The Rides c'est du lourd, de ce qu'on nommait dans les
sixties/seventies les "supergroupes" (Cream, Blind Faith, Beck Bogert
& Appice", Crosby Stills & Nash..), tendance qui revient à la
mode, voir -dans un registre plus musclé- les récents Chickenfoot (Sammy Hagar,
Joe Satriani) ou Black Country Communion (Joe Bonamassa, Glenn Hughues).
Supergroupe car assemblage de musiciens déjà bien connus, de
pointures même avec en premier lieu Stephen Stills, 68 ans, qu'on ne présente
plus, l'ex mari de Véronique Sanson aura été de 3 grands groupes de la scène
californienne: Buffalo Springfield,
Crosby Stills& Nash (avec ou sans Young) et Manassas. Aux claviers
Barry Goldberg, 71 ans, gros CV aussi avec l'Electric Flag (Buddy Miles, Mike
Bloomfield), des collaborations à la pelle (Steve Miller, Gram Parsons, Joe
Cocker, Rod Stewart..), qui a déjà joué avec Stills sur le fameux "Super
Session" en 1968 avec Mike Bloomfield et Al Kooper . Et pour faire baisser
la moyenne d'age voici le guitariste Kenny Wayne Shepherd, gendre de Mel Gibson
(pour la rubrique people), une des étoiles du blues rock depuis 1995; il
partage ici les guitares et le chant avec Stills (au chant 4 pour lui et 6 pour
Stills).
Ne négligeons pas la rythmique car c'est du beau linge aussi
avec les très expérimentés Chris Layton (drums-Stevie Ray Vaughan, Kenny Wayne
Shepherd) et Kevin Mc Cormick (basse-Jackson
Browne, Crosby Stills & Nash), ni le percussionniste cubain Luis Conte (Al
Di Meola, Pat Metheny, James Taylor, Phil Collins..).
Stephen
Stills dit avoir construit ici "the
blues band of my dreams".
Mais des rêves à la réalité il y a un pas, on a vu parfois
la sauce d'un tel all stars ne pas prendre.
"Roadhouse" va nous rassurer d'entrée en
tapant fort, un "biker" blues-rock rugueux sur la vie de bluesman
itinérant, au mid tempo lourd et hypnotique qui rappelle un peu le "Roadhouse blues" des Doors ou les
boogies des premiers ZZ Top. Le piano
"barrelhouse" de Goldberg, les guitares vénéneuses de Stills et
Shepherd, la voix râpée au whiskey (Stills), tout est en place, un peu trop
même car après une telle entame il va être difficile de soutenir le même
rythme.
La suite se partagera entre reprises et compos originales,
coté reprises "That's a pretty good love" (écrit pour Big Maybelle en
1956, repris par Little Feat ou les Roomful of blues), chanté par Shepherd, bon
blues rock qui lorgne vers l'Allman Brothers Band, "Search and destroy"
des Stooges (bien vitaminé mais choix surprenant, le gang d'Iggy n'ayant que
peu de rapport avec le blues..), "Honey bee" de Muddy Waters, beau
blues et de belles parties d'orgue et de piano de Goldberg et un final aux
guitares qui chauffent, " Talk to me baby",un autre classique du
blues d'Elmore James, presque trop sage pour le coup, même remarque pour "Rockin
in a free world" de Neil Young, du "classic rock" carré. Stills
qui a ressorti des placards son "World game", présent sur son second
album solo de 1971, un rock nerveux.
Reste à parler des 3 originaux restants "Don't want
lies", un peu plat, "Can't get enough", jolie ballade à la
guitare pleurante et "Only teardrops fall", le plus
réussi des 3, country/folk/rock nonchalant dont les arrangements et harmonies
vocales ne sont pas sans évoquer la période Manassas.
Au final, un album réussi,
mais qui hésite un peu entre blues rock solide
à la Stevie Ray Vaughan et rock
californien plus mélodique à la Crosby Stills & Nash, le contraste créant
peut-être un manque d'unité, manque d'unité aussi dans le fait de passer des
Stooges à Muddy Waters... Mais je suis tatillon, ne boudons pas notre plaisir,
musicalement c'est du haut niveau, et puis ça fait bien plaisir de revoir Stephen Stills qui prouve là qu'il n'est pas que le vestige d'une époque musicale bénie et révolue.Rockin-JL
Chronique parue dans le N°35 de "BCR La Revue"
je ne peux cher Rockin' que souscrire à ta chronique! Depuis sa sortie ce cd est toujours dans ma playlist et pourtant la concurrence est rude! Pour l'avoir vu cet été je savais que ce bon vieux Stills avait repris du poil de la bête , alors qu'il y a encore deux ou trois ans je ne donnais pas cher de sa peau!
RépondreSupprimerD'accord aussi pour "Only teardrops fall" une perle sur laquelle plane le fantôme de Manassas.
Et bien moi j'adhère. Comme le Scotch.
RépondreSupprimerCa me repose les esgourdes après quelques heures d'écoute de Hard Rock.
Good !
Je suis du même avis, l'album est réussi dans l'ensemble même si ça manque un peu d'originalité.
RépondreSupprimerJ'ai une préférence pour le titre "Only teardrops fall". Du coup, ça me donne envie de découvrir Manassas que je ne connais pas. Vous avez un album de ce groupe à me conseiller?
Merci pour la découverte.
Pour Manassas, sans hésiter le premier eponyme (à l'époque un double LP) . Le second est moins bon et "Manassas Pieces" sorti en 2008 , versions alternatives et chutes de studio n'est pas inintéressant. S'il faut en choisir un, le premier , un chef d'oeuvre absolu!
RépondreSupprimereffectivement Manassas c'est l'histoire d'un CD , le premier un double à l'époque avec 4 faces chacune ayant sa propre empreinte...un supergroupe comme on aimait en constituer dans ce temps la avec des egos pas toujours compatibles....ça n'a pas duré longtemps , le 2ème disque est à peine écoutable et je ne connaissais même pas l'existence du 3ème...
RépondreSupprimerdonc foncer sur le 1er intitulé Manassas qui n'a pas pris une ride et ou Stills nous montre tout son talent de compositeur, de chanteur et de guitariste.. et les musiciens derrière assurent vraiment: chef d'oeuvre absolu.. tout à fait d'accord.
Je viens d'écouter le premier album de Manassas : génial !
RépondreSupprimerUn vrai chef d'œuvre. Stephen Stills et les autres y musiciens sont vraiment au top. Merci pour la découverte !
merci à tous du passage et pour les précisions sur Manassas. concernant leur second album je pense que vous parlez de "Down the road", ben je le trouve pas si mauvais, y'a des titres à sauver quand même ( http://youtu.be/lS5uz388tnw )
RépondreSupprimerEffectivement "Down the road" n'est pas mauvais, loin de là! Par la suite Stills a fait bien pire......mais c'est juste qu'après le premier on était devenu sacrément exigeant à l'époque!
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