mardi 25 juin 2019

IL Y A 75 ANS ! par Pat Slade




Il a 75 ans les alliés débarquaient en Normandie et… comment ? La photo représente la libération de Paris qui n’aura lieu que deux mois plus tard ? Et alors ! Comme je vais parler des chansons que l’on fredonnait à cette époque, je ne ferai pas voir des G.I fatigués mais plutôt le visage enjoué des français libérés.


Maréchal nous voila !




En plus du rock, de la BD, de la musique classique et de la chanson française, j’aime l’histoire et j’essaye toujours de concilier les uns avec les autres. Pour preuve dans le Déblocnot, j’avais déjà parlé de 14-18, de mai 68, du débarquement avec l’arrivée du swing américain et même avec Claude Toon nous avions fais un article sur le devoir de mémoire et le 70ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz qui nous vaudra les honneurs de la BFM (Bibliothèque François Mitterrand).(Clic)

Mais que pouvaient écouter les français avant et au moment de la libération ? Une époque troublée et troublante que celle qui suivi ce que l’on a appelée «La drôle de guerre» (39-40), un lendemain d'armistice humiliante où les enfants apprenaient «Maréchal nous voila !» chanté sur Radio Paris Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ». Repris sur Radio Londres sur l’aire de la cucaracha par Pierre Dac). Ce sera Andrex et André Dassary qui chanteront l’hymne au vieux Maréchal qui n’avait déjà plus toutes ses facultés. Mais alors que sont devenus les millions de personnes qui criaient «Vive le Maréchal !» et chantaient «Maréchal nous voila !» quand ce dernier apparaissait lors de ses tournées dans les communes Françaises ? Et bien tout comme les deux chanteurs, ils ne seront pas inquiétés et ce seront les même que l’ont recroiseras quelques années plus tard en train d’hurler «Vive de Gaulle !». Mais ce petit coup de gueule ne sera pas le seul, car j’ai toujours eu un profond mépris pour ceux qui se vengeront de l’occupation et de leurs frustrations sur des femmes. Battues, tondues, dénudées, des fois tatouées de la croix gammée pour le seul crime d’avoir aimé. La collaboration horizontale n’était pas un crime, mais juste une histoire d’amour. Mais j’arrête ici d’étaler mes états d'âmes et je reprends le cours de mon histoire de cette chanson française pendant l’occupation.

Il revient souvent dans notre vocabulaire et dans notre histoire une phrase de Beaumarchais pris dans «Le Mariage de Figaro» : «Tout finit par des chansons» et il est vrai que chaque fois qu’un évènement se termine, qu’il soit grave ou pas, on trouve toujours une ritournelle comme pour conjurer le sort. Comme Paulus qui en 1918 chantera «Le père la victoire». Des 1939 Maurice Chevalier et son canotier sur des paroles de Jean Boyer et une musique de Georges Van Parys va pendant ses tournées dans le cadre du théâtre aux armées chanter un morceau de bravoure aux échos pacifistes aux soldats qui se seraient bien passés d’une nouvelle aventure militaire. Le morceau «Ca fait d’excellents français» sera fustigé par Pierre Dac tout comme l’attitude collaborationniste de français à l’égard de l’occupation allemande, attitude qui sera reprochée à Maurice Chevalier après la guerre.

Entre les chansons patriotiques comme «Ils ne la gagneront pas« chantées par le ténor lyrique Georges Thill, «Mam’zelle Maginette» ou «On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried» les français avait toujours la chanson au bout des lèvres. Pendant l’occupation, Georges Guétary, Charles Trenet, Damia, Mistinguett, André Claveau, Tino Rossi, Fernandel et beaucoup d’autre animeront les soirées d'une France occupée sur les radios parisiennes comme RN (Radiodiffusion Nationale) la radio officielle du régime de Vichy et Radio Paris qui diffusera sous la tutelle de la Propaganda-Abteilung Frankreich, le service de propagande nazie du commandement militaire allemand en zone occupée.

