samedi 21 janvier 2017

MAHLER – Symphonie N°4 – Bernard HAITINK (RCO 1983) – par Claude TOON



- Tiens un nouvel épisode de la saga consacrée aux symphonies de Gustav Mahler M'sieur Claude ? 10 symphonies et 6ème article, la 4ème symphonie cette fois…
- Oui ma belle Sonia, on continue, environ une chronique par an… Mais il y a aussi ses cycles de Lieder et Le Chant de la Terre à écouter.
- Je sais que vous changez d'interprète pour chaque symphonie malgré pléthore d'intégrale. Pourtant ce Monsieur Bernard Haitink n'est pas un inconnu du blog ?
- Non, le grand chef néerlandais qui approche des 90 ans a tellement enregistré que d'autres chroniques l'ont mis en avant. Cela dit c'est un pionnier et un maître dans Mahler.
- Qu'entendez-vous par pionnier ? Et que veut dire RCO ?
- Dans les années 60, Mahler était encore dédaigné. Haitink a entrepris l'une des premières intégrales stéréo comme Bernstein et Kubelik au Royal Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam…

Mahler et sa sœur Justine vers 1900 (GettyImage)
Dans les années 60 Mahler ne faisait pas encore la une des concerts. Le compositeur avait souffert de l'interdiction par le régime nazi de le programmer, tout comme Mendelssohn et les autres compositeurs juifs. Aux États-Unis, les anciens disciples du compositeur comme Bruno Walter ou Otto Klemperer interprétaient quelques-unes de ses symphonies. Les chefs n'ayant pas dû fuir leur patrie comme Furtwängler, Karajan ou Böhm ne seront jamais des défenseurs assidus de cette musique. Quelques gravures isolées et parfois des réussites.
En France, dans mon manuel "histoire de la musique" de lycéen avant Brevet (années 62-66), Gounod ou Massenet bénéficiaient chacun d'une bio de 3 pages, et Bruckner, Mahler et Brahms se partageaient une seule page, les trois gaillards étant considérés comme des compositeurs mineurs et même, pour Mahler, comme l'auteur de symphonies "ampoulées" !!! On peut en rire vue l'époque, mais dans les années 90, le professeur de musique de mon fiston expliquait aux élèves que Mozart était un compositeur bien plus génial que Beethoven car il avait écrit 41 symphonies contre seulement 9 pour l'ami Ludwig 😳. Et on s'étonnera que notre belle jeunesse n'ait pas un goût très sûr dans leurs choix musicaux, tous genres confondus…
Revenons au sujet après ce coup de patte. En 1960, le microsillon et la stéréophonie vont permettre à des chefs d'orchestre avisés de proposer des enregistrements d'une qualité sonore compatible avec la puissance et la complexité orchestrale des symphonies du maître autrichien. Des intégrales vont voir le jour. Elles se compléteront plus qu'elles ne se concurrenceront. Leonard Bernstein à New-York, Bernard Haitink à Amsterdam et Rafael Kubelik avec l'orchestre de la radiodiffusion bavaroise. Trois labels de prestige : CBS, Philips et DG. Suivront dans les années 70, Georg Solti à Chicago et, moins connue, mais également un cycle pionnier, celui de Maurice Abravanel à Salt Lake City chez les mormons, intégrale presque oubliée et pourtant remarquable ; d'ailleurs toujours disponible en CD !
La plupart de ces grands maestros récidiveront dans les décennies suivantes, en studio ou en live. D'autres, plus tardivement, comme Pierre Boulez ou Vaclav Neumann ajouteront leurs intégrales à une discographie devenue pléthorique… Parmi les inconditionnels : Bernard Haitink qui entreprendra une seconde intégrale exceptionnelle avec la Philharmonie de Berlin encore pour Philips, hélas. En effet le label lâche le chef et bien d'autres et les 8ème et 9ème ne seront jamais captées. Decca a racheté le patrimoine et les disques sont plus ou moins disponibles, principalement au Japon.

Interview de Bernard Haitink pour ses 80 ans
L'enregistrement écouté ce jour date de 1983. C'est un disque isolé. Il est difficile à trouver, donc pourquoi ce choix ? C'est une interprétation de haute volée, caractéristique du style poétique et fluide de Bernard Haitink, et je dois l'avouer, elle est disponible chez YouTube. Comme dans l'intégrale des années 60, l'enregistrement a eu lieu avec l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, orchestre mythique et formé très tôt à la musique de Mahler, dès sa mort.

