jeudi 18 février 2016

LA VIE DURAILLE - Par Pat Slade





Un certain train de vie ! 




Il y a peu de temps, j’avais parlé du métropolitain et de ses tunnels. Aujourd’hui, je remonte à la surface pour suivre les traces des barons du rail. Étant fils de cheminot, je me devais de parler de ce corps de métier et de tout ce qui le compose. Attention, je vais vous coller au train tout en restant un Boute-en-train.
Toute ma prime jeunesse, j’ai été bercé par les trains. Je vivais train, je mangeais train, je parlais train et aujourd’hui je vais sortir du train-train quotidien.

«Oh ! Combien de cheminots, combien de Capitoles (6h02 Départs Paris Austerlitz)
Qui sont parties joyeux pour des courses lointaines..»  Si Victor Hugo avait connu le Paris-Toulouse, peut-être aurait-il écrit ceci ? 

Mais aujourd’hui, je suis en train de chercher à droite à gauche sur le net, et la quantité de titre sur le train ou équivalent est impressionnante. Je ne vais pas y aller à fond de train ni m’imposer un train rapide ou un train d’enfer, je vais m’aiguiller sur la bonne voie mais je vais quand même me manier le train !





Les titres du Transports 





En France, le premier train apparut en 1827 et il faudra encore attendre 10 ans pour trouver la première ligne voyageurs entre Paris et Saint-Germain-en-Laye.  Mais je ne suis pas là pour parler de l’historique de la S.N.C.F mais de la culture qui va s’en dégager. Dès le début du XXéme siècle, des chansonniers prendront le train en marches comme Charlus «De Paris à Rouen», Dranem  «L’employé de l’Ouest-Etat», «Il est content le chef de gare» par Mansuelle, «L’indicateur de chemin de fer» par Vaunel. Beaucoup d’autres vont pondre de petites bluettes sans prétention, drôles et ridicules sur le chemin de fer. Les forçats du rail auront toujours des interprètes pour rappeler que le métier de cheminot : ce n’est pas un gréviste en puissance ou un train en retard. De toute ma jeunesse, je n’ai qu’entraperçu mon géniteur Il dormait quand j’étais debout, et le soir quand je pouvais l’apercevoir, il conduisait son train. Et je ne parlerais pas des Noëls, des jours de l’an, des 14 juillet et autres 1er mai où les vaches n’arrêtent pas de regarder passer ces machines d’acier qui ne font jamais de pauses. 

Pour revenir à la chanson sur ce moyen de transport, les auteurs et les interprètes français ont bien cerné le concept et quelques hits deviendront des perles de la chanson qui resteront dans les mémoires. Mireille (Le petit conservatoire) et Jean Sablon (Le crooner de ces dames) ont chanté quelques chansons ferroviaires comme «Puisque vous partez en voyage» et «Ma grand-mère était garde-barrière». Lucienne Delyle arrivera en retard avec «J’ai loupé ma correspondance». Jacques Hélian et son orchestre prendront le «Départ-express» et «Le petit train du Far-West». 
En 1962, Henri Salvador va nous pondre un «Twist SNCF» mémorable. Henri Salvador à qui on devra les premiers rocks français avec son complice Boris Vian en 1956 «Va t’faire cuir un œuf man» et «Rock and Roll Boys» sous le pseudo de Henry Cording. Arrive un jeune chanteur qui après son gros succès «Nouvelle vague» va sortir un titre qui restera un de ses plus gros succès et le premier à avoir été appelé «Tube de l’été». 1962 : Richard Anthony sort «Et j’entends siffler le train» un morceau nostalgique qui parle d’un jeune homme qui n’a pas eu le courage de venir sur le quai dire adieu a celle qu’il aime. Mais ce titre est une reprise d’un titre folk américain «500 Miles». 


En 1964, Barbara chantera «Gare de Lyon», une échappatoire d’un «Paris sous la pluie – Me lasse et m’ennuie». La dame en noir recherche le soleil de l’Italie et la Dolce Vita. La même année, Alice Dona, la compositrice de Serge Lama, et de beaucoup d’autres, enregistrera un «Mon train de banlieue». Et puis dans le lot se détacheront des titres comme «Le chef de gare est amoureux» par Jean Ferrat, «La vie du rail» par Tom Novembre. Le discret toulousain Art Mengo va sortir un beau «Le chef de gare», une histoire d’amour d’un chef de gare de banlieue avec une voyageuse imaginaire. «Le petit train» des Rita Mitsouko tombe dans la gravité du sujet puisque le train en question est celui qui emmène les déportés vers les camps de concentration. La jolie canadienne Linda Lemay en 1998 chantera «Chaque fois que le train passe». Même Grand Corps Malade aime «Les voyages en train» alors que Charles Aznavour se contentera d’un «Il y a des trains». Zazie ne pense qu’à une chose : «Des rails». Jacques Higelin, en 1979, sur l’album «Caviar pour les autres…», fera un joli instrumental intitulé «Entre deux gares». le grand Jacques avait déjà laissé des traces dans le domaine du chemin de fer avec sa copine Brigitte Fontaine en 1972 avec «Lettre à Monsieur le chef de gare de la Tour de Carol». Mais, quittons la campagne française, prenons le tunnel sous la manche et traversons l’atlantique ou les anglo-saxons vont être très prolifiques dans le domaine.




