- Oh oh M'sieur Claude, encore deux jolies femmes en vedette cette
semaine ! Vous êtes incorrigible, mais au moins pas macho…
- C'est gentil Sonia. Il y a un moment que je veux parler d'Hélène
Grimaud, grande pianiste et personnalité pittoresque…
- Mais alors pourquoi pas un disque uniquement en soliste, des sonates
pour piano seul, par exemple. Sol Gabetta est moins connue, enfin de
moi…
- J'aime bien cette complicité avec la violoncelliste virtuose argentine
qui nous a offert ce CD, un réjouissant récital où se rencontrent
Schumann, Debussy, Brahms et Chostakovitch, bref que du beau monde dans
des œuvres assez courtes et pleines de vie, comme nos artistes…
XXXX |
La suite, beaucoup de mélomanes la connaissent.
Hélène Grimaud parcourt le monde, joue en soliste avec les plus grands orchestres de tous
les continents, avec une prédilection pour les USA qui deviennent sa seconde
patrie et où elle s’établit à Tallahassee, en Floride. Elle quittera plus
tard les Amériques pour Berlin puis la Suisse…
Sa discographie est très variée, de
Bach
à
Beethoven
en passant par les contemporains
John Corigliano
et
Arvo Pärt
dont la pianiste a créé
le Lamentate. L'un de ses plus beaux enregistrements "Credo" réunit la sonate
la Tempête
de
Beethoven
avec deux œuvres de ces deux compositeurs de notre temps (Dgg).
Non ! C'est démontré,
Hélène Grimaud
ne vit pas recluse au sein d'une meute de loups comme une squaw sioux
contrariée. Elle se passionne pour
l'éthologie, l'étude du
comportement animal, une science à laquelle
Konrad Lorenz et deux
confrères, également prix Nobel de médecine, ont donné ses titres de
noblesse. Elle est lauréate d'un diplôme dans cette discipline, diplôme
indispensable aux USA pour ouvrir son centre d'étude et de préservation de
l'espèce. Cette passion lui est venue quand, à 21 ans, elle a observé une
louve en Floride. Donc
Hélène Grimaud n'est pas une excentrique mais une scientifique, et une femme de passion
pour la beauté de la nature. À noter que cette artiste d'exception, à
l'instar des compositeurs
Scriabine
et
Messiaen
est atteinte de synesthésie, une particularité neurologique (plutôt qu'une
affection) qui lui fait percevoir des couleurs lorsqu'elle entend des sons.
Une couleur pour une note… Enfin et pour finir de tordre le coup à toutes
les rumeurs farfelues concernant cette artiste à la personnalité hors du
commun, trop et mal médiatisée,
Hélène Grimaud
est la compagne du photographe
Mat Hennek dont elle a adopté
les deux gamins...
xxxxxxxxxxx
Bien que née en argentine, la blonde et sexy
Sol Gabetta
est fille de parents français et russe. Pour ses études : l'Espagne, Bâle et
Berlin. Elle a donné son premier concert à l'âge de quatre ans, et remporté
son premier concours à dix ! Je résume : c'est une surdouée dont la carrière
internationale de vituose était inscrite à l'évidence dans les astres au
dessus de son berceau.
Ah, renseignement pris, elle a adopté la nationalité suisse. (Je ne pense
pas qu'il y ait un attrait pour la fiscalité helvétique là-dedans, les
virtuoses classiques, même de renom, ne gagnent absolument pas les ponts
d'or des footballeurs, ou des stars du showbiz…) D'ailleurs pour appuyer mes
dires, elle joue sur un violoncelle italien de 1759 du luthier
Giovanni Battista
Guadagnini, n'ayant pas les
moyens d'acheter un tel joyau aux graves de velours, il lui est prêté par
une fondation.
Bien que plus jeune d'une douzaine d'années que sa complice
Hélène Grimaud, sa carrière est exemplaire. Elle joue un large répertoire, notamment des
compositeurs du XXème siècle, avec les meilleurs orchestres du monde.
