jeudi 2 août 2018

Lénine McDonald "Où sont tes rêves" (2018)


Ça a été un réel plaisir pour moi de retrouver Lenine MacDonald* dont le précédent album  avait constitué un vrai coup de coeur (lien); 5 ans ont passé, de l'eau a coulé sous les ponts et le bonhomme a poursuivi son chemin artistique hors de sentiers battus (vous ne le verrez pas à the Voice  ni à la nouvelle star machin chose). Ancien bassiste du groupe Jesus Volt qu'il cofonde début des années 2000 et avec lesquels il passera 7 ans à triturer ce bon vieux blues pour le reconstruire à coups d'accords saturés matinés de funk et  d'electro il se tourne ensuite vers d'autres aventures  et sort l’album solo précité en 2012, il est également parolier, sort un recueil de poésies,  écrit et joue un spectacle pour enfant basé sur les origines du blues avant de s'attaquer à la réalisation de ce second album, chapeauté par Franck Eulry (réalisation, arrangements)  qui affiche sur son CV des collaborations avec Eddy Mitchell, Michel Jonasz, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Jane Birkin...
Patrick Eulry qui s'occupe également des programmations et des claviers alors que les guitares sont tenues par Alain Carminati et Jake El Tao (Jesus Volt aussi), la batterie par Aurelie Simenel et aux choeurs Valerie Ourseau-Tocco, quant à Lénine il est bien sur à la basse et au chant, et parfois armé d'une Cigarbox.
@Véronique Durruty

On commence par le morceau qui donne son titre à l'album "Ou sont tes rêves", plutôt énergique avec des guitares bien affûtées et un beat funky bluesy entraînant; changement   de style avec "Laisse je vais le faire" branché electro même si les guitares ne sont pas oubliées avec un texte décalé où l'on croise les agents de la  CIA, du KGB ou du Mossad ..Mais on va de surprise en surprise avec "Petite lune grise" et son texte mi chanté mi parlé qui m'évoque  du Yves Simon ou encore Dashiell Headyat (lien), un poème porté par une mélodie dépouillée.
Avec "Voyageur"  on va ...voyager en compagnie de "tous ceux qui meurent dans le désert/vous avancez le droit pour remuer la terre/ nous partageons contre la haine/ quel que soit le rêve, quel que soit l'ailleurs, nous venons tous du même chemin/ toujours nomades, tu t'en souviens"; une belle chanson hélas d'actualité avec le drame des migrants et  les inquiétantes  montées identitaires un peu partout; une chanson dédiée "à la mémoire des hommes femmes et enfants qui sont morts sur les routes du monde pour fuir la guerre ou partir à la recherche d'un monde meilleur, tout simplement parce qu'ils voulaient continuer de vivre", sur une musique colorée et arabisante, avec le chant de Sini Moulaye et une section de choristes, pour moi le titre majeur du disque. On joue ensuite avec les mots dans le bien nommé "Les mots" avant "Brulé, mois de Mai" , à la rythmique obsédante, entre electro et blues rock, avec l'ombre de la mort qui traîne ("perdu dans ses bras/la mort me dit tout bas/je ne sais rien de toi/mais je t'aime déjà").
Parenthèse reposante avec "Anastasia" , ballade poétique, lettre d'un soldat à sa bien aimée, titre porté par la basse avec quelques éclairs de guitares ; puis "Nébuleuses" pose la question existentielle "Qui sommes nous/ nébuleuses/ au milieu de désert/ entre gaz et poussière/ sans conscience, éphémères/ déchirées, tourmentées, attirées par le vide". "Belles idoles"  sur un  fond blues funky s'interroge sur les idoles jetables crées par les médias et la société du spectacle; après plusieurs écoutes **  de ce morceau un rapprochement me vient à l'esprit, que ce soit sur le texte la musique ou même certaine intonations : Serge Gainsbourg.
Dixième et dernier titre "Dieu m'en garde" avec la voix de la chanteuse lisboete Paula Oliveira, et encore un très beau texte sur ce blues doux/amer .

Nouvelle belle réussite pour cet artiste inclassable mais plein de talent, d'ailleurs je me demande souvent pourquoi les artistes  talentueux  restent confidentiels alors que de sombres neuneus remplissent Bercy et passent sur  TF1 (des noms? avec plaisir: vianney, christophe  maé, pascal obispo, maître grimm et bien d'autres) mais sans doute rester underground est il  la contrepartie du talent ...Et puis donner un Lenine MacDonald (ou un Jérémie Bossone) au grand public ce serait donner de la confiture de myrtille bio à un cochon...

son site, commander, dates etc : http://leninemcdonald.com/

 ROCKIN-JL



* j'aime bien ce pseudo qui porte en lui toutes les contradictions, entre le symbole du capitalisme qu'est McDo et  le penseur de la révolution russe, mais connaissant un peu le personnage on se doute que ses convictions ne vont pas vers l'ultra libéralisme  -   tiens ça me fait penser à un autre pseudo, celui de Marylin Manson qui allie la beauté et la grâce  (Marylin Monroe) au mal absolu (Charles Manson) . 
** hé oui, on est consciencieux au Deblocnot, on écoute les disques qu'on nous envoie et on ne se contente pas de recopier le communiqué de presse, contrairement à certains médias que je ne nommerai pas sauf si vous insistez..


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