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T’as
quoi sur la tête Nema ?
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Un
beau bonnet phrygien brodé à la main.
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Tu
veux candidater pour la prochaine Marianne ?
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Bah,
non, pas du tout. Je viens de finir un bouquin qui se passe en 1793 pendant la
Révolution française. Pleine période de la Terreur. La guillotine marche à plein
régime. Les têtes tombent…
Brûlements.
Drôle de titre. Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est ce qui brûle ? Les
croix dans les églises, les statues, les autels, les châteaux… Tout. Tout ce
qui concerne la religion doit être détruit. Tout ce qui rappelle les
privilèges. Car nous sommes à l’ère de la Raison. Avec un bonnet phrygien sur
la tête. La Raison va enfin faire sortir le peuple de son ignorance et de
toutes ses croyances et superstitions qui l’enferment depuis des siècles dans
un asservissement sans borne. Heureusement Balthasar est là. Il a voté pour la mort du
Roi. Il croit fortement, fermement à cette nouvelle ère et part en mission dans
le sud. Dans les Pyrénées. Sa mission ? Ancrer la Révolution, la Patrie,
la Liberté dans ces campagnes profondes. Faire de tous des citoyens guidés par
la déesse Raison. A noter qu’il y a un petit fond de musique pour entraîner
tout cela : merci à François-Joseph
Gossec !
Avec
sa jument noire, Shéhérazade, son bel uniforme bleu à revers rouge, son
panache blanc, il a de l’allure ce représentant de la Convention. Mais cela ne
suffira pas pour qu’il soit apprécié par les populations locales des provinces
reculées. Il va vivre en fait un cauchemar : traditions de sorcellerie
locale, des sorts sont jetés, on entend hurler des chiens la nuit, on a des
visions… Pour se réconforter, le héros prend de
l’hellébore. Il lit des textes anciens (Vie de Caton d’Utique..). Il lit
également quelques lettres qu’il reçoit de Paris et qui donnent des nouvelles
de ce qui se passe dans la capitale, toujours secouée par les contradictions de
cette Révolution qui oscille entre sauvagerie et désir d’une certaine
démocratie. Un peu de soleil dans ce triste voyage quand il rencontre Constance,
la fille d’un nobliau du pays, belle plante rebelle et séduisante.
L’une des activités les plus notables de Balthasar, est d’utiliser la Louison : guillotine qu’il a emmenée avec lui dans une charrette en pièces détachées. Ça n’est pas le genre d’attraction qui fait se gondoler de rire, même quand on oblige un gamin à crier : « vive le bourreau ! ». Forcer des moines et des moniales à se marier sinon « couic » n’est pas non plus du meilleur effet sur le peuple.
Pas
terrible de voler les cloches des églises pour les envoyer à la capitale pour y
être fondues et transformées en canons, guerre Européenne oblige. Bref, malgré
sa conviction sans faille de la nécessité d’éradiquer le passé au nom de la
Raison nouvelle, Balthasar ne réussira pas sa mission. Et il va finir très
tristement. Mais chut… à vous de le découvrir.
Un
récit orignal qui nous plonge dans une ambiance glauque, inhérente à cette
période sanglante de la Terreur. Allusions à Voltaire,
Diderot d’Alembert
et Rousseau, en toile de fond pour
justifier l’injustifiable cruauté qui domine les actions des révolutionnaires
convaincus. On aura beau changer le nom des villages en faisant disparaître
toute allusion à un saint par exemple pour le remplacer par un « Voltaire
sur Machin » ou « Truc Rousseau »… Ce n’est pas possible de
changer le monde avec des mots et du sang.
Élise Fontenaille est une auteure née à Nancy en 1960. Elle s’est inspirée de l’un de ses ancêtres pour imaginer ce roman. Même s’il y a dans ce livre une histoire d’amour (qui finit mal comme il se doit) le style et le vocabulaire employé en rendent la lecture très intéressante. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires.
Bonne lecture et
ne perdez pas la tête !
Editeur Grasset - 232 pages
Gossec - Triomphe de la République - Dans le temps de notre jeunesse
- Heuuu non Sonia, Claude Toon refuse d'analyser de cette musique cocardière...
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