- Coucou les amis du Deblocnot ! Onzième Noël ensemble, c'est
dingue ce que le temps passe… La veille de Noël tombe (boum) un
vendredi cette année, coup de bol, j'ai piqué la place à Luc qui a
publié hier ; vous suivez ? Je suis au bureau pour la matinée. Sonia court
dans tous les sens… SONIAAAAAAAAAA !!!!!
- Hein, heu, oui Claude, je flippe, M'sieur Luc m'a chargée de rédiger
un billet pour le jour de l'an, souhaiter la bonne année aux lecteurs,
si je m'en sors bien, il y aurait la fameuse augmentation à la clé… Je
peux pas trop t'aider du coup…
- Humm, la fameuse augmentation dite de l'arlésienne… Un bon
enchaînement avec mes cantates baroques de la Nativité ou la chanson
immortelle : Il est né le divin enfant, comprendre entre guillemets
"Depuis plus de quatre mille ans, nous le promettaient les prophètes",
sous-entendu l'augmentation de Sonia, ah ah….
- Pas drôle Claude, quoique Luc en prophète, comme Philippulus dans
Tintin, une idée amusante… Aller, je vais rédiger mon
truc…
Jésus par Fra Angelico (vers 1420) |
Bon Ok, encore des cantates, mes lecteurs vont penser que j'ai une une culture limitées et imagination toute aussi étriquée voire obsessionnelle. Rapport aux oratorios de Noël de Graupner en 2020 ou de Bach en 2012 (Clic) & (Clic). Avouons que les traditions sympathiques ont du bon : une musique baroque légère, une crèche, un petit Jésus, des moutons, etc. Et que les fâcheux, les anti-tout, les wokistes, les intégristes de la laïcité qui devrait s'appliquer au blog ne viennent pas me les briser menues comme disait Lino Ventura. On vit une période d'intégrisme multiculturel qui nous renvoie à l'Inquisition médiévale version agnostique-profane-séculière-athéiste (je frappe large). Allez : Pace domine…
Je me défonce le ciboulot pour renouveler l'iconographie de ce papier.
C'est vrai… La crèche, ben il y en a déjà une sur la jaquette du disque. Les
sapins, les cadeaux, les sentons ? Mon billet va ressembler à une publicité
de
Carrouf
! Une bourriche d'huitres, un ballotin de chocolat ou de foie gras, pareil ;
et puis c'est un billet musicologique et non gastronomique. Si les lecteurs
ressentent que votre rédacteur est en galère et cherche comment remplir sa
page, aucune vexation de ma part… C'est la réalité 😊.
- PAAAAAAT, t'as pas une idée lumineuse d'illustration pour mon billet
Noël du 24 décembre ?
- Bof, chais pô moi… Une crèche en chocolat… Une coquille d'huitre à la
place de la mangeoire pour le divin poupon… ♪ Il ♬ est né ♬ le divin ♪ poupon ♪♪♪…
- Merci Pat, t'es vraiment un pote (Pffffffff, enfoiré – en voix
off).
La peinture, la belle, la vraie, vole souvent à mon secours. Ce portrait du
petit Jésus (facilement trois ans) de Fra Angelico (vers
1390-1455) est un exemple. Ce peintre, moine de son état, est très
connu pour ses peintures et fresques d'inspiration religieuse, sur bois, et
datant de la première Renaissance ; l'artiste était un grand novateur
(Clic). Ce dominicain déjà reconnu de son temps comme un homme inspiré et
humaniste a été béatifié en 1982 par Jean-Paul II. (Fête le 18
février.) En 1984 il est proclamé saint patron des artistes,
notamment des peintres. Ce portrait du jeune Christ s'inspire du
style icône et fait partie d'une œuvre beaucoup plus imposante Le présentant
porté par sa Mère. Désolé pour les micros fissures mais le tableau ayant six
cents ans environ… Suite à cette digression picturale, place à la zique…
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Georg Philipp Telemann (1681-1767) |
L'an passé je brocardais les portraits "officiels" et totalement interchangeables des compositeurs de l'époque baroque tardif. Une similitude due à la perruque poudrée que portaient tous ces messieurs. Il y avait même un musicien inventé de toute pièce prénommé Luke Sladeberg, j'aurais pu insérer le visage de Louis XIV à la place de Graupner, le moins connu. Telemann est contemporain de Bach, Haendel et Vivaldi. Avec l'habitude, ils sont reconnaissables sur ces portraits souvent les seuls ou presque existants. Ne coupons pas en quatre les cheveux des perruques en énumérant les dates de naissance des compositeurs cités. Telemann voit le jour en 1681 à Magdebourg. Le début de sa carrière est donc contemporain à ceux de Bach, Haendel et Vivaldi tous disparus entre 1740 et 1760. Par contre, le compositeur connaît une longévité exceptionnelle pour le siècle des lumières, vivant jusqu'à l'âge canonique de 86 ans (+ 1767 à Hambourg).