Sol
a créé un orchestre baroque en compagnie de son frère
Andrès, violoniste : l'ensemble
Capella Gabetta.
Sa discographie est extrêmement riche pour cette jeune femme de 32 ans. On
y trouve très logiquement des concertos de
Vivaldi
avec son ensemble
Capella Gabetta. Dans le répertoire plus moderne, les très difficiles concertos de
Dmitri Chostakovitch,
Edward Elgar
ou encore de
Bohuslav Martinů
sont à l'honneur. Enfin cet album Duo est venu très opportunément
débuter sa discographie en musique de chambre. Elle a aussi réalisé un DVD
"Sol Gabetta joue Haydn et Vasks".
Pēteris Vasks est un compositeur letton qui reste encore mal connu dans nos contrées.
Dommage, car comme
Penderecki, sa musique n'est pas inaccessible…
Sol Gabetta
a passé quelques commandes à Pēteris Vasks…
Les deux musiciennes ont concocté pour leur album un programme très
original : deux compositeurs romantiques :
Brahms
et
Schumann, deux modernes :
Debussy
et
Chostakovitch.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
On ne présente plus dans le Deblocnot' les compositeurs retenus pour cet
album. Leurs biographies et les œuvres parmi les plus marquantes ont déjà
donné lieu à des articles détaillés. Donc, vivent les hyperliens :
Brahms (clic),
Schumann (clic),
Debussy (clic) et
Chostakovitch (clic).
Le duo, souvent une sonate, pour piano et divers instruments est une forme
abordée par la plupart des compositeurs au talent pianistique reconnu. C'est
le cas pour ce programme, même si pour
Schumann, c'est
Clara, son épouse, qui a rédigé la partition et bien entendu l'a créée.
Beethoven
à écrit au début du XIXème siècle le premier cycle d'importance
pour le duo violoncelle – piano, avec cinq sonates de grand intérêt
musical.
1 -
Les
3 fantaisies
de
Schumann
Opus 73
sont écrites pour piano et violoncelle ou clarinette. C'est un ensemble de
courtes pièces tendres et romantiques qui ne forment pas vraiment une sonate
mais un joli divertissement.
Schumann
les compose vers 1849, pendant
une période où la dégradation de sa santé physique et mentale semble marquer
le pas. Dès les premières mesures on y ressent une grande douceur, une
sensuelle féminité dans la mélodie du violoncelle et l'enchainement délicat
des notes égrenées au piano. Le bonheur qui s'épanouit dans cette pièce
révèle un plaisir de vivre exceptionnel chez
Schumann, compositeur tourmenté, pianiste malhabile, qui ne pouvait vivre sa
musique que grâce aux mains de
Clara. On va retrouver ce climat poétique et bucolique dans les deux premières
pièces. La dernière est la plus enjouée. Le jeu des musiciennes est d'un bel
équilibre. Souvent les grands pianos de concert modernes possèdent une
puissance sans commune mesure avec ceux de l'époque romantique et masquent
le son du violoncelle dans les médiums. Ici rien de cela.
Hélène Grimaud
retient par la bride son piano par un touché ardent mais léger.
Sol Gabetta fait preuve d'un legato et d'une passion tout à fait en accord avec ces
pièces fantasques aux accents printaniers.
2 –
La Sonate n°1 en mi mineur
Opus 38
de
Brahms
fut écrite par un compositeur ayant atteint la trentaine. Curieusement, elle
devrait comporter quatre mouvements mais
Brahms a supprimé l'adagio lors de l'édition finale ! Comme si le long allegro
non troppo méditatif initial remplissait à la fois les rôles de
l'allegro introductif et du mouvement lent habituellement placé en second.