«Seul ce soir» (Léo Marjane), «Le Paradis Perdus» (Lucienne Delyle), «Fleur de Paris» (Maurice Chevalier), «Besame Mucho» (Tino Rossi), «La romance de Paris» (Charles Trenet) et toute une multitude de titres et d’artistes vont faire en sorte d’égayer le triste sort des français sous la botte des vert de gris. Je ne veux pas dire que tous ces artistes étaient des collaborateurs, non !  Certains comme Joséphine Baker feront même de la résistance, mais beaucoup ont quand même profité de l’occupation. La seule radio interdite étais Radio Londres et un soir du 5 juin 1944 le deuxième vers de Verlaine tirée de son poème «Chanson d’Automne» annonçait le débarquement alliée.

The Andrews Sisters
Les français, malgré la peur, les privations et les humiliations releveront la tête, Paris s’insurge et se libère. Après quatre ans d’occupation, la France entière chante sa fidélité secrète au drapeau tricolore au son de l’accordéon et de la valse musette et aussi le swing de Glenn Miller et «In the mood» les Andrews Sisters et «Boogie woogie bugle boy»  réveilleront les esprits. Mais la chanson bien franchouillarde reprendra ses droits et le premier à faire profil bas sera Maurice Chevalier avec «Fleurs de Paris» et «C’est la fête du pays». Les compositeurs et les artistes français vont adapter leurs chansons aux rythmes de leurs libérateurs. Le chanteur Jacques Pills connu pour avoir été le mari de Lucienne Boyer et surtout d’Edith Piaf chantera «Hello baby, Mademoiselle» reprise plus tard par Camille SauvageGeorges Ulmer célèbre les soldats défilants sur les Champs-Elysées avec «Ma voiture contre une Jeep», un hymne à la voiture dont la marque ne sera déposée qu’en 1950. La chanteuse fantaisiste Lily Fayol multiplie les références à la culture américaine : Chewing-gum, baseball, Benny Goodman, Duke Ellington… dans «Le rythme américain». Un jeune gars appelé Yves Montant (Encore un protégé d’Edith Piaf) arrive sous les projecteurs en tenue de cow-boys et chantera «Dans les plaines du Far-West». Georges Guétary chantera les trois couleurs «Bleu blanc rouge».

Pierre Dac
On ne pourra pas échapper aux chansons revanchardes ou commémoratives : «Les boches sont partis», «Là où y’a plus de fritz». Pierre Dac avait déjà mis une petite couche en 1943 avec «De Profondis Hitleribus» (De profondis Hitleribus, Heil pom pom pom, Heil pom pom pom, Heil pom Heil) et aussi une parodie du «Chant des Waffen SS». «La marche de la deuxième DB», «Ceux du maquis», «Marche des FFI», «Lorsque demain tu reviendras dans ton village», «Compagnons de l’exil» furent les quelques chants hommage à ceux qui se sacrifièrent pour la liberté. un dernier mais pas des moindres et sûrement le plus connu, «Le chant des partisans français» aussi appelé «Chant de la libération» même si les paroles originales furent écrites par Joseph Kessel et Maurice Druon en 1943.

Peut-on faire une différence entre la chanson et le chant patriotique en temps de guerre ? Je pense que non, «La Marseillaise» date bien de 1795 et le «chant du départ» de 1794 et ils étaient chanté à la libération même si la première fût bannie sous l’État Français de 1940 à 1944. Pour finir (Puisque tout se termine en chanson et devant un verre), un titre de 1943 chanté par Lina Margy Voulez-vous danser grand-mère ?», elle fût la première à la chanter avant la reprise de Chantal Goya) «Ah ! Le petit vin blanc» ! Ouf !! prosit !, Yec’hed mat !, Salute ! Salud !, ваше здоровье !, A la bonne vôtre !!!

Beaucoup de noms d’artistes doivent être inconnus pour certains, c’est normal ! Nous n’avons pas eu tous la même culture, nous ne sommes pas tous de la même génération et nous n’avons pas été tous baignés dans le même creuset. Je voulais seulement écrire une page de l’histoire de France qui m’a été transmise par mes aïeux. 




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