L'ultime œuvre du Gun Club.
En 1993, Jeffrey Lee Pierce, l'âme écorchée et tourmentée du GUN CLUB est au bout du rouleau, lâché par les maisons de disques, oublié de beaucoup (sauf par la France, l'Allemagne et surtout la Hollande), son groupe a sombré presque totalement dans l'oubli.
Jeffrey Lee est devenu un junkie alcoolique et le cocktail explosif héroïne-alcool le tient encore debout, mais plus pour longtemps (il décèdera trois ans plus tard, le 31 mars 1996, à l'age de 37 ans) .
Le poète maudit se retrouve donc finalement exilé aux Pays-Bas pour l'enregistrement de ce disque qui sera le dernier.
Il est bien loin le temps de la folie punk des premières années où le chanteur déchainé à la tignasse blonde décolorée hurlait "She's Like Heroin For Me" et chantait son amour pour Ivy, la belle guitariste rousse des Cramps. En effet il n'est plus que l'ombre de lui même et ses derniers amis (dont Nick Cave) lui disent qu'il serait grand temps de se ressaisir.
Malheureusement, ses voyages en solitaire au bout du monde (en Asie notamment), sa vision décalée de l'humanité, les drogues consommées de façon inhumaine l'ont complètement détruit et JLP ne s'en remettra jamais.
Profondément malade et dépressif, il enregistre les onze titres de ce disque, avec sa compagne Romi Mori à la basse et Nick Sanderson à la batterie dans un climat de désolation complète.
Son vieux pote Kid Congo n'est plus là et c'est Jeffrey qui assure toutes les parties de guitares dans la plus pure tradition " Hendrixienne ".
La musique est triste, voire désespérée et c'est pas en écoutant "Kamata Hollywood City", "Lucky Jim" ou "Idiot Waltz", de somptueuses ballades plaintives qui oscillent entre nostalgie et regrets que vous allez retrouver le moral.
Les autres chansons, comme "Cry To Me", "Day Turn The Night" et "Desire" sont toutes enfantées dans la douleur et la résignation, elles résonnent comme une dernière ballade nocturne où Jeffrey Lee Pierce exprime son agonie en gémissant au-dessus de la tempête des riffs de guitare et des pulsations de la rythmique basse/batterie.
Heureusement, JLP nous balance deux rocks furieux et sauvages aux solos déjantés qui nous évite de se jeter sur la boite de Prozac : "A House Is Not A Home" et "Ride".
L'album se termine par "Anger Blues" un long blues douloureux de plus de 7 minutes où Jeffrey fait couler le Mississippi le long des plaines arides et désertiques du psychédélique le plus sombre et c'est une souffrance extrême qui jaillit de sa Stratocaster blanche, une de celle qui abreuve le blues depuis la nuit des temps.
Le groupe s'embarquera pour une série de concerts a travers l'Europe et les États-Unis avant de s'installer en Californie, à Los Angeles.
Jeffrey Lee Pierce consacrera les deux dernières années de sa vie à écrire son autobiographie "Go Tell The Mountain" avant de décéder foudroyé par une hémorragie cérébrale.
NB : l'album qui était assez dur à dénicher jusqu'à présent, a été réédité dans cette version pour la collection "9 Lives" grâce à l' heureuse initiative de la compagnie de disques Flow Records, avec un CD bonus contenant neuf inédits intéressants et quatre enregistrements live de bonne qualité.
*A lire également: Gun Club "pastoral hide seek" (1990)
Gun Club "larger than live" (2008)
Voilà ce qui s'appel "la totale".
RépondreSupprimerVince.
un grand groupe peu connu....
RépondreSupprimermerci Philou pour tes articles consacrés à la discographie du Gun Club.
Jeff