Un western italien inédit en DVD qui sort c’est toujours un événement pour l'amateur, surtout si dans le rôle titre il y a l'acteur emblématique du genre Giuliano Gemma et derrière la caméra un certain Lucio Fulci. Je ne reviendrai pas sur la carrière de Gemma que j'ai déjà évoqué à l'occasion d'autres films (clic) , quand à Fulci (1927-1996) il signait là son 32eme film, qui arrive entre "l'emmurée vivante " et "L'enfer des zombies" , c'est avec ce dernier qu'il décolle vraiment et devient un des maîtres du giallo avec Mario Bava ou Dario Argento. En effet s'il s'est surtout distingué dans les films d'horreur ("L'au delà", "Frayeurs", "La maison prés du cimetière"..) il a également tâté du western avec l'excellent (et violent) "Le temps du massacre" (1966, avec Franco Nero et Georges Hilton) et le très sombre 'Les 4 de l'apocalypse" (1975 avec Tomas Milian et Fabio Testi) ; à son actif également une belle adaptation du "Croc Blanc" de Jack London (1973) avec Franco Nero .
"Sello d'argento" sort en Avril 1978 en Italie, comme un anachronisme puisque le genre est déjà mort, tué par le grand n'importe quoi de certaines productions qui sombrent dans le nanar, les excès en tous genre et les parodies débiles, et le film fera un bide malgré comme nous allons le voir de nombreux atouts, mais il était trop tard.
Un film qui commence par une scène forte, un pauvre hère sur une mule , accompagné d'un gamin d'une dizaine d'années, interpelle dans un relais un pistolero dont on comprend qu'il est l'homme de main de Barrett, le respectable truand/riche notable local, qui a dépouillé le fermier. Le ton monte et le cowboy descend le pauvre type sous les yeux de son gamin, mais celui ci ramasse la pétoire de son papa et sans hésiter tire et venge froidement son père, puis pique le cheval du mort et sa superbe selle cloutée argent (une vraie, achetée par Gemma en Amérique et qu'il louera à la production, il met aussi à disposition sa propre collec' d'armes anciennes, celle de Barrett dans le film) et s'éloigne...Les années ont passé et le gamin est devenu un chasseur de primes redouté qui tire plus vite que son ombre, sous le nom de Roy Blood, mais "Selle d'argent" est aussi son surnom . On devine que ce n'est pas l’appât du gain qui le motive mais plutôt le coté justicier, un ange exterminateur ...
Licinia Lentini et Giulianno |
le cowboy en nounou |
Il y a plein de bonnes choses dans ce film, déjà la réalisation, avec la patte d'un vrai cinéaste qui sait mettre en scène et maîtrise les prises de vue, ce qui n'a pas toujours été le cas de certains spaghettis bâclés, un Fulci qui reste sobre, loin de ce qui fera son aura auprès des amateurs d’épouvante (tout juste 2 scènes sont un peu dérangeantes, celle des prêtres assassinés et quand le gamin se fait fouetter) . Tous les traditionnels du western sont présents, saloon, bordel, désert (de Tabernas, province d'Alméria) , cimetière, bandits mexicains, traîtres... Ensuite un grand Gemma, dans un rôle taillé sur mesure, qui multiplie bourre pifs, chevauchés et cascades (tout seul, n'oublions pas qu'il a débuté cascadeur) , invente des bombes, tire comme Lucky Luke. Si Belmondo avait fait des westerns ça aurait sans doute ressemblé à ça...
Joffrey Lewis |
Aldo Sambrell (1931-2010) , acteur espagnol et figure incontournable du western européen (plus de 40 films dont les Sergio Leone) joue le bandit mexicain de service, nommé Garrincha (hommage au génial footballeur brésilien champion du monde aux cotés de Pelé?) Un bandit particulièrement ignoble , il raconte ainsi la mise à sac d'une mission à un de ses comparses: "-cette bonne sœur était très belle, je lui ai demandé -pourquoi ne veux tu pas me faire l'amour? -parce que j'aime Jésus - je l'ai cloué sur la croix".
Quelques clins d'oeil aussi , au "dollar troué" quand Gemma perce en son centre à 20 métres une pièce d'un dollar, ou à "Un pistolet pour Ringo" , puisque l'Hacienda des Barrett est la même que celle où fut tourné Ringo.
Ce western était un film de commande pour Fulci et a très mal marché à sa sortie, il n'en demeure pas moins un film attachant à redécouvrir, un des derniers bons westerns tournés à Alméria. Et comme toujours chez Artus films plein de bonus intéressants , comme une long entretien avec Alain Petit, l'auteur de "20 ans de western européen".
ROCKIN -JL dit "El Gringo"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire