"Two Tails & The Dirty Truth of Love & Revolution"... ouf. Crénom ! Ventrebleu ! Avec un titre d'une pareille longueur, on se croirait revenu aux années 60 et du Rock psychédélique ! Non mais, sans blague, un titre pareil, c'est tout sauf commercial ; parce que plus que difficile à mémoriser (ne surtout pas brusquer les neurones du chaland). Mais cela semble être le cadet des soucis de Phil Conalane, leader de cette vigoureuse brigade irlandaise.
Il aura fallu trois années pour que Blackwater Conspiracy daigne - ou ait l'opportunité - de publier un second album. l'excellent "Shootin' The Breeze" remontant à 2017 (⇨ lien). On peut aussi estimer qu'il a fallu du temps pour concocter un album complet digne du premier. Et puis, l'épreuve du deuxième album est capitale. Il y a tant de groupe qui y ont laissé des plumes, certains parvenant ensuite à se redresser, fortifié par l'incident (Van-Halen), mais d'autres ne s'en sont jamais complétement remis. Quand ça n'a pas été leur chant du cygne.
"Bird in a Coalmine" saute un pas que l'on sentait impatient. Celui d'exposer fièrement les origines Irlandaises. C'est par l'intronisation d'une flûte, d'un whistle, qui éveille des images d'un pays où les contes et légendes se mêlent à l'histoire. Étonnamment, cette ballade charnue évoque également Gary Moore et Phil Lynott, bien que la tonalité soit plus marquée d'aspérités que celle cultivée par ces derniers, et le registre moins Heavy.
Evidemment, Blackwater Conspiracy n'a pas abandonné son Heavy-rock fusionnant le Rock des Faces et des Four Horsemen à un rugueux Southern rock. Comme "Take It On the Chin", lardé de coups de slide juteux, renouant avec l'atmosphère du Cinderella de "Long Cold Winter". Ou le Rock'n'rollien "Just Like a Silhouette", orné d'une trompette et d'un trombone beuglant à la manière d'un Aerosmith. Ou encore le poussif "The Healing (You & I)" où Conalane en fait un peu trop en s'évertuant à s'époumoner.
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Il aura fallu trois années pour que Blackwater Conspiracy daigne - ou ait l'opportunité - de publier un second album. l'excellent "Shootin' The Breeze" remontant à 2017 (⇨ lien). On peut aussi estimer qu'il a fallu du temps pour concocter un album complet digne du premier. Et puis, l'épreuve du deuxième album est capitale. Il y a tant de groupe qui y ont laissé des plumes, certains parvenant ensuite à se redresser, fortifié par l'incident (Van-Halen), mais d'autres ne s'en sont jamais complétement remis. Quand ça n'a pas été leur chant du cygne.
Blackwater Conspiracy, lui, a réussi haut-la-main. Il a évité le piège, la tentation de se précipiter pour profiter de l'engouement généré par le premier essai. Bien que trois années entre un premier et second chapitre peuvent s'avérer malheureusement suffisantes pour oublier un groupe. Même si, en général, les amateurs de Rock sont plutôt fidèles, et pas particulièrement enclins à se précipiter aveuglément sur les nouveautés.
Après une entrée en matière, "Goodbye and Yesterday", certes bonne mais assez conventionnelle - avec bizarrement, des guitares qui paraissent sous-mixées, branchées dans un ampli à transistors, avant que la cavalerie n'arrive avec force batterie et piano -, un brin foutraque, l'album, et le groupe, changent de ton. Déjà "All Wired Wrong" offre une facette plus encline à s'épancher sur une forme de lyrisme qui n'aurait plus qu'un pas à franchir pour fouler les terres les plus dures d'un Bob Seger.
Mais c'est à partir de la troisième cartouche que l'album prend vraiment son envol avec des chansons robustes, brûlantes d'impatience d'embrasser la vie, et empreintes d'une ferveur sentimentale presque romanesque. Comme si les guitares étaient déchirées entre un Blues crépitant d'électricité, leur amour indissoluble pour un Rock pur et dur, et un romantisme hérité des vastes étendues vertes de l'Irlande, balayées par les vents et les embruns, transissant les cœurs et les âmes. Une terre où les pierres levées ou/et sculptées semblent encore avoir une influence sur la psyché de ceux qui les approchent. C'est quelque chose d'insondable qui semble plus ou moins rejaillir dans la musique des bons groupes de la verte Erin.
Ainsi, à partir de "Soul Revolution", troisième pièce de l'œuvre, cette sorte d'intense mélancolie griffée de force, de vitalité, parfois même de rage, mais aussi d'un indéfectible espoir, façonne la singularité des morceaux.
Bien que tout demeure forgé dans une matière première constituée de roches et de métaux dont on fait les groupes de Hard-rock cru, près de l'os, rugueux et un brin frustre, un certain lyrisme parvient à s'en extraire. Un Hard-rock travaillé à la serpe, avec d'antiques outils - sans synthés -, presque bio. Du boisé copieusement électrifié, à la manière des Quireboys les plus nerveux, d'un Black Crowes plus râpeux, du premier Temperance Movement, d'un Georgia Satellites plus hargneux. Voire du Rolling Stones d'antan (70's) qui s'investirait corps et âmes dans un sleaze-rock mâtiné de Southern.