Quelques mots sur Bernard Haitink qui continue d'enchanter les mélomanes à près de 90 ans, sans poste de directeur attitré bien entendu, mais en dirigeant avec vigueur l'orchestre de Chicago ou de Dresde et bien sûr celui d'Amsterdam. Une biographie détaillée est disponible dans l'article consacré à la 5ème symphonie de Chostakovitch. Son enregistrement récent de la Symphonie Alpestre de Richard Strauss a donné lieu à une autre chronique (Clic) & (Clic).
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En 1900, Mahler semble avoir atteint un sommet dans sa carrière malgré une vie affective tourmentée. Il a 36 ans et occupe le poste illustre de directeur de l'Opéra de Vienne, situation difficile à obtenir dans un empire austro-hongrois où l'antisémitisme est déjà de rigueur. Il sera d'ailleurs congédié pour cette raison en 1907. Ces lieder inspirés des contes du Knaben Wunderhorn  et ses trois premières symphonies ont été créés, d'abord sous les sifflets et des opprobres de la critique puis avec de plus en plus d'estime. À noter que Mahler possède plus d'affinité avec la pensée chrétienne que juive dont la tradition musicale est quasiment absente de ses compositions ; l'exemple le plus frappant étant la 2ème symphonie "Résurrection" en forme d'oratorio. Mendelssohn avait déjà suivi cette démarche en se fascinant pour la spiritualité protestante.

La genèse de la 4ème symphonie va s'étendre sur deux ans : de 1899 à 1900. Curieusement, Mahler aurait ébauché le final (un lied) dans les années 1892 en même temps que les autres Knaben Wunderhorn lieder. L'œuvre marque un tournant très net dans les modes d'écriture de Mahler. Sa durée de moins d'une heure en fait avec la 1ère symphonie "Titan" l'une de ses partitions les plus concises. La 3ème symphonie avec ses six mouvements dure 1H45 !
Il est indéniable qu'en imaginant cette œuvre plutôt allègre, Mahler ait voulu proposer une suite à la grande symphonie de 1896, cette 3ème qui curieusement sera créée un an après la 4ème.
Oui, une œuvre charnière car les œuvres suivantes : les symphonies 5 à 7 seront purement orchestrales, puissantes, vénéneuses et parfois morbides, en un mot encore plus déroutantes pour le public viennois.
Mahler qui aimait intégrer des effets cataclysmiques et grandioses dans ses précédentes symphonies se tourne vers une atmosphère musicale plus légère, même si l'orchestration reste riche pour obtenir des sonorités féériques et pastorales ; curieusement, il n'y a ni trombones ni tuba, comme si les fanfares de la 3ème symphonie n'avaient plus leur place :
4 flûtes + 1 piccolo, 3 hautbois + cor anglais, 3 clarinettes + 1 petite clarinette et une clarinette basse, 3 bassons + 1 contrebasson, 4 cors, 3 trompettes, timbales, grosse caisse, cymbales, jeu de grelots, triangle, tam-tam,  glockenspiel, harpes et groupe des cordes. Une voix de Soprano dans le mouvement final. Un violon accordé au ton supérieur dans le second mouvement.
Mahler assurera la création en 1901 à Munich avec comme toujours une salle clairsemée et un accueil réservé.
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Gustav Klimt : En rêvant de grenades (1913)
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1 - Bedächtig, nicht eilen : Clinc Clinc ♫ Clinc Clinc … un guilleret sautillement des grelots scande une procession rythmée des flûtes et de deux clarinettes. Mahler, l'homme des surprises, abandonne ses introductions dramatiques habituelles pour cette ravissante et ludique entrée dans le monde des contes pour enfants, du tintement des clochettes au cou des rennes du Père Noël ! N'oublions pas que les six mouvements de la 3ème symphonie portaient des sous-titres explicites comme "Ce que me content les animaux de la forêt" ou encore dans le final "Ce que me conte l'Amour". La complémentarité des deux symphonies me fait penser pour ce mouvement à "ce que me chantent les enfants". Pourquoi pas ? Ou encore "À quoi rêvent nos mamans" comme pour cette femme assoupie dans une clairière, peinte par Klimt, ami de Mahler. Nous voilà plongés dans l'univers sonore cher au compositeur : les bruits de la nature, l'évocation de la vie simple… Les violons vont entonner un premier thème qui fait songer à une ronde de bambins ou encore une parade champêtre. Mahler raffole des marches, qu'elles soient militaires ou inspirées par les flonflons bucoliques d'une fête villageoise.  Sans oublier les sombres marches funèbres des années terribles de la fin de vie…  Mes métaphores ne sous-entendent pas l'écoute d'une musique à programme aussi déterminée. Donc, pour laisser place au mystère, le chef ne doit pas appuyer le trait et là, la souplesse du legato finement accentué, un léger rubato caractéristique de l'art de Haitink enchantent. Dans ce grand mouvement, de nombreux épisodes et changements de climat vont se succéder de manière fantasque même si la forme sonate avec ses reprises reste au goût du jour.
[5:24] Une reprise de l'introduction amène le développement d'un passage plus hardi et plus élégiaque. La nostalgie n'est jamais loin chez le compositeur qui abhorre la dualité naissance-mort, tribut de la destinée humaine, cette existence dont il ressent l'inévitable finalité comme absurde, incompréhension qui sera souvent illustrée de manière grotesque et sarcastique dans sa musique. La couleur orchestrale est à la fois très concertante, pure et follement imaginative. Le solo éthéré des flûtes à [6:27] suivant lui-même un solo de violon, un autre des cors, puis un tutti de quelques cuivres et bois, m'a toujours fait frissonner par ses sonorités célestes, la voix des anges… Oui, des motifs et soli qui s’enchaînent en une singulière kyrielle sonore. La fantasmagorie mélodique et orchestrale dans cet œuvre, où se confrontent la trivialité et la poésie est inconnue jusqu'à cette nouvelle sublimation du romantisme. Le développement va gagner en puissance, empreint d'un staccato vigoureux. On peut s'interroger sur son sens : la jovialité ? Un soupçon d'inquiétude secrète de Mahler qui n'a pas encore rencontré l'amour avec Alma ? On pourrait disserter sur des pages et des pages et je me ferai enguirlander par Luc… Il faut se laisser porter par ce voyage épique et bonhomme, la métaphysique viendra dans les symphonies postérieures.

