mardi 16 août 2011

JOHN MAYALL PLAYS JOHN MAYALL (1964) par Rockin-jl


Cet album a valeur historique puisque c'est le premier  de John Mayall, le "grand père du "British blues" alors que beaucoup croient que c'est le premier Bluesbreakers avec Clapton, le fameux "Beano album". Ce premier album sera un échec commercial et, malin comme toujours, Mayall comprend qu'il lui faut un plus, il persuade donc la nouvelle coqueluche de Londres , un jeune guitariste qui officie au sein des Yardbirds de se joindre à lui, un certain Eric Clapton.. Et après le départ de celui-ci il n'aura de cesse de s'entourer de pointures de la 6 cordes , de Peter Green à Mick taylor en passant par des Freddy Robinson , Coco Montoya ou Walter Trout.. Mais c'est avec Green qu'il se trouva le plus d'affinités « Peter est plus intéressé qu'Eric à jouer le blues qu'à devenir une star », on peut trouver le résultat de leur collaboration sur "A hard road" . Prés de 50ans , 60 albums et plus de 8000 concerts plus tard, John est toujours  on the road  et porte un regard lucide et désabusé sur la scène blues actuelle : « Je regrette qu'il y ait si peu de musiciens noirs qui défendent et fassent vivre cette musique qui est d'abord la leur ; je suis consterné de voir qu'ils s'égarent dans le rap ou le hip hop et délaissent ainsi ce qui est leur identité musicale ».
Mayall à l'époque...
 Passionné de blues, John est propriétaire d'une énorme collection de disques commencée en 1949 qui lui aura forgé sa culture musicale et dans laquelle il aura su puiser des titres originaux pour ses reprises . Mayall a 31 ans en 1964, il a été graphiste, et a joué avec Powerhouse Four (fondé avec un camarade de collège, le College of Art de Manchester) puis avec le Blues Syndicate. C'est Alexis Korner, l'arrière grand père du british blues, qui l'a convaincu de se consacrer à plein temps à la musique, de "monter" à Londres et lui a présenté des musiciens.
Pour ce premier album enregistré live à Klooks Kleek le Lundi 7 décembre 64 -  fog sur Londres- 12 titres , une seule reprise, l'enchaînement "Night train/ Lucille" et un style furieux entre Rythm'n'Blues et pub rock proche du premier Stones  ou d'Alexis Korner ; sans doute pas le meilleur Mayall ( "a hard road","Laurel Canyon", "Turning point", "jazz blues fusion", "moving on"?)  mais un important témoignage sur les débuts du bonhomme et du british blues. C'est aussi par ce 33 tours que j'ai découvert Mayall, c'était il y a bien longtemps, snif, donc il a aussi valeur sentimentale pour moi.

...et en 2010
 Mayall chante, joue de l'harmonica bien sur, plus de la guitare et de l'orgue; il est accompagné de Roger Dean à la guitare, John Mc Vie à la basse (futur Fleetwood Mac, avec Mayall jusqu'à "Crusade"), Hughie Flint aux drums ( fera aussi un bout de chemin avec les Bluesbreakers, on peut l'entendre sur "a hard road" ou "crusade") et Nigel Stanger au sax ( grand sax anglais, a joué aussi avec les Animals, Alexis Korner, Georgie Fame, Jimmy Witherspoon). Le son est brut de décoffrage, on s'y croirait! Et ça chauffe dur avec "Chicago line", "Crocodile Walk", "Crawling up a hill" ou "What's the matter"!

 Pour la petite histoire, Klooks KLeek était le club du Railway Hotel, voisin des studios Decca sur West Hampstead et les techniciens firent passer des câbles du studio à la scène pour enregistrer . Durant l'opération une assistante ingénieur du son, Doreen Blackwell, fut électrocutée; elle se remit vite, plus de peur que de mal et, grand seigneur, Mayall lui dédicacera sur scène la chanson  "Doreen"  (plage 9). A noter que cette Doreen Blackwell n'était autre que la cousine de la fameuse Liza Blackwell que nous avons déjà évoqué dans ces colonnes et qui, jouant de ses relations dans le milieu, l'avait fait engager par Decca.

Pour avoir vu Mayall en concert en 2005, je peux dire qu'il a toujours le feu sacré. S'il n'est pas un grand chanteur ni pianiste en revanche quand il prend son harmo pour un "Room to move" ou un "Parchman farm", la foule se leve vite.

