Un certain train de vie !
Il y a peu
de temps, j’avais parlé du métropolitain et de ses tunnels. Aujourd’hui, je
remonte à la surface pour suivre les traces des barons du rail. Étant fils de
cheminot, je me devais de parler de ce corps de métier et de tout ce qui le
compose. Attention, je vais vous coller au train
tout en restant un Boute-en-train.
Toute ma
prime jeunesse, j’ai été bercé par les trains.
Je vivais train, je mangeais train, je parlais train
et aujourd’hui je vais sortir du train-train
quotidien.
«Oh ! Combien de cheminots, combien de Capitoles
(6h02 Départs Paris Austerlitz)
Qui sont parties joyeux pour des courses lointaines..» Si Victor
Hugo avait connu le Paris-Toulouse, peut-être aurait-il écrit
ceci ?
Mais
aujourd’hui, je suis en train de
chercher à droite à gauche sur le net, et la quantité de titre sur le train ou équivalent est impressionnante. Je ne
vais pas y aller à fond de train ni
m’imposer un train rapide ou un train d’enfer, je vais m’aiguiller sur la
bonne voie mais je vais quand même me manier le train !
En France,
le premier train apparut en 1827
et il faudra encore attendre 10 ans pour trouver la première ligne voyageurs
entre Paris et Saint-Germain-en-Laye. Mais je ne suis pas là pour parler
de l’historique de la S.N.C.F mais de la culture qui va s’en dégager. Dès le
début du XXéme siècle, des chansonniers prendront le train en marches comme Charlus «De Paris à
Rouen», Dranem «L’employé de l’Ouest-Etat», «Il est content le chef de gare» par Mansuelle, «L’indicateur
de chemin de fer» par Vaunel.
Beaucoup d’autres vont pondre de petites bluettes sans prétention, drôles et
ridicules sur le chemin de fer. Les forçats du rail auront toujours des
interprètes pour rappeler que le métier de cheminot : ce n’est pas un gréviste
en puissance ou un train en retard. De toute ma jeunesse, je n’ai qu’entraperçu
mon géniteur Il dormait quand j’étais debout, et le soir quand je pouvais
l’apercevoir, il conduisait son train. Et je ne parlerais pas des Noëls, des
jours de l’an, des 14 juillet et autres 1er mai où les vaches n’arrêtent pas de
regarder passer ces machines d’acier qui ne font jamais de pauses.
Pour revenir
à la chanson sur ce moyen de transport, les auteurs et les interprètes français
ont bien cerné le concept et quelques hits deviendront des perles de la chanson
qui resteront dans les mémoires. Mireille (Le
petit conservatoire) et Jean Sablon (Le
crooner de ces dames) ont chanté quelques chansons ferroviaires
comme «Puisque vous partez en voyage»
et «Ma grand-mère était garde-barrière». Lucienne
Delyle arrivera en retard avec «J’ai
loupé ma correspondance». Jacques Hélian
et son orchestre prendront le «Départ-express» et
«Le petit train du Far-West».
En 1962,
Henri Salvador va nous pondre un «Twist SNCF» mémorable. Henri Salvador à qui on devra les premiers rocks français avec son
complice Boris Vian en 1956 «Va t’faire cuir
un œuf man» et «Rock and Roll Boys»
sous le pseudo de Henry Cording. Arrive un
jeune chanteur qui après son gros succès «Nouvelle vague» va sortir un
titre qui restera un de ses plus gros succès et le premier à avoir été appelé «Tube
de l’été». 1962 : Richard Anthony
sort «Et j’entends siffler le train»
un morceau nostalgique qui parle d’un jeune homme qui n’a pas eu le courage de
venir sur le quai dire adieu a celle qu’il aime. Mais ce titre est une reprise
d’un titre folk américain «500 Miles».
En 1964,
Barbara chantera «Gare
de Lyon», une échappatoire d’un «Paris
sous la pluie – Me lasse et m’ennuie».
La dame en noir recherche le soleil de l’Italie et la Dolce Vita. La même
année, Alice Dona, la compositrice de Serge Lama, et de beaucoup d’autres, enregistrera un «Mon train de banlieue». Et puis dans le lot se
détacheront des titres comme «Le chef de gare
est amoureux» par Jean Ferrat, «La vie du rail» par Tom
Novembre. Le discret toulousain Art Mengo
va sortir un beau «Le chef de gare», une histoire d’amour d’un chef de gare
de banlieue avec une voyageuse imaginaire. «Le
petit train» des Rita Mitsouko tombe dans la gravité du sujet puisque le
train en question est celui qui emmène les déportés vers les camps de
concentration. La jolie canadienne Linda Lemay en 1998 chantera «Chaque fois que le train passe». Même Grand Corps Malade aime «Les
voyages en train» alors que Charles Aznavour
se contentera d’un «Il y a des trains».
Zazie ne pense qu’à une chose : «Des rails». Jacques
Higelin, en 1979, sur l’album «Caviar
pour les autres…», fera un joli instrumental intitulé «Entre deux gares». le grand Jacques avait déjà
laissé des traces dans le domaine du chemin de fer avec sa copine Brigitte Fontaine en 1972 avec «Lettre à Monsieur
le chef de gare de la Tour de Carol». Mais, quittons la campagne
française, prenons le tunnel sous la manche et traversons l’atlantique ou les
anglo-saxons vont être très prolifiques dans le domaine.