Marc Chagall : Le violon bleu (1947)
2 - In gemächlicher Bewegung, ohne Hast (Scherzo & Trio) : [17:05] le "scherzo" montre lui aussi une évolution dans l'imaginaire enfiévré de Mahler. Le mouvement va finir de poser les bases du style sarcastique mêlé à une ironie macabre, signature des projets que le compositeur abordera jusqu'à la fin de sa vie. Les timbres requis par l'écriture sont ceux les plus extrêmes que l'on peut exiger de la tessiture des instruments, notamment des bois. Il en ressort un son à la fois ludique, corrosif et grinçant, proche des audaces atonales qui vont s'épanouir dans les courants modernistes du XXème siècle.
Cor, hautbois, basson et flûte introduisent un motif conjuguant malice et comptine villageoise. Le tempo est animé mais surtout pas précipité. Un violon solo accordé un ton trop haut se mêle à la danse. Mahler voulait voir en ce jeu discordant du violon un Satan d'image d’Épinal, un charmeur de Hamelin cherchant à s'emparer des âmes. Un violoneux qui joue de son crincrin au bal du Diable. Sérieux, angoissé ou fantaisiste ? Qui pourrait le dire ? La pâte sonore est drôlatique, insolite et même un peu diablotine : pizzicati à casser les cordes, sifflements de flûtes percussions cristallines et friponnes (triangle, cymbales, glockenspiel). La structure s'éloigne sensiblement de l'organisation symétrique d'un scherzo de Bruckner. [18:32] Le trio adopte la cadence d'un Ländler, cette danse bohémienne si souvent présente dans les œuvres de Mahler. Il se compose de six fantasques variations qui offrent à ce mouvement de moins de dix minutes une fécondité mélodique inouïe, une sorte de déchainement orchestral très aéré qui en fait l'une des pages les plus originales écrites par Mahler. La coda échappe au da capo traditionnel et clôt le scherzo par un unique ricanement des bois aux accents inquiétants… La direction magique de Bernard Haitink qui, adoptant un legato-staccato proche de celui d'un Glenn Gould au clavier, exalte cette ritournelle de démiurge voulu par le compositeur.

