Allez,
je vous fais les deux tomes pour le prix d’un. Vous allez comprendre pourquoi…
L’année
dernière, j’avais écrit tout le bien que je pensais de VERNON SUBUTEX, Tome 1
[ clic ici ! ]. Avec l’envie furieuse d’en connaître la suite. On prend donc les mêmes,
et on recommence, c’est-à-dire les multiples personnages qui tournent en orbite
autour de l’ancien disquaire devenu SDF, Vernon Subutex. Je précise que l’index
des personnages est très utile ! Le départ du tome 2 est vraiment épatant,
avec cette ambiance un peu polar, l’enquête de La Hyène pour retrouver Vernon,
et à travers lui, des enregistrements d’un chanteur décédé, Alex Bleach. On y
est. Les cassettes existent, on sait maintenant ce qu’il y a dessus et ça
devrait relancer le roman. Sauf que non, on va faire du
surplace.
Le
souci de ce tome 2, c’est que l’intrigue est trop
mince pour tenir 400 pages. Ce qui faisait justement l’intérêt du premier
livre, ces portraits, ces personnages et leurs passés, leurs liens, devient
redondant dans celui-ci, et on aura la même impression pour le tome 3. Alors le
regard de l’auteur est toujours aussi aiguisé, sur l’époque, les mœurs, mais ça
vire parfois au catalogue. Genre, j’ai un avis sur tout, la religion, la
natalité, les machines à café, le vinyle ou le cd, le racisme, la politique, la
télé, les réseaux sociaux… (mais rien sur la recette véritable du far breton).
L’intérêt
renait un peu avec le projet de vengeance de Céleste et Aïcha envers Laurent
Dopalet, mais entre-temps il ne s’est pas passé grand-chose. On se surprend
à tourner les pages en les survolant, si d’aventure il y avait un truc à
choper.On arrive à la dernière, et on se dit : je lis la
suite ou j’arrête là ?
Arrfff…
Allez, on y va quand même. Le tome 3. Vernon est sorti de la galère, tous les personnages principaux se retrouvent dans une sorte de communauté qui organise des convergences, rave
party où après plusieurs heures de mix aux platines, Vernon fait "converger" les âmes dans un orgasme
musical, et sans drogue s’il vous plait ! On a plaisir à retrouver la
bande, comme Olga et Charles, dont l’histoire de l’héritage (oui, le clochard
est riche !) attise les convoitises (ça rime) et va mettre un beau bordel
dans le groupe.
Mais
l’intrigue ne se développe quasiment qu’à travers les portraits des personnages
(et oui, encore, cent fois sur le métier Despentes remet son ouvrage). On passe
du temps avec l’un, on passe à l’autre, et ainsi de suite. Chacun son tour. A chaque protagoniste correspond un profil social, politique, avec l’envie
d’en découdre à tout prix avec le capitalisme économique. On devine évidemment
que Virginie Despentes se cache derrière ses personnages, mais c’est parfois
limite caricatural, et encore une fois (sic !) redondant.
Un personnage prend plus d’importance dans l’histoire, Max. Le
ver dans le fruit. On ne sait pas trop pourquoi, mais Max va s’allier à une
certaine Solange, pour déclencher l’apocalypse. Dans ce tome 3, l’ombre des
attentats parisiens (Charlie, Bataclan) planent sur les lignes. On sent une
tension qui monte, une violence sourde, une société de plus en plus crispée, et
agressive. La fin du livre a-t-elle été imaginée avant Le Bataclan ? On pense aussi à cette tuerie de masse
à Las Vegas, depuis les étages du Mandalay Bay.
Il
y a un p’tit quelque chose de Michel Houellebecq, dans tout cela, comme dans l’épilogue décalque du « 1984 » d’Orwell. Sauf que
non, Virginie, je ne crois pas que la musique sera bannie du monde dans 50 ans.
Enfin, espérons, parce que si les talibans contrôlent la planète, je fous le camp ! (mais où ?!!)
C’est indéniablement toujours aussi bien écrit, très souvent pertinent, lucide et pessimiste (pléonasme !) mais trois tomes c'est trop. Ce mode de
narration qui consiste à prendre les protagonistes un par un, plutôt que de
dérouler le fil de l’intrigue en les y intégrant, est certes original, mais vide lassant.
2 x 400 pages et quelques...
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