Le flot musical est caractéristique de la sensibilité "élégiaque" de
Brahms
: de longues phrases nostalgiques au violoncelle, un accompagnement plus
viril au piano, des motifs tantôt mélancoliques, tantôt enchantés qui
s'entremêlent. Dans l'allegro, chaque instrument ne brille jamais en solo
dans une quelconque cadence. Même si
Brahms
a écrit de nombreuses pièces de musique de chambre avec un piano et une
grande variété d'instrument (cordes, clarinette, cors), l'instrument soliste
a un très grand rôle, le piano semblant accompagner celui-ci comme un
orchestre, de façon concertante…
Sol Gabetta
fait chanter son instrument avec volupté et mélancolie, les graves sont
magnifiques, les coquetteries d'un superflu vibrato totalement absent. Une
très grande dame du violoncelle.
Hélène Grimaud distille l'énergie du piano au bon moment, toujours pour préserver la
présence du violoncelle. Les deux artistes se rappellent à l'évidence que
l'œuvre a été surnommée "Sonate pastorale". Les deux courts mouvements qui terminent la sonate sont joués avec
espièglerie, en totale communion.
3 –
Chantre des gammes modales et des innovations tonales, peu enclin aux
reprises et longueurs,
Debussy
nous offre une scintillante petite sonate d'une douzaine de minutes. C'est
le piano d'Hélène Grimaud
qui nous invite dans les jeux mélodiques, les couleurs diaphanes de
l'univers expressioniste de l'auteur de "La mer". La partition pour
violoncelle n'est pas simple avec ses syncopes et ses sauts de tessitures
diaboliques.
Sol Gabetta
termine le prologue dans des aigus célestes de pureté. Les deux jeunes
femmes rivalisent de facéties
agrestes dans la sérénade. Enchanteur et mystérieux… Dans le final,
Debussy
précise en tant que tempo :
Animé,
léger et
nerveux. Je n'aurais pas mieux
dit du jeu de nos artistes.
4 –
La sonate de
Chostakovitch
date de 1934, les temps qui
précèdent tout juste les purges staliniennes dans le domaine de l'art. C'est
une œuvre moins pathétique que celles qui jailliront de la plume dans les
heures noires de la guerre et des répressions du régime. De forme tout à
fait classique en quatre mouvements, l'œuvre s'écarte des angoisses qui ne
lâcheront plus le compositeur russe à partir des chasses aux sorcières
idéologiques de 1936. On y
retrouve cependant les caractéristiques rythmiques chères à
Chostakovitch
: les notes piquées au piano, les pizzicati au violoncelle, cette écriture
serrée et poignante. L'allegro initial se termine en marche funèbre. Le
second allegro est une furie démoniaque et grinçante de trois minutes avec
des glissandi du violoncelle et le piano utilisé comme percussion.
Hélène Grimaud
et
Sol Gabetta
ne font qu'une bouchée de cette folie musicale, le trait est clair,
percutant, coloré. Pas de noirceur mais de l'intimisme dans le serein
adagio. L'allegro final est une petite marche sarcastique, nous sommes bien
dans le monde musical de
Chostakovitch
!
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Pour finir,
les vidéos : tout d'abord, des extraits d'un concert donné à la philharmonie de Berlin
avec deux mouvements des sonates de
Brahms et
Debussy, puis une vidéo de présentation (en anglais mais doublé) de l'album par
les deux artistes… Et enfin les quatre sonates dans l'ordre de présentation
du CD et de l'article.
Hormis celui de Rostropovitch avec Rudolf Serkin, je n'avais jamais écouté d'autre version du n°1 de Brahms. Une chronique sur les duos familliaux, ,comme les soeurs Labèque, les frères Kontarsky ou David et Igor Oistrakh. Mais les sujets sur le classique sont tellement vaste que le creuset même avec des sujets thématique est insondable. Sinon jolie version de Brahms et découverte de celle de Chostakovitch.
RépondreSupprimer... Et dommage que le Duo Julius Katchen - Janos Starker n'ait jamais enregistré la sonate N°1 mais seulement la N°2... un must
RépondreSupprimerHmm ! Je vois ce que c'est Claude. On sûr-enchérie en matière de jolie(s) femme(s) pour tenter d'obtenir les faveurs de notre lectorat.
