- ♫ Noir c’est noir. ♬ Il y a des moments où
il n’y a plus d’espoir.♫
- Ça va pas Nema ?
- Non, moi je vais très bien, c’est pour
la chronique que j’apporte.
- Euh, un disque de Johnny ? Tu
récidives dans le rock* ?
- Pas du tout. Un roman italien. Un
polar à la première personne.
*allusion à la chronique sur Issue de Secours. (Clic)
Une GS... La dernière voiture... |
On peut
commencer très jeune, au lycée ou au collège, à avoir des idées farfelues et à
faire des blagues qui sont de plus en plus louches. C’est ainsi que le héros
(le narrateur) et son copain Alberto
ont débuté leur carrière du mauvais côté de la ligne (jaune autrefois et
blanche aujourd’hui, mais toujours rigoureusement à ne pas franchir). Pas bien
méchantes au début ces infractions à la règle ; se laisser enfermer une nuit au
lycée pour commettre quelques petites vilénies… Mais quelle excitation !
Alberto, avec ses petites lunettes rondes et son air tranquille, a de
l’imagination, le désir de gagner ses paris, la certitude de toujours s’en
sortir. Il inspire une telle confiance au narrateur qu’il ne peut s’empêcher de
le suivre.
Nos deux
garçons grandissent. Tandis que le héros a un travail stable à la chambre de
commerce, Alberto rame avec de
petits boulots. Cela ne les empêche pas d’avoir des projets ensemble et d’avoir
envie de découvrir le monde. Jouer au billard au bar du coin, ça va bien un
moment mais, à la longue, ce n’est pas particulièrement excitant. Premier
voyage avec une vieille Dyane pourrie qui les conduit en Allemagne puis à Amsterdam,
pour fumer des joints en paix. Et finalement on revient en Italie avec un petit
paquet de hasch. Grisant et hallucinant, car finalement facile.
Deuxième
voyage, deuxième guimbarde, une Ford Taunus qui bouffe plus d’huile que
d’essence et un nouveau défi : en ramener un peu plus. Ça passe, on est tout
excité, on rigole. Fumette et argent facile.
Bologne by night |
Giampiero Rigosi est un
écrivain italien né en 1962. Il a
exercé les métiers de conducteur d’ambulance, pompiste, chauffeur de bus… avant
d’écrire, ce qui explique peut-être le rôle important des voitures dans ce
récit… L’histoire entrelace habilement flash-back et présent.
Giampiero Rigosi exprime avec des mots simples, mais dans un style plein de sensibilité,
d’une part l’envie d’Alberto qui
rêve d’un avenir meilleur que celui d’une vie très médiocre dans une banlieue
et d’autre part la fascination que le narrateur porte à son copain d’enfance Alberto, celui qui ose, qui pense
toujours s’en sortir et rebondir, celui qui le fait sortir de sa petite zone de
confort, de son petit travail et de son petit appartement. Descente en enfer.
On les accompagne au fil des pages sans s’ennuyer une seconde car cette
descente, l’auteur nous la fait vivre de l’intérieur en quelque sorte. Un roman
noir, très noir.
Bonne lecture !
Tram’édition pour la traduction française, 2000
169 pages
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