samedi 11 mai 2019

BORODINE – Danses polovtsiennes & Dans les steppes de l'Asie centrale – Jos van IMMERSEEL – par Claude Toon



- Coucou M'sieur Claude ! Dans les steppes de l'Asie centrale et les danses Polovstiennes, ça me parle, mais moins Borodine…
- Il fait son entrée dans le blog par des pages orchestrales très appréciées et populaires… Faisant partie du groupe des cinq, ce n'est pas un compositeur de premier plan…
- Ah oui, ce que vous appelez un "petit maître", ce qui n'est pas péjoratif… Donc un copain à Rimski-Korsakov dont nous avons écouté le Coq d'or récemment.
- Oui ! Son catalogue est maigre… Comme tous les membres du groupe des cinq, c'est autodidacte. Pour lui la musique est une passion entre la médecine et la chimie…
- Ah oui, très éclectique ce monsieur. Mais dites-moi ? Jos van Immerseel n'est pas un artiste de l'univers baroque ?
- Oui Sonia, mais pas que… Comme son confrère anglais John-Eliot Gardiner, il aime interpréter les musiques classiques et romantiques avec des sonorités fin XIXème siècle…

 Alexandre Borodine
Alexandre Borodine se définissait comme un compositeur "du dimanche". Difficile pour ce passionné de musique, surement doué en tout, de trouver le temps disponible de s'adonner à l'écriture de partitions en alternance avec la rédaction de publications pointues sur ses travaux réputés en chimie. Il est célèbre pour ses découvertes sur les aldéhydes comme le formaldéhyde. Un aldéhyde est un composé organique, faisant partie de la famille des composés carbonylés, dont l'un des atomes de carbone primaire (relié au plus à 1 atome de carbone) de la chaîne carbonée porte un groupement carbonyle…
- Eh oh M'sieur Claude ! On n'y comprend rien et on s'en fout complètement des Adélaïde, c'est un article musical aujourd'hui, pas de la tambouille atomique… Bravo le copier-coller en plus !!!!
- Heu oui Sonia, désolé… Reprenons.
Pour parler cash, Alexandre Borodine est né en 1833 en tant que "bâtard" du prince géorgien Louka Stépanovitch Guédianov… Grand Seigneur, le prince s'assurera que son "fils naturel" soit respecté et non mis au banc de la société féodale tsariste, et de plus : qu'il ne manque de rien, même après sa mort en 1840. Dès ses sept ans, l'enfant montre sa passion pour la musique et commence son apprentissage en autodidacte de la flûte, du piano et du violoncelle. Sa mère et son père adoptif choisissent pour lui les études de médecine, le jeune Alexandre étant par ailleurs fasciné par la chimie depuis l'âge de dix ans… Âme sensible, il pratiquera peu la médecine militaire pour laquelle il a été formé, étant choquée à la vue des affreuses blessures de guerre. Par contre, il obtient un poste de professeur de chimie et marquera l'histoire de cette science de manière notable comme nous en avons blagué avec Sonia…
En 1857, il est amené à soigner Moussorgski. Une rencontre importante qui lui ouvrira les portes des musiques et compositeurs en vogue en cette période romantique. Puis en 1862, il se lie d'amitié avec Balakirev alors que le groupe des cinq est en train de voir le jour en réaction à l'académisme musical russe. Pour mémoire, en font partie : César Cui, Mili Balakirev, Modeste Moussorgski, Nikolaï Rimski-Korsakov et Borodine lui-même. Que des compositeurs autodidactes, Nikolaï Rimski-Korsakov étant le plus doué au point de révolutionner l'art de l'orchestration (Index).
Borodine écrit sa 1ère symphonie en 1867. Bien que les thèmes soient attachants et caractéristiques du style slave, épique et pathétique, le succès n'est pas au rendez-vous. C'est Liszt, rencontré lors d'une tournée scientifique, qui la fera apprécier. Le manque de maîtrise est patent avec de nombreuses répétitions et l'image d'un musicien qui cherche comment aborder les développements. Une 2ème symphonie plus aboutie sera terminée en 1876 après 7 ans de travail… On comprend mieux la minceur du catalogue de Borodine en prenant en compte un tel délai. Une 3ème symphonie ne sera jamais terminée. Deux quatuors seront composés ainsi que quelques autres ouvrages plus mineurs.

Steppe de l'Asie centrale
Le grand œuvre entrepris par Borodine se résume à un opéra qui ne sera pas terminé de sa main, Le prince Igor. Un ouvrage inspiré d'une légende médiévale qui conduira le compositeur à des recherches ethnologiques dignes du hongrois Bartók. Rimski-Korsakov et Glazounov compléteront l'orchestration et le Le prince Igor sera créé en 1890. Les Danses Polovstiennes sont extraites de cet opéra. Quant à Dans les Steppes de l'Asie centrale, un cours poème symphonique composé en 1880, il répond à une commande lors du 25ème anniversaire du Tsar Alexandre II et est dédié à Franz Liszt. C'est l'œuvre la plus populaire et souvent jouée de Borodine.
De santé fragile, Alexandre Borodine sera victime de nombreuses crises cardiaques dont la dernière en 1887 lui sera fatale. Il n'a que 53 ans. Pour l'anecdote, cet homme au génie éclectique participera à la création de la première école de médecine féminine en Russie.
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Le pianiste, organiste et chef d'orchestre Jos van Immerseel a déjà fait la une du blog, mais dans un registre très différent, à savoir en tenant la partie de clavier pour une belle interprétation du Trio Les Esprits de Beethoven (Clic).
J'avais souligné l'éclectisme de cet artiste néerlandais dans la biographie succincte présente dans l'article. L'orchestre Anima Eterna qu'il a fondé était plutôt destiné au départ au répertoire baroque. Il possède de nos jours un effectif qui lui permet de jouer des musiques romantiques voire contemporaines. Comme dans l'Orchestre révolutionnaire et romantique de John Eliot Garginer, les musiciens jouent sur des instruments des XVIIIème et XIXème siècles.
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Jos van Immerseel
Dans les Steppes de l'Asie centrale
Composé en 1880, ce cours poème symphonique ne cache pas ses intentions descriptives. On pourrait même imaginer une dimension SF du travail d'écriture en cette période romantique où le compositeur s'inspirerait des images envoyées par un drone survolant les immensités désertiques de ces régions farouchement indépendantes, car sous le joug de la mère Russie. Borodine recourt au principe du leitmotiv, un thème élégiaque symbolisant l'isolement et la sérénité des steppes, thème qui s'insinue dans toute l'œuvre telle la marche d'un voyageur pour ne pas dire d'un pèlerin. La composition repose sur des idées simples destinées à apporter les changements de climat sonore, donc de couleur, en confiant de manière successive le jeu des thèmes essentiels à un instrument soliste différent. On pourra aussi imaginer que le compositeur contemple ces paysages de l'aube au couchant.
L'orchestration est des plus classique : 2/2 + cor anglais/2/2, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 2 timbales et cordes.
Du silence, surgit délicatement une tenue dans l'extrême aigu des violons I & II, un "mi" au triple octave. Un son pp qui témoigne de l'immobilité du temps dans les plaines herbeuses et isolées vivant au rythme immuable des saisons. La flûte ppp puis le hautbois pp évoquent un premier rayon de soleil. [0:08] L'exposé du long thème est confié à la clarinette. Le réveil de la nature ? [0:25] Le cor répète ce beau motif pastoral avec élégance. La partition précise cantabile… [0:42] Un second motif apparaît, plus pétillant, des accords de cors sur des pizzicati des altos et des violoncelles. Les bois chantent. [1:05] Nouveau thème calme chanté par le cor anglais avant la reprise du thème de cors précédent. [2:12] L'harmonie réunie énonce le début du développement à savoir le thème initial avant de le proclamer da capo sous forme d'une brève fanfare altière ; les peuples de ces régions restent des guerriers nationalistes nous signifie Borodine [2:53]. Diverses reprises mettant en jeu une orchestration très variée nous conduiront à la conclusion, une atmosphère nocturne dans laquelle la flûte et les violons en sourdine entonnent une dernière fois le thème introductif, mais pppp (merci pour l'ingénieur du son 😆). Avec son orchestre lumineux, Jos van Immerseel met en relief avec bonheur cette musique populaire qui va en toute simplicité à l'essentiel : la poésie. Une Partition sans surcharge de notes…
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Les danses Polovstiennes
Ces danses extraites du second acte du Prince Igor ne justifient aucune analyse. Borodine les insert pour épicer l'intrigue, offrir un passage de ballet dont raffole le public russe, et montrer que les années passant, sa maitrise de l'orchestration a grandement profité des conseils de Rimski-Korsakov expert en la matière. L'orchestre est nettement plus rutilant que celui de Dans les Steppes de l'Asie centrale resté très proche de l'effectif beethovénien hormis la présence du cor anglais. Concrètement :
1 picolo, 2/2/2/2, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, tuba, triangle, caisse claire et grosse caisse, cymbales, tambourin, harpe, timbales et cordes. Dans l'opéra, on entend un chœur chanté pendant la danse finale. Hors scène lyrique, comme ici, on se contente d'une interprétation purement instrumentale.
Comme pour le poème symphonique, Jos van Immerseel se refuse à traduire cette musique pétulante à la manière d'une musique de film "bourrin" tiré d'un péplum des années 50. On ne s'en plaint pas, l'orchestration scintille et les danses suggèrent une chorégraphie un peu folle et festive grâce à des tempos enlevées. La suite comporte cinq danses :
1 - Danse des jeunes filles : [0:00]
2 - Danse des hommes : [0:42]
3 - Danse collective : [2:08]
4 - Danse des garçons : [3:28]
5 - Danse finale : [5:33]


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1 commentaire:

  1. "Dans les steppes de l'Asie Centrale", souvenir, souvenir ! Une des première oeuvre que j'ai étudié à l'école en CM2 et qui a été le point déclencheur de ma passion pour le classique. Le seul bémol, c'est la version que tu propose, je trouve le tempo un peut rapide, j'ai déjà entendus plusieurs autres version plus lente. Idem pour "Les Danses Polovstiennes" le tempo est très rapide, à croire que le chef avait des problèmes de vessie.

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