Railroad
Railroad
Quand on
pense État Unis et train, tout de suite, on peut penser au Blues (cher à
Rockin' et à Luc qui
non seulement travaillant dans les plantations de cotons, auraient pu
planter les tire-fonds sur les voies de chemin de fer) et au jazz. Les
noirs américains, au temps de l’esclavage, ont été les premiers (Avec les
Chinois) à construire les premiers axes de chemin de fer comme la
Transcontinental.
Robert
Johnson ne sera pas
le premier (Je pense que Scott Joplin avec le
«Great Crush Collision
March» en 1896 fut le précurseur), mais avec son style et le
titre «Love in Vain Blues» le
ton sera donné. Suivront Lightnin’ Hopkins
et le «Freight Train Blues», un
traditionnel qui sera arrangé à toutes les sauces. Beaucoup vont la reprendre
en y ajoutan un peu de leurs pattes comme Sidney Bechet,
Doc Watson, Hank
Williams et même le Zim Bob Dylan. Citer
tous les titres de blues consacré au train et ses interprètes serait équivalent
à l'embarquement dans le train de marchandise Australien le plus long du monde
avec ses sept kilomètres de long !
Les jazzmen
ne seront pas en reste, tout en reprenant du blues, ilas feront eux aussi leur
propre mayonnaise, les Chris Barber’s, les Count Basie, Louis Amstrong,
Duke Ellington et tutti quanti ne feront qu’une
petite incartade avant d’être poussés par les «Jeunes» folkeux qui
parcouraient le pays, avec leurs guitares dans le dos, en empruntant comme
passagers clandestins les wagons de marchandise. Woody
Guthrie, Johnny Cash, Gordon
Lightfoot, Pete Seeger, Willie Nelson, Judy Collins,
Bob Dylan, Bob Seger…
La seule
erreur au tableau sera pour Crosby, Stills & Nash
qui se planteront de continent en prenant le «Marrakesh
Express».
Mais le rock
va éclater le monde la musique, et le train devient le moyen de transport des
temps modernes (Sans parler de l’avion) pour les musiciens en tournée.
Le roi du rock (Non ! Pas le mec de Memphis ! Celui de Saint-Louis
qui joue de la gratte ! Je ne vais pas me faire que des
potes !) Chuck Berry va ouvrir le bal
avec «Promised Land» et «Down Bound Train». Jerry
Lee Lewis, le pianiste fou, reprendra un
classique d’Al Johnson
de 1922 «Toot, Toot, Tootsie».
Tous les
styles prendront le train, du rock 70’ avec le Grateful
Dead, Savoy Brown, Paul Butterfield Blues Band, Jethro
Tull et son célèbre «Locomotive Breath»,
The Kinks, le Glam Rock avec les New York Dolls, le disco avec Boney
M, le rock sudiste et Lynyrd Skynyrd, Blackfoot et son «Train
Train» pas quotidien, et tous les autres en vrac, David Bowie avec «Station
to Station», Status Quo, le Boss Bruce, The Pogues, U2, The ramones, Kraftwerk… etc. etc.
Même le
Reggae mènera le train à son rythme. Le pape Bob Marley
avec «Zion Train» et «This Train» (Plus connu sous le titre de «This Train is Bound for Glory» un traditionnel
américain de 1920 qui aura droit à trente neuf reprises). Burning Spear, Peter Tosh, UB40 et Toots and the Maytals
feront aussi le joint sans se faire de rail.
Le Hard Rock
ne dérogera pas à la règle et ne déraillera pas de sa voie unique, et le style
TGV du rock métallique donnera des torticolis aux mammifères ruminant au bord
des rails. Les hard rockeurs préfèrent-ils le train ? A en croire que oui
vu le nombre de titres et de reprises.
Des plus
anciens comme Robert Plant
et Jimmy Page feront une reprise de «Blues Train». Pareil de John Coltrane
à Judas Priest pour «Bullet
Train» en passant par le «bouffeur» de colombe Ozzy Osbourne et«Crazy
Train», Dee Snider et Lita Ford dans «Hellbound
Train». Les pêcheurs de perles du Blue
Öyster Cult «Hot rails to hell». Un Motörhead
qui sera prolifique avec pas moins de 4 titres dont «Let it Rock» (Chuck Berry), «Locomotive»
de John Coltrane repris aussi par les Guns &Roses, «Train Keep A-Rollin» avec d’autres versions
par Aérosmith et les Twisted
Sister et «Ridin’ with the driver». Les bruyants Grand
Funk Railroad ne vont pas se casser la tête (Mais pour
l’époque, les oreilles oui !) avec le titre «Railroad». AC/DC
et son «Rock N Roll Train» ouvriront
leurs concerts de la tournée 2009. Megadeth
avec «Train of Conséquences»,
WASP et un cover de Jethro
Tull «Locomotive Breath» et
pour finir ce chapitre bruyant, Metallica avec
deux titres «Hate Train» et «Tuesday’ Gone».
