mardi 25 septembre 2018

YANN MALAU "L'amour araignée" (2016) - par Pat Slade





Il y avait longtemps que je n’avais pas fait un chapitre sur la Bretagne (La plus belle région de France !), j’avais parlé de musique bretonne traditionnelle, de musique bretonne jazz, de musique bretonne punk rock ; alors aujourd’hui pour changer un peu, de la chanson dans la tradition franco-française, mais en Bretagne.



Yann Malau un breton de cœur et d’adoption




Il y avait longtemps que je n’avais pas repris mon bâton de pèlerin à la recherche de ces talents qui honorent la chanson française et ses régions, et Yann Malau fait partie de ceux-la. Mais qui est Yann Malau ? Un béret vissé sur la tête orné de l’hermine et d’un triskell quand ce n’est pas du Gwenn ha du qui lui donne un petit air de Bill Deraime. Yann Malau a quelque chose de particulier, il n’est pas breton. Serait-ce un espion à la solde des Normands ? Non ! Mais du Sud-ouest ! Les premières traces que l’on trouvera de lui (Datation au carbone 14) remonteraient en 1986 en Franche-Comté avec des fragments sur des scènes de la région. Mais l’homme se déplace beaucoup et on le retrouve en Provence et dans le Sud-ouest avec des effets sonores dans les rue et les cafés du coin. On va perdre sa trace jusqu’en 1993. Il sera retrouvé dans les Alpes de Haute Provence où il apprend et se forge au spectacle. Il fera une formation de professeur à l’éveil musical, la très connue méthode Willems qui consiste en une méthode pédagogique d’apprendre la musique aux enfants en développant l’oreille, le sens du rythme, le chant et le mouvement corporel. J’avais déjà parlé de cette méthode dans une chronique sur Zoltan Kodaly qui développera aussi une méthode du même acabit.

Ce sera en 1995 que le premier vestige d’un enregistrement sous forme d’une cassette en autoproduction (Chose que les jeunes de moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) de douze titres intitulée «L’Amour Araignée» fera son apparition et qui, depuis, est épuisée. Mais comme la musique ne nourrit pas son homme, il travaillera pour l’office municipal des jeunes de Forcalquier. Il va ensuite créer sa boîte de produits naturels de l’habitat (le trip baba, qui ne l’a pas eu ?). Mais décidément, le germe du spectacle lui coule dans les veines et il sera technicien en son et lumières tout en se produisant en duo avec une chanteuse accompagnés d’un orgue de barbarie. Un duo qui fonctionnera pendant une vingtaine d’années avec des spectacles pour enfants. Et puis, on le retrouvera bien plus tard en Bretagne où son répertoire va s’étendre. Il va adopter le pays celtique et celui la va bien lui rendre.

Le Style Yann Malau, c’est quoi ? C’est un style folksong plus proche d’Arlo Guthrie que d’Hugues Aufray. Une voix très proche de celle de Georges Chelon jeune, accompagné de sa guitare et de son harmonica et parfois un mélodica vient compléter les mélodies. Certains textes se veulent engagés. Le CD reprend les titres qui apparaissaient sur la cassette de 1995 agrémentée de nouveaux morceaux. Yann Malau a plein de choses à dire et d’histoires à raconter. Il a sa manière de pousser ses «Coups de gueules». Certains sujets n’ont jamais été racontés dans une chanson comme «Poseurs de bombes» sur les attentats de la rue Copernic à Paris en octobre 1980, ce qui nous rappelle qu’il y a toujours des malades qui sèment la mort chaque jour sur la planète. Le très beau «Hermano» qui fait état des victimes de toutes les dictatures et quand je l’écoute, je vois l’image de Victor Jara. «Jaurès» où certains s’approprient le nom, le drapeau de la liberté et du pacifisme au nom d’une idéologie qui n’est pas la leur. Mais Yann nous parle aussi de son amour pour la Bretagne dans «La mer toujours», le pays qui l’a accueilli les bras ouverts et dont il est tombé amoureux (Et je le comprends !).  «Valse et trinquons» : sympathique chanson à boire où dans les troquets on refait le monde et on raconte ses misères et ses coups de cœur.

Avec Olivier Rech

La chanson titre «L’amour araignée» avec une belle mélodie et un texte d’amour d’une trop rare poésie : «Elle est venue avec le soir Comme l'araignée portant l'espoir / Le cœur chargé de temps d'amour / Qu'elle éclaircit d'un coup mes jours». Mais il va se faire un pote, un Morbihannais, un breton pur et dur dans l’âme, Olivier Rech ! Une discographie très fournie chargée de légendes celtes, de korrigans, des personnages de la forêt de Brocéliande et Yann va lui écrire un texte «Le long de la jetée» qu’il chantera en duo avec lui. Une véritable chanson de marin telle celles des Marins d’Iroise. L’amitié et la proximité des deux hommes est forte (L’un à Vannes, l’autre à Guérande). Ils iront jusqu’à former un duo voix guitares et iront écumer les festivals de la région. Mais c’est surtout pour la défense du patrimoine breton, les causes humanitaires et le respect de la nature qui seront le cheval de bataille de leur duo.


Yann Malau, c’est l’agréable découverte, même si certains titres sont des messages, les autres sont d’une agréable poésie. Mais dans un de ses titres «J’ai pas peur», il le dit lui-même : «J’ai pas peur de la vie, J’ai pas peur de la mort…» Mais ce n’est pas une raison pour ne pas l’écouter vite… très vite !!!

La bonne chanson française existe encore alors n’attendez pas qu’elle ne meurt !

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