3 - Ruhevoll, poco adagio : [26:01] Le mot Ruhevoll se traduit par "plein de calme", comme pour le final de la 3ème symphonie. Mahler fait suivre son délirant scherzo par un adagio épuré et mystique. Les cordes vont dominer le discours dans la première partie : une longue méditation onirique. Si les deux premiers mouvements nous plongeaient dans un monde enfantin, son effervescence, ses diableries, ses contes plus ou moins ensorcelés, l'adagio nous entraîne à la suite des anges dans un paradis aux couleurs opalescentes. On retrouve comme dans le langsam de la 3ème symphonie un chant plaintif du hautbois [30:25]. La polyphonie enchevêtre diverses voix dans cette musique gagnée par le lyrisme et ponctuée par des appels dramatiques de cors. L'obsession pour la thématique processionnaire est évidement présente, mais avec une pudique discrétion : des pizzicati légers des cordes et des notes ténues des harpes.
Paradis (anonyme daté vers 1412)
[33:49] Un passage plus allant débute par une suite de variations dans lesquelles réapparaît un hautbois, ici charmeur, chantant dans une tonalité moins crispée. La musique ne cesse de gagner en vélocité. Après la pensive première partie de cet adagio, on perçoit la volonté patente de Mahler de chasser les ombres, d'illuminer ces limbes où lesdits anges semblaient chercher une quiétude perdue. [35:42] La gravité reprend ses droits illustrée par de sombres phrases étirées aux cordes graves. Les changements de tonalités majeures/mineures sont incessants. Un rejet assumé de l'académisme. L'ambiance musicale ne cesse de se mouvoir entre les tentatives de retrouver le bien-être et l'expression d'une sourde nostalgie. Ces jeux contrastés et sinueux préfigurent les tourments (bipolarité ?) qui noirciront si souvent les symphonies à venir. Un violent coup de cymbales [40:42] interrompt ces successions de doutes et d'incertitudes angoissées. Le calme revient furtivement, construit autour du thème initial, pour laisser place brusquement à une violente interrogation martelée par les timbales [43:16] Une réminiscence des climax salvateurs de la 2nde symphonie "résurrection". La coda va s'éteindre jusqu'à pppp dans un chant séraphique des cordes, de murmures des flûtes et des clarinettes et des arpèges de harpes…

4 - Sehr behaglich : [46:23] N'ayant peur de rien, j'ose dire que 😋 je suis tout à fait en accord avec Mahler qui a choisi de ne pas terminer sa symphonie par un allegro démesuré voire tonitruant. Un lieder d'une petite dizaine de minutes, mettant en musique un texte évoquant un paradis de conte de fée, délicieusement allégorique est une idée de génie. Il est prouvé que ce mouvement conclusif a été composé en premier, les autres parties servant à nous préparer à ces félicités amusantes sous-titrées "La vie céleste". Rapprocher le récit de ce banquet divin d'une fête villageoise est presque une évidence.
Le lied est découpé en plusieurs groupes de strophes. Mahler accompagne la voix de soprano (Roberta Alexander) d'une mélodie quasi chambriste, suave et ondulante. Une courte introduction d'esprit semblable assure le trait d'union avec la sérénité des dernières mesures de l'adagio. À l'opposé, le compositeur déchaîne son orchestre entre les premières interventions vocales. Le procédé lui permet de souligner le climat festif de "barbecue dans les nuages" évoqué sans couvrir le chant de la soliste. La dernière strophe "mixera" les deux formes de discours musical. Je propose ci-dessous quelques vers permettant de mieux cerner la joyeuse simplicité qu'imagine Mahler dans sa vision de l'au-delà. Comme le scherzo, et plus généralement toute la partition, Bernard Haitink sublime la musique par une précision sans appel et en respectant la candeur et la souplesse interprétatives exigées dans ce chef-d'œuvre qui s'achève dans une rêveuse félicité : un cor anglais, quelques bois, des accords de harpe, le silence
(Partition)

Nous goûtons les joies célestes,
détournés des choses terrestres.
Du ciel on n'entend guère
le tumulte du monde !
Tout vit dans la plus douce paix!
Nous menons une vie angélique!
Mais quelle n'est pas notre gaieté!
Nous dansons et bondissons,
nous gambadons et chantons!
Et Saint Pierre, en ces lieux, nous regarde !
Saint Luc abat le bœuf
sans autre forme de procès.
Le vin ne coûte le moindre sou
dans les caves célestes.
Et les anges font le pain.
De bonnes pommes, poires et grappes!
Les jardiniers nous laissent toute liberté!
Veux-tu du chevreuil, veux-tu du lièvre ?
Les voici qui accourent
en pleine rue !

Est-ce jour de carême?
Aussitôt affluent de frétillants poissons !
Là-bas, Saint Pierre se jette
avec filet et appât
dans l'étang céleste.
Saint Marthe se mettra aux fourneaux !

Nulle musique sur terre
n'est comparable à la nôtre.
Onze mille vierges
entrent dans la danse !
Sainte Ursule en rit elle-même!
Nulle musique sur terre
n'est comparable à la nôtre.
Cécile et les siens
sont de parfaits musiciens!
Ces voix angéliques
réchauffent les cœurs !
Et tout s'éveille à la joie.

