lundi 9 juillet 2018

ISSUE DE SECOURS – Album 2018 – par Nema M.




- Non, j’y crois pas Nema : tu as fait une chronique sur le concert où on est allé le vendredi 25 mai ?
- Et pourquoi pas, Sonia. D’autant que j’ai acheté le CD qui était en vente à la fin du spectacle. Super cette soirée au studio Raspail.
- Hargh ! Mais tu peux pas faire une chronique sur du rock ! Que vont dire Monsieur Rockin, Monsieur Luc, Monsieur Bruno, Monsieur Vincent, Monsieur Pat et Monsieur Philou du fond de la forêt de Brocéliande… Tu vas te faire virer…
- Même pas peur… je tente et on verra bien si c’est publié !

Et finalement, oui, Nema a vu son papier passer la censure des grands maîtres du blogue…
Issue de Secours est un groupe français, de rock, rock-pop, avec des chansons aux textes assez poétiques et très contemporains. Dans le CD objet de cette chronique, pratiquement toutes les paroles et les musiques sont de Issue de Secours. Je ne me suis pas ennuyée une seconde lors du concert et j’ai apprécié la variété des sujets mis en valeur dans chacun des titres. Et en plus, en live, quelle pêche et quelle bonne humeur !
Côté chant, ce sont les voix d’Elodie Genoulaz et de Luis Roman (avec parfois une petite incursion du guitariste Mahy D) qui nous entraînent dans leur univers sonore et coloré : ce sont des voix qui sonnent juste, la diction est là, qui rend le texte en français présent et plein de sens, plein des messages qu’ils souhaitent partager avec nous.
Côté instruments, on retrouve Mahy D à la guitare, Olivier Chapel guitare, Marc Chevriaux basse et Christian Macchion batteries et samples. Et ils ne sont pas là pour faire de la figuration, croyez moi. Tous très présents, chacun à sa place avec quelques petits temps de solos ; pour moi des pros.
Je ne vais pas vous donner mes impressions sur tous les titres, juste évoquer quelques-uns mais tous sont très bien dans le CD.
Quelque chose m’a tout d’abord surprise : ce n’est pas avec l’accent parisien qui a tendance à fermer les « a » et les « é »  que les chanteurs nous font partager leurs paroles. J’avoue qu’au début cela m’a un peu déroutée… Et oui, il y a des accents différents dans notre belle France et tant mieux.

Luis Roman nous fait partager son goût pour le rock « style Johnny », avec une belle voix, de l’énergie et des « tripes ». Quand il contribue au chant, Mahy D ajoute un timbre plus feutré mais néanmoins bien présent. Quant à Elodie Genoulaz, elle peut passer de la petite voix discrète à une belle furie (surtout en live) en restant toujours juste et agréable y compris dans les forte. J’ai du mal à commenter les instrumentistes, je laisse cela aux experts du Blogue. Mais par contre, je peux dire qu’ils savent jouer et plus que bien et avec une très belle complicité.  
Sorcière de vingt ans. Très bel hommage à ces petites minettes entre deux âges, l’adolescence et la femme, hyper maquillées et jouant désillusion et sourire ravageur et tendre à la fois. L’homme craque mais ne comprend pas tout, notamment la solitude de cette petite sorcière au regard troublant. Chanson pleine d’encouragement « tu as tout le temps, souris comme avant ». Les mots ne font rien face aux sanglots incompréhensibles de ces filles qui se cherchent. Très belle voix d’Elodie Genoulaz  comme un reflet de cette force et fragilité de ces gamines. 
De l’autre côté. Duo pour les rêves qui se brisent. Affronter la mer et les cieux, passer de l’autre côté. Adieux à tes parents, tes aïeux. Musique qui lance avec vigueur les contrastes entre ce que l’on croit trouver et cette horrible cruauté qui attend le migrant qui arrive finalement après avoir tout quitté et surtout quitté tous les siens, ceux de qui il vient, ceux qu’il aime. Marche dans le froid. Rêves qui se brisent sur des fils barbelés, face à des hommes armés. Jungles urbaines et non lumières de nos cités radieuses. Une énergie dans la partie instrumentale qui semble traduire jusqu’au bout le côté mécanique, métallique et dur du pays d’accueil. Une certaine tendresse et beaucoup de nostalgie dans le duo qui s’élance  pour la fin, le fait que c’est trop tard pour revenir. Bien trop fort bien trop vieux, de l’autre côté… Pour affronter la mer et les cieux. Pas de retour possible. Très beau texte.
L’essentiel du décor. Démarrage avec quelques arpèges. Puis le style est donné. C’est Elodie Genoulaz qui nous emmène en Bretagne, accompagnée par Luis Roman ou plutôt main dans la main avec lui. N’oublie pas l’essentiel du décor, quand on est à deux à regarder l’horizon, à rêver, à prier la lune. Luis et Elodie sont là ensemble pour braver la vie, s’élever au-dessus de l’ennui. Et finalement cet essentiel, c’est toi, c’est l’autre. On termine avec de beaux arpèges, les deux voix qui se mêlent et quelques notes de guitares.
Le temps atténue tout. Notes de guitares et arrivée d’abord en accompagnement d’une deuxième guitare puis un deuxième thème, batterie, on entre dans un univers rock doux qui va passer de la colère à l’apaisement. Paroles très sombres autour de l’absence, du silence. Luis Roman donne la force de la survie à cette rupture suggérée. On se résigne avec le temps, tout s’efface et atténue tout. Luis Roman est dans cette nostalgie de l’amour fini. Le temps passe, tout passe, les illusions s’effacent, un peu de colère. Et ce temps long qui s’étire porté par cette voix tantôt âcre, tantôt rebelle, tantôt plus douce. Marque du temps après les pleurs. Très bon rythme et couleurs vives rendues par les instrumentistes pour cette chanson.
Je vous laisse découvrir ce groupe bien sympathique,
Bonne écoute.

Les photos du groupe par José sont issues du site de Issue de Secours  
Leur page Facebook

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