Il a 75 ans les alliés débarquaient en Normandie
et… comment ? La photo représente la libération de Paris qui n’aura lieu
que deux mois plus tard ? Et alors ! Comme je vais parler des
chansons que l’on fredonnait à cette époque, je ne ferai pas voir des G.I
fatigués mais plutôt le visage enjoué des français libérés.
Maréchal
nous voila !
En
plus du rock, de la BD, de la musique classique et de la chanson française,
j’aime l’histoire et j’essaye toujours de concilier les uns avec les autres. Pour
preuve dans le Déblocnot, j’avais déjà parlé de 14-18, de mai 68, du débarquement avec l’arrivée du swing américain et même avec Claude Toon nous avions fais un article sur le devoir
de mémoire et le 70ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz qui nous vaudra les honneurs de la BFM (Bibliothèque François Mitterrand).(Clic)
Mais que pouvaient écouter les français avant et au
moment de la libération ? Une époque troublée et troublante que celle qui suivi ce que
l’on a appelée «La drôle de guerre» (39-40), un lendemain d'armistice humiliante
où les enfants apprenaient «Maréchal nous voila !» chanté sur Radio
Paris («♪Radio Paris ment, Radio
Paris ment, Radio Paris est allemand ♫». Repris sur Radio Londres sur l’aire de la
cucaracha par Pierre Dac). Ce sera Andrex
et André Dassary qui chanteront l’hymne au vieux
Maréchal qui n’avait déjà plus toutes ses facultés. Mais alors que sont devenus
les millions de personnes qui criaient «Vive
le Maréchal !» et chantaient «Maréchal nous voila !» quand ce
dernier apparaissait lors de ses tournées dans les communes Françaises ?
Et bien tout comme les deux chanteurs, ils ne seront pas inquiétés et ce seront
les même que l’ont recroiseras quelques années plus tard en train d’hurler «Vive de Gaulle !». Mais ce petit
coup de gueule ne sera pas le seul, car j’ai toujours eu un profond mépris pour
ceux qui se vengeront de l’occupation et de leurs frustrations sur des femmes.
Battues, tondues, dénudées, des fois tatouées de la croix gammée pour le seul crime
d’avoir aimé. La collaboration horizontale n’était pas un crime, mais juste une
histoire d’amour. Mais j’arrête ici d’étaler mes états d'âmes et je reprends le
cours de mon histoire de cette chanson française pendant l’occupation.
Il revient souvent dans notre vocabulaire et dans
notre histoire une phrase de Beaumarchais pris
dans «Le
Mariage de Figaro» : «Tout
finit par des chansons» et il est vrai que chaque fois qu’un évènement se
termine, qu’il soit grave ou pas, on trouve toujours une ritournelle comme pour
conjurer le sort. Comme Paulus qui en 1918 chantera «Le père la victoire». Des 1939 Maurice
Chevalier et son canotier sur des paroles de Jean Boyer et une
musique de Georges Van Parys va pendant ses
tournées dans le cadre du théâtre aux armées chanter un morceau de bravoure aux
échos pacifistes aux soldats qui se seraient bien passés d’une nouvelle
aventure militaire. Le morceau «Ca fait d’excellents français» sera fustigé par Pierre Dac tout comme l’attitude collaborationniste de
français à l’égard de l’occupation allemande, attitude qui sera reprochée à Maurice Chevalier après la guerre.
Entre les chansons patriotiques comme «Ils ne la
gagneront pas« chantées par le ténor lyrique Georges
Thill, «Mam’zelle
Maginette» ou «On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried»
les français avait toujours la chanson au bout des lèvres. Pendant
l’occupation, Georges Guétary, Charles Trenet, Damia, Mistinguett, André Claveau,
Tino Rossi, Fernandel et beaucoup d’autre animeront les soirées d'une France occupée sur les radios parisiennes comme RN (Radiodiffusion Nationale) la radio officielle du régime de Vichy et
Radio Paris qui diffusera sous la tutelle de la Propaganda-Abteilung Frankreich,
le service de propagande nazie du commandement militaire allemand en zone
occupée.
«Seul ce soir» (Léo Marjane), «Le Paradis Perdus» (Lucienne Delyle),
«Fleur de
Paris»
(Maurice
Chevalier),
«Besame Mucho»
(Tino Rossi),
«La romance
de Paris» (Charles Trenet) et toute une multitude de titres
et d’artistes vont faire en sorte d’égayer le triste sort des français sous la
botte des vert de gris. Je ne veux pas dire que tous ces artistes étaient des
collaborateurs, non ! Certains
comme Joséphine Baker feront même de la
résistance, mais beaucoup ont quand même profité de l’occupation. La seule
radio interdite étais Radio Londres et un soir du 5 juin 1944 le deuxième vers de Verlaine
tirée de son poème «Chanson d’Automne» annonçait le débarquement alliée.
The Andrews Sisters |
Les français,
malgré la peur, les privations et les humiliations releveront la tête, Paris
s’insurge et se libère. Après quatre ans
d’occupation, la France entière chante sa fidélité secrète au drapeau tricolore au son de l’accordéon et de la valse musette et
aussi le swing de Glenn Miller et «In the mood» les Andrews
Sisters et «Boogie woogie bugle boy» réveilleront
les esprits. Mais la chanson bien franchouillarde reprendra ses droits et le
premier à faire profil bas sera Maurice Chevalier
avec «Fleurs
de Paris» et «C’est la fête du pays». Les compositeurs et les
artistes français vont adapter leurs chansons aux rythmes de leurs libérateurs.
Le chanteur Jacques Pills connu pour avoir été le
mari de Lucienne Boyer et surtout d’Edith Piaf chantera «Hello baby, Mademoiselle»
reprise plus tard par Camille Sauvage. Georges Ulmer
célèbre les soldats défilants sur les Champs-Elysées avec «Ma voiture contre une Jeep», un
hymne à la voiture dont la marque ne sera déposée qu’en 1950. La chanteuse fantaisiste Lily Fayol
multiplie les références à la culture américaine : Chewing-gum, baseball, Benny Goodman, Duke Ellington…
dans «Le
rythme américain». Un jeune gars appelé Yves
Montant (Encore un protégé d’Edith Piaf) arrive sous les projecteurs en tenue
de cow-boys et chantera «Dans les plaines du Far-West». Georges Guétary
chantera les trois couleurs «Bleu blanc rouge».
Pierre Dac |
On ne pourra pas échapper aux chansons revanchardes
ou commémoratives : «Les boches sont partis», «Là où y’a plus de fritz». Pierre Dac avait déjà mis une petite couche en 1943 avec «De Profondis Hitleribus» (De profondis Hitleribus, Heil pom pom pom,
Heil pom pom pom, Heil pom Heil) et aussi une parodie du «Chant des Waffen
SS». «La marche de la deuxième DB», «Ceux du maquis»,
«Marche des
FFI», «Lorsque demain tu reviendras dans ton village»,
«Compagnons
de l’exil» furent les quelques chants hommage à ceux qui se sacrifièrent
pour la liberté. un dernier mais pas des moindres et sûrement le plus connu, «Le chant des
partisans français» aussi appelé «Chant de la libération» même si les paroles originales furent écrites par Joseph
Kessel et Maurice Druon en 1943.
Peut-on faire une différence entre la chanson et le
chant patriotique en temps de guerre ? Je pense que non, «La Marseillaise»
date bien de 1795 et le «chant du départ»
de 1794 et ils étaient chanté à la
libération même si la première fût bannie sous l’État Français de 1940 à 1944. Pour finir (Puisque
tout se termine en chanson et devant un verre), un titre de 1943 chanté par Lina Margy («Voulez-vous danser grand-mère ?», elle fût la
première à la chanter avant la reprise de Chantal Goya)
«Ah ! Le
petit vin blanc» ! Ouf !! prosit !, Yec’hed mat !,
Salute ! Salud !, ваше здоровье !, A la
bonne vôtre !!!
Beaucoup de noms d’artistes doivent être inconnus pour certains,
c’est normal ! Nous n’avons pas eu tous la même culture, nous ne sommes
pas tous de la même génération et nous n’avons pas été tous baignés dans le
même creuset. Je voulais seulement écrire une page de l’histoire de France qui
m’a été transmise par mes aïeux.
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