesualdo,
Monteverdi,
Frescobaldi
et
Carissimi. Un peu de modernité ne gâtant rien, il se penche sur les portées de
contemporains :
Lulli, Marc-Antoine
Charpentier,
Purcell,
Corelli. Avocat et fonctionnaire peu motivé, il s'épanouira dans la composition et
dans tous les genres.
Son catalogue n'est pas mince :
300 cantates
! des
oratorios, 7
symphonies, des
concertos, de la musique pour
clavier, des
sonates… vraiment tous les genres. Sa production la plus célèbre reste sans nul
doute l'Estro-poetico armonica, un cycle composé entre 1724 et 1726 de 50 psaumes (dont
ceux de David – comme l'allemand
Schütz
au siècle d'avant) mis en musique, dans des combinaisons vocales et
instrumentales des plus variées. Le compositeur anglais
Charles Avison(Clic)
les traduira en anglais. Le chef illustre
Michel Corboz
en a enregistré une anthologie de huit ;
Cantus Cölln
et
Konrad Junghänel
également, de manière plus informée… Il existe divers autres programmes en
CD…
Fondé en 1876, le Conservatoire d'État de musique Venise porte le
nom de Benedetto Marcello. Bien que moins écoutée de nos jours,
Verdi
et Goethe aimaient sa musique…
Quand le prénom est omis avant Marcello sur une jaquette de disque, on considère que Benedettoest sous-entendu par défaut.
~~~~~~~~~~~~~~~~~
PROGRAMME MUSICAL POUR ALESSANDRO
Vidéo 1 - Le
concerto in D Minor pour hautbois, Cordes et Continuo
est l'œuvre la plus connue et la plus jouée d'Alessandro Marcello. Le voici interprété par Andrea Mion (hautbois) et le
Gruppo Instrumentale di Roma dirigé par le jeune chef et
violoniste Giorgio Sasso. L'album aborde également les 6
Concertos "La cetra"
Giorgio Sasso est violoniste et diplômé avec les
félicitations du jury du Conservatoire Sainte-Cécile de Rome
(1987). Il cumule d'autres diplômes prestigieux. Après un début de
carrière classique, il s'oriente vers la musique baroque vers
1992 et se perfectionne en côtoyant
Christophe Coin, Christophe Rousset, Rinaldo Alessandrini, Fabio Biondi, la soprano
Véronique Gens pour ne citer
que des personnalités connues des lecteurs de grand talents connus des lecteurs.
Le célèbre hautboïste
Heinz Holliger
fut un grand promoteur et interprète des Concertos "La cetra"à l'époque de la transition du vinyle vers le CD… (Archiv Produktion - 1981). Le
concerto pour hautbois, le hit du compositeur, a été ainsi enregistré par le virtuose et le
légendaire ensemble
I Musici.
Vidéo 2 – À suivre, une playlist de deux cantates : (1) “La lontananza” Roberto Balconi (Contralto)
& (2) “Irene sdegnata”, Sylva Pozzer
(soprano), direction
Andrea Marcon.
Concerto in D Minor pour hautbois, Cordes et Continuo
0:00:00 I. Andante e spiccato
0:03:22 II. Adagio
0:07:05 III. Presto
Concerto No. 1 in D Major, SF 936 “La Cetra”:
0:11:12 I. Allegro assai
0:13:23 II. Larghetto
0:16:14 III. Vivace
Concerto No. 2 in E Major, SF 938 “La Cetra”:
0:19:49 I. Allegro assai
0:21:23 II. Moderato
0:24:33 III. Spiritoso ma non presto
Concerto No. 3 in B Minor, SF 937 “La Cetra”:
0:27:23 I. Andante larghetto
0:33:42 II. Adagio
0:35:12 III. Presto
Concerto No. 4 in E Minor, SF 939 “La Cetra”:
0:39:16 I. Moderato
0:41:38 II. Largo appoggiato
0:44:49 III. Allegro
Concerto No. 5 in B-flat Major, SF 944 “La Cetra”:
0:46:56 I. Moderato
0:49:50 II. Larghetto staccato
0:51:32 III. Presto ma non molto
Concerto No. 6 in G Major, SF 941 “La Cetra”:
0:53:54 I. Allegro
0:56:25 II. Larghetto
0:59:48 III. Vivace
Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que
conseillée.
Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la
musique…
INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool.
PROGRAMME MUSICAL POUR BENEDETTO
Vidéo 3 – Le premier enregistrement consacré aux sonates
pour flûte est un vrai bonheur de légèreté et de luminosité. Il date de
1977 et rassemble quelques musiciens autour du flûtiste,
claveciniste, clavicordiste, etc. autrichien René Clemencic
(1928-2022) qui fut également fondateur d'un ensemble baroque
éponyme : le
Clemencic Consort.
Sont présents pour le continuo :
Walter Stiftner
(basson), Vilmos Stadler
(seconde flute),
Christiane Jaccottet
(clavecin), András Kecskés (luth), Peter Widensky (orgue
positif),
Alexandra Bachtiar
(violoncelle), René Clemencic
joue de la flûte à bec.
Sonate No. 1 F Major
1
Adagio
2 Allegro
3 Largo
4 Allegro
Sonate No. 8 D Minor
5 Adagio
6 Allegro
7 Largo
8 Presto
Sonate No. 3 G
Minor
9 Adagio
10 Allegro
11 Adagio
12 A Tempo Giusto (Presto)
Sonate No. 6 C
Major
13 Adagio
14 Allegro
15 Adagio
16 A Tempo Giusto (Presto)
Sonate No. 2 D Minor
17 Adagio
18 Allegro
19 Largo
20 Allegro
Sonate No. 4 E Minor
21 Adagio
22 Allegro
23 Adagio
24 Allegro
Vidéo 4 – Extrait de l'Estro-poetico armonica, le 50ème psaume dans son intégralité et dirigé par
René Jacobs
pour DHM en 2011.