- Schubert et
sa 1ère symphonie Claude ? Du coup, on aura écouté toute les
symphonies de l'auteur du quintette "la truite", sauf la 9ème que
vous n'aimez pas…
- N'aime pas
la dernière symphonie dite "la grande" dis-tu ? Oui et non, ça dépend
qui dirige. Elle est très élaborée, mais je la trouve trop rythmée presque
saccadée…
- On verra
plus tard. La 1ère est une œuvre de jeunesse je pense, les débuts
d'un adolescent dans l'univers symphonique ?
- En effet,
une œuvre prometteuse et guillerette, un trait d'union entre le clacissisme de
Haydn et de Mozart et le romantisme naissant grâce à Beethoven…
- Je ne
m'attendais pas à te voir choisir une gravure d'Herbert von Karajan avec sa
philharmonie de Berlin au grand complet !
- Moi non
plus, mais après avoir écouté et mis de côté quelques vidéos au son grassouillet,
force est de constater que l'autrichien est un génie de la couleur…
Schubert en 1813 – Dessin de L. Kupelweiser |
Il y a trois mois, nous avons écouté la deuxième
symphonie de jeunesse de Schubert.
(Clic)
Je ne m'étends pas de nouveau sur la méconnaissance parfois méprisante vis-à-vis
des six symphonies composées entre 1813
et 1817 par le jeune viennois. Des
symphonies de forme et d'orchestration a priori classiques, proches par leur
développement de celles du Haydn
en fin de carrière (Les
londoniennes), ou encore de celles de Mozart
(N° 39-41) et même des deux premières de Beethoven.
Une écoute superficielle montre un degré de perfection moindre dans l'écriture
que celle des aînés cités, il ne faut
pas se le cacher.
Dans ces œuvres écrites par un adolescent qui n'a pas
vingt ans (né en 1797), on note de
légères maladresses de composition, surtout dans les deux derniers mouvements.
Un point faible fréquent chez Schubert
y compris dans les deux chefs d'œuvres symphoniques ultimes : la 7(8)ème
Symphonie "inachevée" de 1822 pour laquelle Schubert
n'a sans doute pas voulu ajouter deux mouvements par principe, au risque de
gâcher le génie bouleversant des deux premiers, et la 9ème dit "la grande"
de 1825 qui, par sa longueur de près
d'une heure, ouvrait les portes des grandes symphonies romantiques de Schumann, Brahms
et Bruckner, chacun dans leur style personnel voire antithétique…
La gravure ci-contre de L.
Kupelweiser est surprenante. Schubert
a 16 ans, un beau jeune homme, mais ce portrait doit être le seul montrant le
futur auteur du quatuor
"La
jeune fille et la mort" sans ses lunettes de grand myope
qu'il ne quittait jamais…
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Comme je l'avais rappelé lors des chroniques sur les
symphonies N°2 à N°6 (notamment pour la 6ème en Ut),
les chefs et surtout les firmes discographiques ont boudé très longtemps la captation
de ce corpus juvénile qui mérite plus qu'un intérêt poli car signé Schubert.
Avant l'ère du microsillon, et même pendant la décennie de la monophonie
(années 50), on ne trouve que des enregistrements isolés signés de grands noms
comme Toscanini dans la 2ème symphonie, la réputation de l'italien volcanique en assurant la promotion. Au début de l'ère stéréophonique deux
intégrales vont dominer la discographie, celle de Karl
Böhm à Berlin
pour DG et celle d'István Kertész à Vienne pour Decca. Encore avec la Philharmonie de Berlin et toujours pour DG,
le jeune Lorin Maazel s'intéresse au
sujet mais délaisse la 1ère symphonie !?
Dans les années 70, deux autres intégrales marqueront la
décennie, celle de Herbert Blombstedt avec la Staatskapelle de Dresde, vive et
bénéficiant d'une prise de son raffinée et une relativement mal connue avec la Philharmonie de Berlin dirigée par son
maître après Dieu, Herbert von Karajan. Oui, mal
connue, car dans ces années-là, on associe prioritairement Karajan
au label DG à l'étiquette jaune. Par ailleurs si le maestro autrichien multiplie
les intégrales des symphonies de Beethoven
ou de Brahms (au moins 3 chacune,
sans compter le cycle beethovénien avec le Philharmonia
pour EMI au début des années 50), il n'en est pas de même pour Schubert.
Pour DG
donc, il se limite à graver les symphonies 8 "Inachevée"
& 9
"La grande" successivement en 1966 et 1969, l'"Inachevée" en LP étant couplée
à des ouvertures de Beethoven. Karajan ne reviendra à ma connaissance
jamais à Schubert en studio pour le label hambourgeois, les deux gravures seront rééditées en CD.
