Une presse dithyrambique !
Des articles reprenant chacun les éléments de langage doctement soufflés par les
attachés de presse : « Franck Dubosc surprend et épate avec sa
première réalisation ! ». N’écoutant que mon courage (et parce que la
place était à 4 euros) j’y suis allé. Ayant revu la même semaine NINOTCHKA
d’Ernst Lubitsch, (chronique à suivre) j’étais bien placé pour vous parler de comédies raffinées.
Pas sûr que le film reste
dans les annales (pourtant, avec Dubosc…) néanmoins, on peut reconnaitre au
créateur de Patrick Chirac (la série CAMPING) d’avoir essayé de renouveler son
humour. Au départ, c’était pas gagné, avec des scènes de dragues et des matages
de miches lourdingues (première apparition de Julie, comment peut-on filmer avec
autant d’insistance un cul d'actrice, si joufflu soit-il, d’autant que le
point de vue ne le justifiait pas, puisque le personnage qui regarde est justement devant et non derrière le cul en question) et des répliques telles que : « vendredi
je l’appelle, samedi je la baise, dimanche je la quitte ».
A croire que Franck Dubosc a
volontairement commencé son film dans la vulgaire gaudriole, pour ne pas
déphaser son public, et mieux faire évoluer son personnage ensuite. A savoir
Jocelyn, directeur d’une boite de chaussures de sport, la quarantaine grisonnante
et Porsche rouge, qui vient chez sa mère décédée mettre de l’ordre dans les
papiers. Il s'assoit dans le fauteuil roulant de sa mère. Et c’est
ainsi que le découvre la voisine, Julie. Qui part donc du postulat que Jocelyn
est handicapé. Il ne la contredit pas, y voit un avantage certain, qu’elle s’intéresse
à lui : elle est aide à domicile… [Contrairement à ce que je lis partout,
il ne se fait pas handicapé pour en draguer une, puisque le personnage de
Florence arrive après 15 mn de film. Au départ c'est Julie qu'il veut emballer, Florence n'est que la conséquence collatérale].
Le film part donc d’un
quiproquo, comme dans LES LUMIÈRES DE LA VILLE de Chaplin. Z’avez vu la référence ?
Y serait content Dubosc !
Sauf que Julie l’invite chez
ses parents, où il va tomber sur la sœur, Florence, elle-même en fauteuil
roulant. Que faire ? S’enfoncer un peu plus dans le mensonge… Le scénario
est assez bien troussé, est la résolution de l’énigme (« comment va-t-il s’en
sortir ») est très maline. Passons sur les critiques (oui, y’en a quand même)
qui ont hurlé sur : c’est raciste, homophobe, misogyne. Raciste ? Où
ça ? Ah oui, la scène au restau où Marie (formidable Elsa
Zylberstein) à moitié saoule, et devant l'assistance gênée, lit le message du biscuit chinois avec un accent
vaguement africain « car je ne sais pas faire l’accent chinois ». Dans le
genre gag surréaliste, c'est rigolo. Homophobe ? Ah oui, le copain, Max, il est homo. Dubosc a sans doute eu le tort de ne pas en faire un
porte étendard de la cause, mais juste un personnage lambda. Max au téléphone : « Oui ma chérie, bien sûr, je rentre
tôt, pour dîner, mouiii, je t’aime aussi… ». Il raccroche : « C’était Jean Pierre » ! Autre gag du type de petite taille qui sort avec une
grande tige. Si grande, que sa tête sort du cadre de l’image, on ne la voit
jamais ! Y parait qu’il ne faut pas faire ça, c’est mal, c’est se moquer
des personnes différentes…
Le scénario va donc aligner des
scènes entre Jocelyn et Florence (une violoniste, jolie scène où il la rejoint
à Prague) souvent drôles, cocasses, pudiques (et oui !). Et des moments
de comédie (la scène de l’enterrement, l’assistante Marie avec
ses cardigans en mohair atroces et ses frisettes improbables), avec une
petite propension au scato, le copain Max étant proctologue… Une réplique terrible :
« votre coloscopie a été déplacée. C’est toujours dans l’anus, mais c’est
jeudi ». C’est frais... (Saint Lubitsch,
délivrez-moi du Mal !).
Ce qui cloche davantage dans ce
film, c’est encore une fois la mise en scène. Ce n’est pas parce que c’est une
comédie qu’il ne faut pas faire d’effort. C’est
plan-plan, passe partout, sans aspérité, peu d'idées visuelles, à part une scène superbe de diner entre Jocelyn et Florence, en robe rouge… Il y a quelques maladresses, dans les
raccords d’axe notamment, à force de tout filmer en champ/contre champ, fallait
s’y attendre… Les situations sont bien vues, on sent que Dubosc a bossé son
script, creusé son sujet, mais le passage à l’écran manque de tonus et de
créativité. Ca lorgne vers les frères Farrelly (comédie romantique + trash) mais le compte n'y est pas. Il fallait pousser le curseur plus haut. Les seconds rôles sont par contre choyés, Gérard Darmon, Elsa
Zylberstein formidablement drôle, et dans de courtes apparitions,
François-Xavier Demaison impayable en curé de Lourdes (!) Claude Brasseur en veuf
indigne.
Ce n’est pas la
comédie de l’année, mais c’est vrai que la surprise est plutôt bonne, d’abord
parce que le rire ne semble pas l’ingrédient principal. Un bon dimanche soir
sur TF1 en perspective.
TOUT LE MONDE DEBOUT (2018) couleur - 1h47 - scope 1:2.35
Je n'ai jamais été client de Dubosc et de son humour. Pourtant je dois le reconnaître ici, j'ai passé un excellent moment avec ce film. Vraiment.
RépondreSupprimerLa seule chose qui m'a un poil chagrinée, c'est que Dubosc aurait pu (comme tu le dis) pousser encore d'avantage le curseur par endroits. Le film dodeline parfois, alors qu'on aurait aimer plus de peps et de dynamisme ici ou là.
Très joli moment de comédie romantique quand même ou Alexandra Lamy étincelle tout du long. Quant à celle qui joue la frangine... Là ça pique carrément les yeux disons-le franchement.
4/6 pour moi
Bon aller, 3,5/6 ! mais c'est parce que c'est toi !
RépondreSupprimerAh ! tout de suite là ça va mieux.
RépondreSupprimerZut, je me suis trompé de blog ...
RépondreSupprimerUn film de et avec Dubosc, même pour quatre euros ...
Ah, j'y suis, c'est un poisson d'avril ...
Comment ça, même pas ...
Généraliste, qu'il est notre blog, généraliste !
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