Encore une histoire de facteur qui vient m’apporter des
nouvelles de la Bretagne, le seul endroit de France qui ne soit pas trop
touché par l’actuelle canicule, et pour cela rien de mieux que d’écouter le
dernier album de Yann Malau.
Le
retour du breton d’adoption
Yann Malau, j’en avais déjà parlé il y a moins d’un an pour parler de son premier CD
«L’amour
araignée» et faire un portrait de ce poète vagabond. Pourquoi
vagabond ? Pour rappel, il vient du sud-ouest et promènera sa guitare dans
beaucoup de régions en France avant de poser son sac en Bretagne. Et à croire
que l’air sain et non vicié de la plus belle région de France lui réussi et
lui apporte l’inspiration puisqu’il sort un deuxième album.
«D’Est en Ouest»
un titre qui pourrait résumer le parcours de Yann Malau. Quinze titres comme
seul il sait en composer. Je ne vais pas refaire le tracé de son histoire, vous trouverez tous dans la chronique de son premier album «L’Amour Araignée»
(clic). Retour donc de la fraîcheur musicale comme des embruns bretons qui
te fouettent le visage au petit matin. Une belle pochette avec un portrait de Yann
par l’artiste lorrain de Greg Gawra plus connu
pour ses fresques murales. Au dos de la même pochette, une très belle peinture
d’Yves Borredon représentant des carcasses de
barques abandonnées, mais qui décidera de quitter ce monde en avril de cette
année sans avoir connu la finalité de l’album.
«D’Est en Ouest»,
un album qui s’ouvre sur «Les Soldats», un folk lent, une chanson
pacifiste qui parle des guerres, que ce soit la première, la seconde ou
n’importe lesquelles dans le monde, elles laissent des traces auprès de ceux
qui restent, «Quelle connerie la guerre» comme l'a si bien dit Jacques Prévert. «Tourne Farandole» malgré sa musique légère en
forme de valse, il y a toujours un message dans les textes de Yann Malau
et on le verra dans d’autres titres. «Il n’y a pas d’amour heureux» J’avoue que je
me suis fais avoir, j’ai cru qu’il avait repris la chanson de Georges Brassens qui porte le même titre… Eh bien
non ! J’aime beaucoup ce titre, même si les derniers vers porte à croire
qu’une histoire d’amour peut finir tragiquement : «Au
fond de son jardin une plaque en marbre gris, au pied d’un lilas blanc sur
laquelle est écrit…». «Je suis» Yann parle de lui avec auto dérision. Rien que
les deux mots accolés ensemble «angoissé
optimiste» m’amuse beaucoup !
«Une putain de
garce» Ce qui reste en Bretagne c’est la chanson de marin, celle-ci
est courte mais bien représentative d’un genre de chant qui disparaît avec le
temps. «De
souche»
Une chanson où tout le monde se retrouve, que tu aimes une chose ou une autre,
que tu viennes d’ici ou d’ailleurs, en résumé, nous faisons partie de la même
famille des : «Migrants de souche».
«Gwenn Ha
Du»
Le Gwenn Ha Du, ce n’est pas le drapeau de la Bretagne, mais des régions qui la
composent, les hermines constituent l’héritage du duché de Bretagne et les neuf
bandes les pays issus des anciens évêchés (4 bandes blanches pour la Bretagne bretonnante ou
Breizh et 5 bandes noires pour la Bretagne gallaise ou Bertaèyn) et
pour finir cette historique, Gwenn Ha Du se traduit par blanc et noir. Mais
alors quel est le drapeau Breton ? De son nom le Kroaz-du (La croix
noire), c’est une croix noire sur un fond blanc. Je referme cette parenthèse
historique bretonnante et je reviens à Yann Malau. «Gwenn
Ha Du» est une jolie chanson bretonne où l’on parle même du Menez
Hom signifiant «Mont de la vallée» qui culmine à 330 mètres et domine
la rade de Brest et la baie de Douarnenez.
Yann Malau et Pascala Balagosse |
«Brise
lames» : jolie chanson sur les fameux brises-lames de Saint Malo, des
troncs d’arbres plantés dans le sable pour résister aux attaques de la houle. «Complainte de Saint Lunaire» chantée en double
voix avec Pascala presque comme un Han ha diskan
ou un plinn. Saint Lunaire se trouve du côté de Dinard. Saint Lunaire est
l’histoire du fils de Hoël 1er roi d’Armorique qui, accompagné de
moines et de laïcs, vers 535
défrichera une forêt pour y construire une chapelle (Où se trouve
actuellement la vieille église). «Sur ton
nuage» Yann nous parle d’une personne qui a croisé sa
route et lui rend un bel hommage. Dans les remerciements, il parle de son oncle Daniel serait-ce lui ?
Musicalement, beaucoup de titres
avec l’harmonica sonnent comme du Neil Young à
l’époque d’«Harvest». La touche
d’accordéon de Pascala Balagosse apporte dans
certaines chansons un bon goût de terroir breton. Iris
la fille de Yann qui en plus de chanter joue de la flûte traversière et donne
une touche de fraicheur. Les autres musiciens amènent aussi leurs savoirs-faires
qui enjolivent l’album. Pour revenir à Pascala Balagosse,
Yann Malau
a collaboré avec cette artiste en faisant une tournée en trio (Avec Bernard Lomé en plus), entre intimisme et
dynamisme, je vous invite à la découvrir.
«D’Est
en Ouest» : si Léo Ferré avait été
breton, aurait-il écrit comme Yann Malau ? Peut-être pas dans ce style
d’orchestration, mais dans celui de l’écriture je pense que oui, la poésie
un petit peu libertaire qui s’en dégage ne demande qu’à être écoutée en
cherchant entre les lignes. En bref un très bon album où la suite ne pourra
être qu’une continuité dans le talent. Yann Malau, un migrant de souche qui ne s’est
pas trompé dans le choix de la région qui l’a accueilli !
Ca aurait juste chouette et justice de citer les collaborateurs qui ont fait avancer Yann dans la confiance et vers d'autres couleurs qui sont les siennes...c'était juste un temps d'implication gratuite dans l'amitié. Les auteurs collaborateurs, l'arrangeur Etc...
RépondreSupprimerjean