Je ne suis pas un lecteur assidu de Point de vue ou The Daily Mirror. On pourra s'étonner qu'en ce jour des funérailles de la Reine Elizabeth II d'Angleterre, je propose un article musical orienté "classique". Et alors ? j'avais écrit en son temps une chronique sur la musique de Henry Purcell : Music for the funeral of Queen Mary et Music for the Birthday of Queen Mary (1662-1694) (Clic). Si la jeune Reine Mary ne vécu que 32 ans et ne régna que cinq ans, sa Majesté qui vient de nous quitter a pulvérisé le record de longévité dans les deux cas : 96 ans d'existence et 70 ans, 7 mois et 2 jours de règne.
Je n'ai aucune passion pour les régimes monarchiques car souvent les trônes
ont été conquis (même s'il y a fort longtemps, avec le sabre et le goupillon
ou des mariages arrangés entre proches de bonne famille - merci
Jean Ferrat). On ne parle pas politique ce jour de funérailles… mais
de musique… Et de toute façon il y a des soi-disant républiques bien plus
tyranniques qui se transmettent de père en fils !
L'alignée de photos ci-dessous présente les musiciens britishs de premier rang qui ont connu feue la Reine ; rappelons deux dates : la naissance d'Elizabeth en 1926 et son accès au trône en 1952. Rien d'étonnant qu'en remontant sur près d'un siècle, nous évoquions, (portraits de gauche à droite) : Edward Elgar (1857-1934), Arnold Bax (1883-1953), William Walton (1902-1983) et Benjamin Britten (1913-1976), quatre compositeurs qui ont cru bon d'honorer et de dédier au moins une œuvre de leur cru à la future jeune reine ou à la monarque en titre. Hormis Walton, tous ont fait la une du Blog (Index).
Je ne rédige pas un article musicologique. Les quatre œuvres proposés sont
des cadeaux et n'ont pas marqué l'histoire de la musique anglaise ou
planétaire. Mais ne boudons pas notre pas de les écouter comme les
témoignages d'un style très particulier chez la perfide Albion, mêlant
marches pompeuses et heureusement des fresques orchestrales plus pastorales.
La Grande Bretagne est bien le pays des moutons qui paissent sagement dans
l'herbe verte du Kent.
À propos, j'ai été dans un premier temps surpris de l'absence de
Ralph Vaughan Williams
dans l'article qui m'a suggéré ce billet dans Diapasonmag. Mais si, juste un
petit oubli sans gravité, il a honoré à sa manière la jeune fille timide de
25 en composant des arrangements ans pour son couronnement de 1953.
Heu, c'est très hollywoodien…
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Elizabeth Pendant le Guerre |
Edward Elgar, le sénior, avait composé
Nursery Suite
à l'attention de la royale gamine âgée de quatre ans. Pur exemple de
composition symphonique anglaise postromantique, sa poésie nous enchante
pendant une petite demi-heure. Elle comporte six mouvements.
1. Aubade (Awake). Allegretto
2. The Serious Doll. Andantino |
3. Busy-ness. Allegro molto
4. The Sad Doll. Andantino |
5. Dreaming. Lento
6. Coda |
Nous l'écoutons interprétée par le chef illustre
Bryden Thomson
dirigeant l'orchestre d'Ulster.
Arnold Bax : Morning Song est une ravissante ballade pour piano et orchestre symphonique écrite pour le 21ème anniversaire de la future souveraine en 1947. L'interprétation réunit Margaret Fingerhut (piano) et le London Philharmonic Orchestra dirigé de nouveau par Bryden Thomson.
Photo officielle du couronnement |
William Walton
:
Orb and Sceptre
est une marche écrite pour le couronnement de la reine Elizabeth II à
l'abbaye de Westminster, à Londres, le 2 juin 1953. La jeune reine
accepta la dédicace, c'est très rare d'autant que le morceau déçut les fans
de
Walton
habitués à plus d'audace. On y troue un écho des Pump et circonstances de
son confrère
Elgar. L'interprétation est récente, celle du Boston Pops Orchestra dirigé by
John Williams
en 2022.
Benjamin Britten. Disparu trop jeune, le compositeur est sans aucun doute l'auteur du plus
fascinant répertoire d'opéras anglais du XXème siècle.
Gloriana
fut commandé par l'opéra royal de Covent Garden à l'occasion du couronnement
d'Elisabeth II et créé en juin 1953.
Britten
s'inspire de la vie et du règne très tourmenté de la Reine
Elizabeth I (1533-1603). Fille du roi sadique
Henry VIII, elle fut couronnée en 1558, soit un règne de 44
ans, ce qui est long pour cette époque.
Je ne suis pas un spécialiste de l'art lyrique, mais j'ai tout lieu de
penser que cette partition se situe en retrait par rapport aux chefs-d'œuvre
que sont
Peter Grimes,
Billy Budd
ou encore
The Turn of the Screw
d'après Henry James. Écoutons une suite tirée de l'opéra, le préludes et des
danses, interprétée par
Uri Segal
à la tête du
Bournemouth Symphony Orchestra.
Ah, si on avait pu enterrer la royauté toute entière (nous sommes en 2022 après Jacques Chirac)...
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