mercredi 22 décembre 2021

EVENT HORIZON ("Le Vaisseau de l'au-delà") de Paul William Scott Anderson - 1997 - by Bruno



     Dans la série les jolis petits films de Noël, à voir en famille avec tous les petits enfants, en voilà un sympathique qui n'a pas fait de vagues à sa sortie, mais qui reste néanmoins dans les mémoires des amateurs de jolis contes : "Event Horizon". Un film qui reprend les histoires de vaisseaux fantômes que l'on retrouvaient vidés de leur équipage sans aucune explication tangible. Des navires retrouvés après des mois de recherches assidues, voguant au gré des courants, entraînant moults superstitions. Cette fois-ci, le vaisseau ne traverse plus les mers et les océans, mais part dans l'espace infini et glacé.


     "Event Horizon" est une réalisation du Britannique Paul William Scott Anderson qui vient alors de se faire remarquer avec un blockbuster pourtant fade et maladroit : le nanar "Mortal Kombat", avec un Christophe Lambert peu convaincant. Toutefois, malgré les yeux doux de quelques investisseurs et studios, il ne se laisse pas embobiner pour enchaîner une suite, ou même autre chose qu'on lui filerait dans les pattes. Car là, maintenant, il a en tête de réaliser un film dur et angoissant. Sans concessions. Un truc qui fout les j'tons. 

     On lui remet alors une sombre histoire de vaisseau hanté dans l'espace. Mais à son sens, cela ressemble trop au "Alien" de Ridley Scott, donc il décide de remanier franchement le scénario en s'appuyant sur le travail de Robert Wise et sa "Maison du Diable" (👉 lien) et sur celui de l'inquiétant Clive Barker (👉 lien), notamment de sa série malsaine des "Hellraiser". Grosso modo, il sort donc une habile fusion de ces deux univers, avec, tout de même en sus, résidu du premier jet, une pincée d' "Alien : le huitième passager". Ce film, c'est donc "Event Horizon", du nom du vaisseau où l'histoire se déroule. 

     "Event Horizon" est un vaisseau spatial qui a été conçu pour franchir des espaces intersidéraux jusqu'alors inconcevables, au moyen d'une nouvelle technologie et d'une nouvelle vision de l'espace. Plutôt que de franchir physiquement des millions et des millions de kilomètres, l'engin transporte en son sein un appareil révolutionnaire capable de créer un passage dimensionnel en créant une forme de trou noir - grosso modo, un raccourci censé tordre une partie de l'univers comme on courberait une feuille de papier jusqu'à rejoindre les deux extrémités -, pour atteindre des espaces totalement inconnus. La première étape vise modestement les environs Proxima du Centaure. Distance estimée à 4,244 années-lumière du système solaire. Mais le bâtiment disparait et ne donne plus signe de vie. Jusqu'en 2047, six années plus tard, où il réapparaît dans les environs de Neptune, et que l'on capte un écho. Un message indéchiffrable


 On dépêche alors un équipage alors en poste dans une station spatiale. Un équipage fourbu et lassé par son long séjour dans l'espace, qui a logiquement hâte de retrouver le plancher des vaches, dont le séjour devait s'achever "incessamment sous peu". Mais patatras, les voilà avec un nouvel ordre de mission sur les bras, devant se coltiner une mission de sauvetage qui paraît d'entrée traîner derrière elle quelques sombres présages. On traîne la savate, mais on y va, bien forcé par le commandant Miller (Laurence Fishburne) et le docteur William Weir (Sam Neil - quasiment toujours parfait dans ses rôles). Ces deux là ne semblent d'ailleurs pas spécialement pressés de rentrer à la maison. Ce sont bien les seuls. Tous deux semblent hantés par un sombre passé.

     Ha, oui, la distribution, sans être particulièrement luxueuse, affiche tout de même une belle affiche. Avec, en plus de Fishburn et de Neil, Joely Richardson en lieutenant compréhensive et séduisante, Jason Isaacs en médecin de rigueur (pas souvent qu'il a des rôles de gentils), Sean Pertwee, le nerveux de service limite psychopathe. Plus quelques autres plus ou moins connus, des faire-valoir réputés et au C.V. chargé. 

