Tyketto - Dig in Deep (CD 2012) par Vincent le Chaméléon

Forever Young

TYKETTO est un groupe de Hard Rock américain qui ne doit pas dire grand-chose à nombre d'entre vous aujourd'hui. Il n'empêche que le groupe, emmené par le chanteur Dany Vaughn et le guitariste Brooke St James, m'avait littéralement emballé à la sortie de son imparable premier album Don't come Easy (1991).

Pour savoir de quoi il en retourne exactement le concernant, je vous invite à vous reporter à ce lien (c'est ici) afin de pouvoir vérifier de visu tout le bien que je continue d'en penser.

Un peu plus tard, le groupe publiera un second album (Strenght in Numbers) avant que Dany Vaughn ne quitte finalement le groupe pour  s'occuper de sa femme malade. Un troisième et dernier album (Shine) verra tout de même le jour avec le chanteur Steve Augeri (qui rejoindra Journey de 1999 à 2006) sans toutefois parvenir à continuer d'attirer l'attention. La mode n'étant tout simplement plus du côté de ce Hard Rock là dans le milieu des années 90.  

Qu'en reste -t- il ?

Finalement Ressuscité après d'aussi longues années, de quoi allait être fait ce cru TYKETTO de 2012 ? De bien belles choses en vérité. Car si sa formule n'a guère évolué (et pour une fois, je ne m'en plaindrai pas), le groupe a clairement écrit de bons morceaux sur l'ensemble de Dig in Deep. Voilà qui est déjà rassurant. 

Toutefois, après une première écoute, on remarquera que ce que le groupe a gagné en maturité (et ça s'entend), il le perd un peu en fougue et en puissance. Cette observation est surtout à mettre à l'actif du chanteur. Dany, s'il possède toujours cette voix magnifique, m'y est apparu moins hargneux que par le passé. Les membres de la formation ayant mûris, ou en tout cas grandis, ceci explique sans doute cela. D'autre part, débarrassée de son aspect un tantinet Hard FM, la musique de TYKETTO tendrait aujourd'hui à se rapprocher d'avantage d'un groupe comme Thunder. Ce qui sous-entendrait (et qui sous-entend) que les guitares de Brooke St James  y soient plus empreintes de couleurs "Bluesy" que par le passé. Il faut également faire remarquer que la cohésion entre les musiciens est en tous points exemplaire. Idem concernant la production du disque. TYKETTO n'a certainement pas fait la même erreur que David Coverdale avec Whitesnake puisque Dig in Deep (que l'on traduira par "déterré en profondeur") sonne de façon très naturelle, tout en étant parfaitement équilibré.

Dig in Deep en surface

Si j'ignore toujours le pourquoi d'une telle reformation, et tout ce qui l'aura finalement motivée (aux vues de l'état de santé du marché du disque on peut légitimement se poser ce genre de question), je sais en revanche qu'il ne m'aura pas fallu attendre bien longtemps pour me le procurer ce nouveau disque de TYKETTO. Après tout, quand on voit dans quelle forme étincelante Accept nous est revenu après une absence quasi identique à celle des américains...

Ma seule crainte était de ne pas retrouver intacts le charme et la singularité du timbre vocal de son chanteur. A cet effet, le refrain de "Faithless" (en ouverture du disque) ne tarderait pas à l'éveiller... Ma crainte. Dany m'y apparaît aux abords de la fausseté (sur un très court passage) en plus de s'y montrer presque limite dans sa dynamique. Et puis si (musicalement) "Faithless" est une bonne entrée en matière, je ne peux m'enlever de l'esprit que ce morceau possède un petit relent "kitch" à la Survivor, toujours sur son refrain.

"Love to Love" en revanche nous ramène instantanément là où l'on espérait retrouver ce qui nous avait tant séduit auparavant chez le groupe. Avec un refrain plus "Punchy", le titre aurait pu être encore meilleur.  

Pour moi, les vraies hostilités commencent avec le titre suivant. "Here's Hoping it Hurts" est tout bonnement un titre énergique ultra accrocheur. En d'autres temps, ce morceau avait tous les atouts pour faire un beau succès radio.

A ce stade-ci, j'ai envie de dire que la qualité d'écriture de Dig in Deep va alors plutôt crescendo de titre en titre. Il faut enfin faire remarquer que TYKETTO à apporter à ses textes un sens qu'il convient aussi de souligner. L'excellent "Sound Off" ("couper le son") en est à cet égard un bel exemple. Un joli pic accusateur en direction de tous ceux pour qui la musique n'a de valeur qu'à la seule condition qu'elle leur remplisse les poches rapidement. Cette si systématique "Politique du fric" et de la rentabilité immédiate, nous conduit aujourd'hui à ce que l'on connait : Une quantité impressionnante de pseudo Artistes nous servant leur musique "Fast food" comme à la soupe populaire, c'est à dire à la louche. Comme le disait Coluche en son temps, "Il suffirait que les gens n'achètent pas pour que ça s' vende pas". Misère ! 

   

Au final, Dig in Deep est un disque très agréable et que les adeptes de bon Rock à l'américaine bourré d'ondes positives sauront apprécier à sa juste valeur.

L'été approche, ça tombe bien ! Voilà exactement le genre disque à se passer en boucle dans sa voiture, les cheveux dans le vent... Avec une jolie fille à ses côtés, cela va de soi.

Avant d'en terminer, je veux quand même faire remarquer qu'il manque à Dig in Deep "ce petit ce truc en plus", cette chose indéfinissable qui place parfois une œuvre au rang d'incontournable plutôt que de celui (bien plus courant il est vrai) de simple bon moment. Mais fallait-il nécessairement que j'en espère autant ? Pas forcément. 

Vidéos

"LOVE TO LOVE" by TYKETTO (from "Dig in Deep" 2012's new album)