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Proposer une discographie alternative de référence n'a aucun sens puisque historiquement le catalogue doit approcher voire dépasser les 200 gravures ! La première version importante (la 2ème chronologiquement après un essai au japon en 1930) date de 1939 et, pour ne pas me démentir à propos de l'expérience acquise par le Concertgebouw d'Amsterdam, elle a été dirigée avec cette phalange par Willem Mengelberg qui, patron de l'orchestre néerlandais pendant 50 ans (1895-1945) fut l'un des premiers à inscrire les symphonies de Mahler à ses programmes. Une curiosité disponible en CD.
Les revues spécialisées proposent des podiums de disques de références. Je vous le confirme, la sélection n'est jamais la même. Tu m'étonnes : entreprise stupide et subjective, résultat stupide et subjectif, même si pertinent dans leur globalité… J'ai donc sélectionné quelques coups de cœur personnels.
J'ai découvert Mahler en 1968 avec cette symphonie dirigée par Rafael Kubelik. Un choc ! J'ai réécouté le disque emprunté dans une médiathèque trois fois de suite au grand dam de ma chère maman un peu déroutée par les sonorités surprenantes de la chose… Une version claire, intimiste, que certains trouvent à tort un peu rêche. Mahler est certes un viennois mais n'a pas écrit le beau Danube Bleu… Une version subtile toujours rééditée mais avec des pochettes grotesques. Le visuel en regard de la vidéo est celle du LP d'origine. L'impressionnisme convient si bien à cette musique. (DG)
En 1958, Fritz Reiner, qui avait fait de l'Orchestre symphonique de Chicago une montre suisse orchestrale, enregistre une version dionysiaque magnifiée par les ingénieurs de RCA qui ont déjà 4 ans d'expérience pour les prises de son stéréophoniques. Celles-ci n'ont pas pris une ride et peuvent faire la pige à bien des captations récentes.
Quelques années plus tard, le mahlérien Otto Klemperer et le Philharmonia signent une interprétation limpide, taillée à la serpe et qui bénéficie de la voix d'Elisabeth Schwarzkopf dans le lieder conclusif. (EMI) Coffret commenté en 2011. (Clic)
Pour ne pas oublier de citer une réalisation récente, le chef hongrois Ivan Fischer apporte une belle touche de poésie dans sa vision de l'œuvre avec son orchestre du Festival de Budapest. Quelle prise de son ! (Channel Classics).
Tous ces disques méritent le label "culte" et on pourrait facilement étendre la liste. (6/6 à toute la classe).

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L'interprétation de Bernard Haitink en 1983. Le son de la vidéo présente quelques imperfections. J'ai posé un lien Deezer vers l'ultime gravure de 1992, avec la soprano Sylvia McNair et la Philharmonie de Berlin. Tempos légèrement plus retenus, intérêt au moins comparable, qualité du son très supérieure...





3 commentaires:

  1. Une trè sbelle version, et l'un de mes tout premiers CD, acheté en 1984 ! Fort belle prise de son -du Philips des grands jours-, magnifique orchestre d'Amsterdam et excellente version, sobre et équilibrée ! J'aime beaucoup !
    En version complémentaire et dans une toute autre optique, Sinopoli est également formidable, et le contraste entre les deux versions est étonnant !

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    1. Merci diablotin
      Oui, Sinopoli est l'un des très grands mahlériens. Je pense retenir son interprétation hors norme (avec celle de Solti) bénéficiant d'une prise de son d'une clarté et d'une dynamique fascinantes quand l'on sait que près d'un millier d'exécutants sont réunis. Je n'ai pas d'exemple Youtube pour le moment mais le CD peut s'écouter sur Deezer…
      Un chef disparu trop jeune et déjà sujet d'une chronique consacrée à Respighi. Il n'a pas toujours été épargné par les critiques officiels, ce qui reste pour moi un mystère. C'est aussi un as dans l'interprétation de Richard Strauss… Musique symphonique et opéras

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  2. J'ai découvert l'univers de Mahler avec le symphonie n°1 par Rafael Kubelik chez DG (Privilège), et je suis pratiquement jamais sortie de ses interprétations avec l'orchestre symphonique de la radio bavaroise. Je vais même t'étonner, mais je préfère même sa version de la première symphonie que celle d'Osawa ! La symphonie quatre était couplé avec la titan sur le double album, une version qui commence à dater mais toujours très écoutable.

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