Impression plus forte avec "Tattooed & Blonde", power ballade sur le désir obsessionnel et déprimant, assombrissant les journées les plus claires, porteur de nuits blanches, où Conalane, de sa voix de leprechaun au gosier desséché, clame avec vigueur et conviction son désespoir.
"In Another Lifetime" enchaîne sur le même ton, avec un piano bien moins proche de feu-Eddie Harsch que d'Elton John. Une ballade qui aurait pu s'installer dans le cénacle des ballades virils de Bob Seger et d'Aerosmith, si la production n'avait écrasé le mix avec le rajout superflu de quelques violons (eux-mêmes, broyés par des guitares qui ne s'en laissent pas conter), crachant indifféremment leur électricité de vieil ampli (bien que les guitaristes ne semblent jurer que par Marshall, ça respire plus l'âpreté et le grain granitique d'un ampli Orange) et sauvant ainsi le morceau d'un éventuel naufrage. On sent bien que la production a voulu exploiter la chanson pour approcher la recette des ballades d'Aerosmith qui ont le don pour activer la machine à billets.
"Bird in a Coalmine" saute un pas que l'on sentait impatient. Celui d'exposer fièrement les origines Irlandaises. C'est par l'intronisation d'une flûte, d'un whistle, qui éveille des images d'un pays où les contes et légendes se mêlent à l'histoire. Étonnamment, cette ballade charnue évoque également Gary Moore et Phil Lynott, bien que la tonalité soit plus marquée d'aspérités que celle cultivée par ces derniers, et le registre moins Heavy.
Pour continuer avec les ballades, "She's Gets Me High" ose une certaine douceur, malgré la voix abrasive de Conalane. On retrouve ici pratiquement un canevas prisé, initié à la fin des années 70 et, malheureusement, usé jusqu'à la corde dans les années 80, parfois dans une mauvaise copie. Schéma classique avec une première partie dépouillée, mettant le chanteur - et sa complainte - en avant, et une seconde partie plus appuyée, bien plus chargée d'instruments. Le petit plus ici, c'est ce violon irlandais qui se fond dans la masse, injectant subliminalement un parfum local. Quelques similitudes avec le "November Rain" des Guns N'Roses ; le solo de Brian Mallon dans le style de Slash force la comparaison.
Mais attention, ces ballades Irlandaises - qui n'ont strictement aucun rapport avec Bourvil -, si elles se campent bien sur un rythme lent et se parent d'une mélodie et d'un sujet sentimentaux, n'ont absolument rien de sirupeux ou de dépouillé. C'est toujours du Hard-rock géniteur de guitares râblées parfois gentiment bousculées par un batteur à la main leste. Avec devant un chanteur qui chante comme si sa vie en dépendait (c'est p't-être le cas, qui sait). En deux mots (ou trois), ce serait du genre Aerosmith, Guns n'Roses et Bob Seger avec probablement un poil supplémentaire de gnaque.
Evidemment, Blackwater Conspiracy n'a pas abandonné son Heavy-rock fusionnant le Rock des Faces et des Four Horsemen à un rugueux Southern rock. Comme "Take It On the Chin", lardé de coups de slide juteux, renouant avec l'atmosphère du Cinderella de "Long Cold Winter". Ou le Rock'n'rollien "Just Like a Silhouette", orné d'une trompette et d'un trombone beuglant à la manière d'un Aerosmith. Ou encore le poussif "The Healing (You & I)" où Conalane en fait un peu trop en s'évertuant à s'époumoner.
The last but not least, Blackwater Conspiracy ose clôturer l'album par un morceau qui pourrait bien être un de ses meilleurs titres. Ce qui est assez gonflé, sauf si l'on est certain de la valeur intégrale de son album. Ce qui doit être le cas. Ainsi, "Atlanta Smile" est un vent enivrant de Heavy-rock. Un souffle assainissant sombres pensées, rancœurs, ineptes envies. Un revitalisant prana porteur d'une irradiante énergie primale. Une chanson fougueuse dont l'essence vibratoire incite à se mettre au vert, à respirer à plein poumons, à s'ouvrir à la vie.
A l'exception d'un ou deux morceaux, le quintet de Tyrone a réussi la difficile épreuve du deuxième album. Il a même gagné en maturité, incorporant désormais, avec parcimonie et tact, des bribes de son héritage culturel, autrefois refoulé. Le mêlant à des bourrasques enivrantes de Heavy-rock.
Pas nécessairement meilleur que le premier - mais quelle importance ? -, ce "Two Tails & The Dirty Truth of Love & Revolution" ne déçoit pas, au contraire. Même si la production paraît moins peaufinée que précédemment. Parfois un peu touffue, notamment au niveau des guitares, elle pourrait néanmoins faire infléchir les avis.
Le public Anglais ne s'y est pas trompé en faisant grimper cet album dans les charts jusqu'à la troisième place dans la catégorie "Rock & Metal", et à la seconde dans la catégorie "Indépendant". Juste récompense.
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