mardi 10 juillet 2018

PINK FLOYD - ATOM HEART MOTHER (1970) - par Pat Slade



Le Floyd se met au prog symphonique avec un art-work simple et campagnard !





Les Vacheries du Pink Floyd





Avant tout, il y a-t-il un rapport entre le titre, la pochette et la musique ? «Atom Heart Mother» reste un album particulier au sein de la discographie du Pink Floyd, pourtant il sera leur premier n°1 dans les charts anglais et sera aussi leur premier disque d’or, pourtant des années plus tard, David Gilmour déclarera : «Atom Heart Mother était une bonne idée, mais le résultat est horrible. J'ai réécouté cet album récemment : mon Dieu, c'est de la merde ! Probablement notre pire réalisation artistique !» 

«Atom Heart Mother» est constitué de deux parties, une en concept expérimental et une autre un peu en fourre-tout constitué de chansons. Ce que l’on retrouvera dans «Ummagumma» et «Meddle». Album composé de cinq titres, la face une sera la plus controversée, une fresque symphonico-psychédélique décomposée en six mouvements qui comme dans «Les tableaux d’une Exposition» de Moussorgski  aura un thème principal qui reviendra continuellement. «Amazing Pudding» (Pudding Etonnant) était le premier titre avant d’avoir son titre définitif qui fut inspiré d’un article intitulé Atom Heart Mother Named paru dans le quotidien britannique The Evening Standard en juillet 1970, traitant de la transplantation sur une mère de famille d’une pile cardiaque fonctionnant au plutonium.


1) Father’s shout (Le cri du père) : Le morceau débute sur le bourdon d’un orgue qui n’est pas sans rappeler le prélude de L’Or du Rhin de Richard Wagner, sur lequel viennent se coller des cuivres, plein de cuivres ! Après cette mise en place, se libère le thème principal joué par les cors, le tout est renforcé par des effets sonores de hennissements de chevaux, de galopades, d’explosions et de démarrages de moto.

2) Breast Milky (Sein plein de lait) : Des harmonies élégiaques et feutrées à l’orgue Hammond et un violoncelle viendront déposer quelques notes et Gilmour prendra un solo joué en slide, le tout n’est pas sans rappeler «Speak To Me/Breathe» sur «Dark Side Of The Moon» en 1973.  

3) Mother Fore (Mère Antérieure) : Encore une attaque à l’orgue plus jazzy et répétitif et Gilmour qui lance ses notes à plein vent et apparition du John Alldis choir dans un dialecte des plus bizarres qui ferait penser au Carmina Burana de Carl Orff jusqu’à l’arrivé tardive de la batterie de Nick Mason.

4) Funky Dung (Fumier Puant) encore une attaque à l’orgue avec une guitare en blues (Tonalité en mi). Apparition d’une note tenue à l’orgue avec une disparition progressive de la guitare et retour du chœur entre le parler et le chanter qui n’est pas sans rappeler par ses intonations le Haka des All Blacks et cela jusqu’au retour du thème principal.

5) Mind your throats, please (Veuillez vous occuper de votre gorges s'il vous plaît) : une petit bouillie sonore issue d’un échantillonnage sonore émis par le Mellotron de Rick Wright, trois sons différents de l’instrument, des bandes magnétiques à l’envers qui donneront des cris tribaux jusqu’à des sonneries et même le passage d’un train.

6) Remergence : le retour du premier thème Father’s shout avec une superposition de collage des parties précédentes interrompue par une voix «Silence in the Studio !» et l’orchestre de cuivres reprend le thème. Retour pour 3 minutes du deuxième mouvement Breast Milky enchainé par une coda tonitruante avec tous les protagonistes de l’œuvre qui se terminera sur un accord en mi majeur flamboyant.

La face deux ne sera qu’un remplissage, «Atom Heart Mother» a été enregistré uniquement en raison de sa pièce classique. «If» un morceau de Water qui n’est pas sans rappeler l’époque Syd Barett. «Summer 68» de Richard Wright qui était, parait-il, la chanson préférée de Léo Ferré. Un piano et des cuivres qui donnent un petit son Beatles dans le pont. Une des rares chantées par Rick Wright lui-même. «Fat Old Sun» Un David Gilmour bien dans sa peau avec une belle composition et un joli solo de guitare en final. «Alan’s Psychedelic Breakfeast» Comparé à tout l’album, surement le morceau le plus faible par ce coté ennuyeux de Alan (Alan Stiles le roadie du groupe) préparant le petit déjeuner (Dans la cuisine de Nick Mason) a chaque changement de phase musical. Même s’il n’en reste pas moins sympathique à l’écoute, le mettre à la fin de l’album gâche un peut tout ce qui avait été entendu avant, mais de toute manière, il ne pouvait ni le mettre au début, ni au milieu.

Maintenant la question à cent balles : Pourquoi une vache sur la pochette de l’album ? Une pochette qui est devenue l’une des plus mythiques de l’histoire du rock. Storm Thorgerson photographe du groupe et maître à penser d’Hipgnosis veut surprendre les fans avant-gardistes avec une photo aussi ordinaire que possible. Alors qu’il roule en voiture dans l’Essex, il va immortaliser la première vache qu’il va croiser dans un champ près du village de Potters Bar dans l’Hertfordshire, cette dernière s’appelle Lulubelle III, de qu’elle race est-t-elle ? Je pencherais plus à une Red Holstein qu’a une simple Normande ! La photo de la pochette qui apparait dans le film de Benardo Bertolucci «La tragédie d’un homme ridicule» comme emblème d’une fromagerie.  


«Atom Heart Mother» Un album hors du commun, un truc à te faire sauter la cervelle, il est déjà la première fois très complexe à écouter pour un néophyte du Pink Floyd et aussi très difficile à chroniquer ! Mais il n’en reste pas moins un classique du groupe et une grande page du rock psychédélique.


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