jeudi 23 février 2012

VACANCES ROMAINES, un film de William Wyler (1953), par Princesse Foxy


 "Roman Holiday"  (Vacances Romaines) est un film américain de William Wyler, réalisé en 1953. Aux Etats-Unis, Wyler est un phénomène, on lui doit " Madame Miniver"  (1943), " Les plus belles années de notre vie"  (1947), mais également  "Ben Hur (1960). Pour ces 3 films, Wyler à reçu l’Oscar du meilleur réalisateur.
 "Vacances Romaines"  est une charmante comédie romantique, sans doute un peu désuète, mais je ne dirais jamais assez combien j’aime cette période révolue au  charme inégalable.

La plupart des contes commencent ainsi  "once upon a time…"  (il était une fois) et comme il est ici question d’une princesse, incarnée par la délicieuse et espiègle Audrey Hepburn, je vais vous raconter cette histoire de la manière suivante :
Audrey Hepburn et Gregory Peck
Il était une fois une jeune princesse, nommée Ann, qui sillonnait les capitales européennes, suivie de sa royale cour. Elle parcours des villes comme Paris ou Londres, toujours avec distinction, sans montrer le moindre signe de fatigue. Son voyage la conduit donc tout naturellement dans la ville éternelle : Rome.
Rome la sublime, mais également Rome la vivante, la capitale où il fait bon vivre, flirter et boire un café, tout en regardant les amoureux jeter une pièce dans La Fontaine de Trévi. Ainsi donc, alors qu’elle est à Rome, Ann se désespère et ne supporte plus ses devoirs, les contraintes et le protocole. Alors qu’elle est dans sa chambre, elle s’interroge  "Pourquoi suis-je obligée de porter cette chemise de nuit au lieu d’un pyjama ? J’aimerais tant porter un pyjama !", et la réponse qu’on lui fait est que ça ne se fait pas… une princesse en pyjama ? quelle hérésie !
 Soumise à un emploi du temps surchargé, elle fait une crise de nerfs, trouvant sa condition de princesse peu enviable. Comment ne pas la comprendre ? une jeune femme de son âge a sans doute plus envie de rire, danser et vivre, plutôt que de valser avec de vieux dignitaires de pays étranger, chaussée de talon qui lui meurtrissent les pieds. Pour la calmer, le médecin lui administre un sédatif, mais séduite par la musique qu’elle entend à l’extérieur et poussée par la curiosité, elle décide de fuguer en pleine nuit et de partir à la rencontre de la ville éternelle.
Cette même nuit, elle s’endort sur un banc près du Colisée, et capte l’attention de Joe Bradley, incarné par Grégory Peck, journaliste de son état, qui passe par là. Joe Bradley est jeune, séduisant, et s’amuse de l’attitude de cette jeune fille qui répète inlassablement  "enchantée", "ravie", "je vous permet de vous retirer…".  Voyant qu’elle semble érudite et visiblement démunie d’argent, il la conduit à son domicile où elle passe la nuit. Le lendemain, face à sa disparition, et pour ne pas affoler ses parents, l’Ambassade lance un communiqué pour annoncer que la princesse Ann est souffrante et ne pourra honorer ses interviews avec la presse.

Entre temps, Bradley découvre l’identité de sa protégée, et se dit qu’il tient sans doute là le scoop de sa vie ! Il contacte son ami photographe Irving Radovich (Eddie Albert), et décide avec lui de rédiger un article à scandale, photos à l’appui,  de la princesse fugueuse. Pour ce faire, il rejoint la jeune femme  chez lui, et l’emmène passer une journée inoubliable à la découverte de Rome.
Mais Bradley arrivera-t-il à ne pas succomber au charme d’Ann ? Et elle même, libérée du joug du protocole et des bienséances, ne va-t-elle pas fondre devant son sympathique guide, dont elle ignore la profession et les desseins ?
" Vacances Romaines " est la comédie romantique par excellence, servie par un casting de rêve, des scènes tour à tour charmantes et réjouissantes, des prises de vues fantastiques (le film a été tourné en décors naturels) et un final absolument éblouissant.

Car au fond, que va découvrir Bradley sur cette ravissante princesse ? Il va découvrir que ce n’est qu’une jeune femme qui rêve de manger une glace sur la Piazza di Spagna, d’aller à son gré se faire couper les cheveux, de siroter du champagne à une terrasse, de marcher sous la pluie ou d’aller danser sur une péniche le soir :  les désirs ordinaires d’une jeune femme qui ne l’est pas…
la "bouche de la vérité"

Le film regorge de séquences inoubliables comme celle où Ann et Joe provoque des catastrophes dans la ville de Rome en Vespa,  celle où Joe emmène Ann devant la Bocca della Verita (Bouche de la Vérité) ou encore celle de la bagarre sur la péniche où Ann casse une guitare sur la tête d’un de ses gardes venu la récupérer pour la ramener à l’Ambassade.

