C’est
un drame, ça, on ne peut qu’en convenir. Mais pas un mélodrame, au sens où le
réalisateur Kenneth Lonergan ne cherche pas les scènes tire-larmes, n’exacerbe
pas les sentiments, qui sont, la plupart du temps, refoulés par le personnage
principal.

Lee reçoit un coup de fil. Il écoute et prononce juste « C’est arrivé
quand ? ». On a compris, donc, qu'il était arrivé quelque chose, mais quoi ? A qui ? Le réalisateur prendra soin de semer son film d’informations, mais au fur
et à mesure. C’est la grande qualité de son scénario, de sa mise en scène. Lee
Chandler doit partir à Manchester by the Sea, au nord de Boston, règle les détails sur la route. Départ précipité, donc y'a urgence. Une fois là-bas, à l’hôpital, pourquoi médecins et infirmières le tutoient ?
Tout le monde semble savoir. Sauf nous !
On
comprend que Lee, qui vivait à Manchester (une figure locale ?) n’y est pas revenu depuis
des années. Que s'est-il passé au
juste ? Le film est construit en flash-back.

Kenneth
Lonergan ne balise pas ses flash-back, pas de sous-titre, dates, de fondus enchainés, voix-off. On passe constamment
d’une époque à une autre, sans difficulté de lecture, car ce sont les images qui nous guident. Rien n’est explicité, mais tout est
compréhensible, fluide, sans que jamais on ne sente l’aspect alambiqué. D'où un travail de mise en scène plus subtil qu'il n'y parait. Les images, les situations racontent les faits et en disent plus et mieux qu'une tirade (scène
terrible des steaks et du congélateur).
Raison
pour laquelle il est difficile de raconter ce film - ce que je ne fais pas ! - il faut
justement en découvrir l’intrigue, progressivement. Découvrir le nœud du drame.
Quand on voit Lee Chandler marcher dans la nuit, à la recherche de bière, revenir
chez lui, glissant sur la glace, à moitié saoul, on ne sait pas à quelle époque
on se situe. On va le deviner, la scène est magnifique, prend à la gorge, glaçante,
sur fond du fameux adagio en sol mineur d’Albinoni, que le réalisateur a le bon
goût de diffuser in extenso, comme un Kubrick se servait du classique dans ses
films.


Lee
Chandler est joué par Casey Affleck (le frère de), très Marlon Brando, ou Paul
Newman, dans l’attitude, vouté, regard fuyant, soumis à son destin, les mains
qui ne trouvent pas le chemin des poches. Il est superbe. Toute la distribution est brillante, même
si parfois, oui, ça sent le numéro d’acteur. Mais sur une telle partition !
Ce
qui semble naturel ou improvisé est en réalité écrit à la virgule près.
Kenneth Lonergan est aussi auteur et metteur en scène de théâtre, et c’est en
dirigeant Casey Affleck sur les planches qu’il a pensé à lui. Rôle dévolu à
Matt Damon, qui, n'y trouvant pas le temps, a tout de même soutenu et coproduit le projet.
Le
sujet n’est pas facile, mais MANCHESTER BY THE SEA vaut réellement par l'intelligence de son écriture, son mode de narration, la
qualité des interprètes. On rentre très vite dedans, on est tantôt surpris,
cueilli, bouleversé. C’est très beau film.
J'ai mis la bande annonce anglaise, celle aux US est un repoussoir mélo et
sirupeux en diable qui ne correspond pas à ce que dégage le film. Et sans sous titre, comme ça, vous n'aurez pas les détails !
MANCHESTER
BY THE SEA, écrit et réalisé par Kenneth Lonergan
couleur – 2h15 – format 1:1.85
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très beau film effectivement mais j'ai trouvé la bande son très envahissante à certains moments, un peu lourdingue......
RépondreSupprimerVous devriez regarder une variété de films ici https://fullfilmstream.net/ J'aime ce site et je l'utilise souvent, ce que je vous conseille.
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