Il faut avoir vu ce petit bonhomme vendre lui meme ses CD et DVD assis à une petite table dans un coin avant le concert sans que personne ne le reconnaisse et aprés le concert se livrer à une longue séance de dédicace! Quel bonheur aussi d'avoir serré la main à une de mes idoles de jeunesse!
Je conseille l'achat de ce disque dans l'édition du label allemand Rockfever music avec 13 titres bonus : 3 titres gravés par Mayall avec le grand harmoniciste ricain Paul Butterfield + 10 singles de Mayall sur la periode 1965-1969, en plus des 12 titres du LP original.
 






Crocodile walk , version studio :

7 commentaires:

  1. Clapton plus intéressé par être une star que de jouer le blues ? Je crains que cette sentence soit une petite vacherie de Mayall à l'encontre de celui qui, malgré son jeune âge, lui faisait un peu d'ombre ! Clapton a largué les Yardbirds justement parce que l'orientation commerciale lui déplaisait, et qu'il voulait jouer du blues authentique. Clapton était un intégriste du blues, à cette époque, qui ne faisait aucune concession au syle "pop" ! Et être une star l'intimidait énormément, il a mis 10 ans avant de sortir un album sous son propre nom...

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  2. Merci pour cette chronique, effectivement un album historique... pour moi en tout cas, car il a été le déclencheur d'une longue passion pour Mayall!
    Je pense que oui il s'agit d'une petite "vacherie" de Mayall pour Clapton, ce dernier ayant quitté les Bluesbreakers deux fois parce que les tournées du groupe restaient trop "locales"... Et lorsque le succès est arrivé avec le fameux "Beano", Clapton était déjà parti former Cream...
    Je crois que Green a été plus franc et clair avec Mayall au moment de former Fleetwood Mac, Et puis de toute façon il voulait virer John Mc Vie pour alcoolisation trop récurente!...
    MAis je pense que MAyall a du être autant affecté par le départ de Greeny que celui de God!

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  3. domirat27116/8/11 11:20

    Vous m'avez bien éclairé sur ce passé de Mayall que je ne connaissais pas, merki boucou et continuez ainsi, j'adore lire vos chroniques en buvant mon café ! A tcha !!!

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  4. merci a tous pour le passage, les encouragements et les intéressantes précisions .

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  5. Mayall et Clapton se font fait la gueule pendant de nombreuses années, s'évitant carrément. Il a fallu attendre les 90's pour qu'ils puissent à nouveau jouer ensemble à l'occasion.

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  6. Patrick Balbin18/8/11 10:18

    Beau reportage, encore une fois.L' amour vache entre Mayall et Clapton n' est pas un secret, bien sur...Je ne suis pas trop d' accord avec ce bon Rockin JL quand il dit que Mayall n' est pas un grand chanteur. Perso, j' adore sa façon de chanter , de monter très vite dans les aiguës. Lorsqu'on entend Mayall, on ne cherche pas des heures qui ç' est. Il a développé son identité vocale que j' aime depuis le debut.( Je dois avoir presque toute son oeuvre. Je ne connaissais pas le premier, dont Rockin JL nous parle " Mayall Plays Mayall. (Merci JL) Un truc m’intéresse aussi, c' est à propos de Stanger(le sax). Tu dis qu' il a joué avec Georgie Fame. Je sais très peu de choses sur Georgie FAME et j' aimerais en savoir plus pour une simple raison. Lorsque Hendrix (mon dieu, mon maitre) a formé "L' Experience", il a embauché Mitch Mitchell aux drums, qui jouait avec ce Georgie Fama en question..Je n' ai aucun document sonore de G.Fame.....Voila. Merci encore pour toute cette culture dont je suis friand........

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  7. merci Patrick pour ces remarques, d'abord une mise au point, je ne pense pas du tout que Mayall chante mal, suis un fan absolu de papa John , alors...je dis juste qu'il n'entre pas dans la catégorie de shouters comme Plant, Mariot, Cocker ou quelques autres. Concernant G Fame, ce que j'en sais, c'est que c'est un des pionniers du britisb blues, chez qui sont passé beaucoup de futurs musiciens connus, il a donné dans beaucoup de genre, le jazz, le "beat",le rock, le rythm & blues, les titres que je connais sont proches de la musique de Ray Charles. Il a eu quelques gros hits avec son groupe les Blue Flames , et a travaillé avec à peu prés tout ce que compte le royaume de musiciens de Clapton a Van Morisson; bref un musicien méconnu , pourtant un des fondateurs de la musique populaire anglaise.voila, voila..

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