samedi 24 décembre 2022

Alessandro STRADELLA – Cantates de Noël (~1677) – Michael SCHNEIDER (1997) - par Claude Toon


- Mais qu'est-ce que tu fais là Claude de si bonne heure un samedi de réveillon de Noël, tu bosses sur un billet, t'es tout seul en ce soir de fête ?

- Justement pas vraiment Sonia… À la maison, c'est la folie : ma chérie, six adultes (trois enfants et trois conjoints), cinq petits enfants en bas âge, ceux qui courent partout et ceux qui réclament leur biberon, sans compter quatre chats et un chiwawa… J'ai lâchement déserté pour assurer l'ambiance musicale du blog… Mais au fait, et toi, que fais-tu là ?

- On fait un réveillon de Noël berbère avec Nema, drôle d'idée tu vas dire, c'est pour soutenir l'association de l'œcuménisme nord-sud… Je n'ai pas trouvé de merguez chez Prixbas (*), je suis venu en piquer dans le frigo de M'sieur Pat…

- Originale cette idée ! Vérifie les dates de péremption quand même, depuis 2016… ça craint ! (Clic)

- Bof, bien cuites… Sinon il avait l'air beau gosse ce Stradella, il devait courir facilement après les filles…

- Ahah, tu l'as dit Sonia… Et même un peu trop, ça lui a couté la vie… Thriller à l'époque baroque…

*("Chez Prixbas, les prix sont bas" – voir le film barré Evil dead 3)


Stradella (?)

Ce tableau est le seul connu du compositeur italien de l'époque baroque. Et encore, les preuves de son authenticité ne sont pas garanties. Mais Sonia a raison, la vie sexuelle frénétique du personnage aurait rendu jaloux Don Juan ou Casanova… Cela dit entre deux bagatelles, le musicien a produit 300 œuvres dont les deux cantates écoutées ce jour pour apporter un chouia de spiritualité à Noël qui, je le rappelle, célèbre la naissance du bébé Jésus Christ (Un sondage montre que deux tiers des français l'ignorent, c'est dingue, ne serait-ce que sous l'aspect culture générale, même si les athées ont pris le pouvoir spirituel absolu).

 

Antonio Alessandro (Boncompagno) Stradela est né le 3 juillet 1643 à Bologne. L'époque baroque bat sont plein dans le monde musical. Bach, Haendel ou encore Vivaldi, les représentants majeurs du baroque tardif, ne verront le jour que dans une quarantaine d'années (1685 pour les teutons, 1678 pour l'italien).

Fils d'aristocrate, on ne sait rien de son enfance hormis des talents implicites pour l'art musical qui lui permettront dès l'âge de vingt ans de rentrer au service de la Reine ex-protestante Christine de Suède, une femme pittoresque qui fume la pipe, se passionne pour les arts et les activités intellectuelles, intrigue à tout va et se convertit au catholicisme pour s'installer à Rome en 1655. Il y aura un aller et retour vers le trône de Suède, picaresque la monarque. Bref !

Alessandro Stradella travaille au service de Christine au côté de Corelli et de  Scarlatti et lui dédie ses cantates. Christine étant bisexuelle, elle fréquente hommes et femmes et même un cardinal (masculin a priori). Est-ce dans cette ambiance de concupiscence que Alessandro acquerra une libido débridée tout en composant des œuvres pieuses ? Ah là là ! Entre deux portées, il détourne de l'argent, et surtout collectionne les conquêtes féminines et donc… beaucoup d''ennemis… Il fuit pour Venise !


Alvise Contarini (Doge 106)

En 1677, le noble vénitien Alvise Contarini l'engage comme professeur de musique auprès de sa maîtresse. Stradella préférant la position du missionnaire pour donner ses cours, Contarini n'apprécie guère et les amants tentent de s'enfuir ensemble à Turin. Contarini engage des sbires pour l'occire, Stradella échappe de peu à la jalousie assassine de son employeur et fuit à Gênes (ou contrairement au dicton il y a là aussi du plaisir). Pendant cinq ans, il compose opéras et cantates…

Contarini l'acharné le retrouve en 1682 et lui met un deal entre les mains… L'affaire se présente comme une mesure à trois temps : 1 - Alessandro doit épouser l'ex-maîtresse sinon elle doit prendre le voile, ce qu'elle fait. Temps 2 - Elle rompt ses vœux et épouse Alessandro. Temps – 3 : Contarini excédé fait tuer Alessandro par des spadassins, en pleine rue, en 1682. On pense immédiatement à un superbe sujet pour un drame lyrique rocambolesque. Trois opéras verront le jour dont deux plus connus, en 1837 de la main de Louis Niedermeyer titré Stradel et un second, Alessandro Stradella composé par Friedrich von Flotow en 1844, un ouvrage qui a encore l'honneur du disque et de la scène…

 

Et pourtant Stradella n'est pas un compositeur mineur. Il influencera Corelli et Haendel nettement plus célèbres. Son catalogue comprend : 6 opéras baroques, 170 cantates, 6 oratorios et 27 pièces instrumentales. Comme quoi débauche et composition peuvent faire bon ménage…

Nota : Francis Marion Crawford, écrivain américain a écrit un roman, Stradella, sur l'affaire du compositeur et sa fuite de Venise. À voir avec Nema…

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La nativité par les frères Le Nain
Michael Schneider

Sonia pourrait me dire avec sa délicate franchise : "Oui, ben une cantate c'est une cantate". Bon ok, époque baroque oblige, on écoute un orchestre, des solistes pour les arias, des chœurs, un texte religieux, ici en italien et quelques intermèdes instrumentaux. Stradella manifeste son épicurisme par une succession d'airs brillants et joyeux, la naissance était attendue et doit rendre heureux le peuple des croyants. Nous en écoutons deux :

1 - Si apra al riso (Cantate à 3 voix pour la nativité)
[Playlist 1 -11]

2 - Ah ! Troppo è Ver (Cantate à 6 voix pour la nativité)
[Playlist 12 -22]*

Né en 1953, le flûtiste et maestro Michael Schneider est un spécialiste du baroque qu'il interprète avec La Stagione Frankfurt, ensemble jouant sur instruments d'époque qu'il a fondé en 1988. Un artiste et un ensemble à suivre… pour découvrir des compositeurs oubliés de l'époque baroque…

 

JOYEUX NOËL



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