     L'atmosphère s'assombrit rapidement avant d'atteindre le vaisseau, l'équipage paraissant se tendre à l'approche du bâtiment en perdition. Un mal être s'installe et s'empare des humeurs. Une sensation malsaine, qui se renforce dès que le véhicule de secours s'arrime à l'Event Horizon. Comme s'il n'était qu'une mouche venant stupidement se poser sur une toile d'araignée.


   Alors que le vaisseau est désert, que planent deci-delà des affaires personnelles, que tous cherchent des explications, le doute et la peur s'infiltrent progressivement dans les cœurs et les âmes. Les hallucinations et les cauchemars menacent d'avoir définitivement le dessus sur la raison et la retenue. La routine. C'est une longue et pénible descente dans la folie et les peurs. Le vaisseau fantôme semble réveiller et nourrir les regrets, les erreurs et les chagrins. Jusqu'à ce que cela devienne un cauchemar
 obsessionnel.

   Le docteur Weir découvre finalement que l'incompréhensible message capté, est en latin : "Liberate me", signifiant "délivrez-moi". Consternation. Mais plus tard, c'est "Liberate tutemet ex inferis" qui est extrait du message. "Sauvez-vous de l'enfer". Incrédulité et rejet mais sueurs froides. Puis, pour franchir un nouveau palier, Weir qui consulte les archives filmées, parvient à extirper de l'une d'entre elles, volontairement saccagée, un extrait où la folie la plus totale fornique dans une violence innommable avec le cannibalisme, le sadisme et la luxure. Une séquence de quelques maigres secondes faisant douter à jamais de la raison humaine. Une très brève vision, quasiment un flash intense de démence, creusant une plaie profonde dans les âmes. Ce qui va gravement impacter la santé mentale de Weir. Mais sera t-il toujours lui-même, ou bien seulement le véhicule de chair d'une entité échappée d'une dimension démoniaque ?  

   Une partie de l'équipage comprend alors - même si elle lutte encore avec ce raisonnement - que l'expérience de l'Event Horizon a dépassé toutes les attentes, en allant même bien plus loin que ce qui était initialement prévu. Plus loin, ou ailleurs, là où règnerait peut-être un mal absolu, inconcevable à la raison. Une petite pincée du "Cinquième élément"


     Inutile d'en dire plus, même si c'est tentant, tant il y a de quoi. Ce serait gâcher le plaisir de la découverte - déjà bien éventé. A voir évidemment, le soir, tard, toute lumière éteinte, de préférence dans une maison isolée, ou au cinéma (où il n'y aurait pas d'indélicats triturant son précieux portable).

     Mal accueilli par des critiques acerbes qui vont avoir un impact négatif sur le nombre d'entrées dans les salles obscures, le film n'a pas le succès escompté. Une déception pour Anderson. Néanmoins, sa sortie en vidéo est tout autre et ça devient un film culte, souvent considéré comme sa meilleure réalisation.

     Malgré ce que l'on pourrait penser de Paul William Anderson, à savoir la réalisation de projets à but purement commercial et une facilité dans les choix, il refuse pourtant catégoriquement la proposition d'une suite à son film . En l'occurrence, une mini-série censée éclaircir quelques points restés nébuleux  Pour lui, pas question de toucher à son film. Une suite, que ce soit un long-métrage ou une série, ne pourrait que lui porter préjudice (un exemple à suivre). Son seul souhait : pouvoir enfin montrer la version non censurée. Oui, parce que les retards de délais et une première projection test avaient entraîné de sérieuses coupes de la part de Paramount, dans le but de rendre le film accessible à un public plus large. Le film avait été jugé trop dur, trop gore, trop angoissant pour être lâché en l'état dans les salles. Pour le coup, lorsqu'on lui reproche quelques imprécisions, quelques points laissés en suspension, Anderson rejette la faute sur les huiles de la Paramount qui, à ses dires, ont amputé son film. 

