Nous
avons déjà évoqué l’écrivain Edward Bunker, dans le premier roman de sa
trilogie de la Bête - clic ici -. Trilogie par ailleurs anti-chronologique, puisque
AUSSI FÉROCE QU’UNE BÊTE évoquait la sortie de prison, puis LA BÊTE CONTRE LES
MURS parle de la vie en prison, et enfin, LA BÊTE AU VENTRE parle de comment on
en arrive en prison. Pour ceux qui aurait raté le premier épisode, Edward
Bunker a passé des années en taule (braquage, trafic), il sait de quoi il
parle, il y a découvert la littérature, y a écrit, avant de devenir
scénariste et même acteur chez Tarantino.


Earl
Copen et Ron Decker sont-ils vraiment amis ? Peut-on avoir des amitiés en
prison ? C’est la question que nous soumet l’auteur, par l’intermédiaire de
Copen qui recommandera à son jeune protégé de ne jamais devoir quelque chose à
quelqu’un. Ne jamais être en dette. Ne jamais rendre service car en retour on exigera de vous bien plus. Ron Decker, qui a la
malchance d’avoir une jolie petite gueule, est une proie de choix pour les
taulards libidineux. Edward Bunker met à jour l’homosexualité latente, au bout de plusieurs années, n’importe
quel collègue de cellule pourra faire l’affaire.
C’est
comme ça. Y échapper relève de l’exploit. Y’a Mike le Psycho, qui porte bien
son nom, qui a des vues sur Ron. Mais attention à ne jamais céder, si vous êtes
qualifié de fiotte alors c’est l’enfer qui s’abat. Et c’est ce qui va
précipiter Ron dans le crime, lui qui voulait rester peinard. Mais là-bas t’es
jamais peinard. Il assiste un prof de littérature, fait la classe, mais un nouvel
élève est bien décidé à se le taper. Que faire, comment réagir surtout quand il sait qu'il doit
repasser devant le jury, pour une conditionnelle ?

Comme
la dope. Le grand sujet. Pas les joints, ça c’est fastoche, mais faire rentrer
de l’héroïne, fabriquer de l’alcool. Ce que décrit le roman, c’est cette vie
parallèle, avec un autre code de conduite. Au point que chacun se dit :
une fois dehors, comment vais-je survivre ? Combien de prisonniers entaulés
depuis 20 ans ne pensent qu’à une chose : y rester. L’enfer, c’est dehors.
Je
ne vais pas vous raconter les intrigues en détails, mais arrive un moment où il faut se tirer de là. Concevoir le
plan, observer, enregistrer, calculer. Des dernières pages hautes en tension,
et un dénouement magnifique, humainement parlant. Redisons qu’Edward Bunker a
réellement passé beaucoup de temps là-bas, il en connait tous les recoins, la
description est quasi documentaire, ce qui fait la force du témoignage. Et
comme le bonhomme sait en plus écrire, à l’économie, sec, direct, sans tabou ni
romantisme de pacotille, on tient là encore un formidable roman noir.
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