En janvier 2013
notre ancien, Claude Toon, nous avait pondu une
belle chronique sur le train et il avait parlé bien sur d’Arthur Honegger et de
son fameux «Pacifique 231».
Pourquoi 231 ? Tout est une histoire de bogie et d’essieux : 1 bogie
porteur à deux essieux (2), 3 essieux moteurs (3) et un essieu porteur (1).
Mais le
compositeur Suisse fut inspiré par le train, puisqu’il écrira aussi en 1937
«Scénic Railway» une pièce pour
piano. Eduard Strauss, fils de Johann et frère de Josef
écrira un «Bahn Frei !» (Que
l’on peut traduire par «gare libre !») Une polka rapide. Son deuxième
frère Johann Strauss II de son coté composera
aussi une polka rapide dénommée «Vergnügungszug»
(Je vous mets au défi de le prononcer dix fois de suite !!) qui
veut dire «Train de distraction» et
qui sera traduit en anglais par «Steam Engine
Polka» (Une Steam Engine n’est rien d’autre qu’une machine
à vapeur). Et pour finir dans un pays plus chaud, le compositeur Brésilien Heitor Villa-Lobos écrira une petite œuvre de 4minutes
30 «Little Train From Caipira». Ah Claude m'a
fait passer un post-it : Le compositeur Michael
Nyman (auteur de la B.O pour "La leçon de piano") a écrit en
1993 une pièce loufoque et trépidante pour l'inauguration du TGV
Paris-LIlle-Bruxelles : le titre : "Musique à grande vitesse". Ça
s'impose...
Si je
n’avais pas fini cette chronique, je me serais fait botter le train. Rockin
me collait au train et m’imposait un train d'enfer pour écrire. Pourtant ce matin
je n’étais pas en train ! Mais
j’ai quand même fini et j’ai sauté du train
en marche, ce dernier continue sans moi son voyage jusqu’au terminus du
Déblocnot’.
- M'sieur Pat, y'a M'sieur Toon qui m'dit que vous avez oubliez "À la
gare Saint-Lazare" par une certaine Colette Derail, non Deréal, pardon…
- Ah Ah Sonia, bah tiens je lui rajoute ça dans les vidéos, ça fera son
bonheur quand on l'aura envoyé au "Coquelicots Bleus", Ah Ah... pour
pousser la chansonnette avec le quatrième âge...
- Ô M'sieur Pat, quand même ! Quoique au TRAIN où vont les choses, hi hi
hi...
Bon je prends le train en route mais j'ajouterai quand même le meilleur titre des Doobie Brothers, l'incontournable "Long Train Coming"
RépondreSupprimerOui aussi ! Mais il y en a tellement, j'aurais pus aussi rajouter "Runaway Trains" de Tom Petty & the Heartbrakers ou "Southern Streamline" de John Fogerty
RépondreSupprimerMa petite contribution mon Pat...
RépondreSupprimerJethro Tull Locomotive Breath
Bing!!! Perdus! j'en ai parlé (Je ne pouvais pas louper ce classique!) et en plus il y a la vidéo!
SupprimerMerde !
RépondreSupprimerJe me reprend !
Voila !
Supprimerhttp://www.hardmaisrock.com/search/label/Stoner%20Train
enjoy it !
c'est vrai que des titres consacrés au train il y en a des wagons, ma contribution aussi : le "Midnight special" de Leadbelly (repris par Creedence) , "the train I'm on" de Tony Joe White et "This train" , chanté par Graeme Allwright (ce doit être une reprise) et en français Nougaro avec "Locomotive d'or"
RépondreSupprimerSi on m'avait dit qu'au sein d'un même article, Henri Salvador cohabiterait avec le Motörhead de Lemmy...
RépondreSupprimerY a vraiment que Pat pour sortir a ce point des sentiers battus.
Bon point !
"Rockin' Train" du Joe Perry Project ?... (pour faire mon malin... heingue ?). Une bombe, cette pièce.
RépondreSupprimerMais il y a l'essentiel : "Train kept a rollin' ", "Hellbound Train" (de Kim Simmonds - Savoy Brown), "Love in Vain", "Locomotive Breath".
Et ce "Train - Train" séminal des Blackfoot.
Vaste sujet ; on pourrait en disserter pendant des heures sans tarir le sujet.
Sans oublier l'influence du rythme sur le Blues et les premiers Boogie.
"Weelll, Traiiinn - Train ! Take me on out of this town ! Traiiinnn - Train ! Lord take me on out of this town !! Well, that w'man I'm in love with ! Lord ! She's Memphis bound "
(J'aurais dû être chanteur ou choriste, moué)
"OOOoohhh, take that train baaaby"
Bon, ben, si tout le monde s'y met, je propose "Take the A train" (Duke Ellington). Pour le Springsteen, c'est "Land of hope and dreams" mais y'a pas "train" dans le titre, juste dans les paroles.
RépondreSupprimerEt vous avez la chance que je n'ai pas mis dans la liste "Le petit Tortillard" de Plastic Bertrand ! ^^
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