Que de chemin parcouru par la petite Samantha Fish depuis son premier album auto-produit. On pourra dire ce que l'on veut mais la demoiselle du Kansas ne s'est jamais reposée sur ses lauriers, ne cessant jamais d'arpenter les scènes des Amériques et d'Europe, et réalisant systématiquement des albums différents les uns des autres.
Un cheminement que l'on pourrait tout aussi bien considérer comme une inlassable quête de succès croissant, une soif inextinguible de reconnaissance.
Ce dernier essai risque de faire grincer des dents. La présence du producteur Martin Kierszenbaum fait naitre l'inquiétude. D'autant que ce dernier participe activement aux compositions. Car il faut savoir que ce monsieur, par ailleurs parfois connu sous le pseudonyme de Cherry Cherry Boom Boom (tout un programme) a acquis une certaine notoriété en travaillant pour Keane, Sting, Mylène Farmer (aïe), Lady Gaga (ouïlle) et son copié-collé Natalia Kills (2x ouïlle), Madonna ( 😲 ), Far East Movement (noooonnn !!!), Tokyo Hotel ( 😞 ), Alexandra Burke ( oui, beurk 😝), LMFAO ("vas-y, toi. Moi, j'peux plus"). Une présence qui doit en partie expliquer la pochette un tantinet vulgaire (bientôt censurée ? 😉 ) qui semble tenter de se mettre au niveau des bimbos siliconées faisant carrière bien plus grâce à leur physique que leur talent de chanteuse. De compositrice ? N'exagérons pas....
Bref, avec ce zigoto dans les murs, il faut s'attendre au pire. Sans aller jusque là, les premières écoutes - d'autant plus si la première approche se fait par le net ou par un gadget servant occasionnellement à téléphoner - déprimeront les fans de la première heure. Les velléités Heavy de "Black Wild Howlin' " et les penchants "roots" sur "Wild Heart" font désormais partie d'un passé révolu. Du moins pour l'instant. Avec cette dernière fournée, Samantha s'aventure sur un terrain glissant pouvant l'envoyer patauger dans une mare nauséabonde (une fange ?) où croupissent R'n'b, Pop faisandée et Soul mainstream sirupeuse. (ça fout les j'tons ?). Chercherait-elle une plus vaste reconnaissance en allant taquiner des sonorités et des formats plus compatibles avec une jeunesse peu friande de rock ou de Blues ? Ou se serait-elle laissée embrigadé par le producteur ? Il y avait bien quelques prémices sur le précédent, mais là, franchement, ça risque de jazzer.
D'autant qu'en dépit d'une présentation laissant supposer que la blonde décolorée ait des rapports particuliers avec son instrument (mais que fait la censure ?... ), les guitares ont été soumises à un régime sec et sont dans l'ensemble relativement discrètes. Ainsi, il conviendrait de ne pas aborder cet album par "Hypnotic" qui squatte le terrain de jeu de Prince, mais ici sans la gratte de ce dernier. 😱 Si, c'est la vérité vraie. Ou "Crowd Control", Pop mainstrean, policée au possible. Déjà auparavant, il y a ces "claps" synthétiques sur "All Ice No Whiskey" que l'on pourrait croire issus des instants les plus rocks de Christina Aguilera. Ou encore "Twisted Ambition", avec cette guitare anémiée sur les premiers mouvements, branchée dans une quelconque pédale d'overdrive chinoise repiquée dans un ampli de 2 watts. Et le séquencer-échantillonneur en toile de fond. Cela aurait presque quelques senteurs évoquant Foreigner.
