jeudi 30 mai 2019

DOMINIQUE LE BARS "Entre deux ciels" (2019)


Dominique Le Bars, voila un artiste que nous avions découvert en 2012 via une chronique de son album "l'intimité" par notre ami Christian   qui louait alors  "une musique extrêmement personnelle et originale"(la chronique) . Le hasard faisant bien les choses puisque nous sommes voisins,  j'ai eu la plaisir de rencontrer Dominique à plusieurs reprises à l'occasion de ses albums suivants , et d'apprécier autant l'homme que l'artiste, et son regard sur l'art, l'évolution sociétale , les hommes et la vie en général. Toujours prof de musique pour l'association Dihun dans le pays bigouden (dihun.fr/ ) il revient avec un nouvel album, moins de 2 ans après "Sylapse" (lien) et cet album s'inscrit dans la continuité du précédent, autant au niveau de la couleur musicale que des textes. "Je voulais faire une pause" me confie t'il mais l’écriture s'est imposée à lui, "sans doute n'avais je pas tout dit". Finalement les morceaux se sont enchaînés et voila les 12 morceaux  de cet "entre 2 ciels".
De plus il vient de monter un groupe et démarche pour trouver des scènes,  ce qui de son aveu n'est pas facile pour un groupe qui débute (vous qui me lisez si vous avez un plan en Bretagne faites signe) , et ces nouveaux morceaux s'intégreront au répertoire.

Ce nouveau disque -mais peut on encore parler de "disque" au temps de la dématérialisation?-  porte comme d'habitude le label  "fait maison"  de A à Z , et chaque morceau lui a pris à peu prés un mois, de l’écriture à l'enregistrement de tous les instruments et au mixage, sachant qu'il accorde une égale importance aux textes et aux musiques. Il qualifie d'ailleurs sa musique de "rock à textes" avec pour vecteurs communs la poésie, un regard critique sur les tares de notre société , sans oublier l'humour, voire la déconnade.

On retrouve tout cela dans "Mémoire d'un poisson pané" (!) qui ouvre l'écoute où on sent un vrai travail sur l'écriture :"capitaine aux yeux d'océan, sur la mer de mes enfants/ pour redevenir un enfant j'ai du vomir tous mes écrans " et plus loin "envoyer un tweet à youtube qui m'rende ma vie privée". Je cite cette dernière phrase car elle  illustre un de ses chevaux de bataille: les excès de la civilisation des écrans et ses dangers pour la génération hyperconnectée. Musicalement c'est assez rock avec une belle envolée de guitare, on pourra penser à   Alain Bashung... et un petit quelque chose de Jean- Patrick  Capdevielle.

Même préoccupations sur "Jakadit" qui est en plein dans des sujets d'actu comme la démographie galopante, le  réchauffement climatique et les  migrations de population : "Jacques a dit: tu feras des enfants qui feront des enfants/ qui réchaufferont ton cœur  mais aussi les lointains et froids horizons blancs/ et la glace va fondre et les océans monter/  et des migrations désespérés viendront frapper aux portes de ta maison". Bon, c’est pas très gai tout ça mais notre futur n'incite pas à la franche rigolade non plus, ce que me confirme l'auteur qui s'avoue pas très en phase avec son époque.
Ce que confirme le titre éponyme ," Entre deux ciels" , sur la folie qui mets en marge de la société, un peu d'autobiographie là dedans avec l'artiste qui est aussi marginalisé, "avec tes chansons d'outre tombe, tu crois vraiment sauver le monde?" . Avec "la sixième extinction" on  nage en plein cauchemar, sur une construction simple et efficace, une suite de termes qui nous conduisent du big bang à  l’extinction à venir , la musique expérimentale , sombre et dépouillée collant bien avec le sujet.
Arrivé là vous allez me dire que le gars est un sacré rabat joie et que vous allez sombrer dans la déprime...mais non, mais non, il sait aussi s'amuser , la preuve avec "la grivoise" , dans la lignée des fameuses "Nuits d'une demoiselle" de Colette Renard, et inspiré de la gouaille d'un Frederic Dard ou Jacques Audiard,  un bel exercice de style, torride et amusant .
Je vais pas vous détailler tous les titres,  pour laisser le plaisir de la découverte aux curieux qui s'aventurerons dans "le monde de Le Bars", un monde singulier et original ou la richesse des textes et des musiques  demande plusieurs écoutes pour y pénétrer sans effraction.  On y découvrira par exemple  la poésie lunaire d'"Au pays des funambules", le surréalisme dans "Affres"et même du punk dans "Punky stories"  et quelques constats  bien sentis: "la relève sait plus s'révolter" ou "humain je te hais"...
Cet artiste attachant  qui  loin des modes crée son propre univers de sons et de mots tel un peintre maudit  -d'ailleurs un vrai artiste ne doit -il pas être nécessairement maudit? Vous avez 4 heures...- mériterait un peu plus de reconnaissance mais c'est hélas le lot de tous ceux qui ne font pas de la daube prémâchée...

Tout cela sort en digital le 6 Juin sur la plupart des Plateformes , voici le lien vers sa page sur Bandcamp : https://dominiquelebars1.bandcamp.com/


ROCKIN-JL





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