mardi 27 août 2019

YANN MALAU - "D'EST en OUEST" (2019) - par Pat Slade



Encore une histoire de facteur qui vient m’apporter des nouvelles de la Bretagne, le seul endroit de France qui ne soit pas trop touché par l’actuelle canicule, et pour cela rien de mieux que d’écouter le dernier album de Yann Malau.




Le retour du breton d’adoption






Yann Malau, j’en avais déjà parlé il  y a moins d’un an pour parler de son premier CD «L’amour araignée» et faire un portrait de ce poète vagabond. Pourquoi vagabond ? Pour rappel, il vient du sud-ouest et promènera sa guitare dans beaucoup de régions en France avant de poser son sac en Bretagne. Et à croire que l’air sain et non vicié de la plus belle région de France lui réussi et lui apporte l’inspiration puisqu’il sort un deuxième album.

«D’Est en Ouest» un titre qui pourrait résumer le parcours de Yann Malau. Quinze titres comme seul il sait en composer. Je ne vais pas refaire le tracé de son histoire, vous trouverez tous dans la chronique de son premier album «L’Amour Araignée» (clic). Retour donc de la fraîcheur musicale comme des embruns bretons qui te fouettent le visage au petit matin. Une belle pochette avec un portrait de Yann par l’artiste lorrain de Greg Gawra plus connu pour ses fresques murales. Au dos de la même pochette, une très belle peinture d’Yves Borredon représentant des carcasses de barques abandonnées, mais qui décidera de quitter ce monde en avril de cette année sans avoir connu la finalité de l’album.

«D’Est en Ouest», un album qui s’ouvre sur «Les Soldats», un folk lent, une chanson pacifiste qui parle des guerres, que ce soit la première, la seconde ou n’importe lesquelles dans le monde, elles laissent des traces auprès de ceux qui restent, «Quelle connerie la guerre» comme l'a si bien dit Jacques Prévert. «Tourne Farandole» malgré sa musique légère en forme de valse, il y a toujours un message dans les textes de Yann Malau et on le verra dans d’autres titres. «Il n’y a pas d’amour heureux» J’avoue que je me suis fais avoir, j’ai cru qu’il avait repris la chanson de Georges Brassens qui porte le même titre… Eh bien non ! J’aime beaucoup ce titre, même si les derniers vers porte à croire qu’une histoire d’amour peut finir tragiquement : «Au fond de son jardin une plaque en marbre gris, au pied d’un lilas blanc sur laquelle est écrit…». «Je suis» Yann parle de lui avec auto dérision. Rien que les deux mots accolés ensemble «angoissé optimiste» m’amuse beaucoup !

 «Le droit d’exister» : une petite tranche de vie qui a du arriver à certains d’entre nous. «Le blues du crédit» : un blues à la Bill Deraime qui dénonce la société de consommation avec son confort moderne mais surtout la société capitaliste dans laquelle nous vivons. «Petite fille» : très belle chanson chantée par sa fille Iris dont la voix ne fait qu’embellir ce titre. «Onze hommes et une femme» : un titre qui pourrait parler des tailleurs de granit breton, que ce soit des hommes ou des femmes, les forçats de la pierre disparaissent peu à peu, mais cette chanson a une autre signification, elle parle de "L'île de pâque" bretonne, la vallée des saints, le monumental statuaire de Carnoët qui depuis le 11 août a été jumelé avec l'île de Pâques au Chili. «Poète de vingt ans d’avance assassiné» : une chanson en forme de billet hommage à Jean-Claude Lamatabois. Ce dernier était un marin, poète et écrivain qui à 23 ans effectuera son service militaire en Polynésie et participera aux premiers essais nucléaire français (atmosphériques). Il en reviendra irradié et devra, par la suite, lutter contre six cancers. Une souffrance qu’il traitera par l’écriture. Il décédera en 2013 après avoir écrit 25 ouvrages à l’âge de 68 ans.


«Une putain de garce» Ce qui reste en Bretagne c’est la chanson de marin, celle-ci est courte mais bien représentative d’un genre de chant qui disparaît avec le temps. «De souche» Une chanson où tout le monde se retrouve, que tu aimes une chose ou une autre, que tu viennes d’ici ou d’ailleurs, en résumé, nous faisons partie de la même famille des : «Migrants de souche». «Gwenn Ha Du» Le Gwenn Ha Du, ce n’est pas le drapeau de la Bretagne, mais des régions qui la composent, les hermines constituent l’héritage du duché de Bretagne et les neuf bandes les pays issus des anciens évêchés (4 bandes blanches pour la Bretagne bretonnante ou Breizh et 5 bandes noires pour la Bretagne gallaise ou Bertaèyn) et pour finir cette historique, Gwenn Ha Du se traduit par blanc et noir. Mais alors quel est le drapeau Breton ? De son nom le Kroaz-du (La croix noire), c’est une croix noire sur un fond blanc. Je referme cette parenthèse historique bretonnante et je reviens à Yann Malau. «Gwenn Ha Du» est une jolie chanson bretonne où l’on parle même du Menez Hom signifiant «Mont de la vallée» qui culmine à 330 mètres et domine la rade de Brest et la baie de Douarnenez. 

Yann Malau et Pascala Balagosse
«Brise lames» : jolie chanson sur les fameux brises-lames de Saint Malo, des troncs d’arbres plantés dans le sable pour résister aux attaques de la houle. «Complainte de Saint Lunaire» chantée en double voix avec Pascala presque comme un Han ha diskan ou un plinn. Saint Lunaire se trouve du côté de Dinard. Saint Lunaire est l’histoire du fils de Hoël 1er roi d’Armorique qui, accompagné de moines et de laïcs, vers 535 défrichera une forêt pour y construire une chapelle (Où se trouve actuellement la vieille église). «Sur ton nuage» Yann nous parle d’une personne qui a croisé sa route et lui rend un bel hommage. Dans les remerciements, il parle de son oncle Daniel serait-ce lui ?

Musicalement, beaucoup de titres avec l’harmonica sonnent comme du Neil Young à l’époque d’«Harvest». La touche d’accordéon de Pascala Balagosse apporte dans certaines chansons un bon goût de terroir breton. Iris la fille de Yann qui en plus de chanter joue de la flûte traversière et donne une touche de fraicheur. Les autres musiciens amènent aussi leurs savoirs-faires qui enjolivent l’album. Pour revenir à Pascala Balagosse, Yann Malau a collaboré avec cette artiste en faisant une tournée en trio (Avec Bernard Lomé en plus), entre intimisme et dynamisme, je vous invite à la découvrir.  

«D’Est en Ouest» : si Léo Ferré avait été breton, aurait-il écrit comme Yann Malau ? Peut-être pas dans ce style d’orchestration, mais dans celui de l’écriture je pense que oui, la poésie un petit peu libertaire qui s’en dégage ne demande qu’à être écoutée en cherchant entre les lignes. En bref un très bon album où la suite ne pourra être qu’une continuité dans le talent. Yann Malau, un migrant de souche qui ne s’est pas trompé dans le choix de la région qui l’a accueilli !  




1 commentaire:

  1. Ca aurait juste chouette et justice de citer les collaborateurs qui ont fait avancer Yann dans la confiance et vers d'autres couleurs qui sont les siennes...c'était juste un temps d'implication gratuite dans l'amitié. Les auteurs collaborateurs, l'arrangeur Etc...
    jean

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