Qu’est-ce que je vais bien pouvoir vous raconter sur THE ARTIST que vous ne savez déjà ? Rarement un film n’aura suscité autant de commentaires, et profité à plein du bras armé d’Hollywood pour assurer sa promotion. Son distributeur amériacain Harvey Weinstein dépense sans compter en lobbying pour son petit protégé frenchy. Remarquez, un film français que les Américains chouchoutent, c’est rare, alors profitons-en ! Mais le fait que le film mette à l'honneur leur patrimoine n'y est pas étranger ! Reconnaissons que le produit en question est assez inédit : à l’heure de la 3D numérique, on se passionne pour un film muet, en noir et blanc, au ratio 1:33. Et puis tout ce boucan autour de ce film, les multiples nominations à travers le monde, tout cela a permis de reculer l’édition du DVD, pour ressortir le film sur les écrans de cinéma. Là encore, ne soyons pas dupe, l’opération rapportera sans doute, mais tout de même, c’est suffisamment rare pour être salué. C’est d’ailleurs grâce à cela que je l’ai vu, il y a tout juste deux jours, en salle. Bon, vous connaissez tout ou presque sur THE ARTIST, le projet improbable de Michel Hazanavicius de rendre hommage au cinéma muet en en tournant un, le pari relevé par son producteur Thomas Langmann, la Palme d’Or pour Jean Dujardin, à Cannes, l’engouement aux prochains Oscars... Le rêve, le parcours édifiant, bref, une success-story comme Hollywood les aime, justement.
Mais à propos, il vaut quoi, ce film ?
Eh bien c’est un bon film, et c’est
cela le plus important. J’en ai vu des films muets, j’aime ça, et même
beaucoup, car ils représentent l’essence même du cinéma, le visuel au service
de la narration. Et bien, même habitué, il y a une sensation étrange quand THE
ARTIST commence, cette première séquence, dans une salle de cinéma justement,
immense, avec la projection d’un film de George Valentin (Jean Dujardin) qui se
clôt sous un tonnerre d’applaudissements… qu’on n’entend pas ! Ca fout les
jetons : pendant un quart de seconde on se dit que quelque chose cloche !
Y’a pas de son ! Imaginez les spectateurs qui n’ont jamais vu de film muet !
La terreur ! Car même dans la salle (la vraie) il y a le silence. Pas de
pop-corn, pas de messe-basse, de ronflement, de gloussement. Le silence
appelle le silence. C’est comme une éclipse de soleil : l'environnement se tait, d'un coup, et nous laisse seul face au vide.
Alors ça raconte quoi ? Rien que du très classique : en 1927, George Valentin est un acteur célèbre, une sorte de Douglas Fairbanks, qui multiplie les succès, avec des films d’aventures et de cape et d’épée. Il croise une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo), promue à un bel avenir, mais dans le cinéma parlant. George, lui, ne croit pas à cette technologie, persiste dans le muet, et sa carrière décline…
On a souvent hurlé au plagiat entre THE ARTIST et CHANTONS SOUS LA PLUIE. Les deux films ont comme socle historique le passage du muet au parlant, mais c’est à peu près tout. Le scénario reflète davantage les mélodrames. On lui reproche ce scénario trop simpliste ? Il est simple, linéaire, construit sur des bases éprouvées, celui de L'AURORE de Murnau était encore plus dépouillé. Mais sans doute les relations de George avec sa femme, ou le personnage du chauffeur, auraient mérité d'être creusés, pour donner de l'épaisseur et plus de vie à George Valentin.
Alors ça raconte quoi ? Rien que du très classique : en 1927, George Valentin est un acteur célèbre, une sorte de Douglas Fairbanks, qui multiplie les succès, avec des films d’aventures et de cape et d’épée. Il croise une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo), promue à un bel avenir, mais dans le cinéma parlant. George, lui, ne croit pas à cette technologie, persiste dans le muet, et sa carrière décline…
On a souvent hurlé au plagiat entre THE ARTIST et CHANTONS SOUS LA PLUIE. Les deux films ont comme socle historique le passage du muet au parlant, mais c’est à peu près tout. Le scénario reflète davantage les mélodrames. On lui reproche ce scénario trop simpliste ? Il est simple, linéaire, construit sur des bases éprouvées, celui de L'AURORE de Murnau était encore plus dépouillé. Mais sans doute les relations de George avec sa femme, ou le personnage du chauffeur, auraient mérité d'être creusés, pour donner de l'épaisseur et plus de vie à George Valentin.