Railroad 





Quand on pense État Unis et train, tout de suite, on peut penser au Blues (cher à Rockin' et à Luc qui non seulement travaillant dans les plantations de cotons, auraient pu planter les tire-fonds sur les voies de chemin de fer) et au jazz. Les noirs américains, au temps de l’esclavage, ont été les premiers (Avec les Chinois) à construire les premiers axes de chemin de fer comme la Transcontinental. 

Robert Johnson ne sera pas le premier (Je pense que Scott Joplin avec le «Great Crush Collision March» en 1896 fut le précurseur), mais avec son style et le titre «Love in Vain Blues» le ton sera donné. Suivront Lightnin’ Hopkins et le «Freight Train Blues», un traditionnel qui sera arrangé à toutes les sauces. Beaucoup vont la reprendre en y ajoutan un peu de leurs pattes comme Sidney Bechet, Doc Watson, Hank Williams et même le Zim Bob Dylan. Citer tous les titres de blues consacré au train et ses interprètes serait équivalent à l'embarquement dans le train de marchandise Australien le plus long du monde avec ses sept kilomètres de long !

Les jazzmen ne seront pas en reste, tout en reprenant du blues, ilas feront eux aussi leur propre mayonnaise, les Chris Barber’s, les Count Basie, Louis Amstrong, Duke Ellington et tutti quanti ne feront qu’une petite incartade avant d’être poussés par les «Jeunes» folkeux qui parcouraient le pays, avec leurs guitares dans le dos, en empruntant comme passagers clandestins les wagons de marchandise. Woody Guthrie, Johnny Cash, Gordon Lightfoot, Pete Seeger, Willie Nelson, Judy Collins, Bob Dylan, Bob SegerLa seule erreur au tableau sera pour Crosby, Stills & Nash qui se planteront de continent en prenant le «Marrakesh Express».

Mais le rock va éclater le monde la musique, et le train devient le moyen de transport des temps modernes (Sans parler de l’avion) pour les musiciens en tournée. Le roi du rock (Non ! Pas le mec de Memphis ! Celui de Saint-Louis qui joue de la gratte ! Je ne vais pas me faire que des potes !) Chuck Berry va ouvrir le bal avec «Promised Land» et «Down Bound Train». Jerry Lee Lewis, le pianiste fou, reprendra un classique d’Al Johnson de 1922 «Toot, Toot, Tootsie». 

Tous les styles prendront le train, du rock 70’ avec le Grateful Dead, Savoy Brown, Paul Butterfield Blues Band, Jethro Tull et son célèbre «Locomotive Breath», The Kinks, le Glam Rock avec les New York Dolls, le disco avec Boney M, le rock sudiste et Lynyrd Skynyrd, Blackfoot et son «Train Train» pas quotidien, et tous les autres en vrac, David Bowie avec «Station to Station», Status Quo, le Boss Bruce, The Pogues, U2, The ramones, Kraftwerk… etc. etc.

Même le Reggae mènera le train à son rythme. Le pape Bob Marley avec «Zion Train» et «This Train» (Plus connu sous le titre de «This Train is Bound for Glory» un traditionnel américain de 1920 qui aura droit à trente neuf reprises). Burning Spear, Peter Tosh, UB40 et Toots and the Maytals feront aussi le joint sans se faire de rail.  

Le Hard Rock ne dérogera pas à la règle et ne déraillera pas de sa voie unique, et le style TGV du rock métallique donnera des torticolis aux mammifères ruminant au bord des rails. Les hard rockeurs préfèrent-ils le train ? A en croire que oui vu le nombre de titres et de reprises.

Des plus anciens comme Robert Plant et Jimmy Page feront une reprise de «Blues Train». Pareil de John Coltrane à Judas Priest pour «Bullet Train» en passant par le «bouffeur» de colombe Ozzy Osbourne et«Crazy Train»,  Dee Snider et Lita Ford dans «Hellbound Train». Les pêcheurs de perles du Blue Öyster Cult «Hot rails to hell». Un Motörhead qui sera prolifique avec pas moins de 4 titres dont «Let it Rock» (Chuck Berry), «Locomotive» de John Coltrane repris aussi par les Guns &Roses, «Train Keep A-Rollin» avec d’autres versions par Aérosmith et les Twisted Sister et «Ridin’ with the driver». Les bruyants Grand Funk Railroad  ne vont pas se casser la tête (Mais pour l’époque, les oreilles oui !) avec le titre «Railroad». AC/DC et son «Rock N Roll Train» ouvriront leurs concerts de la tournée 2009.  Megadeth avec «Train of Conséquences», WASP et un cover de Jethro Tull «Locomotive Breath» et pour finir ce chapitre bruyant, Metallica avec deux titres «Hate Train» et «Tuesday’ Gone». 