Pourtant pendant cette période "Deutsch-Gramophonesque",
le chef travaille parfois pour EMI,
plutôt pour des projets lyriques, Wagner
(Tristan),
Debussy (Pelleas et Mélisande),
mais aussi pour quelques grands poèmes symphoniques de Richard
Strauss dont un Don Quichotte (1976) avec Rostropovitch
chroniqué dans ces pages. 1977-1978,
le chef grave à marche forcée, comme à son habitude, une intégrale Schubert. Mais parue pour EMI, elle ne fait pas grand bruit et c'est
dommage. Certes, Herbert von Karajan ne
s'écarte pas de la tradition romantique germanique, espace large et son velouté,
un choix qui est plutôt un atout pour la 9ème qui préfigure par sa
puissance et sa durée Bruckner.
Un style qui n'est plus guère à la mode en une époque où l'on redécouvre Schubert débutant revisitant dans ses
jeunes années l'univers teinté du classicisme tardif de Haydn
et des deux
premières
symphonies de Beethoven.
Son Successeur à la Philharmonie Berlinoise, Claudio
Abbado apportera un allègement du trait et, plus récemment, des
novateurs comme Marc Minkowski dirigeant des
ensembles d'instruments d'époque ont ressuscité les sonorités acidulées typiques
du début du XIXème siècle…
En résumé, deux interprétations disponibles sur
YouTube : Abbado avec l'Orchestre d'Europe, on avait déjà apprécié
sa 6ème,
mais là le report était épais, donc place à la splendeur du Berliner…
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Vienne : rue vers le Konvikt |
1/2/2/2, 2 cors, 2 trompettes, timbales et cordes.
Si la fin de la composition est connue et datée de
novembre 1813, ce n'est pas le cas pour le début, sans doute en février de la
même année comme le laisse penser de la correspondance et des brouillons de
manuscrits retrouvés ultérieurement. Pour le jeune homme, l'expérience de
l'orchestre est mince : trois ouvertures D11, D12 et D26 écrites vers 1811 et
1812. Certains portent un jugement réservé sur les symphonies de jeunesse de
Schubert… Heu, nous parlons ici d'un adolescent qui étudie note par note la
symphonie "Jupiter" écrite par Mozart à l'âge de 32 ans.
Et tout porte à croire que le jeune Franz a souffert
sur sa partition, ne serait-ce que par la mention inscrite en dernière page "Finis et Fine", autrement dit "ouf !". L'ouvrage est
dédicacé sans raison spécifique au directeur de l'orchestre du Konvikt, Franz Innocenz Lang, grognon par nature
mais apprécié de ses élèves…
Paysage de Caspar-David Friedrich (1774-1840) |
3 - Menuetto
- Allegro : [18:10] le menuet est court, heureusement, car
Schubert ne maîtrisant pas encore la
technique du scherzo propose une thématique assez pauvre, une marche assez banale
et appuyée. [21:18] Plus réussi, le trio, comme souvent à l'époque, prend la
forme d'un ländler bucolique aux accents légèrement sensuels. Le menuet est
rejoué da capo. Tout cela demeure plutôt plat d'autant que le maestro
autrichien, comme la plupart des chefs de sa génération fait traîner l'affaire sur
un tempo allegretto pendant près de sept minutes L, là où Abbado égaille le mouvement tel un
divertimento mozartien en quatre minutes… Il n'y a pas photo !
4 - Allegro
vivace : [24:52] Schubert
semble souvent lutter contre sa timidité en énergisant ses finals de
symphonies. C'est le cas ici où des idées thématiques trépidantes se bousculent
et s'entrecroisent, entre passage léger et concertant des bois ou des cordes à
tour de rôle et des tutti fougueux de l'orchestre pour lesquels les trompettes
font enfin leur entrée. Après son menuet indolent, Herbert von Karajan
redevient disert, la machinerie de Berlin faisant fuser chaque ligne mélodique sans le pathos trop souvent de mise dans cette musique. (Partition).
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Confirmation, le son de la vidéo Youtube reproduisant
l'interprétation de Claudio Abbado avec l'Orchestre d'Europe est lourd. Il est
possible de constater le contraire sur Deezer qui propose l'album réunissant
les symphonies 1 & 2 (Clic). Un style allégé, un menuet vif-argent,
deux atouts dont le maestro italien s'était fait le spécialiste. Un disque
incontournable dans ce répertoire (je me disais aussi…) (DG – 4,5/6).
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