     Par la suite, Anderson va s'affirmer dans des blockbusters. Des films qui ne font pas dans la dentelle, aux synopsis des plus basiques, qui n'ont d'autre but que le simple divertissement visuel à l'aide d'une armada d'effets spéciaux. Toutefois, si l'on n'est pas trop regardant sur les invraisemblances, si l'on se laisse docilement porter par son histoire, certains de ses films font le job. Les cadrages, les plans, les effets, un certain soin apporté aux décors, aux costumes et au jeu des acteurs participent à (presque) crédibiliser des histoires de fiction rocambolesque. L'Anglais s'impose avec la série des Resident Evil où il y a un rôle réservé à son épouse, la jolie ukrainienne Milla Jovovich. Comme ça, on reste en famille. Depuis plus de vingt ans, Anderson se contente généralement de porter à l'écran des jeux vidéos. Limitant ainsi les prises de risques.


P.S. : Chaque membre d'équipage arbore cousu sur sa tenue, le drapeau de son pays. Sam Neil, d'origine Irlandaise, et qui a émigré en Nouvelle-Zélande à l'âge de 7 ans, a choisi de s'afficher avec un drapeau Australien revu et corrigé. A la place de l'Union Jack enchâssé dans le premier coin, en haut à gauche, il y a le drapeau aborigène. Un geste politique qu'il assume, considérant que c'est ainsi que dans le futur devrait se présenter le drapeau Australien. Tandis que Joely Richardson, actrice Anglaise, expose un drapeau inspirée de celui de l'Union Européenne.



😈💫

3 commentaires:

  1. En effet Bruno, dénigré par la critique qui semble plutôt adepte des comédies dramatiques …
    J'avoue avoir aimé ce film, son ambiance, la folie de Sam Neil. Bon, comme d'habitude, les lois de l'astrophysique et d'autres théories sont allègrement contournées (qui dit Horizon évènementiel dit trou noir, où est-il ?) ; mais ç c'est vrai pour tous les films du genre y compris 2001, Gravity, et même le superbe Interstellar qui pourtant revendiquait une certaine réalité… On s'en fiche, le ciné de S.F. doit rester derrière l'horizon de l'imaginaire…
    Pas pour le soir de Noël avec les marmots je pense :o)

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    1. Pas si contournées que ça, - du moins totalement -, car les recherches sur les trous noirs et leur hypothétique utilisation pour traverser l'univers ont existé (et pour le retour ?? Tchao les gars ! Hasta la vista baby ! 🙄). Certes, seulement sur le papier. Tout comme la probabilité de créer un champ capable de tordre une partie de l'univers pour en raccourcir les incroyables distances. Toujours sur le papier. Evidemment, on vulgarise à l'extrême le truc, et les raccourcis les plus invraisemblables sont fréquents dans le cinéma. [Rien qu'à voir le nombre d'anachronismes dans le cinéma américain 😄 - la crédibilité est une chose totalement abstraite, facultative, dans le cinéma US. Même la géographie y est mise à mal]
      Là, en fait, on ne sait pas si le vaisseau a parcouru une incroyable distance, ou si, simplement, par erreur, il a glissé dans une autre dimension. Ce qui expliquerait d'ailleurs qu'il réapparaisse tranquillou au large de Neptune, sans qu'on ne le détecte auparavant 🙂

      Bien sûr, ici, derrière l'angoissante histoire, c'est une énième mise en garde sur les expériences hasardeuses. Et finalement, inutiles à la condition humaine. C'est l'éternelle histoire de l'apprenti sorcier. Ce que l'on retrouve aussi sur le premier Resident Evil.

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  2. non, pas pour les zenfants 😁
    Rien que la très brève séquence récupérée sur le cd d'archive a de quoi traumatiser plus d'un adulte. Nom di diou.

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