Quel est l’utilité d’un groupe de rock sudiste en 2023 ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord définir ce que fut ce mouvement venu de l’Amérique profonde. Cela permettra également de répondre au magazine Classic rock et à sa ridicule interview de Blackberry Smoke. A une époque où certains militants voudraient que chaque homme soit jugé sur ses origines plus que sur ses actes, l’un des plus grands groupes de notre temps dut prouver qu’il n’avait rien à voir avec le KKK et les caricatures de rednecks propagés par certains médias. Notre temps et ses serviteurs ont ce vice ignoble de faire passer l’oppression pour de la protection, les porchers pour des belluaires, les idiots pour des génies. Dans le terme « rock sudiste », certains gribouilleurs de papiers journaliers ne retinrent que l’adjectif, leurs oreilles se bouchant à la moindre évocation de ce swing qu’ils trouvent trop bruyant, bigot, viril.
« Protégez-moi de cette tradition musicale brandie comme un drapeau. Préservez-moi de sa force poussiéreuse, de cette énergie rugueuse venant ravager mon progressisme dissolvant » Voilà, en gros, ce que certains journalistes musicaux pensent quand vient l’heure de parler des conquérants du sud américain. Il serait temps que ces messieurs comprennent que, en alliant le blues et la country, le mojo sacré des premiers guitaristes du Mississippi et la profondeur de la country, les enfants des frères Allman achevaient une réconciliation culturelle commencée et symbolisée jusque-là par Elvis. La country et le folk furent ainsi vus comme des blues de blancs, la proximité entre les différentes traditions musicales américaines était enfin reconnue et célébrée. Mais une partie non négligeable du milieu médiatique rock vomissait et vomit toujours plus ou moins ouvertement le patriotisme et le traditionalisme des musiciens sudistes. Cette partie crut voir en Neil Young son porte-parole et son chef de file, s’émerveilla devant son « Alabama » rageur. Grâce à une mélodie objectivement magnifique, les paroles ridicules de ce morceau de « Harvest » s’infiltrèrent dans des millions de cerveaux, achevant d’imposer une caricature dont les habitants et musiciens du sud souffriront encore longtemps.
Le Loner et Lynyrd Skynyrd ne purent pourtant se combattre très longtemps, leurs racines musicales étaient trop proches et leurs cultures semblables. A une heure où le wokisme criminalise un peuple en prétendant venger les autres, au temps funeste où l’homme est devenu un somnambule amnésique, le rock sudiste est devenu le défenseur d’un traditionalisme et d’un enracinement révolutionnaire. Ce n’est pas pour rien que le cœur représenté sur la pochette de ce « Tornillo » plonge ses racines dans la précieuse terre texane. Les cuivres, chauds comme le soleil mexicain, ouvrent l’album sur une mélodie rappelant le brulot heavy rock « Deguello ». ZZ Top n’aurait d’ailleurs pas renié la rythmique boogie du morceau titre, swing dansant rehaussé par le groove funky des cuivres. Et tout cela débouche sur un dialogue harmonica / guitare saluant la mémoire de Robert Johnson.
Soyez prévenus messieurs les modernistes, ce disque contient tout l’amour du passé et de ses héros que vous vomissez. Appelez une chanson « John Wayne » doit déjà vous paraitre criminel… Alors imaginez un peu vos réactions lorsque vous comprendrez que le « John Wayne » en question est un ancien combattant ayant fabriqué une guitare avec une arme Viêt-Cong. Et le narrateur de conclure sa fable sur un « Let the bit roll on » de Jean Foutre magnifique. Sur un rythme Hookerien en diable, Whiskey Myers rappelle ce précepte immuable « quand le monde est en train de s’effondrer, vit comme si sa fin était pour demain ». Et c’est bien le plus grand service que le rock puisse rendre en 2022 : dire aux jeunes et aux vieux de rejeter Aymeric Caron et sa clique de militants déguisés en chroniqueurs culturels. Aussi nuisible que les moustiques qu’il préfère aux hommes, le funeste Caron a massacré le magazine Rolling Stones avec sa moraine puante. Depuis le passage de ce sombre personnage, ils sont des dizaines, journalistes de France et étrangers, à noyer la musique sous leurs jérémiades mondialistes.
