Après «Rubber Soul» album de 1965 chroniqué l’année dernière, je
m’attaque à l’album qui sera le virage à 90 degrés dans une jeune carrière
déjà bien remplie.
UN RÉVOLVER À L’ÉPOQUE DU PÉTARD
Les quatre garçons éprouvent du plaisir avec cette folie beatlemaniaque,
mais la fatigue prend de plus en plus de place et la lassitude aussi. Pas moins de six albums seront publiés entre 63 et 65, sans compter
l'épuisement des tournées et celui du tournage des long-métrages. L’image des garçons de bonne famille est loin derrière. Tout va commencer
à partir en sucette avec des incidents graves comme au Philippines où les
Beatles épuisés déclineront
une invitation d’Imelda Marcos la femme
du dictateur.
Mais le groupe a rapidement découvert que le régime de
Marcos n'avait pas l'habitude
d'accepter un «Non» comme réponse. Leur protection policière
ayant subitement disparu, le groupe et son petit entourage ont dû se
rendre seuls à l'aéroport de Manille bousculés par une foule hostile.
Après que Brian Epstein ait versé un
bakchich, les Beatles ont
finalement pu quitter Manille et rentrer sains et saufs au Royaume-Uni.
Le mois suivant, John Lennon a été cité
à tort comme disant que son groupe était «plus grand que Jésus»,
l'enfer était sur le point de se déchaîner.
Le 29 août 1966, les
Beatles donnent leurs derniers
concerts publics au Candlestick Park de San Francisco (Sans compter celui du 30 janvier 1969 sur le toit de l’immeuble
d’Apple Corps). Depuis le virage entamé l’année précédente avec l’album «Rubber Soul»
(clic), l'album «Rubber Soul» sera un tournant discret qui verra le groupe se replier sur lui même et
sur son travail de studio. Mais la même année, ils mettent en travaux un
nouvel album. Plusieurs noms seront donnés, «Pendulum», «Fat Man And Bobby», John avança le titre de «Beatles on Safari» et Ringo «After Geography» une allusion à l’album des
Rolling Stones «After Math». Paul proposa «Magic Circle», John relança avec «Four Sides Of The Circle» et puis aussi «Four Sides Of The Eternal Triangle». En fin de compte, c’est Paul qui aura
l’idée de l’appeler «Revolver». C’est court, c’est le synonyme de la fin d’une époque et le moyen de
rappeler le coup de feu du starter qui annonce le départ d’une nouvelle
époque. Le terme fut accepté à l’unanimité.
Si «Help !» et «Rubber Soul» sont encore des albums influencés par l’herbe, «Revolver» sera celui créé sous acide. Des sons de guitares à l’envers, des
musiques indiennes, ils écrivent et enregistrent sans se soucier comment
pouvoir reproduire leurs chansons sur une scène. Pendant l’élaboration,
ils vont prendre beaucoup de drogue, surtout John
qui va se bousiller avec divers pilules. L’album prend le virage qui les
mènera vers le son de «Sgt Peppers..». Libéré du fardeau des tournées l’album fourmille d’idée neuve, il
introduit un style qui oscillera de la comptine aux mélanges
psychédéliques mais aussi jouera sur la diversité des textes qui vont
des impôts au bouddhisme, des vieilles filles au médecin en passant
par des sous-marins jaune et le soleil.
Même si l'écoute de l'album parait difficile au premier abord à cause de
son aspect expérimental, on y trouve les plus belles chansons écrites par
Paul : «Eleanor Rigby», «For No One», «Here There And Everywhere». Georges va pondre «Taxman» et «I Want To Tell You», deux titres de bonne facture et
John va rester dans l’imaginaire et
l’irréel avec «I’m Only Sleeping» et «She Said She Said». Et puis il y aura les hits en puissance comme «Got To Get You Into My Life» qui sera repris de nombreuses fois d’Ella Fitzgerald à Johnny Hallyday, «Good Day Sunshine» et le fameux «Yellow Submarine» composé sur une idée de
Paul qui voulait écrire une chanson pour enfantset suivre la «tradition» que le batteur du groupe chante un titre
par album. Un morceau avec des guests comme
Mick Jagger et
Brian Jones,
Marianne Faithfull,
Pattie Boyd (La femme de Georges). Un titre qui connaîtra beaucoup de reprises, en France il deviendra
Vert et sera chanté par
Maurice Chevalier et
les Compagnons de la Chanson. De plus, la
femme d'Ordralphabétix, le poissonnier du village dans la série «Astérix le Gaulois» s'appelle Iélosubmarine.
«Revolver» est un album majeur dans leur carrière, il confirme le tournant
du style musical des
Beatles amorcé avec «Rubber Soul». Leur créativité artistique se débride et continuera avec
«Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band». Mais je suis comme Ray Davies le
leader des Kinks qui en
1967 déclara préférer «Rubber Soul» à «Revolver».
Klaus Voormann
Et puis il y a la pochette dessinée par leur pote depuis leur début à
Hambourg Klaus Voormann. Chaque Beatles
y est dessiné à la main, dans un style inspiré d’Aubrey Beardsley un graveur et illustrateur anglais souvent associé à l’art nouveau. Les
portraits sont séparés par un collage de vieilles photos. Klaus Voormann
est présent en photo sur la droite de la pochette, près de sa signature,
il devient donc la première personne extérieure au groupe à figurer sur
la pochette d'un de leurs albums. Cette création lui vaut unGrammy Award pour la meilleure pochette d’album en 1966. Les
Beatles proposent la
première pochette entièrement pop art.
«Revolver» l’album qui révolutionnera la musique à venir ?? Oui et non !
«Sgt Pepper’s…» un an plus tard aura beaucoup plus d’impact dans le monde du
rock.
Revolver invente l'album en tant qu'oeuvre et sergent pepper en est l'aboutissement. Tous cela en seulement un an. Rien que pour ça de 1966 à 1968 les Beatles n'avaient pas de rivaux. Excellent article en tous cas.
Revolver invente l'album en tant qu'oeuvre et sergent pepper en est l'aboutissement.
RépondreSupprimerTous cela en seulement un an.
Rien que pour ça de 1966 à 1968 les Beatles n'avaient pas de rivaux.
Excellent article en tous cas.