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Il y a aussi le plaisir de voir des acteurs, de regarder des acteurs. Bien sûr que Jean Dujardin est fameux, c’est un acteur qui joue sur la gestuelle, le physique, le regard, comme un Cary Grant, ou Jerry Lewis, un Jim Carrey, voire un Belmondo, un acteur élastique, qui se fond dans n'importe quel rôle, juste par sa présence, ses mouvements et deux accessoires. Bérénice Béjo (charmante…) est impeccable, mais la surprise vient aussi de voir John Goodman (un habitué des frères Coen) toujours aussi impressionnant, qui roule des sourcils comme dans un Mack Sennett, et James Cromwell, chaleureux et tendre chauffeur dévoué à George Valentin, et puis Malcolm McDowell (Alex dans ORANGE MECANIQUE) pour un tout petit rôle, presque de figurant (d’ailleurs il joue un figurant !), et Ed Lauder, éternel second rôle de crapule dans les productions US. THE ARTIST se hisse-t-il pour autant à la hauteur des grandes réussites du genre ? Peut-on raisonnablement le comparer aux films de Chaplin, Dreyer, Von Stroheim, Murnau, Sjöström ?
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C’est un sentiment difficile
à exprimer, cela me rappelle le film LA CONQUETE de Xavier Durringer (Cliquez ici pour relire l'article) qui
écrasé par le personnage de Sarkozy, peinait à tendre vers l’universel. THE
ARTIST est victime du même syndrome, un film tellement référencé (mais c’était
le but) ancré dans une époque, un style, qu’il ne peut pas exister indépendamment
de ses modèles. Le réalisateur se défend d'avoir fait un simple exercice de style, mais d'avoir voulu raconter une histoire sans dialogue. Certes. Mais faire un film sans dialogue, il en existe d'autres. De là à le faire sans bruitage, en noir et blanc, au format carré 1:33 avec intertitres, c'est plus que de ne simplement pas écrire de dialogue !
Ces quelques réflexions mises à
part, THE ARTIST reste, et c’est tant mieux, un vrai bon moment de cinéma, un pari fou de producteur timbré (Langmann), une belle expérience, qui fourmille d’idées merveilleuses et
poétiques (jusqu'à la pirouette finale, ultime plan, très belle idée...). Qu’un tel film ait trouvé son public, c’est heureux, la popularité
de Jean Dujardin y est pour beaucoup. La formule est galvaudée, je sais, mais
si cela pouvait encourager certains à se dire : voyons de plus près ce
cinéma-là, redécouvrons MABUSE, LES RAPACES, LE DERNIER DES HOMMES, LA GREVE,
LE VENT, VAMPYR, alors là, ce sera formidable !
Bien sûr, c'est le moment de se replonger dans L'AURORE de Murnau, précédement chroniqué ici
THE ARTIST (2011)
Ecrit et réalisé par Michel Hazanavicius
Noir et blanc - 1h40 - ratio 1:33
Autant le succès français m'étonne beaucoup : noir & blanc, muet, pas d'effets spéciaux; autant le tapis rouge américain est moins surprenant... C'est un hommage appuyé à leur cinéma ! Pas besoin d'adaptation, c'est déjà américain !!!
RépondreSupprimerVu hier soir. J'y suis allé un peu à reculons. Dès qu'un film est porté au pinacle, l'envie de voir le film est moins forte chez moi. Pour cette raison je me refuse toujours de voir "Intouchable". Mais j'avoue qu'en dépit des louanges que The Artist suscite j'ai été agréablement surpris. Surtout par la mise en scène, car c'est un film qui fourmille d'idées. La scène du rêve bien sûr mais aussi celle où un George Valentin dépité verse son café sur son reflet sur la table. Des plans comme ça tout bête mais que l'on cherche désespérément dans le cinéma français actuel. Complètement bouffi par son orgueil et qui voit le cinéma uniquement comme un prolongement du théâtre.
RépondreSupprimerMais je rejoins cette chronique sur le scénario un peu creux. Car c'est vrai que au delà de l'hommage au cinéma muet, les personnages n'existent pas trop. Et à titre personnel je ne suis pas convaincu par Dujardin lorsque le film bascule dans le registre dramatique.
Mais au delà de ça, je pense que le succès de The Artist est mérité.
Cette pluie de récompenses est-elle à ce point justifiée ? Je laisse la réponse aux spécialistes en 7ème art. Toujours est-il que moi aussi je suis allé le voir (il y a déjà un moment). Verdict: J'ai passé un très agréable moment. Faut-il en demander plus ?
RépondreSupprimerVincent.
Salut Vincent, et salut à toute l'équipe.. Bah disons qu'au milieu de la médiocrité actuelle, ce flot de récompenses n'est pas très étonnant. Le film n'est pas exceptionnel, de mon point de vue également, mais, voilà, les Oscars sont de plus en plus consensuels. Ils rêvent de retrouver l'âge d'or. Illusions. FreddieFreeJazz
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