- Mais qu'est-ce que tu fais là Claude de si bonne heure un samedi de
réveillon de Noël, tu bosses sur un billet, t'es tout seul en ce soir de
fête ?
- Justement pas vraiment Sonia… À la maison, c'est la folie : ma
chérie, six adultes (trois enfants et trois conjoints), cinq petits
enfants en bas âge, ceux qui courent partout et ceux qui réclament leur
biberon, sans compter quatre chats et un chiwawa… J'ai lâchement déserté
pour assurer l'ambiance musicale du blog… Mais au fait, et toi, que
fais-tu là ?
- On fait un réveillon de Noël berbère avec Nema, drôle d'idée tu vas
dire, c'est pour soutenir l'association de l'œcuménisme nord-sud… Je
n'ai pas trouvé de merguez chez Prixbas (*), je suis venu en piquer dans
le frigo de M'sieur Pat…
- Originale cette idée ! Vérifie les dates de péremption quand même,
depuis 2016… ça craint !
(Clic)
- Bof, bien cuites… Sinon il avait l'air beau gosse ce Stradella, il
devait courir facilement après les filles…
- Ahah, tu l'as dit Sonia… Et même un peu trop, ça lui a couté la vie…
Thriller à l'époque baroque…
*("Chez Prixbas, les prix sont bas" –
voir le film barré Evil dead 3)
Stradella (?) |
Ce tableau est le seul connu du compositeur italien de l'époque baroque. Et
encore, les preuves de son authenticité ne sont pas garanties. Mais Sonia a
raison, la vie sexuelle frénétique du personnage aurait rendu jaloux
Don Juan ou Casanova… Cela dit entre deux bagatelles, le
musicien a produit 300 œuvres dont les deux cantates écoutées ce jour pour
apporter un chouia de spiritualité à Noël qui, je le rappelle, célèbre la
naissance du bébé Jésus Christ (Un sondage montre que deux tiers des
français l'ignorent, c'est dingue, ne serait-ce que sous l'aspect culture
générale, même si les athées ont pris le pouvoir spirituel absolu).
Antonio Alessandro (Boncompagno) Stradela
est né le 3 juillet 1643 à Bologne. L'époque baroque bat sont plein
dans le monde musical.
Bach,
Haendel
ou encore
Vivaldi, les représentants majeurs du baroque tardif, ne verront le jour que dans
une quarantaine d'années (1685 pour les teutons, 1678 pour
l'italien).
Fils d'aristocrate, on ne sait rien de son enfance hormis des talents
implicites pour l'art musical qui lui permettront dès l'âge de vingt ans de
rentrer au service de la Reine ex-protestante Christine de Suède, une
femme pittoresque qui fume la pipe, se passionne pour les arts et les
activités intellectuelles, intrigue à tout va et se convertit au
catholicisme pour s'installer à Rome en 1655. Il y aura un aller et
retour vers le trône de Suède, picaresque la monarque. Bref !
Alessandro
Stradella
travaille au service de Christine au côté de
Corelli
et de Scarlatti
et lui dédie ses cantates. Christine étant bisexuelle, elle fréquente
hommes et femmes et même un cardinal (masculin a priori). Est-ce dans cette
ambiance de concupiscence que
Alessandro
acquerra une libido débridée tout en composant des œuvres pieuses ? Ah là là
! Entre deux portées, il détourne de l'argent, et surtout collectionne les
conquêtes féminines et donc… beaucoup d''ennemis… Il fuit pour
Venise !
Alvise Contarini (Doge 106) |
En 1677, le noble vénitien Alvise Contarini l'engage comme
professeur de musique auprès de sa maîtresse.
Stradella
préférant la position du missionnaire pour donner ses cours,
Contarini n'apprécie guère et les amants tentent de s'enfuir ensemble
à Turin. Contarini engage des sbires pour l'occire,
Stradella
échappe de peu à la jalousie assassine de son employeur et fuit à Gênes (ou
contrairement au dicton il y a là aussi du plaisir). Pendant cinq ans, il
compose opéras et cantates…
Contarini l'acharné le retrouve en 1682 et lui met un deal
entre les mains… L'affaire se présente comme une mesure à trois
temps : 1 -
Alessandro
doit épouser l'ex-maîtresse sinon elle doit prendre le voile, ce qu'elle
fait. Temps 2 - Elle rompt ses vœux et épouse
Alessandro. Temps – 3 : Contarini excédé fait tuer
Alessandro
par des spadassins, en pleine rue, en 1682. On pense immédiatement à
un superbe sujet pour un drame lyrique rocambolesque. Trois opéras verront
le jour dont deux plus connus, en 1837 de la main de
Louis Niedermeyer
titré
Stradel
et un second,
Alessandro Stradella
composé par
Friedrich von Flotow
en 1844, un ouvrage qui a encore l'honneur du disque et de la
scène…
Et pourtant
Stradella
n'est pas un compositeur mineur. Il influencera
Corelli
et
Haendel
nettement plus célèbres. Son catalogue comprend : 6
opéras baroques, 170
cantates, 6
oratorios
et
27
pièces instrumentales.
Comme quoi débauche et composition peuvent faire bon ménage…
Nota : Francis Marion Crawford, écrivain américain a écrit un roman,
Stradella, sur l'affaire du compositeur et sa fuite de Venise. À voir avec Nema…
~~~~~~~~~~~~~
La nativité par les frères Le Nain |
Michael Schneider |
Sonia pourrait me dire avec sa délicate franchise : "Oui, ben une cantate c'est une cantate". Bon ok, époque baroque oblige, on écoute un orchestre, des solistes pour
les arias, des chœurs, un texte religieux, ici en italien et quelques
intermèdes instrumentaux.
Stradella
manifeste son épicurisme par une succession d'airs brillants et joyeux, la
naissance était attendue et doit rendre heureux le peuple des croyants. Nous
en écoutons deux :
1 - Si apra al riso (Cantate à 3 voix pour la nativité)
[Playlist 1 -11]
2 - Ah ! Troppo è Ver (Cantate à 6 voix pour la nativité)
[Playlist 12 -22]*
Né en 1953, le flûtiste et maestro
Michael Schneider
est un spécialiste du baroque qu'il interprète avec
La Stagione Frankfurt, ensemble jouant sur instruments d'époque qu'il a fondé en 1988. Un
artiste et un ensemble à suivre… pour découvrir des compositeurs oubliés de
l'époque baroque…
JOYEUX NOËL
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