dimanche 27 mai 2012

R.I.P. DIETRICH FISCHER-DIESKAU nous a quittés le 18 mai 2012


Même si à 87 ans, le baryton allemand s'était retiré des scènes et podiums de chef d'orchestre, pour beaucoup il reste une figure emblématique de l'art lyrique du XXème siècle au même titre que Katleen Ferrier (dont nous célèbrerons cette année le centenaire), Elisabeth Schwarzkopf, Maria Callas ou Luciano Pavarotti.
Né dans un milieu ouvert à la musique (un de ses ancêtres a été le commanditaire de la cantate profane "des paysans" évoquée le 1er avril), le jeune homme témoigne dès 1942 des dons exceptionnels. Enrôlé puis fait prisonnier en Italie pendant la tourmente de la guerre, il chante Brahms pour distraire ses compagnons d'infortune. Il avait donné son premier concert en 1942 pendant un bombardement sur Berlin avec au programme "le voyage d'hiver" de Schubert. Schubert déjà, le maître du lied qui ne sera jamais si bien servi en concert ou au disque que par Dietrich Fischer-Dieskau.
En 1951, la rencontre avec Wilhelm Furtwängler est le début d'une consécration qui va s'étendre sur un demi-siècle. Subjugué par la voix chaude, aux accents profondément humains du chanteur, le chef va lui proposer d'interpréter Mahler (Chants d'un compagnon errant), le Requiem Allemand de Brahms, Tristan et Isolde de Wagner, et les passions de Bach. Les compositeurs de prédilection sont déjà présents : Mahler et Brahms pour le lied, Wagner et Bach pour l'opéra et l'oratorio.
Son répertoire était immense et sa discographie sans équivalent. Il sera le premier à enregistrer l'intégrale des lieder de Schubert pour Dgg dans les années 60, une référence. Tenter d'énumérer ses rôles marquant à l'opéra défit la taille de cet hommage : Wagner, Verdi, Berg et tant d'autres. Il arrêta sa carrière de chanteur en 1996. Sa carrière de chef d'orchestre, moins connue, est pourtant remarquable et j'ai en projet de commenter ses enregistrements wagnériens avec son épouse  Julia Varady, elle-même soprano de premier plan.
Le chanteur avait une conception intime de l'expression à donner à une interprétation. Il ne voulait pas être un "instrument" vocal plus ou moins virtuose au service exclusif des chefs d'orchestre. J'adore une anecdote. Lors de l'enregistrement de "La Passion selon Saint Matthieu" de Bach sous la baguette sans concession d'Otto Klemperer, le chanteur voulut contester le tempo choisi par le maestro. Connaissant son autoritarisme, il l'aborda par l'humour "Maître, cette nuit, en rêve j'ai rencontré Dieu qui a confirmé que mon tempo était préférable". Klemperer surpris d'une telle audace décide d'y réfléchir. Le lendemain, il appelle le jeune baryton. "Mon cher Dieskau, cette nuit, en dormant, j'ai rencontré Dieu et c'est étrange, Il m'a dit ne pas vous connaître…".
Qu'ajouter de plus à ces quelques lignes, citer Dietrich Fischer-Dieskau lui-même : « L'important est de découvrir la musique à travers les musiciens, et non les musiciens à travers la musique. »

Deux vidéos en diront beaucoup : Le lieder avec Orchestre "Ich bin der Welt abhanden gekommen" de Gustav Mahler (sans doute le plus bouleversant jamais écrit) enregistré en 1964 avec la philharmonie de Berlin dirigé par Karl Böhm. Puis Schubert, évidement, un extrait du "Voyage d'hiver" accompagné au piano par rien moins qu'Alfred Brendel" !

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1 commentaire:

  1. pat slade27/5/12 20:52

    un souvenir de Dietrich Fischer Dieskau dans une des meilleurs version des Carmina Burana dirigé par Eugène Jochum et Gundula Janowitz ainsi que dans une version de Electra de Richard Strauss et des lieder de Hugo Wolff

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