En cette année 1767,
Mozart
parcourt déjà l'Europe avant d'initier le courant classique et même, en fin
de siècle, préfigurer le romantisme dans ses
concertos pour piano. Il côtoiera
C.P.E. Bach, deuxième fils de
Bach
et lui aussi grande figure du classicisme.
Beaucoup sont des célébrités de nos jours, voire pour la plupart considérés
comme des génies.
Telemann
occupe une place en arrière-plan, ce qui est paradoxale pour cet homme qui à
l'époque baroque connaissait une incroyable notoriété. Une explication à
cela ? Peut-être…
Les mélomanes même débutants reconnaissent facilement les
quatre saisons, des
airs
et
chœurs
de
Haendel. Et que dire de
Bach
? Je pense connaître par cœur les
concertos brandebourgeois
ou les
suites pour orchestre
et reconnaître en aveugle nombre de grands arias ou chœurs tirés des
Passions
ou des
cantates
les plus jouées. Pareil pour le
Messie
ou
Water Music
de
Haendel
ou les vivifiants
concertos pour mandolines
de
Vivaldi. Ce répertoire intime et propre à chaque mélomane assure leurs
popularités. À l'opposé, j'avoue mon incapacité à pratiquer cet exercice
mnésique à l'écoute d'un air extrait d'une
ouverture,
concerto
ou
cantate de
Telemann
tiré au hasard dans un superbe coffret de 30 CD réunissant une charmante
sélection d'une centaine d'œuvres du maître qui fut pressenti en priorité
pour occuper le poste de Cantor de Leipzig à la place de
Bach
jugé comme plus médiocre 😊…
Ludger Remy (1944-2017) |
La production de
Telemann
est quantitativement fabuleuse : 6000 ouvrages dont 3700 connus. Rapidement
: 600 suites orchestrales, des centaines d'oratorios, cantates, concertos et
passions et des pièces pour clavecins ou maints instruments,
Telemann
jouait de tout… Mais l'inventivité mélodique ne concurrence pas par son
académisme l'originalité géniale de ses confrères et leurs thèmes qui
touchent droit au cœur dès la première audition.
Ô attention, sa musique n'est jamais terne ou ennuyeuse, mais nous
écoutons à vrai dire des pièces de circonstance écrites avec
simplicité et soin pour un public peu exigeant : divertissements ou
offices religieux, contrairement aux
concertos brandebourgeois
si variés mélodiquement et aux orchestrations fantasques. Lors de l'écoute
en série des pièces orchestrales de
Telemann, on doit admettre un systématisme d'inspiration parfois lassant. Une
musique que j'écoute comme B.O. pendant mes heures de lecture. On
appréciera cependant l'élégance de la composition, l'équilibre et le
raffinement des orchestrations.
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Les quatre
cantates
du temps de l'Avent ou pour le jour de Noël écoutées ce jour ont été
enregistrées par
Ludger Remy
en 1997 pour le label CPO. Ce petit label allemand un peu
confidentiel a vu le jour à l'ère numérique en 1986 pour promouvoir
des compositeurs de toutes les époques, injustement oubliés par les grandes
firmes. Il y a un certain nombre de commentaires du blog qui peuvent lui
dire merci.
Claveciniste et chef d'orchestre, spécialiste du baroque,
Ludger Remy
a disparu prématurément en 2017 à 68 ans. En 1968, l'homme
abandonne le métier de vétérinaire pour la musique ! Quand une passion vous
tient… Il étudie le clavecin pendant 7 ans. Il enseignera l'art de ce
clavier à Cologne.
Son attirance pour la musique ancienne en particulier le conduit à créer
des ensembles chorals et instrumentaux comme "Ensemble Vocal du Forum de Musique Ancienne de Brême". Fasciné par
Telemann, et d'autres compositeurs plus ou moins célèbres comme
C.P.E. Bach,
Philipp Heinrich Erlebach,
Georg Gebel, Gottfried,
Heinrich Stölzel
ou même
Heinrich Schütz, de la génération précédente, il constitue une discographie d'œuvres
profanes ou sacrées baroques.
L'enregistrement a été gravé avec les solistes rompus au chant baroque
allemand :
Dorothee Mields
: soprano ;
Britta Schwarz
: alto ;
Wilfried Jochens
: ténor ;
Dirk Schmidt
: basse.
