mardi 12 octobre 2021

MON ONCLE BENJAMIN d’Édouard Molinaro (1969) - par Pat Slade



Le cinéma peut-être léger et libertin sans être vulgaire et en 1969 Édouard Molinaro réussira ce tour de force.




L’HOMME A L’HABIT ROUGE




Nous sommes au début du XVIIIe siècle, le régent Philippe d’Orléans vient de mourir et Louis XV âgé de 14 ans prend officiellement la direction du gouvernement. Louis XV dit le «Bien-Aimé», même si les premières années de son règne se déroulent dans un calme relatif et cela grâce à la direction prudente de plusieurs précepteurs, la France va prospérer et s’agrandir. Il commencera à gouverner seul en 1743, son manque de fermeté entamera sa popularité. Son règne sera celui de la culture et non celui des conflits meurtriers même si il y en a eu, comme les guerres de successions d’Autriche et la bataille de Fontenoy ou la guerre de sept ans. Ce sera le problème des mauvaises récoltes qui affamant le peuple lui ferra perdre sa notoriété. Après ce petit rappel historique que nous avons appris dans nos manuels scolaires, voici l’histoire revue et corrigée et qui aurait été bien plus sympathique si elle avait été vécue de cette manière.                                                                       


Claude Tillier

L’époque de la Régence comme celle de Louis XV furent de très nombreuses fois portées à l’écran que ce soit «Fanfan la Tulipe» de Christian-Jaque en 1962, «Que la  fête commence…» de Bertrand Tavernier en 1975 ou encore «Cartouche» de Philippe de Broca en 1962 pour ne citer que cela.

Nous sommes en 1843 et le livre du romancier et  pamphlétaire Claude Tillier «Mon Oncle Benjamin» est publié. Claude Tillier est un électron libre, Il est directeur d'une école publique mais les méthodes  d'enseignement ne lui conviennent pas. Aussi ouvre-t-il une école privée. Il fondera un journal «L’Indépendant». Ayant des problèmes avec le comité de l’instruction publique, il démissionne et poursuivra ses activité comme professeur privé. Il écrira des pamphlets dans lesquels il attaque les notables du département de la Nièvre (Il vivait à Nevers). Il mourra de la tuberculose.

Bienvenue à Clamecy, petite ville de la Nièvre, lieu de naissance de Romain Rolland, d’Alain Colas et de Claude Tillier l’auteur de cette histoire. 3674 habitants et une fête de l'andouillette et du vin blanc. Un pays ou il fait bon vivre

«Mon Oncle Benjamin – L’homme à l’habit rouge»

L.Cardonnet-J.Brel-P.Frankeur
Benjamin Rathery, médecin à Clamecy, généreux, libertin, trousseur de jupon, grivois, insolent, incroyant, paillard, licencieux, noceur, ripailleur, videur de barriques et il y aurait encore beaucoup d’adjectifs à lui donner, mais Benjamin n’est ni un débauché ni un vicieux, il traine avec une bande de notables épicuriens où la bonne chaire et le vin sont les archétypes de la vie, c’est un bon vivant qui se moque de la noblesse et de ses ouailles. Pour lui l’argent ne sert à rien et la liste de ses ardoises dans les différentes tavernes de la régions lui amèneront quelques problèmes.  

J.Brel-P.Préboist
Jacques Brel, pour son troisième film et sa  première comédie va prouver que le Brel dramatique du film «Les Risques du Métier» (clic) peut aussi être drôle. Une pléiade d'acteurs tous aussi bon les uns que les autres entoure Brel mais comme tous les films qui prennent de l’âge, nous voilà face à une revue nécrologique.

Benjamin Rathery, un médecin des pauvres qui  bat la campagne pour soigner du mieux qu’il le peut et surtout avec le peu de moyens dont il dispose. Quand il ne pose pas des ventouses sur le dos d'une  jolie dame qui l’appelle pour une maladie imaginaire, il n’y a qu’un endroit où on peut le retrouver, c’est à l’auberge où il fait bonne chaire avec ses confrère médecins, le docteur Minxit (Paul Frankeur), le docteur Fata (Gérard Bourcaron) à qui il fait porter les cornes, son beau-frère Machecourt (Armand Mestral), Parlenta (Paul Préboist) huissier de son état qui ne parle qu’en vers (Et en verre par la même occasion) et tout ça au grand désespoir de Jean-Pierre l’aubergiste (Robert Dalban). Mais sa sœur (Rosy Varte) viendra souvent remettre ces ivrognes à leurs places. 

J.Brel-C.Jade
Benjamin est amoureux de Manette (Claude Jade) la fille de l’aubergiste. Elle est pucelle et ne laissera Benjamin s’occuper «de son petit capital» qui si il lui met la bague au doigt, alors que le docteur Minxit voudrait bien lui donner la main de sa fille Arabelle (Lyne Chardonnet) et qu’il prennent sa succession.

J.Brel-B.Alane
Un jour alors qu’il va voir Arabelle pour faire sa connaissance, il croise deux gentilhommes, le vicomte Hector de Pont-Cassé (Bernard   Alane et le chevalier Guillaume de Vallombreuse (Jean-  Pierre Lamy), il lui rotera à la figure avant de croiser le fer mais ensuite ils deviendront amis suite à une mésentente. Je ne vais pas spoiler le film pour tous ceux qui ne l’auraient pas vu mais je rajouterai que l’ennemi de Benjamin est le marquis de Cambyse (Bernard Blier) qui lui fera l’humiliation et l’outrage de lui faire embrasser ses fesses. Comme le médecin se sentira atteint au plus profond de lui-même, il se vengera en cocufiant le marquis et en lui faisant embrasser son cul après lui avoir sauvé la vie. 

B.Blier et le postérieur de J.Brel
Je ne raconterai pas tout le film, mais il y a beaucoup d’humour, un peu de sexe, un peu de larme et même si c’est quelquefois politiquement incorrect, il n’y a pas de happy end. D’avoir fait un affront publique à un marquis de la cour du roi lui vaudra d’être expulsé du pays. Il partira sur les routes avec sa compagne Manette.

Une belle et savoureuse comédie. Tous les interprètes sont excellents. Brel tire bien son épingle du jeu et je mettrais une note plus haute pour Claude Jade qui sera par la suite l’égérie de François Truffaut, à Bernard Blier en marquis infecte et surtout à Paul Préboist en savoureux notaire amoureux des belles lettres.




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