RépondreSupprimerBon, dans ce cas je propose un "Déblocd'or 2" afin d'élire la plus belle, la plus craquante, la plus méritante de toutes ces artistes féminines dont nous avons parlés au cour de cette année 2013. Ca vous dis ?
Autant "caser" un album "classique" dans le debocd'or serait suicidaire (1 voix, la mienne), d'autant que nous n'avons aucun contact avec les artistes, autant il est vrai que la gente féminine craquante est bien représentée dans mon domaine en opposition aux durs à cuire du Rock qui peaufinent avec talent leur look crasseux et hirsutes... :o)
RépondreSupprimerPour ce concours, je peux aligner Hélène Grimaud et Sol Gabetta, les vedettes du jour mais également : Hilary Hahn, Chloé Hanslip, Janine Jansen, Yuja Wang, Lise de la Salle, Julia fischer qui hormis un grand talent sont toutes aucunement des "laiderons".....
Non mais, non mais, mais voilà que l'on dénigre nos artistes Rock ??? Hé ! Ho ! L'habit ne fait pas le moine. C'est pas parce que le gars se trimbale en smoking qu'il est propre pour autant (voire qu'il ne pue pas).
SupprimerMaintenant, certes, il y a depuis des lustres une tendance du musicien rock qui cultive un look de saltimbanque désœuvré et négligé qui n'a strictement rien de naturel - et qui frise parfois le ridicule et le mauvais goût -.
Sinon, s'il fallait aligner quelques beaux spécimens de la gente féminine du milieu du Rock, vous êtes mal barrés. Il y a pléthore de canons, et dès qu'elles abordent du cuir... Aïe caramba !!! La tempéra...
- "Comment chérie ?? Qu'est-ce que j'écris ?? Non rien.. Ce n'est pas moi ! C'est Claude et Pat ! Tu me connais, enfin ?!
Et moi en chanson française je rajoute Giedré ! Même si elle chante des "horreurs", elle reste un jolie brin de fille !!
RépondreSupprimer"chuchoté"
RépondreSupprimerOui, alors Sheryl Crow, Amanda Somerville, Melissa Auf Der Maur, Maria Brink, Candice Night, Tori Amos, Jennifer A. O'Neill, Jo Harman, Joan Jett, Susan Tedeschi, Klara Force, Jannicke Lindström, Karen Cuda, Robi Zana, Beth Hart, Lita Ford, Tarja Turunen, Angela Gossow, Taylor Momsen, Nathalie Imbruglia, Christine Lorentzen, Nina Persson, et puis (** boïng !!***)
tu oublies Tanita Tikaram pour laquelle j'ai longtemps eu le béguin, et pas que musical (quel album quand même, faudra que j'en parle un jour) http://youtu.be/wXSTe9YMCKo
Supprimeroups, désolé Claude....
Ouaip, mais c'est plutôt très poppy ça, non ?
Supprimerfolky je dirai plutôt, à la Suzanne Vega. Sinon rayon blues rock il y a profusion de jolies guitaristes en ce moment, une vague même avec Samantha Fish, Dana Fuchs, Ana Popovic, Joanne Shaw Taylor, Erja Lyytinen, Sena Ehrardt (celle là je te la conseille), Kara Grainger, Dani Wilde et j'en oublie plein....
Supprimerha oui, sympa cette Kara Grainger (je ne connaissais pas jusqu'à présent). De plus elle grattouille et chante plutôt bien. Une découverte.
SupprimerPar contre, Ana Popovic...
Heuuu, excusez-moi de déranger en vous demandant pardon..... Mais Brahms et Debussy vous trouvez ça comment ?
RépondreSupprimerJuste pour... ben... savoir quoi... ce qui est intéressant dans les articles..... orienter mes choniquex vers un autre genre...
- Pardon Sonia ?
- Y'a pas d'X à chronique.... à un lapsus... ça arrive.... Merci Vincent d'avoir lancer le débat.....