Le Train, un Transport Classique





En janvier 2013 notre ancien, Claude Toon, nous avait pondu une belle chronique sur le train et il avait parlé bien sur d’Arthur Honegger et de son fameux «Pacifique 231».  Pourquoi 231 ? Tout est une histoire de bogie et d’essieux : 1 bogie porteur à deux essieux (2), 3 essieux moteurs (3) et un essieu porteur (1).



Mais le compositeur Suisse fut inspiré par le train, puisqu’il écrira aussi en 1937 «Scénic Railway» une pièce pour piano. Eduard Strauss, fils de Johann et frère de Josef écrira un «Bahn Frei !»  (Que l’on peut traduire par «gare libre !») Une polka rapide. Son deuxième frère Johann Strauss II de son coté composera aussi une polka rapide dénommée «Vergnügungszug» (Je vous mets au défi de le prononcer dix fois de suite !!) qui veut dire «Train de distraction» et qui sera traduit en anglais par «Steam Engine Polka» (Une Steam Engine n’est rien d’autre qu’une machine à vapeur). Et pour finir dans un pays plus chaud, le compositeur Brésilien Heitor Villa-Lobos écrira une petite œuvre de 4minutes 30 «Little Train From Caipira». Ah Claude m'a fait passer un post-it : Le compositeur Michael Nyman (auteur de la B.O pour "La leçon de piano") a écrit en 1993 une pièce loufoque et trépidante pour l'inauguration du TGV Paris-LIlle-Bruxelles : le titre : "Musique à grande vitesse". Ça s'impose...

Si je n’avais pas fini cette chronique, je me serais fait botter le train. Rockin me collait au train et m’imposait un train d'enfer pour écrire. Pourtant ce matin je n’étais pas en train ! Mais j’ai quand même fini et j’ai sauté du train en marche, ce dernier continue sans moi son voyage jusqu’au terminus du Déblocnot’.
- M'sieur Pat, y'a M'sieur Toon qui m'dit que vous avez oubliez "À la gare Saint-Lazare" par une certaine Colette Derail, non Deréal, pardon…
- Ah Ah Sonia, bah tiens je lui rajoute ça dans les vidéos, ça fera son bonheur quand on l'aura envoyé au "Coquelicots Bleus", Ah Ah... pour pousser la chansonnette avec le quatrième âge...
- Ô M'sieur Pat, quand même ! Quoique au TRAIN où vont les choses, hi hi hi...


11 commentaires:

  1. Bon je prends le train en route mais j'ajouterai quand même le meilleur titre des Doobie Brothers, l'incontournable "Long Train Coming"

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  2. Oui aussi ! Mais il y en a tellement, j'aurais pus aussi rajouter "Runaway Trains" de Tom Petty & the Heartbrakers ou "Southern Streamline" de John Fogerty

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  3. Ma petite contribution mon Pat...

    Jethro Tull Locomotive Breath

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    1. Bing!!! Perdus! j'en ai parlé (Je ne pouvais pas louper ce classique!) et en plus il y a la vidéo!

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    1. Voila !

      http://www.hardmaisrock.com/search/label/Stoner%20Train

      enjoy it !

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  5. c'est vrai que des titres consacrés au train il y en a des wagons, ma contribution aussi : le "Midnight special" de Leadbelly (repris par Creedence) , "the train I'm on" de Tony Joe White et "This train" , chanté par Graeme Allwright (ce doit être une reprise) et en français Nougaro avec "Locomotive d'or"

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  6. Si on m'avait dit qu'au sein d'un même article, Henri Salvador cohabiterait avec le Motörhead de Lemmy...
    Y a vraiment que Pat pour sortir a ce point des sentiers battus.

    Bon point !

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  7. "Rockin' Train" du Joe Perry Project ?... (pour faire mon malin... heingue ?). Une bombe, cette pièce.
    Mais il y a l'essentiel : "Train kept a rollin' ", "Hellbound Train" (de Kim Simmonds - Savoy Brown), "Love in Vain", "Locomotive Breath".
    Et ce "Train - Train" séminal des Blackfoot.
    Vaste sujet ; on pourrait en disserter pendant des heures sans tarir le sujet.
    Sans oublier l'influence du rythme sur le Blues et les premiers Boogie.

    "Weelll, Traiiinn - Train ! Take me on out of this town ! Traiiinnn - Train ! Lord take me on out of this town !! Well, that w'man I'm in love with ! Lord ! She's Memphis bound "
    (J'aurais dû être chanteur ou choriste, moué)
    "OOOoohhh, take that train baaaby"

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  8. Bon, ben, si tout le monde s'y met, je propose "Take the A train" (Duke Ellington). Pour le Springsteen, c'est "Land of hope and dreams" mais y'a pas "train" dans le titre, juste dans les paroles.

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  9. Et vous avez la chance que je n'ai pas mis dans la liste "Le petit Tortillard" de Plastic Bertrand ! ^^

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