Dans la série des très bons live de l'an 1978 (il y a une éternité), année bien pourvue en chaudes galettes live, y'en un bien méritant mais qui est tout de même totalement passé inaperçu. Normal, puisqu'à l'origine, la prestation n'avait été enregistrée que pour la radio. Et c'est un label indépendant spécialisé dans le heavy-metal qui a eu la bonne idée de la ressortir en cd, en 1989. Depuis officiellement considéré comme le cinquième album de Starz.
On en avait déjà parlé, il y a quelques années déjà. Starz est l'archétype du groupe qui avait tout pour réussir, mais qui s'est néanmoins crashé avant d'avoir pu vraiment décoller. Un de ces groupes condamnés par la poisse vissée au corps. En dépit d'un premier hit dès 1972, "Brandy (You're A Fine Girl)", resté suffisamment ancré dans les esprits des Américains pour ressurgir en 2017 dans la B.O. du blockbuster "Les Gardiens de la Galaxie 2", le groupe se fracasse en plein vol dès l'année suivante. Pugnaces, les musiciens relance la machine avec un nouveau chanteur nettement plus rock'n'roll, Michael Lee Smith. Décidant de prendre une nouvelle voie, et tournant le dos à leur soft rock précédent pour se plonger dans des sonorités plus rugueuses et abrasives. Le combo change alors de nom pour prendre celui de Fallen Angel.
Leurs prestations scéniques commencent à se faire remarquer, intéressant alors Sean Delaney, l'homme qui sera parfois considéré comme le cinquième membre du groupe Kiss, qui les prend sous sa coupe. Les manageant avec l'aide de Bill Aucoin - autre homme fort et influent de l'imposante structure encadrant le quatuor maquillé -. C'est ce management, en l'occurrence Sean Delaney - qui a déjà prouvé qu'il ne craint pas d'en faire trop - qui propose au groupe de prendre pour patronyme Starz. Un rien ronflant et présomptueux. Le groupe est d'ailleurs réticent. Pourtant le groupe a les qualités pour prétendre s'élever dans les cieux. Surtout depuis que Richie Ranno a été recruté pour officier en tant que second guitariste, en remplacement du claviériste. Faisant gravir le groupe vers des cimes d'un Rock dur et rocailleux.
Ce quintet du New-Jersey, grâce au duo Delaney-Aucoin, est signé par la major Capitol Records qui, de 1976 à 1978, va sortir quatre très bons albums. Quatre disques de hard-rock flirtant tantôt avec le power-pop, tantôt avec le stadium rock - quelque part entre Grand Funk Railroad, Kiss et Nugent. Avec en sus un sens de la mélodie accrocheuse, portée par un chanteur dans la lignée des mercenaires qui ont émaillé la carrière de l'autre dingo de Detroit (le motor-mad man). Des disques plus forts et aboutis que ceux, par exemple, des Kiss et Angel, qui remplissaient alors aisément les stades - en s'appuyant plus sur le spectacle que sur leurs compétences. Hormis quelques singles qui luttent avec difficulté pour rester dans le top 100 (avec une mention honorable pour le vif et enjoué "Cherry Baby" qui grimpe à la 33ème), les albums ont bien du mal à s'imposer. Le dernier, "Coliseum Rock", le plus chromé, - avec une formation remaniée - commercialement parlant est un naufrage. Cruellement, le management et Capitol Records abandonnent le groupe, qui n'y résiste pas et se dissout en 1979.
Pourtant, Starz n'a pas manqué d'avoir un certain impact ; impact qui perdure et va influencer une bonne partie de la scène métôl et heavy des années 80. Du Glam-rock US au big-rock. Des musiciens et groupes tels que Bon Jovi, Twisted Sister, Poison et Poison vont ouvertement et fièrement revendiquer sa lourde influence. Ses albums deviennent rapidement cultes et recherchés, entraînant la sortie d'une première et belle compilation en 1985, "Brightest Starz", couronnée d'un beau petit succès qui va doucement rayonner jusqu'en Europe. Ce qui va vite générer une tripotée d'albums live, sortis grâce à l'émergence de divers labels plus ou moins indépendants, animés avant tout par la passion. Ainsi, Metal blade Records s'empresse de ressortir avant la fin de la décennie, en 1989, un live de 1978 enregistré à Louisville, - initialement sorti par Capitol sous le titre "The Superstars Radio Network Presents Starz : Live at Municipal Auditorium, Louisville, Kentucky, March 30. 1978" - gonflé de quelques pièces supplémentaires issues d'un concert de 1977, à Cleveland.