Michael Stein. Le
Telemann Chamber
Orchestra
et le
Magdeburg Chamber Choir étant étant dirigés par
Ludger Remy.
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Fra Angelico - Nativité (1440) |
Telemann
plaçait la composition d'œuvres religieuses comme son plus haut sacerdoce.
D'où leur nombre quasi surréaliste… Il confie cette volonté dans l'une de
ses biographies, celle rédigée en 1718 évoquant la période passée à
Eisenach en tant que maître de chapelle. Les
deux premières cantates de l'album datent de ces années-là et sont des
inédits au disque.
Saget der Tochter Zion, TWV 1:1235 date des années 1722/1723 et son livret en accord avec le rite
luthérien a été rédigé par Hermann Ulrich von Lingen, secrétaire des
archives d'Eisenach. Cet intellectuel en écrira un second pour
Telemann
vers 1728/1729. Toutes les cantates sont brèves, de 11 à 18 minutes. La
première cantate écoutée déploie une orchestration à la fois légère et
ardente. Ainsi l'introduction en fanfare des trompettes souligne la joie et
l'attente du Messie, thème spirituel de l'Avent, elle est d'ailleurs chantée
le premier dimanche de ce cycle liturgique. Je ne détaille pas en précision.
Pour les quatre cantates, on retrouve les ouvertures, arias, récitatifs et
chœurs avec ou sans soliste(s) caractéristiques du style de
Bach, la force mystique en moins peut-être.
[15:56] La date d'écriture de
Saget den verzagten Herzen, TWV 1:1233 est incertaine, sa publication a eu lieu en 1727 après
diverses corrections, travail courant à l'époque. Destinée aussi au temps de
l'Avent, elle débute de manière inhabituelle par une sinfonia purement
instrumentale aux accents de pastorale. Suit un chœur en duo avec les
solistes.
Telemann
fait preuve d'une réjouissante fantaisie dans l'effectif retenu pour la
succession des pièces dans les cantates comme le montre le tableau
ci-dessous.
[27:38] La cantate
Auf Zion, TWV 1:109 est destinée au culte du jour de Noël. L'année de sa
composition est inconnue (avant 1730 ?) mais toujours interprétée en
décembre 1760 à Hambourg… Le texte fera songer à une crèche
textuelle : les bergers, les chérubins, l'allégresse du petit peuple enfin
récompensé d'une aussi longue attente. À noter la présence de deux flûtes,
instrument très apprécié par
Telemann.
[43:40] Dernière cantate de
ce programme,
Göttliches Kind, lass mit, TWV 1:1020, également destinée à l'office de la nativité, est sans doute
plus tardive et présente une orchestration généreuse utilisée énergiquement
(timbales et trompettes). Elle fait par ailleurs référence à la lettre de
Saint-Paul à Thimoté, le choix des textes ont donc évolué comme en témoigne
ce recours au Nouveau Testament en complément de passage d'écriture profane.
L'air de basse initial est précédé de quelques mesures brillantes et
glorieuses appuyées par les trompettes et les timbales, encore une
trouvaille.
L'interprétation est enthousiasmante. La sonorité de l'orchestre ne présente plus les timbres parfois nasillards qui furent un frein à l'adoption des exécutions"authentiques" de la musique baroque. Les cordes sont soyeuses. L'espace sonore occupé par l'orchestre (une douzaine de musiciens, solistes compris) est harmonieusement réparti. Un orgue positif alterne avec un clavecin pour agrémenter les couleurs. Enfin, les chanteurs séduisent par leurs lignes vocales sans fioritures opératiques. Un beau disque pour Noël et pour amateur de baroque.
1 - Saget der Tochter Zion, TWV 1:1235
"Dis à la fille de Sion" |
2 - Saget den verzagten Herzen, TWV 1:1233
"Dites au cœur brisé" |
||
Pour soprano, alto, ténor, basse et chœur. |
Pour soprano, alto, ténor, basse et chœur. |
||
I. Sonata. Saget der Tochter Zion |
Quatuor vocal
xxxxxxxxxxxxxxxxxx |
I. Sinfonia
|
Chœur
|
3 - Auf Zion, TWV 1:109
"À Sion" |
4 - Göttliches Kind, lass mit, TWV 1:1020
"
Enfant divin, fais-moi savoir" |
||
Pour soprano, alto, ténor, basse et chœur. |
Pour soprano, alto, ténor, basse et chœur. |
||
I. Auf, Zion, und lass in geheiligten Hallen
VIII. Kaum sähe sich die fromme Schar
|
Aria basse |
I. Kindlich groß ist das gottselige Geheimnis
VI. Meine Seele erhebt den Herrn Supprimé par Yoube 😪 |
Aria basse |
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