Derrière tout grand film, il y a toujours une histoire, et  "Vacances Romaines"  ne fait pas exception à cette règle. Le film est signé Wyler, bien qu’à l’origine c’est Frank Capra qui devait en être le réalisateur. Seulement, le scénariste de  "Vacances Romaines"  est Dalton Trumbo (1905-1976).  Il faut savoir que Trumbo était sur la liste noire des personnalités soupçonné d’être un sympathisant communiste, et même si Hollywood est faite de paillettes, il existe aussi dans l’histoire du cinéma quelques heures sombres plus connue sous le nom de Maccarthysme (1950-1954), connue aussi sous le nom de  "Chasse aux sorcières" ou  "Peur Rouge" , où tout sympathisant communiste ou suspecté de l'être n’avait plus le droit d’exercer son art et était contraint de s’exiler.
Dalton Trumbo
Lorsqu’il est interrogé par le Comité de Surveillance des Activités Anti-Américaines, Trumbo se défend de la sorte : "Je crois avoir le droit d’être confronté aux preuves qui légitiment votre question. Je serais curieux de voir ce que vous avez."
Devant son refus d’avouer, Trumbo est évincé de la communauté cinématographique, et emprisonné pendant un an. Capra décide d’abandonner le projet. William Wyler, qui aime les scénarios bien construits, décide de faire le film et de travailler avec Trumbo, qui ne sera pas crédité au générique du film sous son vrai nom, mais apparaîtra sous le pseudonyme de Ian Mc Lellan Hunter.
Exilé au Mexique, Dalton Trumbo sortira de la Liste Noire en 1960, et apparaîtra sous son vrai nom dans  le générique du film  "Exodus" de Otto Preminger.

Pour tenir le rôle de la princesse Ann, on pense à Elizabeth Taylor ou Jean Simmons, mais c’est finalement à Audrey Hepburn, qui interprète  "Gigi"  à Brodway, qu’est finalement confié le rôle de la princesse. Lors de ses essais, Wyler lui trouve un port aristocratique, et trouve qu’elle incarnera à merveille cette jeune femme, étriqué dans son univers royal et assoiffée de liberté. Pour incarner Joe Bradley, le nom de Cary Grant (le chouchou de Hollywood) est évoqué, mais il refuse le rôle du journaliste, prétextant que la véritable vedette du film sera la princesse Ann.

Pour la petite anecdote liée au film, la fameuse scène ou Grégory Peck emmène Audrey Hepburn devant la Bouche de la Vérité et retire sa main avec sa manche vide, comme si la bouche l’avait arrachée, n’était pas prévue au scénario initial. Grégory Peck voulait faire une farce à Audrey Hepburn, mais devant sa réaction imprévisible (elle crie de peur, se fâche, puis éclate de rire), la scène est gardée et sera une des plus connue du film.

 "Vacances Romaines"  a remporté 3 Oscars : celui de la meilleurs actrice pour Audrey Hepburn, celui de la meilleure histoire originale pour Dalton Trumbo et enfin celui de la meilleure création des costumes pour Edith Head.

A l’origine, il était stipulé que l’affiche du film serait ainsi faite : "Gregory Peck, introducing Audrey Hepburn"  ("Grégory Peck présente Audrey Hepburn"). Mais lorsque Grégory Peck tourne quelques scènes avec Audrey Hepburn, il pressent qu’elle va devenir une très grande star, et demande à ce que le nom de la jeune femme, presque méconnue jusqu’alors, apparaissent à ses côté et en grosse lettre sur l’affiche du film. Grégory Peck dit ceci de sa partenaire :  "elle crève l’écran, elle va remporter l’Oscar !"  Visionnaire ? Peut-être tout simplement réaliste, car le couple qu’ils forment à l’écran séduit le public, et le film sera une grande réussite. Au bout de quelques jours, le nom d’Audrey Hepburn est sur toutes les lèvres. Comme Grégory Peck l’avait prévu, elle deviendra une des plus grandes étoiles d’Hollywood.

Tourné entièrement à Rome, la ville apparaît comme un personnage à part entière et l’ont peut découvrir des endroits magnifiques de la ville éternelle, de la Fontana di Trevi, en passant par le Colisée, la Bocca della Verita, la Piazza di Spagna, la Piazza di Venezia, le Castel Sant’Angelo et même le Vatican. 
 Princess Margaret & P. Townsend


Parallèlement à la sortie de  "Vacances Romaines" , en Angleterre (la même année), la Princesse Margaret, âgée de 25 ans, est follement éprise d’un roturier Peter Townsend, âgé de 34 ans, divorcé et père de 2 enfants. Comme la Princess Ann dans le film de Wyler, elle doit choisir entre sa position, ses obligations ou son amour. Ce fait divers servira le film de Wyler, et l’histoire donnera raison au devoir plutôt qu’à l’amour. La Princesse Margaret, face à la pression de l’église anglicane qui s’est prononcée contre son union à Townsend renoncera à son amour pour lui, et ne se remettra jamais vraiment de cette séparation. Étrange parfois comme la réalité rejoint la fiction…

Après "Vacances Romaines", William Wyler retrouvera Grégory Peck dans "Les grands espaces"  (1958), puis Audrey Hepburn dans "La rumeur"  (1961) et  "Comment voler un million de dollars"  (1966).

Pour beaucoup,  "Vacances Romaines"  reste une des plus belles comédies romantique de tous les temps. Lors d’une interview à un journaliste, John F. Kennedy déclara que c’était son film préféré et Audrey Hepburn son actrice favorite. D’ailleurs, et si dans l’esprit collectif le  "Happy Birthday, Mr President"  le plus mémorable reste celui de Marylin Monroe en 1962, il faut savoir qu’Audrey Hepburn a également chanté pour lui en 1963 un  "Happy Birthday, Dear Jack ",  6 mois avant son assassinat.

 "Vacances Romaines"  est un merveilleux moment de cinéma, porté par un couple absolument divin : Audrey Hepburn y est adorable et Grégory Peck incroyablement charismatique.
A découvrir ou revoir, pour le plaisir d’être transporté dans un autre univers, loin du fatras de notre époque et des horreurs que l’on nous sert trop souvent !




extrait: ballade mouvementée dans Rome en Vespa (Ah les femmes au volant..)

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