A l’heure où une génération névrosée se déclare en état d’ « angoisse climatique », les sudistes de Whiskey Myers jouent une musique d’une simplicité vitale. Les cuivres soulignent les reliefs de leurs tempos vivifiants, ils forment une robe affriolante portée par la plus belle des femmes. Cette femme, c’est la musique lorsqu’elle cesse de chercher à se faire passer pour plus jeune qu’elle n’est. Oui, le rock a dépassé le demi-siècle, oui « Antioch » sonne comme du Status Quo tentant d’imiter Lynyrd Skynyrd, ces plans sont connus mais nous sommes encore dupes. Alors, ne boudons pas notre plaisir lorsque « Feet’s » rappelle le mojo poisseux de « Workin for the MCA », oublions que Calvin Russel nous a déjà fait un coup similaire aux arpèges rugueux de « Whole Word gone crazy ».
Laissons une nouvelle fois un blues aussi mélancolique que « For the kids » nous remuer l’âme, laissons les chœurs et solos célébrer la messe des libres penseurs. Car c’est également ça le rock sudiste en 2022, une messe pour libre penseur, une force qui vous donne le courage de vivre à l’écart du troupeau quand celui-ci déraille. La médiocrité instrumentale des punks ne fut pas révolutionnaire mais avant-gardiste, il est temps que des groupes comme Whiskey Myers écrasent le résultat de cette dérive nihiliste. Que les saxophones épiques de « Mission to Mars » sonnent comme des charges de cavaleries, que le rock redevienne digne de cet épopée que fut la vie des grands hommes qui le défendirent, que les frappes sismiques de la batterie fassent vaciller les tartuffes et trembler les usurpateurs. Si les grandes figures du rock mainstream parvenaient à atteindre la moitié de la puissance gospel rock d’un titre comme « Bad news », notre radio ne serait plus l’égout musical qu’elle est devenue.
Pour cela, il faudrait que Muse et les autres guignols médiatiques aient la modestie de reconnaitre leurs influences, l’intelligence de les comprendre et le courage de les prolonger. Mais ce jour n’arrivera pas, laissant ainsi une réussite telle que « Tornillo » à ceux que Bukowski nommait « les derniers hommes véritables ».
Bruno avait en son temps évoqué la sortie de cet album, relire son article : clic ici
Ben oui, évidemment. Même si 'l'angoisse climatique" peut avoir quelques raisons d'exister. Mais sans que ça débouche sur de la musique obligatoirement mortifère. A propos de l'assimilation rock sudiste /drapeau confédéré/KKK/suprématie blanche und so weiter, c'est encore pire que ce qu'on pense. Quand je suis parti à la retraite, des copains m'ont envoyé par courrier au bahut où j'ai traumatisé des générations de têtes (plus ou moins) blondes un magnifique drapeau confédéré destiné à mon garage. Comme il est de règle dans l'administration française et en Corée du Nord, les correspondances personnelles sont ouvertes, et la découverte de ce drapeau a plongé la hiérarchie dans des abîmes de perplexité et de ratiocination (c'est même monté au rectorat). Le sketch a duré 15 jours et on a attendu mon dernier jour à midi pour évoquer la question en dansant d'un pied sur l'autre et en usant de circonlocutions aux termes desquelles il ressortait que de "mauvais plaisants" m'avaient envoyé comme cadeau de départ un emblème néo-nazi, emblème qu'on avait fait immédiatement disparaître. Je n'ai strictement rien compris, j'ai envoyé balader tout le monde et je suis parti sans faire mes heures de l'après-midi et en ne saluant personne. J'avais heureusement pris la précaution de mettre préalablement un veto absolu aux misérables "pots de départ" habituels que quelques inconscient avaient cru devoir évoquer.
RépondreSupprimerCe n'est que quelques jours plus tard, après intervention des copains inquiets de mon absence de réaction que j'ai pu démêler l'affaire. C'est pas beau? J'aurais pu tenter le scandale (j'ai gardé des témoignages écrits sur la violation de la correspondance), mais par flemme, j'ai laissé tomber. A la réflexion, je ne suis même pas sûr que ça ne me serait pas retombé dessus. Je donc être être fiché à la DCRI comme suprémaciste blanc.
Lors de la petite sauterie que j'avais organisé pour mon départ à la retraite (moi aussi) en fond de scène sur laquelle se produisaient des potes musicos ( blues-rock et bluegrass) j'avais mis deux drapeaux , le Dixie flag ( symbole de mon amour pour le southern-rock ) et le Gwen a du ( mes racines bretonnes) dons si j'ai bien compris je suis un infâme suprémaciste blanc doublé d'un nationaliste breton .....
RépondreSupprimerPour certains torchons sans doutes
Supprimer#monomaniaque(s)
RépondreSupprimer#cétémieuxavant
Je suis très moderne. L'album date de l'année dernière !
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