A l'évidence, la captation a été effectuée dans une salle de petite ou moyenne envergure, avec donc un public être relativement restreint, mais acquis à la cause du quintet. Des bandes enregistrées sur du modeste matériel de radio locales (de Cleveland et de Louisville) dans le but de les diffuser et de promouvoir le groupe. Richie Ranno, l'un des guitaristes et compositeurs, détenait ces bandes, et lorsque le PDG de Metal Blade Records, grand fan du groupe, le contacte dans le but de rééditer les albums du groupe, c'est l'occasion de sortir le cinquième album du quintet du New Jersey. Un live tant espéré par les amateurs.
Ce "Live in Action" est absolument sans overbuds, et ainsi, si le son du groupe s'en retrouve plus abrasif, franchement plus orienté "heavy", on peut néanmoins regretter le relief et la définition des albums studio (l'absence de Jack Douglas et de Jack Richardson se fait cruellement ressentir). Sans compter qu'il semble évident que le matos des deux radios n'a pas eu la technologie nécessaire pour rendre justice à la puissance du groupe, qui paraît alors présentement écrasée. Il n'y avait pas le projet de concrétiser la soirée par une édition vinyle. Mais qu'importe. Ce témoignage live démontre que Starz était bel et bien un grand groupe, non seulement capable de reproduire fidèlement les versions studios sur scène, mais même de les bonifier. Un combo structuré assurant .... En comparaison, on peut estimer que certains disques live de formations bien établies, vendant leurs galettes par tonnes, bien soutenues par leur label, ont de quoi rougir. Seul regret, qu'il n'y ait pas de réelles surprises, de délicieux petits dérapages et de belles envolées, à l'exception du bluesy et rampant "Pull The Plug" qui s'y prête. Sombre chanson narrant un parent faisant le douloureux choix d'euthanasier son enfant, de le débrancher, au risque de passer en justice, plutôt que de le voir maintenu en vie artificiellement (I pulled the plug - J'ai tiré la prise). Et ce n'est pas l'inclusion de riffs emblématiques (à savoir "Mississippi Queen", "You Really Got Me", "Satisfaction" et "Oh Pretty Woman") dans le medley fusionnant "Waitin' on You" et "Coliseum Rock" (les deux seules pièces de l'album du même nom) qui parvient à faire la différence.
Il y a bien quelques soli qui en profitent pour prendre un peu plus leur aise, - et Joe X. Dube qui fait une courte démonstration de roulements sur le final et trépidant "Boys in Action" un poil accéléré - mais ça ne va chercher bien loin. Il est aussi probable que Starz effectuait alors, comme à son habitude lorsqu'il se produisait hors de son état, une première partie. Ce qui forcément l'oblige à se contenir.
C'est quasiment un best-of, bien que quelques pépites de "Coliseum Rock" soient absentes. Ce dernier venant de sortir, ou pas. C'est donc logiquement dans le répertoire des deux premiers opus que le groupe pioche. Ne récupérant de "Attention Shoopers !", album inégal, que "X Ray Spex", délivré ici avec une impulsion punk, et l'irrésistible power-pop "She" aux atours de hit (qui, en dépit du bon sens, n'a pas fait office de single).
L'album est concis et équilibré, et les 65 minutes défilent d'un trait ; à part peut-être pour le rock'n'roll redondant "Cool One", pouvant faire office d'intrus. Et aussi, étonnamment, pour le petit hit du groupe, "Cherry Babe", qui peine à retrouver son éclat, en partie à cause de Michael Lee Smith, qui semble accuser le coup, et des chœurs absents (en fait inaudibles).
Dans l'ensemble assez carré et appuyé et pourvu de refrains suffisamment lyriques pour être entonnés, le reste n'est pas loin de sonner comme des hymnes de heavy-rock. le bostonien "(She's Just A) Fallen Angel", l'excellent et enjoué "Tear It Down" marchant sur les plates bandes parfumées boogie de Foghat, "Live Wire", le Stonien nourri à l'huile vidange, "Monkey Business" aux réminiscences d'Aerosmith, "Detroit Girls" s'inspirant du meilleur de Kiss, et les énergiques "Rock 6 Times" et "Subway Terror" (ici un peu expédiés). A l'évidence, si Capitol s'était sorti les doigts du... nez, et Aucoin avait un peu délaissé ses grimés échappés des comics (alors en crise ; les grimés) pour s'occuper correctement de Starz, et faire en sorte de produire un enregistrement en public avec les moyens adéquates, bien probablement que cela aurait fait un carton. Et qui sait.
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