Et que dire de ce "Loud", où est invité le rappeur Tech N9ne - chérie, où as-tu encore planqué mon fusil à canon scié ?? C'est pour une urgence 😡 -, dans une tendance Pop-rock à la Christina Aguilera (oui, encore elle - autre blonde décolorée) ? Et bien pourtant, on va dire que ça fonctionne, mes cochons. Et en plus, alors que le morceau démarre comme une simple ballade à l'orchestration minimale, le rapper, lui, s'introduit avec à sa suite un véritable gang de rockers fricotant avec le Hard-rock ("roots") et met le feu à la baraque. (?) La blonde, émoustillée ou reprenant ses esprits, envoie alors un solo mortel pour clore le chapitre ; basique... mais qui file le frisson. Pour le coup, en dépit de l'invitation saugrenue d'un rapper (pas un jeune perdreau non plus), ce pourrait être le point d'orgue du présent album. Ben ouais, y'a plus de logique. En fait, ça fonctionne du début à la fin ; sur l'intégralité de l'album. Même le gentil "Forever Together" a de quoi surprendre en faisant un retour en arrière, en mariant Elton John à Billy Joel (😲) dans une atmosphère post-adolescent d'un groupe de Pop-rock à la The Rembrants. Et "So-Called Lover", avec son tempo gentiment accéléré, ne chercherait-il pas à faire le chaînon manquant entre Blondie ou Kim Wilde ? Mmmm ?
Bon, et puis malgré tout, c'est loin d'être un quelconque disque insipide de Pop-variety US ou de R'n'B, Samantha tenant à ébranler tout ça à l'aide de quelques méchants soli et de riffs teigneux. Et puis même si c'était le cas ? L'album est bon, agréable à écouter et finit même par se révéler addictif. (c'est grave, docteur ?). On passe sur la chanson éponyme un tantinet basique et on s'attarde par contre sur le rafraichissant "All Ice No Whiskey". Même s'il tourne effrontément le dos au Blues-rock, avec juste un regard en arrière le temps d'un bref break. "Twisted Ambition" donne aussi cette impression, bien qu'il y ait quelque chose qui peut évoquer le ZZ-Top des années 80 ; et puis pour le final, la herse a été relevée, laissant pénétrer des vibrations nées d'un Hard-rock rugueux. Avec le "Prince-like", le sensuel "Hypnotic", c'est le temps d'un break, hélas trop court, que la guitare surgit, la bave aux lèvres.
Quelques éléments plus classiques, plus francs, plus nettement rock, ponctuent aussi la séance. A commencer par "Faster", placé au début pour rassurer. "Imaginary War" qui retrouve le chemin de la simplicité ; une pièce qui trempe un peu dans le Ten Years After d'antan avec notamment un clavier à la Chuck Churchill. "Better Be Lonely" qui reconditionne - et édulcore - le riff de "Everybody Wants You" de Billy Squier, pour épouser la cause d'une Pop "roots" et rauque, saupoudrée de doo-wop, plutôt que du Heavy-rock.
Nombre de chansons ont poussé Samantha à faire évoluer son chant vers de nouvelles dimensions, qui, par insuffisance de puissance, aurait pu paraître inaccessibles pour elle. Or, elle s'en sort plutôt bien et s'en retrouve même grandie. Les titres "Loud", "Better Be Lonely" et "Like a Classic" le démontrent. C'est depuis 2017 et le disque "Chills & Fever" qu'elle a entamé - ou confirmé - un périple l'amenant à travailler sa voix d'apparence fragile. Sa voix qui déraillait parfois en mode lolita ou scooter Vespa. Avec "All The Words", le slow exempt de percussions et de basse, finalisant le chapitre, se dévoile l'étendue de sa progression, notamment dans le domaine de savoir donner du corps et du sentiment en quelques mots. Surtout que les textes sont généralement d'une simplicité confondante.
Malgré les titres honorifiques accumulés depuis 2012 et des albums bien accueillis (trois de ses albums ont cumulé à la première du billboard Blues), Samantha s'évertue à réaliser des disques différents les uns des autres, n'hésitant pas à colorer son Blues énergique mais classique des débuts de diverses teintes exotiques. Généralement avec bonheur. Celui-ci était un pari risqué, mais Samantha s'en sort avec les honneurs. Espérons par contre que, dans un futur proche, elle ne cherchera à grossir le trait de ces ingrédients Pop-r'n'b mainstream - qui restent encore ici modestes et font leur possible pour avoir une tonalité organique - ce qui effacerait alors les derniers vestiges de son charmant Blues-rock.
(1) Amusant, il rajoute un chiffre dans le mot "nine". Mais pourquoi il fait ça ? Pour éviter de réfléchir, éviter le moindre effort du ciarbellu ? Ses fusibles ne font que 0,5 ampère ?
🎶🐟
👌 Samantha FISH encore (clic/liens) :
- "Black Wind Howlin' " (2013)
- "Wild Hearts" (2015)
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