vendredi 30 mars 2018

TOUT LE MONDE DEBOUT de Franck Dubosc (2018) par Luc B.


Une presse dithyrambique ! Des articles reprenant chacun les éléments de langage doctement soufflés par les attachés de presse : « Franck Dubosc surprend et épate avec sa première réalisation ! ». N’écoutant que mon courage (et parce que la place était à 4 euros) j’y suis allé. Ayant revu la même semaine NINOTCHKA d’Ernst Lubitsch, (chronique à suivre) j’étais bien placé pour vous parler de comédies raffinées.

Pas sûr que le film reste dans les annales (pourtant, avec Dubosc…) néanmoins, on peut reconnaitre au créateur de Patrick Chirac (la série CAMPING) d’avoir essayé de renouveler son humour. Au départ, c’était pas gagné, avec des scènes de dragues et des matages de miches lourdingues (première apparition de Julie, comment peut-on filmer avec autant d’insistance un cul d'actrice, si joufflu soit-il, d’autant que le point de vue ne le justifiait pas, puisque le personnage qui regarde est justement devant et non derrière le cul en question) et des répliques telles que : « vendredi je l’appelle, samedi je la baise, dimanche je la quitte ».
  
A croire que Franck Dubosc a volontairement commencé son film dans la vulgaire gaudriole, pour ne pas déphaser son public, et mieux faire évoluer son personnage ensuite. A savoir Jocelyn, directeur d’une boite de chaussures de sport, la quarantaine grisonnante et Porsche rouge, qui vient chez sa mère décédée mettre de l’ordre dans les papiers. Il s'assoit dans le fauteuil roulant de sa mère. Et c’est ainsi que le découvre la voisine, Julie. Qui part donc du postulat que Jocelyn est handicapé. Il ne la contredit pas, y voit un avantage certain, qu’elle s’intéresse à lui : elle est aide à domicile… [Contrairement à ce que je lis partout, il ne se fait pas handicapé pour en draguer une, puisque le personnage de Florence arrive après 15 mn de film. Au départ c'est Julie qu'il veut emballer, Florence n'est que la conséquence collatérale].

Le film part donc d’un quiproquo, comme dans LES LUMIÈRES DE LA VILLE de Chaplin. Z’avez vu la référence ? Y serait content Dubosc ! 

Sauf que Julie l’invite chez ses parents, où il va tomber sur la sœur, Florence, elle-même en fauteuil roulant. Que faire ? S’enfoncer un peu plus dans le mensonge… Le scénario est assez bien troussé, est la résolution de l’énigme (« comment va-t-il s’en sortir ») est très maline. Passons sur les critiques (oui, y’en a quand même) qui ont hurlé sur : c’est raciste, homophobe, misogyne. Raciste ? Où ça ? Ah oui, la scène au restau où Marie (formidable Elsa Zylberstein) à moitié saoule, et devant l'assistance gênée, lit le message du biscuit chinois avec un accent vaguement africain « car je ne sais pas faire l’accent chinois ». Dans le genre gag surréaliste, c'est rigolo. Homophobe ? Ah oui, le copain, Max, il est homo. Dubosc a sans doute eu le tort de ne pas en faire un porte étendard de la cause, mais juste un personnage lambda. Max au téléphone : « Oui ma chérie, bien sûr, je rentre tôt, pour dîner, mouiii, je t’aime aussi… ». Il raccroche : « C’était Jean Pierre » ! Autre gag du type de petite taille qui sort avec une grande tige. Si grande, que sa tête sort du cadre de l’image, on ne la voit jamais ! Y parait qu’il ne faut pas faire ça, c’est mal, c’est se moquer des personnes différentes…

Le scénario va donc aligner des scènes entre Jocelyn et Florence (une violoniste, jolie scène où il la rejoint à Prague) souvent drôles, cocasses, pudiques (et oui !). Et des moments de comédie (la scène de l’enterrement, l’assistante Marie avec ses cardigans en mohair atroces et ses frisettes improbables), avec une petite propension au scato, le copain Max étant proctologue… Une réplique terrible : « votre coloscopie a été déplacée. C’est toujours dans l’anus, mais c’est jeudi ». C’est frais... (Saint Lubitsch, délivrez-moi du Mal !).

Ce qui cloche davantage dans ce film, c’est encore une fois la mise en scène. Ce n’est pas parce que c’est une comédie qu’il ne faut pas faire d’effort. C’est plan-plan, passe partout, sans aspérité, peu d'idées visuelles, à part une scène superbe de diner entre Jocelyn et Florence, en robe rouge… Il y a quelques maladresses, dans les raccords d’axe notamment, à force de tout filmer en champ/contre champ, fallait s’y attendre… Les situations sont bien vues, on sent que Dubosc a bossé son script, creusé son sujet, mais le passage à l’écran manque de tonus et de créativité. Ca lorgne vers les frères Farrelly (comédie romantique + trash) mais le compte n'y est pas. Il fallait pousser le curseur plus haut. Les seconds rôles sont par contre choyés, Gérard Darmon, Elsa Zylberstein formidablement drôle, et dans de courtes apparitions, François-Xavier Demaison impayable en curé de Lourdes (!) Claude Brasseur en veuf indigne.

Ce n’est pas la comédie de l’année, mais c’est vrai que la surprise est plutôt bonne, d’abord parce que le rire ne semble pas l’ingrédient principal. Un bon dimanche soir sur TF1 en perspective.


TOUT LE MONDE DEBOUT (2018) couleur  -  1h47  -  scope 1:2.35 


5 commentaires:

  1. Je n'ai jamais été client de Dubosc et de son humour. Pourtant je dois le reconnaître ici, j'ai passé un excellent moment avec ce film. Vraiment.
    La seule chose qui m'a un poil chagrinée, c'est que Dubosc aurait pu (comme tu le dis) pousser encore d'avantage le curseur par endroits. Le film dodeline parfois, alors qu'on aurait aimer plus de peps et de dynamisme ici ou là.

    Très joli moment de comédie romantique quand même ou Alexandra Lamy étincelle tout du long. Quant à celle qui joue la frangine... Là ça pique carrément les yeux disons-le franchement.

    4/6 pour moi

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  2. Bon aller, 3,5/6 ! mais c'est parce que c'est toi !

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  3. Ah ! tout de suite là ça va mieux.

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  4. Zut, je me suis trompé de blog ...
    Un film de et avec Dubosc, même pour quatre euros ...

    Ah, j'y suis, c'est un poisson d'avril ...
    Comment ça, même pas ...

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  5. Généraliste, qu'il est notre blog, généraliste !

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